Bordelou, c’était quoi cette température à dormir dehors ? On passait d’un extrême à l’autre en un rien de temps. Sans même nous laisser le temps nous acclimater. Brutalement le compteur du thermomètre avait du s’affoler. Les nuages menaçant disparus par enchantement. Pour laisser place à un soleil qui durerait toute la semaine. En tout cas je crevais de chaud ce soir, et même dormir sur la couette, en boxer n’y faisait rien. On n’avait pas l’habitude de ça en Irlande. Surtout pas par un mois de février. Rajoutez à cela d’autres facteurs déterminants, et voilà que le pays des songes restait définitivement hors d’atteinte pour moi. S’en était énervant. Peut être était ce simplement Everleigh qui m’avait contaminé. Moi qui d’habitude dormais comme une masse, peu de temps après avoir posé ma tête sur un oreiller. Résigné, je quittai finalement le lit conjugal. Pour aller où ? Prendre l’air sur le balcon me semblait être la meilleure solution. J’ouvrai doucement la porte fenêtre, afin de ne pas réveiller les autres, et m’engouffrai sur le balcon. Quand une voit vint briser brutalement le silence. « Je suis rassurée de voir que Morphée ne boude pas que ma petite personne... » Cette voix venue de nulle part me fit sursauter. Bordel, je ne m’attendais pas à la présence de qui que ce soit. « P’tain, préviens la prochaine fois ! » Emmeline. Elle se croyait probablement drôle. « Je suis sur que c’est toi qui a fait peur à Morphée avec tes conneries. » De sa faute si je ne pouvais pas dormir, ouais. Me retrouver en boxer, sur le balcon au milieu de la nuit en compagnie de mademoiselle était quelque peu étrange, mais soit. Je pourrais aller chercher un truc pour me couvrir, mais j’avais la flemme de retourner dans la chambre, et tâtonner un peu partout pour trouver un pantalon. Puis il faisait trop chaud. Je m’installai sur le fauteuil à côté d’elle. « Des problèmes de conscience ? » Peut être pour ça qu’elle ne trouvait pas le sommeil.

Emmeline m’avait prit par surprise. Je ne m’attendais pas à de la présence sur le balcon. Après tout les chances de croiser quelqu’un à une pareille étaient considérablement réduites. Pour autant, pas impossible, à l’évidence. Surtout quand beaucoup de candidats se révélaient insomniaques. En même temps le jeu était suffisamment stressant pour avoir des problèmes de sommeil. « Désolée. » L’était-elle vraiment ? C’est qu’elle serait capable de l’avoir fait exprès la vilaine. M’enfin laissons lui le bénéfice du doute. Je m’installai donc sur le fauteuil à ses côtés. « Je rêve bien trop de toi, ces temps-ci. C'est mal, tu comprends, je ne devrais pas. » Oui bien sur. Et la marmotte elle mettait le chocolat dans le papier d’alu. Pas besoin de voir son expression pour savoir qu’elle blaguait. De toute manière, depuis quand Emmeline serait sérieuse ? Et si elle rêvait réellement de moi, je doutais qu’elle me le balancerait comme ça innocemment. Elle chercherait plutôt à le cacher oui. « Je comprends oui. Touts les candidats ont le même problème ici. Une fois que j’entre dans votre vie, vous ne pouvez plus vous empêcher de penser à moi, jusque dans vos rêves. » Et oui, c’était ainsi, et Emmy n’échappait pas à la règle. Tous envoutés par mon charme dévastateur. « Alors dis moi, tu t’es réessayée à la clope depuis la dernière fois ? » Je venais aux nouvelles concernant ses capacités de fumeuse. Elle qui n’avait jamais expérimenté jusqu’à la dernière semaine, avait recraché ses poumons lors de sa tentative. Pas une grande réussite.