it's the thriller night

starring hyram and emmeline

Je n'arrive pas à dormir. J'ai beau me retourner dans tous les sens, changer de position (je le ai toutes faites : foetus, sur le dos, sur le côté gauche et sur le côté droit, sur le ventre). Rien à faire. Mes yeux ne veulent pas se fermer. Bien sûre que ça m'agace. En plus, je fais chier ma partenaire qui est en train de dormir comme un loir. Son sommeil semble bien profond, puisqu'elle ne réagit pas à mes incessantes convulsions. Exaspéré, je soupire. Je rabats avec violence mon bras sur le côté. Je passe mes deux mains sur mon visage, puis dans mes cheveux. Je me mets sur le dos et croise les bras en contemplant le plafond. Je fulmine des choses incompréhensibles, je murmure des vers à moi-même, je compte les pintes de bière dans ma tête. J'ai tout essayé. J'ai bien dit tout, mais sans succès. La défaite est cuisante. Je m'arracherai presque les cheveux tellement que ça en devient irritable. Cette soudaine insomnie me fait comprendre que tous mes efforts sont vains. Le sommeil me fuit. Morphée ne veut sans doute pas de moi, ce soir. Ou c'est le Marchand de sable qui a oublié de passer. Je m'avoue alors vaincu. Je me lève sans plus tarder. Une bonne tasse de lait chaud m'attend à la cuisine. J'espère juste que le lait aura des effets soporifiques sur mon organisme. Sinon, ça sera nuit blanche pour moi. J'enfile mes lunettes de vue. Je descends les escaliers, j'arrive à l'entrée. Il fait noir. Mes prunelles bleutés s'habituent peu à peu à l'obscurité, celles-ci discernent alors une silhouette longiligne devant moi. Je me rapproche, je pose ma main sur l'épaule de la personne. Et là, le coup part. Pas le temps de l'esquiver que je sens son coude venir frapper contre mes bijoux de famille. L'effet a été immédiat. Je me recroqueville légèrement. Je serre les dents pour ne pas crier. Un gémissement de douleur s'échappe de ma bouche. Mes mains se sont abattues sur cette partie sensible de mon anatomie. La personne se retourne, prenant les traits d'une Emmeline apeurée et surprise à la fois. - Là, je crois que tu viens de me castrer., dis-je d'un ton mi-amusé. J'ai mal, putain. Je prends sur moi, mais la douleur est bien trop vive. Je me tiens contre un mur. J'agonise presque. Je hoquète : - De la glace ... Va me chercher de la glace. Ça m'apprendra à surprendre les autres par derrière. Je crois que je n'ai rien de cassé. Je palpe ma bourse encore endolorie. J'ai les yeux rouges. Je contiens tant bien que mal ma fureur. Je souffre, putain, je souffre.

Je connais rien de pire qu'un coup dans les testicules. La douleur en devenait insoutenable. Je crois que c'est un des pires moments de ma vie. Après mon mariage, bien sûre. L'essentiel, c'est que la tuyauterie n'est pas cassée. De ce point de vue là, je suis rassuré. Mais pour l'instant, je suis incapable de marcher correctement. Si je fais ne serait-ce qu'un mouvement brusque, je vais hurler donc vaut mieux économiser le moindre geste possible. Sinon, je ne donne pas chair de ma peau. Je supplie Emmeline de me chercher de la glace parce que c'est un des meilleurs moyens pour atténuer mes souffrances. Parce que là, ce n'est plus possible. Je me tiens au mur pour ne pas flancher. J'ai l'air ridicule, je sais. Ce n'est pas très virile non plus. Ça fait un mal de chien, putain. Je commence un peu à agoniser là dans mon coin. Je récite une sorte de mantra dans ma tête pour penser à autre chose. Genre une tirade du Cid, de Corneille par exemple. Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers. Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Même cette réplique de Rodrigue n'arrive à me ôter de l'esprit le fait que mes burnes ont souffert ce soir. La candidate revient avec la poche de glaçons comme demandé. C'est un amour, cette fille. Elle s'excuse : - Je suis désolée ! Tellement, tellement, tellement désolée. Je mets la poche à l'intérieur de mon froc, le collant bien contre ma bourse. Un soupir de contentement franchit ma bouche. Que ça fait du bien, putain. Je grimace tout de même un peu, car la douleur était encore là. Il fallait attendre encore un peu pour que ça passe. Pour le moment, c'est douloureux. - Je pensais pas croiser quelqu'un et puis... Je suis désolée, c'était vraiment pas voulu ! Pardon, pardon, pardon. Elle est sincère, je le sais. Son geste n'a pas été intentionnel. C'est ma faute et non la sienne. J'ai cette fâcheuse tendance à surprendre les gens quand il ne le faut pas. C'était un geste réflexif de défense, rien de plus. De toute façon, elle est pardonnée. On ne va pas faire tout un drame parce que j'ai failli perdre ma virilité à une heure du mat' hein. Elle s'inquiète et s'enquiert de l'état de ma chose. - Est-ce que ton... Enfin, est-ce que ça va ? Non, ça ne va vraiment pas. J'essaie de faire bonne figure, de prendre sur moi et de faire comme si tout allait bien. Encore ce n'était que Emmeline. Si c'était quelqu'un d'autre, j'aurai été moins courtois et moins clément. Je n'ai pas envie de me défouler sur elle. La pauvre, elle a eu assez de sensations fortes pour ce soir. - Est-ce que j'ai le droit de dire encore une fois à quel point je suis désolée ? Je la dévisage d'un air sérieux avant d'éclater de rire. La situation vue de l'extérieure est tout de même comique. Comme dit l'adage, vaut mieux rire qu'en pleurer. Je m'assois sur une des marches de l'escalier. Mes rires cessent. Je réponds d'une voix éraillée : - Viens me tenir compagnie pendant que je me remets de mes émotions. C'est pour lui signifier que je ne lui en veux pas du tout.