mercredi 29 mai, 2h10, l'hôpital abandonné, avec valeri
Vous savez, j'ai une particularité, moi. Je suis attiré par tout ce qui est censé faire peur. Zombies, fantômes, monstres, extraterrestres, ovnis… Tout ça, tout ce surnaturel, c'est mon kiffe. Je peux passer des heures et des heures à regarder des reportages et des témoignages sur des personnes qui pensent être rentrées en contact avec l'au-delà, ou encore kidnappées par des extraterrestres. Non mais sérieusement ? En fait, j'y crois pas à ces trucs. Et ça m'éclate de voir que les esprits peuvent facilement devenir la phobie de quelqu'un. Après, peut-être que ça existe vraiment. C'est vrai, on est jamais sûr. Pour moi, tout ça ce sont des bêtises qui frôlent la folie mais on sait jamais. De toute façon, je suis trop terre-à-terre pour croire à ça un jour. Il est tard, je sais pas exactement quelle heure mais il fait hyper noir dehors, il y a même pas une étoile dans le ciel. Une nuit noire, je vous dis. J'ai pas sommeil et il lui a un lieu qui m'intrigue tout particulièrement. C'est l'hôpital abandonné. Oui, j'avais prévu d'y retourner et d'explorer les lieux plus longuement. Je dois avouer qu'il y a un réel effort pour donner un côté sombre et mystérieux à ce lieu. Les lumières qui clignotent, qui s'éteignent puis se rallument, les vitres cassées. Un vrai divertissement pour moi d'être là. C'est glauque cet endroit, pourtant je me sens bizarrement à l'aise. « Alors, ils sont où les zombies ? Et les fantômes ? », je dis, assez fort mais pour moi même, vu qu'il y a indéniablement personne ici. J'ai même pas fini ma phrase qu'un bruit retentit. Un bruit de vitre brisée. Je tourne la tête, en direction de l'endroit d'où provient le bruit mais je vois rien. Puis un autre bruit, un rire cette fois. Un rire sanglant que j'ai du mal à identifier mais que je connais. Je me retourne à nouveau, il y a Valeri derrière moi. Bien évidemment. « T'es vraiment flippant comme mec. Tu le sais ça ? » Je vais vraiment me dire qu'il est atteint de folie ce garçon. Pas qu'il m'ait vraiment fait peur mais je m'attendais pas à trouver quelqu'un ici. J'arque un sourcil et je me demande ce qu'il fait là, même si ça m'étonne pas qu'il soit là. Dans toute situation glauque, on peut s'assurer que Valeri sera de la partie.

Dans cet hôpital abandonné, il n’y avait été qu’une fois. Au cours du prime, lorsqu’on leur avait imposé un biathlon. Il faisait noir, tout noir, là-dedans. Vraiment trop noir, ce fut d’ailleurs le seul souvenir qu’il avait de l’endroit. L’obscurité. Il faisait nuit d’ailleurs à l’extérieur, et tout le monde dormait, une fois encore. Cela ne l’étonnait plus. Il avait fini par remarquer qu’il devait être le genre de garçon qui vivait aussi bien le jour et la nuit. Par précaution, il avait emmené avec lui une petite lampe torche, qu’il avait logé dans la poche de son jean avec sa ventoline. Il n’allait pas se faire avoir une seconde fois. Il avait même emmené avec lui une bouteille, au cas où, il avait soif. Il était préventif ce garçon, très préventif. Ainsi, il entra dans l’endroit, après avoir gravi les quelques obstacles qui se trouvaient sur son chemin. L’endroit ne faisait rêver personne, la décoration sombre et glauque aurait presque eu le bénéfice de lui faire peur, mais juste un peu peur. Valeri n’était pas le genre de femmelette à reculer devant un soupçon de terreur. Lui, c’était un courageux, un téméraire, un aventurier. L’aventurier d’une nuit. Voilà, ce qu’il était certainement. Dans le noir, il plissa les yeux, tentant de s’adapter à l’obscurité. Il s’avança alors tâtonnant dans le vide, afin d’éviter un obstacle. Il paraitrait que cet endroit était hanté, ça devait être la lubie de la production. Les fantômes et toutes ces conneries n’existaient pas, ou tout du moins, juste dans notre imaginaire. Une voix s’éleva dans la nuit, à ce sujet. Demandant alors où étaient les fantômes et les zombies. Valeri ne put s’empêcher de rire à cette remarque. Il y avait donc des esprits chétifs et crédules qui croyaient à cela ? Et bien. Il s’approcha alors un peu plus de la source de cette voix. C’était un garçon, il l’avait bien reconnu à son timbre. Décelant petit à petit une silhouette qui lui était quelque peu familière. Un garçon presqu’aussi grand que lui avec des cheveux qui ressemblaient à une touffe, il n’y en avait pas dix au sein du nid. Oh ça non. Son rire s’éteignit peu à peu lorsque Sigvard prit alors la parole. Il lui faisait remarquer qu’il était flippant comme garçon. Il ne put s’empêcher de pouffer de rire. « Pas autant que toi avec ta coupe afro ! » reprit-il alors. « T’as de la chance, j’ai une bouteille avec moi. » souffla-t-il. Petite référence à cette soirée qu’ils avaient passée ensemble, avec tous les autres sur ce bateau. Il avait perdu un pari, il lui avait promis une bouteille. Les circonstances semblaient être en faveur de Valeur. A croire que Fortune était avec lui. Ainsi, Valeri était un homme de paroles.

Flash info : le fantôme de l'hôpital abandonné s'appelle Valeri. C'est de l'arnaque, ce jeu. Je crois pas aux fantômes et à toute autre existence surnaturelle mais là, je suis déçu. Avec l'ambiance glauque que répand ce lieu, je pensais qu'il y aurait au moins un "vrai" fantôme. C'était le moment où jamais de me faire changer d'avis sur les fantômes et tout le tralala parce que je dois avouer qu'il est vraiment bien fait cet hôpital. Encore mieux fait que ce reportage où cette fille du Kansas nous raconte qu'elle rentre en contact avec les esprits grâce à une table ouija et ce, depuis qu'elle s'est fait kidnappée par eux parce qu'elle est en quelque sorte l'élue. Ou je sais pas, mais un autre truc du genre qui m'a incroyablement fait rire. Rire comme Valeri en ce moment. Il est fier de lui, fier de sa blague. Et il redouble de rire quand je lui dis qu'il est flippant. Il a vraiment un problème ce garçon. C'est peut-être pour ça que je l'aime bien. J'ai tendance à bien m'entendre avec les individus à problèmes. « Pas autant que toi avec ta coupe afro ! » Je ris jaune à son sarcasme. Je vais finir par les raser ces cheveux, qu'on en parle plus. Je me contente de lever les yeux au ciel alors qu'il me montre la bouteille qu'il a la main. « T’as de la chance, j’ai une bouteille avec moi. » La bouteille qu'il me doit depuis ce fameux pari sur le bateau pirate la semaine dernière. Parfait, au moins il est pas là pour rien. Puis, je commençais à l'attendre cette bouteille. « Enfin. Je commençais à croire que tu tenais pas tes paris. » Y'a un brancard pas loin de nous. Je lui prends la bouteille des mains et vais m'assoir dessus. Rester ici sur ce brancard pour descendre cette bouteille à deux, ça semble être un bon plan. Un très bon plan. Je bois une gorgée puis arque un sourcil en regardant mon nouvel ami. Il y a une lampe torche qui dépasse du bout de sa poche. C'est quoi ce délire ? Qu'est ce qu'il va nous sortir ensuite, une carte ? Je rigole en pensant à ça et pointe sa poche du doigt.« Tu joues à l'explorateur, c'est ça ? » Je lui tends la bouteille. Je vais pas boire tout seul. Après j'ai l'alcool triste et ça me rend dépressif et trop bavard. Je vais surtout pas laisser les caméras me filmer comme ça. Non surement pas, non.

Valeri ne pouvait pas manquer de lui présenter la bouteille qu’il tenait entre ses mains. Il est certain qu’en venant dans cet endroit, il ne s’attendait pas à croiser Sig dans les parages. Mais disons que les circonstances et le destin avaient été très coopératifs avec le biélorusse, cette fois-ci. Ce détail ne manqua pas à le faire réagir vivement. Un sourire amusé pouvait être décelé sur les lèvres de Valeri. Alors comme ça, il pensait que Valeri n’allait pas lui offrir la bouteille qu’il lui devait, et qu’il ne tenait pas ses paris. C’était mal le connaitre, ça. Très mal. « Je suis un homme de paroles, voyons. » souffla-t-il en lui tendant la bouteille. Oui, parce qu’il y avait une chose que l’on ne pouvait certainement pas reprocher à Valeri. C’était qu’il faisait toujours ce qu’il disait, et il tenait toujours ses paris, même quand il les perdait. Il faut dire qu’il ne les perdait très rarement, mais il fallait croire qu’il était tombé sur cette fille qui lui jouait plus d’un tour. Oui, c’est à cause d’elle qu’il avait perdu un pari. A cause d’Opaline. Cette fille est décidément partout. Sigvard partit s’installer sur l’un des brancards qui se trouvait non loin d’eux, avant de boire une grande gorgée de la bouteille apportée par Valeri. Ce dernier préféra rester debout, lançant quelques regards teintés d’une curiosité enfantine. Il était certain que l’endroit n’avait rien d’un cadre idyllique, au non, bien au contraire. C’était sombre, obscure et noir dans tous les sens du terme. C’était noir, tout noir, trop noir. Et Valeri semblait bien apprécier finalement, cette idée de noir. Il reporta finalement son attention sur son camarade d’un soir. En effet, celui-ci lui demanda s’il jouait les explorateurs. Valeri cligna des yeux quelques secondes, avant de baisser le regard sur sa poche. Il releva la tête, tout en hochant la tête. « Ouais, c’est ça… » souffla-t-il alors. Il se saisit de la bouteille qu’il lui tendit, et en but une grande gorgée. L’alcool venait lui brûler le fond de sa gorge, et le réveiller quelque peu. Au moins avec ça, il ne s’endormira pas, c’est certain. « Tu viens ? demanda-t-il à Sig, prêt à s’aventurer dans l’habitat abandonné. A moins que t’es les pétoches… ». Il parla lentement, de façon quelque peu froide et terrorisante, à l’image des narrateurs dans les films d’horreur. « Allez, viens ! T’es pas une pédale ! » reprit-il alors, en tapotant légèrement l’épaule de son ami.

« Je suis un homme de paroles, voyons. » Je laisse échapper un rire. Son air vexé que j'ai pu penser le contraire m'amuse. Un homme de paroles, hein. Croyez moi que c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. D'ailleurs, je suis déjà en train de penser au prochain pari que l'on pourrait faire et à la récompense. Puisque c'est un homme de paroles, rien est à négliger. « Je retiens ça et je te le ressortirai si je gagne le prochain pari. Parce que ce sera pas une bouteille cette fois le prix. » Tant que le prochain pari ne tourne pas autour d'Opaline, non plus. Ca m'amuse pas tellement de la prendre pour cible. C'est normal, il y a pas vraiment de second degré avec elle. Les blagues la font pas tellement rire et déjà rien que le pari de l'autre soir, si elle apprend pour ça, elle risque de le prendre mal. Très mal. L'alcool me brûle profondément la gorge. J'aurai du y aller moins fort sur la première gorgée. Peu importe, je me familiarise rapidement avec cette sensation nouvelle. Une nouvelle gorgée, plus modérée cette fois, et je passe la bouteille à Valeri. Une taquinerie sur la lampe torche qui dépasse de sa poche et je comprends qu'il est vraiment là pour explorer les lieux. Je rigole à nouveau. Il me fait rire avec son équipement. C'est vrai, qu'est ce qu'il compte trouver ici ? C'est du préfabriqué ici. « Tu viens ? A moins que t’es les pétoches… » Il est sérieux en plus, dans son délire. En plus d'être flippant, il est fou. La liste devient longue. « Carrément, j'ai les pétoches, je crois que c'est ça mec. » je lui réponds ironiquement. Moi, je veux juste me poser un moment et boire. La journée a été longue, je dois faire une pause si elle doit continuer par un marathon nocturne. « Allez, viens ! T’es pas une pédale ! » Il me donne une tape sur l'épaule pour que je me bouge. Faut croire que j'ai pas le choix. « Ca va, c'est bon Indiana Jones. J'arrive. » Je descends de mon brancard en râlant légèrement et lui reprend la bouteille des mains. Je le suis calmement, sans faire attention à où il m'emmène. De toute façon, tout se ressemble ici, c'est pas comme si je voyais la différence. On marche quelques mètres puis Valeri s'arrête, m'obligeant à faire de même. « Quoi, ta boussole te fait déjà faux bond ? », je pouffe de rire. De le voir si déterminé à percer le secret de cet hôpital abandonné, je vous jure c'est une des choses les plus drôles que j'ai vu ici.

Oh ça oui. Valeri était un homme de paroles. Un vrai, un pur. Ainsi, Sig disait qu’il retenait ça, et qu’il ne manquerait pas de lui rappellerait lorsqu’il gagnera un autre pari… A croire qu’il avait espoir d’en gagner d’autres. Valeri n’était pas le genre de bonhomme à perdre ses paris. Enfin le seul qu’il avait fait ici, il l’avait perdu. Mais c’était de la faute à Opaline ça. Oui, c’est à cause d’elle s’il l’avait perdu. Il n’y était pour rien lui. Le biélorusse fronça doucement les sourcils à l’écoute des mots prononcés par Sigvard. La prochaine fois, ce ne serait pas une bouteille, mais… Mais mystère. Son compagnon éphémère s’était contenté de ce simple détail. Valeri allait donc se contenter de cette maigre information. « Ca roule, mais… je ne parie plus sur Opaline, elle m’ferait perdre tous mes paris, celle-là ! » lui fit-il remarquer. Oui. La prochaine, ils trouveront autre chose. Parce qu’il était presque certain qu’en pariant une seule chose sur cette fille, il perdrait. A croire qu’elle était bien trop imprévisible, à ses yeux. Il but finalement une gorgée de la bouteille qu’il avait apportée. Et debout sur ses deux jambes, il était prêt à s’aventurer encore dans l’endroit. Un endroit qui n’avait pourtant rien de rassurant, surtout en pleine nuit comme là. Sigvard ne semblait pas très rassuré, ou tout du moins, pas très motivé à l’idée de devoir bouger. A croire qu’il avait peur. Oui, voilà. Il devait avoir peur, tout du moins, c’était ce que Valeri sous-entendait. Alors, il tenta de motiver avec ses mots. Il n’était pas une pédale quand même. Enfin… il n’espérait pas au fond l’avoir blessé avec ces quelques-mots. Il ne manquerait plus qu’il en soit une… enfin qu’il soit attiré par les garçons. Oui, non. Ce n’était pas possible. Valeri secoua alors doucement la tête comme pour chasser cette idée-là de sa tête, et fit quelques pas lorsque Sig descendit de son perchoir. Il se munit alors de sa lampe-torche et éclaira devant eux avant de se fondre un chemin. Ils marchèrent, accompagnés par les quelques bruits peu rassurants. Puis, il s’arrêta. Il se retourna alors en direction de Sigvard qui venait de prendre la parole. Il lui demandait alors s’il avait perdu sa boussole. Et à en croire son rire, son hypothèse la faisait rire. Sans un mot, Valeri secoua alors la tête de gauche à droite. Il reprit sa marche, avant de s’arrêter quelques pas plus loin. « Hé, regarde ! Il y a un bloc opératoire… tu crois qu’ils ont mis un corps en décomposition dedans pour plus de réalisme ? » souffla-t-il alors, avant de s’approcher. Enfin. Un faux corps, un truc en toc, un truc en plastoc… pour un vrai, ça aurait été de la vraie torture pour les candidats. Tant visuellement qu’olfactivement.

Le mode exploration est lancé. Ca me rappelle cette sortie scolaire qu'on avait fait, je sais pas, en seconde ou en première. Dans les catacombes de Paris. Rien que d'y penser, je réalise que j'ai jamais vécu plus glauque. Visiter les sépultures de morts reposant dans cet endroit depuis des siècles, c'était assez… spécial. Je pouvais pas m'empêcher de penser à eux, à ces morts, et à ce qu'ils auraient pensé de cette bande d'adolescents qui visitaient leur tombeau. A leur place, je l'aurai mal pris. Ils sont sensés reposer en paix, pas au milieu d'un troupeau de personnes qui s'amusent à s'effrayer les uns et les autres. Du voyeurisme, cette histoire. Bref, cette exploration me rappelle ce jour là. En plus sympathique tout de même. Et moins sinistre. Je suis Valeri sans broncher. C'est lui le guide, moi je suis là pour surveiller nos arrières. Quelque chose du genre. « Hé, regarde ! Il y a un bloc opératoire… tu crois qu’ils ont mis un corps en décomposition dedans pour plus de réalisme ? » Je regarde cette salle qu'il éclaire avec sa torche mais dans cette obscurité, c'est dur à voir. Je le savais pas si curieux ce Valeri. En fait, je crois qu'il aime tout simplement pas qu'il y ait quelque chose qu'il sait pas. « Allons vérifier, on est là pour ça. » je souffle aussi, en poussant la porte. La salle est assez grande, plongée dans le noir. Seul le petit rayon de lumière émanant de la torche de Valeri éclaire la salle. Enfin éclaire, façon de parler. Je rentre, découvre les lieux. Je laisse Valeri aller droit vers la table opératoire. Moi je me dirige vers une armoire. Tant qu'à faire, on va fouiller. On sait jamais ce qu'on peut trouver ici. Une boite de gants en latex jetables, des masques en papier, une boîte d'instruments chirurgicaux. Scalpels, ciseaux et tout le bazar. Bref, je referme, rien d'intéressant. Je me tourne vers Valeri, qui est penché sur la table. Je vois juste sa silhouette. Il fait trop noir pour que je vois ce qu'il fait. « Tu trouves quelque chose ? Y'a rien ici. » Je m'approche de lui mais mon pied glisse. Une partie du sol est mouillée. Je sais pas ce que c'est, mais c'est une substance bizarre, plutôt consistante. De la boue peut être.. Je regarde plus attentivement. Il y a une trace de pas par terre. Mais ce n'est pas celle de Valeri, ni la mienne. Comment je le sais. Parce que le pas va en direction de la sortie. Nous on vient d'entrer. « Euh Valeri, je crois qu'on est pas tout seul. Viens voir. » Je me baisse un peu et regarde plus attentivement. Oui, c'est bien une trace de pas. On doit pas être les seuls à jouer les explorateurs. De toute façon, il est inconcevable pour moi que ce soit un fantôme ou tout ce que vous voulez qui provient d'une autre dimension.

Voilà ce qu’ils allaient faire. Explorer cet endroit. Il fallait être un peu tordu, ou bien trop curieux pour vouloir faire cela. Mais il faut dire que ça l’avait intrigué, Valeri, la fois où il avait mis les pieds ici. Juste quelques minutes, mais bien assez pour l’intriguer, pour éveiller sa curiosité. Il était curieux, et il voulait savoir ce qu’il pouvait se cacher derrière tout ça. Ainsi, il éclaira fébrilement la pièce à l’aide de sa petite lampe-torche, ils avaient encore un peu de mal à voir dans cette obscurité compacte. Puis, il s’arrêta, lisant alors une petite pancarte avec l’inscription : « bloc opératoire » ou quelque chose du genre. Ce n’était pas que Valeri ne savait pas lire, mais avec cette obscurité, sa vision était diminuée. Alors, il demanda à Sigvard s’il n’y aurait pas un corps en pleine décomposition à l’intérieur, allongé sur la table d’opération, attendant alors vainement que l’on vienne le soigner. Oui, évidemment, il n’y aurait sûrement rien. Mais la créativité débordante de la Production semblait être imprévisible, oui. Imprévisible, voilà. C’était le mot. Son compagnon de fortune lui proposa alors de s’y aventurer. Il hocha la tête alors, et entra à l’intérieur. A l’aide de sa lampe torche, il balaya l’endroit un moment. Alors que Sig partit en direction d’une armoire, Valeri continua de contempler autour de lui, s’approchant alors de la table. Il n’y voyait rien dessus. Dommage. Il aurait trouvé tellement drôle d’y trouver un corps allongé dessus. Pas vous ? Sig vint alors à lui demander s’il trouvait quelque-chose. « Non. Rien d’intéressant dans le coin… » souffla-t-il. Quant à Sig, il disait qu’il n’y avait rien dans le coin où il se trouvait. Valeri éclaira une dernière fois l’endroit, l’inspectant de son œil d’expert… ou non. C’est alors qu’un bruit assourdissant retentit dans la pièce dans laquelle ils se trouvaient, tous les deux. Aussitôt, il guida sa lampe en direction de la source de ce bruit perturbateur. Plus de peur que de mal, ce n’était que Sig qui semblait avoir glissé et avait tenté d’attraper la première chose qui lui venait sous la main. Son cœur avait cru qu’il allait rater un battement dans ce boucan. Il le regarda observer avec une attention le sol, pendant un bon moment. C’est alors qu’il lui dit qu’ils n’étaient pas seuls… N’importe quoi ! Bien sûr que si, ils l’étaient ! Valeri fronça les sourcils, quelque peu perplexe. Il s’approcha de lui, comme il venait de lui demander, l’éclairant alors pour l’aider à voir un peu mieux. Il se baissa légèrement alors en direction du parquet, et put constater des pas. Il suivit alors la direction de ces derniers. « Mais si, on est tous seuls… » répliqua Valeri. « C’est quelqu’un qui est venu avant nous, dans la journée, je pense. ». Ca devait être les traces d’un ancien curieux, qui était passé par là, lui aussi. C’était les seules explications que Valeri avait trouvé. « Bois un coup, ça te changera les idées, tiens ! » lui conseilla-t-il alors.

Je pensais que j'étais trop rationnel comme garçon. C'était avant de rencontrer Valeri. Il est 15 fois plus rationnel que moi. Mon histoire de pas là, il y croit pas. Puis s'il y croit c'est simplement quelqu'un qui est venu avant nous dans la journée. Ce qu'il fallait démontrer. Aussi simple que ça. Peut-être que c'est parce qu'il a peur. Ca a pas vraiment l'air de l'amuser que ça puisse être quelqu'un d'autre qu'un autre candidat. « Bois un coup, ça te changera les idées, tiens ! » il me dit, en me tendant la bouteille. Il a surement envie que je me taise avec mes hypothèses qui n'ont ni queue ni tête. Je m'exécute, je bois. Un peu d'alcool dans le sang ça me fera pas de mal, au contraire. On a que ça à faire ici, de toute façon. Il y a rien à trouver. Je suis quand même un peu déçu. Mis à part l'ambiance qui s'y dégage, cet endroit ne semble pas vraiment intéressant à visiter. Enfin, on va dire qu'il est beaucoup moins mystérieux qu'il n'y parait. C'est vrai, on se croirait plus dans un épisode sombre de Grey's Anatomy que dans Gothika. Bref. Je tends alors la bouteille à Valeri. « Bois aussi, t'as l'air plutôt tendu. » Je me dirige vers la sortie du bloc opératoire, avec Valeri derrière moi. J'ai beau plissé les yeux, j'y vois rien. Je m'habitude jamais à l'obscurité moi. Je sais même pas par où je suis rentré à la base. J'arrive quand même à éviter les brancards et les autres meubles posés ici et là et me retrouve dans le couloir. Bon voilà, on a rien trouvé, c'est nul. Cette chasse aux fantômes et à toute autre existence surnaturelle est un échec. Ca me donne envie de faire une blague aux autres. De leur faire croire qu'on s'est fait attaqué, je sais pas, qu'il se passe des trucs louches ici. Je souris en pensant rien qu'à l'idée de diffuser la terreur dans la maison. Je suis sûr qu'il y a plus d'un qui tomberait dans le piège. Je me tourne vers Valeri. « C'est quoi que tu venais chercher ici, au fait ? » Parce que je lui ai pas demandé au début. Il est arrivé et il m'a surprit. Mais vu son côté préventif avec sa petite lampe torche, il devait forcément venir chercher quelque chose dans cet hôpital abandonné. Je me rassois sur un brancard qui traine là et tend la main pour avoir la bouteille. Il nous reste plus qu'à la finir cette bouteille. Je prends une gorgée, puis deux. « Tu sais, je connais une fille qui est genre obsédée par les fantômes. Elle me disait qu'elle descendait de sorcières, que sa grand-mère lui avait appris à communiquer avec eux. Elle s'en cachait pas, elle était même prête à nous montrer qu'elle disait vrai. Sauf que personne la croyait. Surtout pas moi. Le surnaturel, c'est pas vraiment mon truc tu sais. Puis un jour, elle a disparu. Personne sait où elle est, personne n'a plus jamais entendu parler d'elle. Sordide comme histoire, non ? » Je sais pas pourquoi je raconte ça, je viens d'y penser c'est tout. C'est tiré par les cheveux et faux, j'en démords pas. Je me contente juste de prendre une nouvelle gorgée avant de poser la bouteille à côté de moi.

Dans cet hôpital abandonné, il n’y avait qu’eux. Il n’y avait que Sigvard et Valeri. Et cela, le biélorusse en était certain. Ça ne pouvait être que cela. Il lui proposa alors de boire un peu, afin de lui faire oublier cette histoire de pas. L’esprit un peu embrumé par l’alcool l’aidera à se changer les idées. Puis s’il y avait quelqu’un d’autre dans cet endroit, ça ne pouvait être un autre candidat qu’eux. De toute façon, ils étaient les seuls habitants du nid. Ca ne pouvait pas être autre chose d’autres. Les esprits, les fantômes, ça n’existait pas. Ce n’était que des fantaisies imaginaires pour faire peur aux personnes, aux enfants surtout. Sigvard s’exécuta sans broncher. Il fallait croire que c’était un bon gars. Pas prise de tête du tout. Il lui paraissait sympathique. Ce dernier lui tendit la bouteille, prétextant qu’il devait boire parce qu’il avait l’air tendu. Vraiment ? Il arqua un léger sourcil, empoignant la bouteille et d’un geste assuré, il la porta à sa bouche. Une gorgée de bu. Il n’allait pas faire son minoré. Les deux aventuriers d’une nuit prirent, enfin, la direction de la sortie. Il n’y avait rien à voir, alors autant partir. De toute façon, ils ne devaient il y avoir rien à voir ici. Le décor avait juste été fait pour intriguer, pour attiser la curiosité des plus téméraires. Ils pourront en raconter des belles au sujet de cette aventure nocturne. Une vérité grossie, une vérité détournée, mais cela personne ne le saura. Ca lui donne une idée, d’ailleurs à Valeri. Un rictus se glissa dans le coin de ses lèvres. Alors qu’ils quittèrent les lieux, Sigvard lui demanda ce qu’il venait chercher ici. « Je voulais juste visiter… histoire de rassasier ma curiosité personnelle, vois-tu. » souffla-t-il alors, d’un ton monocorde. Il n’était ici que par curiosité, il voulait se renseigner au sujet de cet endroit au nom teinté de mystère obscur. Après quelques mètres de marche dans l’obscurité, ils s’arrêtèrent. S’installant chacun sur un brancard. Sigvard vint lui chiper la bouteille des mains, venant alors à en boire une ou deux gorgées… ou peut-être trois. Il ne savait pas vraiment, avec cette obscurité, il avait du mal à voir. D’ailleurs, il rangea sa lampe-torche dans sa poche, afin de ne pas gaspiller les piles. C’est alors que son ami d’un soir, il lui raconta une histoire. Celle d’une histoire d’une fille fascinée par les fantômes, qui se disait fille d’une sorcière. Elle aurait disparu, parait-il. C’était peut-être une histoire imaginaire, une histoire créée de toute pièce, il ne savait pas vraiment. « Qui sait, je suis peut-être le fils d’Hannibal… » souffla-t-il alors, en reprenant la bouteille. Il la fit tourner entre ses mains, avant de tourner sa tête en direction de Sigvard. Dans l’obscurité, il ne voyait qu’une seule chose : ses cheveux, il faut dire. « Tu sais ce qu’il faudrait qu’on fasse une nuit ? Une séance de spiritisme, tu sais ces conneries qu’on voit dans les films. Ça pourrait être marrant à faire… on invite quelques personnes à venir avec nous, et le tour est joué. ». Il ne faisait que de proposer une idée comme une autre. Vous savez, ces séances de spiritisme qui n’ont été pas une. Faire semblant d’évoquer les esprits, faire semblant qu’une voix parle…