Il était aisé de croire que le corps de Carmen était fin sans qu'elle ne bouge le petit doigt. Et pourtant. Lorsque ses heures de travail le lui permettait, l'italienne enfilait une tenue adéquate et, c'est souvent lorsque la nuit se mettait à tomber, qu'elle se dirigeait en dehors de la ville afin de courir et se défouler durant une heure minimum. Et cette passion qu'était devenu le jogging, la blonde ne réussissait plus à s'en passer. Aussi, il n'avait pas été rare de la voir courir à grandes foulées en direction de la forêt ou autour du chalet durant ces dernières semaines. Mais cet après midi, tandis que la chaleur se faisait de plus en plus invivable sur le nid, la belle décida plutôt de visiter la salle de sport dont était pourvu le chalet. Loin d'avoir les moyen de se payer une salle de sport dans la ville où elle résidait, profiter de celle mise à disposition était l'évidence même, finalement. L'italienne enfila donc un short en maille fine destiné au jogging ainsi qu'une brassière sur laquelle elle n'ajouta rien (la chaleur étant vraiment trop prenante). Calmement, une bouteille d'eau à la main et en petite foulée, elle se dirigea vers la salle de musculation, bien décidée à y trouver un tapis sur lequel se défouler une bonne heure. Certaine d'être seule, l'italienne fronça les sourcils lorsqu'elle se rendit compte de la présence de Mickey non loin de là. Leur première rencontre ayant été quelque peu.. spéciale, la jeune femme n'hésita pas une seule seconde avant de s'approcher de lui à pas de loup afin de constater de son incapacité à soulever un poids de dix kilos à peine. Avant qu'il ne se rende compte de sa présence, Carmen ne put totalement masquer le bruit de son rire moqueur. Certainement ce qui poussa le candidat à se relever d'ailleurs. Un sourire mutin aux lèvres, l'italienne ne cacha pas sa réaction et plaça sa main sur sa bouche, moqueuse. « Oui bon, je le sais, aucune reconversion dans le milieu sportif n'est envisageable pour moi. » « Tu ne crois pas si bien dire. » répondit-elle, s'approchant pour constater du peu de kilos accrochés à la barre métallique. « Que viens-tu faire ici ? Le spectacle t'a plu ? » Faussement choquée, la blondinette se renfrogna et se dirigea sans répondre jusqu'à un vélo elliptique qu'elle mit en route afin de commencer à pédaler, rapidement. « Tu n'es pas obligé d'être constamment de mauvaise humeur, tu sais. » se contenta-t-elle de lui dire, d'un ton neutre et monocorde. La première fois, Carmen avait prit du elle. Après tout, elle avait cherché à le titiller un peu. Cette fois-ci, elle n'y était pour rien. Se moquer était légitime vu la façon dont il s'y prenait pour soulever les poids. « Tu devrais commencer par des petites haltères au lieu de vouloir à tout prix soulever cette barre. Mais bon, ce n'est qu'un conseil. » Tu en fais ce que tu veux, voulu-t-elle rajouter mais se retint. Mickey se montrait quand même très peu accueillant, en quoi était-elle sensé l'aider puisqu'il n'avait apparemment pas l'envie de la côtoyer ?

Mickey pouvait dire ce qu'il voulait et lui lancer des regards d'autant plus noir, Carmen ne cesserait pas de rire. Si l'anglais n'avait pas l'âme d'un sportif (ce qui était assez facilement constatable), l'italienne quant à elle avait prit l'habitude depuis son plus jeune âge d'aller courir lorsqu'elle en avait l'occasion, ce qui, en fait, se résumait à une bonne heure de footing par jour. De préférence à la nuit tombée. Sans peur et téméraire, la belle préférait de loin la compagnie du soir, de la nuit noir et de ses bruits affreusement stressant, au jour clair. D'autant plus qu'il était clair que les bruits du soir donnaient envie d'accélérer la cadence.  « Je t'assure que je ne suis pas de mauvaise humeur. Quand je le suis, c'est encore autre chose... » La belle haussa les épaules, accélérant la cadence de sa machine. Mickey avait peut-être l'impression de ne pas être de mauvaise humeur, il n'en restait pas moins grognon. La première fois aux pieds de ces maudits escaliers propres et trempés. Cette fois-ci allongé sur un banc de musculation. Qu'en serait-il de la prochaine fois ? En fait, la blondinette préférait ne pas y penser. « Autre chose de quel genre ? » s'enquit-elle tout de même puisque la réponse l'intéressait. Oui, comment pouvait bien être l'anglais lorsqu'il était réellement de mauvaise humeur puisqu'il était clair que là, il se trouvait plutôt de bonne humeur. Normal était peut-être mieux adapté à la situation, comme mot. Carmen ne savait même pas décrire son état d'esprit, finalement. Alors, comment était-il ? Roh, qu'importe à la fin. Depuis quand se souciait-elle des humeurs des autres, de toute façon ? Carmen ne s'était toujours occupée exclusivement que d'elle, pourquoi Fake Lover viendrait tout changer ? « Mais je comptais le faire, figure-toi. Ju... justement cette idée vient de me traverser l'esprit. » [colorindian=red]« Oh, bien entendu. »[/color] minauda-t-elle d'un air rieur. Au fond, cette situation l'amusait bien plus que de raison. Mickey avait cette faculté à la contrer et l'amuser lui donnant l'envie de toujours en avoir plus. Continuer de le narguer et le provoquer jusqu'à ce qu'il ne s'énerve. Le titiller parce qu'il l'amusait. Parce que leurs s'opposaient avec force et que les mœurs de Carmen ne demandaient que ça, au fond. Continuant son activité sans s’essouffler pour le moment, guettant du coin de l'oeil le candidat un sourire narquois aux lèvres, Carmen ne put réprimer le rire jaune qui passa la barre de ses lèvres gourmandes lorsqu'il prononça ces quelques mots. « Tu viens brûler quelques calories alors ? Bonne initiative. » Il ne manquait pas d'air ni de répartie. Et si l'italienne n'avait pas été un homme dans un corps de bonne femme gracile, elle l'aurait certainement mal prit. Aurait boudé comme toutes ces minettes affreusement naïves et ridicules. Non, Carmen, elle, encaissait. Et il fallait avoué que sa répartie était elle aussi plutôt bien aiguisée. « C'est marrant venant d'un mec qui a des bras aussi gros que des cure-dents. » finit-elle par trancher plutôt sèchement mais toujours armée de cette moue enfantine adorable histoire de ne pas paraître trop agressive. Parce qu'au fond, tout ceci n'était qu'un jeu, non ? « De ton côté, tu es venu ici dans l'espoir de voir quelques corps féminins en sueur et tu t'es laissé prendre au jeu, c'est ça ? »

« Je ne vois vraiment pas l'intérêt d'en parler maintenant. » Oh non, alors Mickey n'allait réellement pas se prononcer sur la façon dont il était quand il s'énervait ? Dommage. Carmen était en haleine, attendant patiemment l'histoire comme le fait un bambin le soir avant d'aller se coucher. Le candidat venait de la privée de son histoire et Carmen, aussi enfantine soit-elle réagit comme une enfant. « Oh, allez ! » bien que ses jambes continuent à s'actionner sur ce vélo elliptique, l'italienne afficha une moue boudeuse mécontente afin de faire comprendre à Mickey son mécontentement. Peut-être qu'ainsi, il tenterait de lui expliquer la façon dont il se comportait en étant énervé ? Elle ne demandait que cela après tout. Lui qui estimait que parler de leurs vies respectives était une perte de temps, cette conversation-ci était loin d'être banale. Il était donc clair, net et précis – Carmen avait toujours raison, de toute manière – que l'anglais n'était qu'un vieux grognon, jamais content, jamais prompt à la discussion. En plus de cela, il se révélait être un vrai macho. Depuis quand le conseil d'une femme n'était-il pas bon à prendre. La belle haussa les épaules négligemment. Après tout, si penser qu'il avait le dessus sur elle pouvait lui faire plaisir, elle seule savait que c'était loin d'être le cas. La salle de sport était son univers, pas le sien et sur ce terrain là Mickey se ferait atomiser quoiqu'il fasse, quoiqu'il pense. Petite victoire néanmoins, tandis qu'elle continuait à courir sans ne jamais être essoufflée – la pratique depuis des années aidant – l'italienne constata qu'il se dirigea tout de même près des altères afin d'en attraper deux. Un sourire narquois au lèvres, elle le fixa longuement, victorieuse, sans ne jamais prononcer mot. Mickey 0 – 1 Carmen. Du moins se plaisait-elle à le penser. D'ailleurs, la belle n'hésita pas à répliquer du tac au tac lorsqu'il l'attaqua sur sa présence ici. Il voulait jouer ? Carmen n'était qu'une enfant, incapable d'avoir grandit, trop jeune mise face à ses responsabilités elle revivait désormais sont enfance bâclée, violée, envolée. « Je te remercie d'avoir souligné mon côté rachitique, je ne l'avais encore jamais remarqué. » « Tu m'attaques, je réponds, c'est tout. » répondit-elle simplement sans se préoccuper du fait que le candidat puisse être affecté par ce rachitisme. Elle ne le trouvait pas si maigre que ça. Il avait effectivement les bras aussi gros que deux cure dents mais, et alors ? La musculation pouvait arranger bien des choses si l'on prenait le temps de s'y mettre un peu chaque jour. Une moue adorable sur le visage, histoire de ne pas paraître trop sévère (parce qu'au contraire de Mickey, Carmen, elle, était loin d'être grognonne, simplement lunatique et incroyablement spontanée), la belle tenta une nouvelle approche qui se conclu par.. un échec oui. Toute tentative de conversation avec l'anglais se terminait ainsi. « Non, tu n'y es pas du tout. Je n'ai que faire de cela, ça ne m'intéresse absolument pas. Je n'ai rien d'un voyeur, j'ai une certaine classe tout de même. Et par ailleurs la vue d'un corps suintant m'insupporte, me révulse même. » « Merde mon corps te révulse. » répondit-elle mutine. A vrai dire, Carmen détestait toute forme de transpiration elle aussi et prenait soins de s'essuyer toutes les deux minutes, bien que son corps, habitué au sport, ne montre pour le moment aucun signe de faiblesse. Elle le testait, tout simplement, tentait de comprendre ses réactions. « Tu as dû me confondre avec ce candidat, hm... ah, son nom m'échappe. Mais j'ai cru comprendre qu'il était ici pour folâtrer, avant tout. » La blonde ne put que réprimander un sourire désolé, elle comprenait. Il venait de marquer un point, égalité parfaite. Oui, la vie de Carmen se résumait à des matchs constants donc les interlocuteurs n'avaient connaissance. « Nadan ? » se hasarda-t-elle avec conviction finalement. La réputation de son partenaire n'était plus à faire et elle avait d'ailleurs repoussé ses avances le premier soir de l'aventure, c'était dire. « J'ai voulu tester mon endurance, mais le verdict est sans appel : le sport, ça n'est pas pour moi, et à l'avenir il vaudrait mieux que je ne m'obstine plus sur ce terrain-là. » Elle n'était pas d'accord et comptait bien le lui montrer. Aussi, Carmen ralentit son allure et descendu de son engin de torture. Elle avala une grande lampée d'eau, s'essuya afin de ne pas déranger plus que de raison Mickey et s'approcha de lui. « Tu ne devrais pas abandonner aussi vite, tu te débrouille pas trop mal. » Un peu gênée, la belle n'osa pas, d'abord. Puis, dans un haussement d'épaule, elle se permit de replacer le poignet de l'anglais droit. « Il faut que tu la tiennes comme ceci, afin de ne pas risquer de te casser le poignet. » Doucement, elle poussa son dos avec son genoux, à la manière d'une réelle prof de musculation afin qu'il ne se tienne à peu près droit et se plaça à ses côtés afin de lui montrer le mouvement à faire. « Et comme ça, seuls tes bras travaillent, tu ne risques pas de te faire mal ailleurs. Ce qui serait dommage » ne put-elle pas s'empêcher d'ajouter en un clin d’œil.

« Arrête, on dirait une petite fille à qui on ne veut pas acheter une poupée et qui est sur le point de faire un gros caprice. » Et c'était effectivement le but. Carmen avouait être complètement différente, avoir plusieurs personnalités, en sommes. Parfois homme, devenant grossière et je m'en foutiste, parfois enfantine, prête à faire des caprices afin d'obtenir ce qu'elle désirait. Mickey n'était donc pas décidé à lui céder ce qu'elle quémandait. Qu'à cela ne tienne, la belle gardait en mémoire le fait de devoir le pousser à bout afin d'obtenir enfin des réponses. Enfin, la belle passa à autre chose, loin d'être névrosée. Simplement désireuse d'en savoir plus, ce qui en soi était plutôt légitime, après tout. Mickey était une énigme à lui tout seul et la curiosité de Carmen bien aiguisée se révélait être piquée au vif. Il avait beau être rude et quelque peu grognon qu'il le veuille ou non, la belle restait captivée par le personnage qu'il représentait et même si elle entrait dans son jeu (qui de son côté ne devait en fait pas en être un), elle n'en restait pas moins envieuse d'en apprendre plus. De le découvrir, un peu. Qu'il le veuille ou non. Aussi tenta-t-elle de découvrir pourquoi il se retrouvait là quand il était clair que son corps ne suivait pas le rythme qu'il tentait de s'imposer. Était-ce, d'ailleurs, la première fois qu'il mettait les pieds dans une salle de musculation ? Carmen n'aurait, en effet, pas été surprise. Il commençait bien trop fort et aurait pu risquer de se faire mal, se froisser un muscle ou pire, se casser un bras. « Oui, entre autres. Enfin je suppose que tu transpires à grosse gouttes, là. Mais tu m'excuseras j'ai d'autres occupations que celle de t'observer de la tête aux pieds. » Merde, son corps le révulsait alors ? Là était bien la meilleure. Jamais un homme n'avait osé lui avouer une chose pareil et, en fait, Carmen n'avait jamais eu besoin de poser la question. Son corps ne révulsait pas et il lui arrivait plutôt souvent qu'on l'a complimente. Pas qu'on la rabaisse. D'abord le fait qu'elle vienne ici pour brûler quelques calories et qui fut une bonne chose, maintenant son corps qui le révulsait.. « T'es homo, c'est ça ? Ou t'es un putain de grand maniaque. » Sa transpiration, tout à fait légitime puisqu'elle courait depuis déjà une bonne demie heure, et avant cela les escaliers sales que Mickey s'était plu à laver, Carmen commençait à avoir de sérieux doute sur la psychologie de cet homme. Enfin, peu importe qu'il ne désire pas l'observer, Carmen se contentait finalement bien du fait qu'il lui parle, déjà. « Non, celui-là a manqué de m'éborgner mais ce n'est pas à lui que je pensais. » « Tes relations avec les autres candidats sont plutôt.. houleuses. » Si ce n'était pas Nadan, c'était peut-être ce grand brun ténébreux qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de côtoyer mais qui était apparemment passé à l'acte plusieurs fois. Cameron, lui semblait-il. Peut importe qu'elle fut l'identité de cet homme, il n'avait plus rien à faire dans cette conversation. L'italienne ne rajouta d'ailleurs rien à ce sujet, sa répartie avait frappé, elle ne frappait jamais deux fois. Non, la blonde entreprit désormais d'apprendre au candidat à bien se tenir afin de pouvoir pratiquer des haltères correctement, sans risquer de se faire mal. Cet acte partait d'une bonne intention, afin que Mickey sache, pour la prochaine fois, comment se tenir. Qu'il puisse muscler ses cure-dents, voilà tout. Seulement le jeune anglais ne le vit apparemment pas de cette œil. « Oh je t'en prie, je n'ai pas besoin qu'on me ménage. » Peu importe, elle continua, s’exécuta jusqu'à ce que son œuvre soit terminée, mettant du cœur à l'ouvrage et terminant le tout par un clin d'oeil, avant de se placer face à lui, les bras croisés sur sa poitrine. « Évite ce genre de contacts à l'avenir... mais, merci. » Carmen resta silencieuse. Jusqu'à ce qu'il ne continue. « Je t'ai fait pitié, c'est ça ? » Elle serra les dents, les yeux rivés sur l'anglais. La blonde voulut s'en aller, d'abord sans ne rien dire. Elle lui tourna d'ailleurs le dos mais se ravisa, et lui fit face une dernière fois. « Non, je n'ai pas pitié de toi. Bien loin de là, d'ailleurs. Tu sauras, à l'avenir que les gens peuvent être bons Mickey et vouloir en apprendre un peu plus sur toi n'est pas un crime. J'ai compris, cela dit, que la gentillesse à ton égard n'est pas une option. Je saurai désormais que te donner des conseils revient à avoir pitié de toi. » Elle tourna les talons et déguerpit. Quel con.

TOPIC TERMINE POUR CARMEN.