ft SULLY, le mardi onze juin, à vingt trois heures

Ouais, c'est tout à fait dans mes habitudes de me balader sur la plage alors qu'il fait aussi nuit. Et puis, d'avoir dans l'optique de me baigner, alors qu'il fait un froid de cochon -oups, de canard, désolée-, dehors. Ouais, c'est mon kiffe. De toute façon, à cette heure-ci, y'aura personne pour me juger, c'est certain. Et puis, quand bien même, c'est pas bien grave. J'm'en fiche, je fais ce que je veux après tout, non ? J'suis libre, I'm freeee -ça m'fait penser à une pub ça, tiens-. Bref, j'sens que je m'égare un peu là, ça va pas. Sans doute l’excitation d'aller se baigner à une heure si tardive. T'sais, on dirait les gamins de neuf ans qui deviennent tarés parce que leurs parents les ont autorisés à regarder un film interdit aux moins de dix ans... Nan, j'suis vache. C'est pas bien. Et puis, c'est très con aussi, ce que je raconte. Mais bon, j'me suis réveillée tôt et j'ai fais du sport aujourd'hui : j'suis crevée, alors on me pardonne, n'est-ce pas ? Oui, bien sur Zola, bien sur. Enfin... je me rends donc à la plage, vêtue d'un simple maillot de bain, un sac de plage à la main, avec tous les ustensiles -c'est que pour la cuisine qu'on utilise ce mot ou bien ? On va dire que non-, nécessaires pour faire trempette dans l'eau. Cinq minutes plus tard à peine, j'y suis, toute contente. Je sautille partout, avant d'aller déclencher les vagues. Parce que oui, n'oublions pas que cette plage n'est que fictive. Mais on dirait pas, comme ça. Y'a du avoir du boulot derrière, ouais, un sacré boulot et un sacré budget aussi. Je pose donc mes affaires sur la plage, et hop, ni une ni deux, me voilà dans l'eau, à imiter le dauphin. ”Meeehhh !” que je lance, comme une folle. C'est cool, vu que ce n'est pas de l'eau de mer, ça pique pas les yeux. Du coup, j'arrive même à voir la plage d'où je suis. D'ailleurs, j'vois quelqu'un arriver. J'sais pas qui c'est, de là, je ne peux que distinguer une silhouette. Tant pis, qui que ce soit, cette personne sera ma victime. Muahahahaha ! Hum... ”Au secours !! A l'aide, je me noies, à l'aide !!” que je lance, très fort afin que la personne y croit. J'y mets tout mon cœur, et j'peux vraiment être une bonne comédienne, c'est fou.. Bon, c'est pas forcément de très bon gout comme blague, j'espère juste que je tomberais sur quelqu'un de cool et non un candidat rabat-joie, qui le prendrait mal. Je continue donc mon petit cirque, agitant les bras dans tous les sens.

Il faisait nuit noire à une heure comme celle-ci, mais Sully avait tendance à apprécier les balades nocturnes. Disons qu'il aimait la tranquillité de cette intense pénombre, et le mystère qu'elle dégageait. C'était la nuit que l'on était susceptibles de vivre les aventures les plus exaltantes, il en était certain. Alors il arrivait que Sully passe des heures à se promener, sans but précis, sans trop savoir où il pouvait se rendre, en sachant simplement qu'il s'y rendait, en soit. Et justement, cette nuit n'étant pas tellement différente des autres, Sully avait pris la direction d'une destination pour le moins inconnue, lui qui avançait sans tellement être capable de se repérer, sans tellement être capable de dire où il pouvait bien se trouver. Il lui avait semblé reconnaitre le jardin botanique, quelques mètres auparavant, alors il avait tout de même une petite idée du coin où il pouvait bien avancer. Et il put plus précisément le savoir lorsque ses chaussures commencèrent à s'enfoncer dans du sable. Nul doute qu'il se trouvait donc présentement au niveau de la fausse plage, un endroit où il ne s'était en soit pas tellement rendu, et qui avait assurément d'autant plus de charme une fois la nuit complètement tombée. Ainsi donc, il était fort probable qu'il décide que cet endroit-ci serait en fait sa destination initiale, qu'il estime que c'était tout simplement ici que ses pieds avaient décidé de le conduire, et qu'il devait alors cesser sa marche. C'est donc ce qu'il fit, progressivement, n'avançant plus qu'à petits pas, ralentissant à mesure que ses derniers s'effectuaient. Et tandis qu'il fut à quelques secondes de s'arrêter complètement, voilà qu'il entendit un cri, un appel au secours, provenant de l'eau. Alors déjà, il fut pour le moins surpris que quelqu'un puisse s'y trouver, à cette heure-ci, car ça ne lui viendrait personnellement pas à l'idée de s'y baigner en pleine nuit. Soit. Sans doute se passait-il quelque chose de grave, car quelqu'un ne pouvait pas crier sans raison, d'autant plus qu'il avait bien compris qu'il était question d'une noyade. Ne distinguant pas grand chose, il ne prit même pas la peine de se séparer du moindre de ses vêtements pour s'empresser de gagner l'eau. Et à mesure qu'il s'approcha de la personne qui avait crié, il reconnut Zola. « Oh non » qu'il fit alors, nageant vers elle aussi énergiquement que possible, pour lui venir en aide. Il finit par l'attraper et par nager avec elle pour la ramener sur le sable. Mais tandis qu'il l'y posa, il crut noter comme une incohérence. Zola, qui avait semblé paniquée l'instant d'avant, semblait étrangement calme pour une jeune femme ayant échappé à une noyade. Du coup, il avait un peu de mal à saisir. « Zola, tu ... tu n'as pas fait semblant de te noyer, hein ? » qu'il fit alors, pour le moins essoufflé, avant de reprendre. « Tu ne m'aurais pas fait ça, pas vrai ? » Parce que lui, il avait eu très peur. Il en tremblait même encore légèrement, à vrai dire.

J'aime ça, déconner. J'sais que ça peut user les gens à force, mais c'est plus fort que moi. En fait, me demander d'arrêter mes conneries, c'était comme si on demandait à un aveugle de voir..ou à quelqu'un d'arrêter de respirer..enfin, bon, j'pense qu'on a compris où est-ce que je veux en venir, même si ma comparaison est pour le moins étrange. J'suis donc dans l'eau, elle est un peu froide, mais ça va, j'supporte. Je n'ai jamais été très frileuse de toute façon, et puis il faut dire qu'en m'agitant comme ça, ça me réchauffe. J'ai donc vu quelqu'un s'approcher, et, digne d'une grande actrice, je commence à nous faire la scène de la noyade. Acte I, scène 1, Zola entre en piste. Et je n'ai pas à attendre bien longtemps pour que quelqu'un arrive. Je vois la personne -j'crois que c'est un mec vu que je vois pas d'obus secoués dans tous les sens- qui se met à courir. Génial, ça fonctionne à merveille. Je continue mon petit manège, et.. Sully. C'est lui, oui, c'est Sully. J'arrive à distinguer son visage malgré l'eau sur ma figure. Bon, j'aurais préféré le faire à quelqu'un d'autre, parce qu'on sait jamais, si il le prend mal et tout.. Bon, il est du genre à aimer déconner, donc j'sais pas trop. Nan, franchement, j'suis dans le doute. Et j'ai hâte, vraiment hâte, de savoir comment il va le prendre. Pourquoi ? J'sais pas.. Bref, c'est pas tout mais je dois faire semblant de couler moi.. Je plonge la tête sous l'eau, mais Sully finit par m'attraper et à me tirer hors de l'eau, histoire que je rejoigne la plage. Une fois sur le sable, je m'allonge, les yeux fixant le ciel. Je ne peux m'empêcher de sourire légèrement. J'entends sa respiration, il est tout essoufflé le pauvre. Je le regarde. Merde. Il a du comprendre que c'était que des conneries vu la façon dont il me regarde. Est-ce qu'il est énervé ? Je ne saurais le dire. En tout cas, il avait l'air d'être encore sous le choc. C'est sur que croire que quelqu'un risque de crever sous vos yeux, c'est pas très... rassurant disons. Et voilà qu'il me demande si j'ai fais semblant ou non. J'essaye d'avoir l'air innocente, mais j'y arrive pas. "Hum.." Est-ce que j'avoue tout ? Ou est-ce que je continue dans ma lancée ? Les blagues les plus courtes ne sont-elles pas les meilleures ? Si, surement. Vaut mieux que j'arrête de jouer la comédie, j'suis nulle pour ça de toute manière. Je me lève d'un coup, sourire gigantesque aux lèvres. "Désolée, j'voulais voir ce que ça fait de se faire sauver de la noyade, tu sais, comme dans Alerte à Malibu et tout ça..!" Ouais, t'sais, la vieille série avec la meuf aux implants mammaires qui font la taille d'un ballon de basket. Surement qu'il connaît, c'est une série américaine en plus.. Quoique, ça veut peut-être rien dire. "Tu m'en veux pas trop j'espère ? En tout cas tu as été par-fait. Au moins je suis rassurée maintenant : je sais que si jamais j'ai un grave problème ou que je cours un grand danger, Sully le super-héros sera là pour me sauver !" Je rigole, j'espère qu'il va faire de même. Parce que ouais, c'est quand même vachement rassurant de voir qu'il est prêt à sauter tout habillé pour pas que me me noies. J'me sens largement plus en sécurité. Bon, par contre, il est tout trempé maintenant, ça craint. Dommage, j'aurais du prévoir un maillot de bain pour lui. Ah ! Mais j'ai une serviette dans mon sac ! Je la sors et lui tends : "Tiens, si tu veux te réchauffer !" dit la meuf en maillot de bain qui vient, elle aussi, de sortir de l'eau.. Mais j'ai pas froid, ou du moins, pour le moment.

Qu'on se le dise, Sully n'était pas un merveilleux nager. Comme tout le monde, il se débrouillait plutôt bien, mais il ne fallait généralement pas compter sur ses aptitudes en matière de natation pour sauver une vie, et il va de soi qu'il laissait ça aux plus expérimentés. Pour autant, dans l'immédiat, il était peu probable qu'un sauveteur débarque et aille sauver la personne qu'il avait entendu crier au secours, ainsi donc, il ne réfléchit pas plus d'une seconde et plongea dans l'espoir de l'en sortir. Nul doute qu'il n'allait pas aussi vite qu'un professionnel, mais il parvint au moins à atteindre la jeune femme qui avait exprimé sa détresse, réalisant alors qu'il s'agissait en fait de Zola. Il ne savait pas comment une telle chose avait pu arriver, si Zola ne savait pas nager ou si elle s'était laissé surprendre par les eaux, mais il est certain qu'il avait maintenant d'autant plus de raisons de regagner la plage au plus vite, voulant à tout prix s'enquérir de l'état de la jolie blonde. Il la sortit alors de l'eau et la déposa sur le sable, ne sachant pas ce qu'il était censé faire, s'il devait jouer les secouristes et improviser un massage cardiaque, sachant qu'il ne voudrait pas risquer de lui faire plus de mal que de bien en croyant bien faire. Mais finalement, il n'eut pas à se poser la question plus longtemps, car bientôt, il remarqua que sa camarade était étonnement calme, pas aussi choquée qu'elle aurait pu l'être en tout cas, ce qui ne manqua pas de le perturber. Pourquoi gardait-elle cette mine détendue ? Pourquoi souriait-elle même légèrement ? Il en vint hélas rapidement à en conclure qu'elle s'était peut être jouée de lui, qu'en soit il n'y avait peut être jamais eu de noyade, que tout avait été orchestré, qu'il était simplement tombé dans un piège, dans le piège de Zola. Mais à ça, il ne pouvait pas y croire. Il ne voulait pas y croire, à vrai dire. Parce qu'il aurait l'impression d'avoir été pris pour un idiot par l'une des candidates qu'il appréciait le plus, par sa propre partenaire, et que ça lui ferait de la peine. Il chercha alors à savoir si tout ça n'avait pas été faux, accrochant le regard de la petite blonde, tentant d'y lire la vérité. Elle semblait hésiter à répondre, et ça ne le rassura pas tellement. Et quand enfin elle lui avoua avoir tout mis en scène, il baissa la tête et garda le silence. Elle parlait d'Alerte à Malibu alors qu'il avait eu véritablement peur pour elle, pour sa santé, pour sa vie. Il ne répondit rien, même pas quand elle chercha à savoir s'il lui en voulait. La tête toujours baissée, il soupira quelques peu, ne sachant pas s'il devait se réjouir qu'elle n'ait rien, ou déplorer qu'elle ait mis en scène une chose aussi grave. Toujours sans répondre, il finit par relever doucement la tête, ne parvenant hélas pas à sourire à un humour qui l'aurait pourtant amuser dans d'autres circonstances. Et ce n'est finalement que lorsqu'elle parla de se réchauffer qu'il articula quelques mots. « C'est grave, Zola » qu'il souffla alors, encore un peu chamboulé par tout ça, parce qu'elle n'en avait peut être pas conscience, mais il avait bien du mal à s'en remettre. « C'est grave de plaisanter avec ce genre de choses. » Dans l'immédiat, il n'était sans doute pas capable d'articuler quoi que ce soit de plus constructif, simplement parce que c'était le seul constat qu'il pouvait faire, qu'il était encore sous le choc et qu'il ne pouvait pas rire de quelque chose d'aussi dramatique. Si elle s'était noyée, il ne s'en serait sans doute jamais remis. « J'ai eu peur pour toi, moi » qu'il reprit malgré tout. Car pour le moment, il était incapable de dire s'il lui en voulait. Probablement pas, mais il ne pouvait pas pour autant le lui certifier.

J'ai toujours pris l'habitude de blaguer sur n'importe quel sujet, dans n'importe qu'elle circonstance, et avec n'importe qui -bon, peut-être pas le clochard du coin..-. Les blagues, les concours idiots, faire la gamine, c'est ce que je fais depuis que j'ai l'âge de parler et de tenir sur mes deux cannes. J'ai pas l'habitude de me prendre au sérieux, ni même de tenir une longue conversation sur un sujet hyper sensible, fort intéressant et culturel. Certes, j'ai mes phases et je peux, d'un coup, me renfermer sur moi-même, devenir en quelques sortes une autre nana, me concentrer uniquement sur un écran. Mais c'est plus fort que moi : déconner, c'est dans ma nature. C'est donc tout naturellement que m'est venue l'idée de simuler un noyade afin que la personne qui s'avançait vers moi vienne à mon secours. Ca me faisait rire. J'trouvais ça drôle. Mais une fois saine et sauve, sur la plage, aux côtés de Sully, j'me rends compte que lui, ça l'a pas tellement fait rire. Il a l'air soucieux, presque déçu de mon attitude. Il ne répond ni à mes blagues, ni à ma question, à savoir s'il m'en veut. Il préfère rester silencieux, la tête baissée. Et mon sourire n'y change pas grand chose. J'ai vingt-ans, lui vingt-huit il me semble, la différence vient peut-être de là. Il me dit que c'est grave, qu'il ne faut pas plaisanter avec ce genre de choses, pour être exact. Il est sans doute beaucoup plus mature que moi, et puis j'suis encore une gamine dans ma tête. Mais j'suis triste qu'il le prenne comme ça. J'voulais déconner moi. J'comprends pas trop, j'avoue. Comme j'viens de le dire, j'ai vingt-ans, c'est pour ça. Il ajoute qu'il a eu peur pour moi mais son visage reste très fermé. J'sais pas trop quoi dire moi, du coup. J'ai bien envie de déconner, mais peut-être qu'il va encore le prendre mal. Et puis, ça m'fait bizarre. Parce que c'est bien la première fois que c'est un peu tendu avec Sully. Fallait bien s'y attendre : vivre avec des gens pendant autant de temps, c'est... On est obligé de se friter un peu, sinon c'est pas normal. Bon, c'est sur que j'aurais préféré que ça arrive avec quelqu'un d'autre. Mais au fond, j'suis sur que ça sera vite oublié. Ouais, c'est certain. C'est pas comme si j'lui avais foutu un pain dans la gueule non plus.. Faut pas dramatiser, c'est pas bon, et c'est pas mon truc. J'prends toujours tout à la déconnade, et c'est pas maintenant, sur cette plage, que ça va changer. Bon, maintenant, le truc, c'est qu'il faut que je détende l'atmosphère. Mais j'sais pas quoi lui raconter moi, pour le faire sourire.. Alors j'décide d'être franche et d'y aller franco. "Allez Sully, j'suis désolée, mais j'trouvais ça marrant moi.. J'savais pas que tu le prendrais comme ça. Et puis, c'est comme si on avait pris un bain de minuit, donc c'est cool, non ?!" Je continue de lui sourire mais il n'accepte toujours pas de se réchauffer avec la serviette. Tant pis, j'la prend et l'enroule autour de moi. "Allez, viens, tu veux pas y retourner ? Promis, j'fais pas de blague ni de simulation de noyade cette fois-ci, j'serais sage comme une image ! Comme ça je pourrais même te montrer comment j'imite le dauphin !" J'espère juste qu'il va accepter et arrêter d'être aussi silencieux.. Faut pas que ce petit incident nous gâche la soirée. Surtout que dans quelques heures, on se retrouvera dans le même lit. Et j'ai pas forcément envie qu'il m'en veuille. Non, j'prends pas le risque qu'il me plante un coup de couteau en pleine nuit..!

Sully n'avait absolument pas l'intention de jouer les rabat-joies. Il était simplement en état de choc. Parce qu'il avait sérieusement cru que sa partenaire était entrain de se noyer et que cela n'avait pas manqué de le bouleverser. Il s'était demandé si elle avait avalé de l'eau, s'il faudrait la lui faire recracher, tout en se souvenant qu'il n'avait absolument aucune compétence en secourisme, qu'ainsi il risquait de ne pas savoir quoi faire si les choses étaient plus graves que prévues, et que le temps qu'il aille chercher l'un de leurs camarades, Zola pourrait souffrir de complications. Tout ça, ça lui avait traversé l'esprit durant les quelques secondes qu'il mit à la sortir de l'eau, avant de la déposer sur le sable. Et u moment où sa partenaire s'était trouvée allongée près de lui, il avait aussi prié, ce qu'il faisait rarement, ce qu'il n'avait à vrai dire pas fait depuis l'accident de son père et le séjour de celui-ci à l'hôpital. Parce que Sully n'était pas très croyant mais qu'il se permettait de solliciter une force supérieure lorsqu'il estimait qu'il le fallait. Et ici, il l'avait estimé. Alors oui, lorsqu'il avait appris de la bouche de Zola que tout ça avait été joué, qu'il n'y avait jamais eu de noyade et qu'elle s'était contentée d'en simuler une, il fut complètement terrassé. C'était trop d'émotions en trop peu de temps, et clairement, il le vécut mal. En soit, il connaissait suffisamment Zola pour savoir qu'elle n'avait pas pensé à mal, qu'elle avait simplement eu envie de s'amuser, de vivre quelque chose d'exaltant, mais il ne pouvait décemment pas en rire un bon coup et passer à la suite. Non, il en était bien incapable. Parce qu'il s'était inquiété pour elle, qu'il s'était inévitablement imaginé le pire, et que maintenant qu'elle allait bien, il était malgré tout incapable de s'en réjouir. Il devrait peut être, certainement même, mais il ne pouvait pas faire comme si les quelques secondes qu'il avait passé à la croire en danger ne l'avaient pas meurtri. Alors oui, il ne prit la parole qu'au bout d'un petit temps, ayant clairement besoin de se remettre de tout ça, d'avaler la pilule, de la digérer aussi. Zola était une chic fille et il aimait généralement son humour, mais là il estimait que c'avait été inapproprié. Alors il le lui fit savoir, passant peut être pour le relou de service, mais préférant qu'elle sache dans quel état tout ça avait pu le mettre, qu'elle se mette à sa place surtout, parce qu'il avait véritablement cru que quelque chose de grave était arrivé. Il ne voulait pas lui donner l'impression d'être en colère, parce que sans doute ne l'était-il pas, mais il ne pouvait pas prendre tout ça aussi légèrement qu'elle avait tendance à le faire. Zola s'exprima alors à nouveau, visiblement surprise qu'il le prenne de cette façon. Parce qu'elle croyait peut être qu'il s'en amuserait et estimerait que ça n'était pas grave, au fond, de rire de ces choses-là ? Il ne pouvait pas, car en cela, il n'était pas comme elle. « J'ai cru que tu te noyais, Zola. Et je n'étais même pas certain de réussir à t'atteindre, de réussir à te ramener sur la plage. Je me suis imaginé les pires choses pendant tout le temps où l'on était dans l'eau. Alors oui, je le prends comme ça, parce que ça fait partie des choses au sujet desquelles je suis incapable de plaisanter. Tu es comme ma petite sœur, et s'il t'arrivait quelque chose je ne suis pas sûr que je m'en remettrais. » Et tout ça, il le disait sans animosité aucune, simplement pour qu'elle comprenne que tout ça n'avait pas été "cool" et que Sully ne réagissait pas comme ça pour l'embêter, mais parce qu'il s'était inquiété pour elle. Zola lui proposa alors de retourner dans l'eau, lui promettant qu'il n'y aurait ni blague, ni fausse noyade, et lui parlant même d'une imitation de dauphin qui, malgré lui, parvint à le faire un peu sourire. « Hm, je ne sais pas » qu'il fit d'abord, essayant de ne pas jouer le buté, parce qu'il ne voulait pas l'être et qu'il ne pouvait de toute façon pas lui en vouloir. « Je n'ai pas mon maillot de bain sur moi, tu sais. » Non, à la base, il n'avait pas tellement prévu de se baigner, d'où le fait qu'il ait plongé tout habillé, même si ce fut surtout pour aller vite. Oui, bon, il voulait aussi se faire désirer, c'est vrai.

Ouais, bon, non ma blague était peut-être de mauvais gout. Enfin, c'est ce que me suggère Sully. Il n'est pas très content de ce que j'ai fais, c'est vrai qu'il a du avoir peur.. Peur que je me noie, dans cette fausse mer, au milieu de ces fausses vagues. J'avoue que pour moi, l'idée que quelqu'un puisse réellement se noyer, est assez loin. J'sais pas ce que j'aurais fait si j'avais été à la place de Sully.. Ouais, parce que c'est normal de sauver une vie, de sauter tout habillé dans la mer, comme ça, faudrait pas qu'il arrive un drame non plus. Mais j'ai toujours pensé au fond de moi qu'une catastrophe ne pourrait jamais arriver dans un jeu, enfin, dans une émission filmé par des caméras. J'sais pas pourquoi, enfin si, mais j'sais pas si ça tient la route. J'me dis qu'il y a des gens, derrière ces caméras justement, et que si jamais il arrive quelque chose de grave, ils feront intervenir quelqu'un. Ouais, c'est certain. Bon, sauf s'il est trop tard. Mais normalement, ils doivent être à l'afflux. C'est donc pour ça que, sur le coup, je n'ai pas trop compris comment Sully a pu y croire. Peut-être parce qu'il est plus lucide, responsable et raisonnable que moi. J'suis peut-être trop jeune pour bien percevoir les dangers.. Ou sinon, c'est parce que j'ai trop bien jouée. J'ai peut-être un don, qui sait, peut-être même que grâce à cette scène, je vais me faire remarquer par un producteur de films.. Ah mais, j'suis conne, j'en ai un juste devant moi. Ca m'était sorti de la tête, c'est fou.. Bon, malheureusement, j'pense pas qu'il ait pour objectif de m'embaucher dans son prochain film, vu comment il prend la chose. Quoique, j'pourrais peut-être lui suggérer l'idée.. Ouais, pas bête. J'essaye donc de détendre l'atmosphère comme je le peux, mais Sully n'en démord pas : il a vraiment eu très peur pour moi. Il ajoute même qu'il me considère comme sa petite sœur, et que s'il m'arrivait quelque chose, il aurait du mal à s'en remettre. Ca me mettrait presque la larme à l’œil.. Nan, sans rire, ça me fait extrêmement plaisir ce qu'il me dit. Jamais j'aurais pensé qu'il puisse avoir aussi peur pour moi, et j'suis contente de voir qu'il veille sur moi. Je lui souris puis m'approche de lui afin de lui déposer un bisou sur la joue. C'est mon truc, pour me faire pardonner. En général, ça fonctionne plutôt pas mal. "C'est vrai que t'es un vieux, j'avais oublié !" que je lance, en plaisantant encore et toujours. J'le pense pas vraiment, parce que je n'ai jamais vu une réelle différence d'âge entre nous, mis à part ce soir, et encore, quelqu'un de mon âge aurait très bien pu réagir comme lui. "Je rigole, je rigole ! Encore une fois j'suis désolée Sully, tu me pardonnes, hein ? Et puis, si t'y as vraiment cru, c'est qu'suis une bonne actrice. Tu pourrais même m'embaucher dans ton prochain film !" que je dis, en souriant. Pas sur que ça le fasse sourire, mais je vais tout essayer, jusqu'à temps qu'il craque. Je refuse catégoriquement de le laisser comme ça, chamboulé et énervé après cette petite scène de théâtre. Parce que oui, j'me suis bien marrée en simulant ma noyade, mais maintenant, je déchante. Comme une gosse fière de sa connerie, juste avant que son papa l'engueule. Pitoyable ! Je lui propose donc ensuite de venir faire trempette dans l'eau avec moi. Le temps commence à se rafraîchir donc on sera surement mieux à l'intérieur de l'eau. Mais il reste perplexe. Et puis il me dit qu'il n'a pas de maillot de bain.. Hum, il est compliqué ce petit -ou devrais-je dire grand- Sully. Mais faut pas s'inquiéter, Zola a réponse à tout, et trouve toujours une solution aux problèmes. Ouais, c'est garanti. "Bon, voyons voir.. Hum.. J't'aurais bien prêté un maillot à moi mais j'en ai pas.. Alors, heu.. T'as deux solutions : soit tu plonges tout habillé vu que de toute façon tes vêtements sont déjà trempés, soit tu te fous en caleçon. A toi de voir. Promis, j'en profiterais pas pour mater !" Je rigole. Il dort avec moi, donc bon, c'est pas comme si ça allait poser un quelconque problème. Bon, après il est peut-être pudique, j'en sais pas grand chose. Tout ce que je sais c'est que dans deux minutes, il sera à l'eau, de gré ou de force. J'ai de sacrés muscles, faut pas oublier..!

Ce n'était pas tant que Sully n'avait pas d'humour - même s'il admettait pouvoir en manquer de temps à autres - mais plutôt qu'il était bien incapable de rire de tout et n'importe quoi, comme sa partenaire avec quant à elle tendance à pouvoir le faire. Ici, il avait été question d'une noyade orchestrée et donc d'un faux sauvetage, et clairement, Sully avait bien du mal à s'en remettre. Il pouvait comprendre que Zola ressente le besoin de s'amuser, mais il ne tolérait pas qu'elle le fasse de cette manière, ou tout du moins qu'elle l'implique dans ce genre de scénarios. Peut être ne s'était-elle pas attendue à ce que ce soit lui qui vienne à son secours - enfin, en théorie seulement - ou peut être avait-elle plus improvisé qu'autre chose, mais le fait est que Sully avait véritablement cru qu'il se passait quelque chose de grave, qu'il s'était même imaginé le pire. Il n'était pas idiot, il savait que certaines noyades aboutissaient à des décès, qu'on ne pouvait pas toujours réanimer une personne qui avait avalé trop d'eau, que ça se passait rarement aussi bien que dans les films. De tout ça, il en avait parfaitement conscience. C'est pourquoi il avait eu véritablement peur pour la santé de sa camarade et qu’il ne parvenait à cet instant pas à se remettre de ses émotions. Se rendait-elle compte de ce que cela lui avait fait, d'aller la chercher dans l'eau, en pleine nuit, sans trop y voir, pour ensuite la ramener jusqu'à la plage et l'allonger sur le sol, pensant qu'il devrait effectuer un massage cardiaque qu'il n'avait jamais pratiqué sur qui que ce soit auparavant ? Ce qu'il aimerait, en fait, c'est qu'elle se mette un peu à sa place, qu'elle réalise qu'on ne pouvait pas rire de tout, ou en tout cas pas de choses aussi graves. Sully affectionnait énormément sa partenaire, mais là il avait tout de même un peu de mal à digérer son humour. Elle était jeune, possiblement à la recherche d'expériences inédites, mais il y avait selon lui des limites, et l'on ne pouvait clairement pas jouer avec la peur des gens. C'est ce qu'il tâcha en tout cas de lui expliquer, ayant bien compris qu'elle était désolée, mais voulant lui faire comprendre que c'était grave, quand même, de s'amuser de tout ça. Car ce n'était pas des excuses qu'il voulait, mais qu'elle réalise simplement qu'il avait eu terriblement peur de la perdre. Il reçut alors un baiser sur la joue, ce qui le fit sourire, un petit peu, tandis que Zola insinuait qu'il était vieux. « On est vieux à partir de quel âge chez toi ? » qu'il souffla alors, plutôt amusé. Parce que bon, il avait peut être huit ans de plus qu'elle, mais il n'en avait même pas trente en soit. Alors vieux, il ne l'était peut être pas à proprement parlé, hm. « Je te pardonne, à condition que tu ne me refasse jamais une telle peur. Je ne passerai pas deux fois à coté de l'infarctus, hein. » Et pour le coup il exagérait à peine, en fait. « Quant au reste, je vais y réfléchir, mais je ne peux rien te promettre. » Allez savoir, peut être était-elle tout aussi douée pour jouer des situations plus quotidiennes que pour jouer une noyade. Alors oui, il garderait l'idée de l'embaucher dans un coin de sa tête, et la rappellerai, peut être. Quant au fait de retourner se baigner, Sully n'était pas certain que ce soit une bonne idée, ne serait-ce que parce qu'il n'avait pas son maillot de bain sur lui. Oui, ça posait déjà un problème. Mais Zola avait semble-t-il une alternative à lui proposer, ou plutôt deux. « Je préfère autant éviter de me mettre en caleçon, je crois » qu'il énonça, estimant que ça ne le mettrait pas très à l'aise. « Et puis, foutu pour foutu, mes fringues ne sont plus à ça près, hm. » Il retira alors simplement ses chaussures, mais resta habillé. Oui, à choisir, il préférait rester comme ça, même si ça n'était pas très confortable. « Bon alors, t'es prête ? Je t'attends, moi. » Ou, sa mauvaise foi était de retour, hm.

Faudrait peut-être que je pense à faire du théâtre, non ? J'crois que je suis plutôt douée pour ça, pour faire croire des choses aux gens, et tout. Ca pourrait être cool de jouer dans un film, genre je verrais ma tête sur les grands écrans, un peu partout dans les villes du monde entier sur des affiches géantes, j'pourrais m'en venter auprès des potes. Bon, bon, je rêve, je sais. Déjà, c'est pas mal que je sois dans une émission télé, ma tête doit quand même être connue de quelques personnes maintenant. Enfin, j'espère. Enfin..j'm'en fiche. Ce que je veux dire, c'est que je cherche pas la célébrité, du moins c'est pas mon but premier quoi. J'm'en fiche un peu qu'à ma sortie on me reconnaisse dans la rue. Quoique..non, je m'en fiche pas. J'trouve ça cool. Ouais, c'est plutôt marrant de voir que les autres te connaissent. Mais faut que j'arrête de penser à ça, parce que sinon, j'vais vite prendre le melon, ou même la pastèque -si, si, j'suis certaine que ça se dit !-. Parce que si je commence comme ça maintenant, quand je serais dehors, j'sais pas ce que ça sera. Bref, bref, bref. Revenons-en à nos cochons, à savoir, ma fausse noyade et le sauvetage de Sully. Il s'est fait avoir comme un bleu.. Mais il le prend assez mal. C'est vrai que c'était pas très intelligent comme blague.. Enfin, j'pouvais pas savoir que je tomberais sur lui aussi.. De toute façon, j'suppose qu'on peut être amis et avoir des humours différents, non ? Ouais, c'est sur. Je commence alors à le traiter de vieux. J'le pense pas vraiment, enfin, si, mais un tout petit peu. Après tout, huit ans, c'est pas grand chose.. Mais ça peut jouer sur certaines choses. Comme là, par exemple. "Hum..à partir de vingt-cinq ans, ça commence à faire vieux.. Regardes, t'en a vingt-huit et t'as déjà des rides ! Si, si, regardes !" que je lance, en plaisantant, bien entendu, tout en pointant du doigt son front. Bon, on est d'accord, il n'a strictement rien. Mais comme d'hab', j'suis pas vraiment sérieuse. Et puis revient vite la conversation sur ma fausse noyade, ce sur quoi il ne faut pas blaguer, d'après Sully. J'suis pas totalement convaincue par ses arguments, faut dire que je suis assez têtue comme fille et c'est généralement très très difficile de me faire changer d'avis sur quelque chose. Si j'ai un truc en tête, il y reste, à moins qu'on me donne une preuve du contraire. Et encore, là, je peux très bien aussi jouer la fille de mauvaise foi.. C'est qu'suis pas facile, hein.. Mais le plus important, c'est qu'il me pardonne. Oura, j'suis soulagée. "Tu es adorable ! Parce que je m'en serais jamais remise si tu m'avais fait la tête pour ça, tu sais... Et j'aurais pas non plus accepter d'aller dormir sur le canapé.." que je lance, dans une voix assez enfantine. C'est humoristique, mais j'le pense également. C'est vrai, Sully est l'une des personnes que j'apprécie le plus ici, et ne pas lui parler pendant une seule journée, c'est pas trop possible. "Mouais.. j'espère qu'en sortant d'ici j'aurais un contrat sur ma table en tout cas, sinon ça va chauffer !" Je serre mes poings puis lui montre, pour lui prouver que ça pourrait très bien se finir mal s'il venait à ne pas m'embaucher, même si j'ai plus l'air ridicule qu'autre chose, avec mes petits bras tous mous. J'lui propose donc par la suite qu'on retourne se baigner, et cette fois-ci, sans blague déplacée. Il est sceptique, c'est que monsieur fait le difficile en plus...! Il a alors deux solutions : plonger tout habillé, ou se mettre en caleçon. Il choisit la deuxième solution. Ca ne m'étonne qu'à moitié, puisqu'on va dire que Sully n'est pas du genre exhibitionniste, à se montrer à moitié à poil devant les autres. "Comme tu veux !" que je lance, en haussant les épaules. Je reste quelques instants sur le sable, mais c'est trop long, d'après Sully, qui m'attend de pied ferme à ce que j'entends. "Oh, oh, ça va, ça va, j'arrive !" Je jette la serviette sur le sable et je cours sur lui afin de monter sur son dos. "Huuu..en avant !" Je lève le bras, telle une conquérante. Ouais, j'me crois sur un dada et alors ?!

Comme pour tout, Sully ne savait pas être rancunier. Il était capable de faire la tête un petit moment, mais jamais bien longtemps, tout simplement parce qu'il n'aimait pas les tensions, les conflits, et qu'il n'aimait absolument pas être en froid avec quelqu'un. Surtout qu'ici, il n'était pas question de n'importe qui, mais bien de sa partenaire, avec qui il s'était toujours excellemment bien entendu, qu'il affectionnait à vrai dire beaucoup, et avec qui il voulait rester en très bons termes, même s'il n'avait décidément pas apprécié le coup de la noyade bidon. Disons qu'il ne lui en tenait pas trop rigueur pour cette fois, préférant mettre ça sur le compte de son jeune âge et son désir d'aventure, le fait qu'elle ait assurément envie de se tester de diverses manières, n'ayant alors peut être pas tout à fait le sens des réalités lorsqu'elle improvisait une noyade, qui ne lui semblait alors pas plus blâmable que ça. Oui, vraiment, Sully préférait passer doucement l'éponge, même s'il risquait d'être traumatisé pendant un bon moment, étant donné qu'il avait quand même eu une sacrée peur. Dans l'immédiat, il continuait ceci dit de se faire quelques peu désirer, histoire peut être que Zola comprenne que ce qu'elle avait fait n'était quand même pas anodin, que ça lui avait véritablement fichu la trouille et qu'il aurait très bien pu bouder encore un peu. Il était alors ici question de l'âge de Sully, prétendument vieux selon les dires de sa partenaire, qui semblait alors mettre sa réaction sur le compte du fait qu'il soit un peu plus mûr, ce qui était plutôt vrai, effectivement. Mais de là à dire qu'il était vieux, tout de même, c'était un peu exagéré. Ainsi donc, plutôt amusé, il se permit de lui demander à partir de quel âge elle estimait que l'on était vieux, parce que mine de rien, ça l'intriguait. Oh il avait bien une petite idée de la réponse qu'elle lui donnerait, et heureusement qu'il n'était pas susceptible au sujet de son âge, parce qu'on ne pouvait pas dire qu'elle fasse preuve de beaucoup de tact, hein. Ainsi donc, c'était à partir de vingt-cinq qu'elle considérait les gens comme étant vieux. Et bien, elle était assez intransigeante pour le coup. Il se mit donc à rire légèrement, d'autant plus lorsqu'elle prétendit voir quelques rides sur son front. C'était possible, mais honnêtement il s'en fichait un peu. « C'est assez terrible de n'avoir même pas trente ans et de s'entendre dire qu'on est vieux. Ça fout un sacré coup au moral, quand même. Mais tu sais, si on part de ce principe-là, dans cinq ans tu es vieille, hein. » Et cinq ans, ça n'était quand même pas grand chose. A moins que ce ne soit valable que pour les hommes mais il ne pouvait pas y croire. Non, ce serait purement sexiste. En tous les cas, il voulait effectivement bien pardonner à Zola - c'était déjà fait, en fait - à condition que celle-ci ne lui refasse plus jamais une telle frayeur. Vraiment, si elle pouvait éviter, le cœur de Sully lui en serait reconnaissant. « Comment tu as pu croire que je te ferai la tête plus de cinq minutes ? Je suis incapable de t'en vouloir plus longtemps ... Et de toute façon, quand bien même c'aurait été le cas, je t'aurais certainement laissé le lit. » Parce que fâché ou pas fâché, Sully se serait sans doute employé à honorer ses principes et à rester pour le moins gentleman. Quant au fait de l'embaucher pour un film, hm, disons que ça n'était pas fait. « Les menaces n'ont jamais fonctionné sur moi, mademoiselle » qu'il lui souffla en tout cas, le sourire aux lèvres, plutôt amusé qu'ils soient à nouveau disposés à délirer ensemble. Finalement, Sully accepta de retourner ce baigner, mais très vite il fut embêté de n'avoir pas son maillot de bain. Et clairement, à choisir entre se mettre en caleçon et rester habillé, il préférait encore garder ses fringues. Il fit en tout cas mine de s'impatienter, l'air de rien. Et puis ils s'approchèrent de l'eau, Zola avec plus d'enthousiasme que lui, manifestement. « Au fait, tu viens souvent te baigner en pleine nuit ? » qu'il fit alors, lorsqu'ils furent arrivés dans l'eau, en s'approchant d'elle. « Je trouve ça un peu glauque, moi. On n'y voit vraiment pas grand chose, et qui sait ce qu'il peut y avoir dans cette eau, à cette heure-ci ... » S'il donnait l'air de ne pas être rassuré, c'est normal, il ne l'était pas.