Quand certains faisaient une crise de boulimie et plongeaient le nez dans les placards à la recherche du gâteau le plus gras au monde et bien moi je faisais ma petite crise de sportive. C’est du moins comme ça que je qualifiais cette subite envie d’aller pratiquer une activité qui ferait s’échauffer mon corps musclé de jeune femme, je vous vois déjà dire que je ne suis pas une jeune femme mais à tout juste trente ans c’est ainsi que je me considérais, on en reparlera bien entendu dans dix ans lorsqu’on pourra me qualifier de cougar qui ne souhaite pas vieillir mais je demeurais loin d’être cette femme-là, l’âge ne m’effrayait pas le moins du monde, au contraire. Passons, depuis que j’étais ici j’avais perdu l’habitude de pratiquer une activité physique régulière, pendant nos nombreuses heures de vide à la caserne je m’entrainais très souvent avec les pompiers et ça me permettait de me vider l’esprit. Ici je m’étais donc décidée à prendre mon iPod que je branchais aux enceintes de la salle de sport, il n’y avait personne pour le moment j’allais donc pouvoir choisir la musique et la mettre à fond si je le souhaitais. M’arrêtant devant un tapis roulant que je configurais immédiatement de manière à être à une vitesse élevée j’enclenchais la musique, au tempo régulier et rapide qui me donnait de l’énergie en plus pour me dépenser.

J’ai envie de me dépenser. De manière saine. Un peu de sport. Comme tous les jours pour moi en fait. Mais ce matin, la flemme, je n’ai pas fait mon jogging quotidien dans la forêt. Du coup il faut bien que je me rattrape. Enfin non ce n’est pas obligé, mais j’ai besoin de ma dose quotidienne d’exercice. Un peu comme une drogue. Alors en cette après midi, c’est tout naturellement que je me rends à la salle de sport, vêtu d’un short et d’un marcel. Avant même d’y arriver, de la musique me parvient jusqu’à mes oreilles. A l’évidence quelqu’un se trouve déjà là. Oui. En pénétrant dans la pièce j’aperçois en effet Alecia, devant un tapis de course. « Bonjour très chère » Je lui souris. « Tu es venue entretenir ta silhouette ? » Je suis d’avis que certains devraient s’y mettre, car ils se laissent franchement aller. « Pour plaire à quelqu’un en particulier peut être ? » J’en doute, mais bon, c’est juste pour faire la conversation, et la taquiner un peu.« Je suppose qu'il y a assez de place pour nous deux dans cette salle. » Peut être que ma présence la dérange. Mais bon j'ai envie de dire que le résultat sera le même. C'est juste pour être poli, parce que dans tous les cas je ne compte pas partir, la pièce est pour tout le monde.

Je me demandais encore comment est-ce que j’allais démarrer, non parce que commencer directement à fond n’était pas une bonne idée, déjà pour le côté progressif qui permettait d’être plus endurant et également afin de réduire le risque de gamelles potentielles. Je me connaissais, il m’arrivait d’être Pierre Richard et je ne tenais donc pas à me retrouver à manger mes dents au sol, les fesses en l’air à cause d’une maudite vitesse trop rapide pour que je puisse monter sur le tapis roulant sans encombres. Pendant mes réflexions très philosophiques un candidat vint me rejoindre, Myles, ce n’était pas un candidat qui me dérangeait et le voir ici ne m’étonnait même pas, il était plutôt bien foutu après tout, je me souvenais de ses tablettes bien entretenues qui, et même si je n’étais pas vraiment ici dans l’optique de baiser, auraient pu me donner envie de commettre un acte sexuel. « Bonjour très chère » Je le saluais d’un simple regard, pas besoin d’y aller avec des formalités ennuyantes à mourir. « Tu es venue entretenir ta silhouette ? » Je souriais, il avait tout compris. « Ouais, dans cette maison il y a trop de tentations pour prendre du poids, je me dois donc d’intensifier mes efforts. Et toi ? Tu viens ici pour faire genre tu fais du sport où pour travailler sérieusement ? » Question tout à fait anodine, certains venaient juste parfois réellement en touristes alors je préférais avoir une réponse honnête. « Pour plaire à quelqu’un en particulier peut être ? » Il me faisait rire, souriant amusée je décidais de le taquiner un peu. « Pour te plaire voyons… Je ne voulais pas te l’avouer mais, depuis l’autre soir dans ma culotte c’est Bagdad… Je vais donc me faire toute belle pour toi et tout ça… Mais tu as le droit de faire l’étonné quand je viendrais un soir te rejoindre pour faire des bébés okay ? » Je restais sérieuse un moment avant d’étouffer un petit gloussement, je pense qu’il m’avait vraiment prise au sérieux pendant un temps. « Je suppose qu'il y a assez de place pour nous deux dans cette salle. » Heureusement qu’il y avait assez de place pour deux, la pièce était énorme. « Oui oui, d’ailleurs si ma musique te gêne tu peux l’enlever tu sais ! »

« Ouais, dans cette maison il y a trop de tentations pour prendre du poids, je me dois donc d’intensifier mes efforts. Et toi ? Tu viens ici pour faire genre tu fais du sport où pour travailler sérieusement ? » De bonnes intentions c’est bien. Quant à moi…Moi, venir en touriste dans la salle de sport ? Sacrilège. « Tu confonds avec Mickey, je ne viens jamais pour faire de la figuration » répliquais je dans un sourire. Je plaisante alors, lui demandant si tous ces efforts étaient destinés à quelqu’un en particulier. Peut être voulait elle plaire à un candidat, rester au meilleur de sa forme. « Pour te plaire voyons… Je ne voulais pas te l’avouer mais, depuis l’autre soir dans ma culotte c’est Bagdad… Je vais donc me faire toute belle pour toi et tout ça… Mais tu as le droit de faire l’étonné quand je viendrais un soir te rejoindre pour faire des bébés okay ? » Petite référence au soir où elle s’était trompée de lit par mégarde, venant tâter de l’abdo. Enfin par erreur, par erreur…Cela restait toujours à prouver. En tout cas ses propos sont amusants. C’est vrai que je la voyais absolument du genre à craquer sur moi, et tout faire pour me plaire, hm. Un gloussement s’ensuit, prouvant que ce ne sont que des conneries. « Mon dieu j’aurais dû m’en douter. J’oublie à chaque fois à quel point je suis attirant, et que par conséquent toutes les filles craquent pour moi. C’est l’histoire de ma vie. Mais ne t’en fais pas, je jouerais l’étonné. » Ne vous inquiétez pas, mes propos sont à prendre à la légère, comme bien souvent. Je suis loin de me la péter autant, ni de faire tomber toutes les filles qui croisent ma route. « Oui oui, d’ailleurs si ma musique te gêne tu peux l’enlever tu sais ! » Je monte sur un des vélos. « Non c’est bon ça me va. » Je commence à pédaler. Doucement pour commencer. « Bon alors dis moi...Tu fais quoi dans la vie ? Je me rends compte que je ne sais même pas. » Rien n'interdit de discuter tout en faisant du sport.

Ma morphologie était telle que je n’avais pas forcément besoin de faire énormément de sport pour éviter de prendre du poids, au contraire il m’arrivait de manger des trucs très gras sans jamais prendre un seul gramme et j’aimais mon corps pour cette raison, j’aurais été relativement emmerdée si je m’étais trouvée dans la situation inverse, à prendre trois kilos rien qu’en regardant les émissions culinaires si vous voyez ce que je veux dire. Non, je faisais avant tout du sport par plaisir, si je ne pouvais pas faire de sport pendant une semaine entière je n’étais pas au meilleur de ma forme, c’est difficile à expliquer mais j’en avais besoin pour m’aérer l’esprit. A la caserne entre quelques vagues d’accidents ma collègue et moi-même avions toujours le temps de pratiquer un peu avec quelques collègues pompiers mais depuis que j’étais dans Fake Lover je n’en avais pas fait énormément et aujourd’hui j’étais bien décidée à me rattraper. J’en profitais par la même occasion pour demander à Myles s’il était venu faire de la figuration ou réellement faire du sport, j’étais taquine plus qu’autre chose en lui posant cette question. « Tu confonds avec Mickey, je ne viens jamais pour faire de la figuration » Il souriait et j’en faisais autant, Mickey devait avoir les oreilles qui sifflaient. « Alors tu n’as jamais eu le syndrome de la plante verte ? » Demandais-je sur un ton boudeur ne perdant aucunement mon sens de la taquinerie. Je plaisantais ensuite sur le fait que mes efforts lui soient destinés, comme si je vouais un culte à son corps et à lui tout simplement et qu’il me fallait faire de nombreux sacrifies pour lui plaire, désolée de vous décevoir mais nous n’étions pas dans une comédie romantique. Il est vrai, cependant qu’il était plutôt mignon et sympathique, je devais l’admettre et le type de garçons qui, dans le temps aurait pu me plaire, pour le moment je n’étais plus vraiment dans l’optique de me trouver un mec de toute manière. « Mon dieu j’aurais dû m’en douter. J’oublie à chaque fois à quel point je suis attirant, et que par conséquent toutes les filles craquent pour moi. C’est l’histoire de ma vie. Mais ne t’en fais pas, je jouerais l’étonné. » Je gloussais, il n’était carrément pas crédible dans le rôle du grand séducteur blasé d’avoir autant de succès auprès des filles, je décidais d’aller encore plus loin dans la taquinerie, il allait peut-être mal le prendre. Prenant un ton surpris et provocateur à souhait je lui faisais remarquer. « Oh c’est vrai ? Non mais je croyais que tu étais gay… Me voilà déçue, je voulais séduire un homosexuel dans ma vie… Raté… Tu n’as plus rien d’intéressant ! » Je restais dans la peau de mon personnage de séductrice invertébrée qui voulait juste une nouvelle corde à son arc souriant tout de même tellement cela me paraissait stupide, je connaissais certaines filles qui voulaient faire un truc dans le genre mais ce n’était clairement pas mon cas. Je lui proposais d’éteindre la musique si elle le dérangeait, il n’en faisait rien et je profitais donc du petit moment de flottement pour accentuer la cadence afin de courir à un rythme plus soutenu qui ne m’essoufflait même pas. « Bon alors dis moi...Tu fais quoi dans la vie ? Je me rends compte que je ne sais même pas. » Je tournais la tête pour le regarder répondant du tac au tac, la voix tremblante puisque je trottinais. « Je suis ambulancière… Et toi ? »

Je ne fais pas du sport, dans le but d’avoir un corps d’Apollon, pour plaire aux filles. Rien avoir. J’ai peut être un paquet de défauts, mais je ne me considère pas comme étant superficiel. C’est juste un besoin que je ressens. J’ai besoin de ma dose quotidienne de sport pour me sentir bien. Et puis j’aime ça. Certains préfèrent se prélasser dans leur lit le matin, moi je préfère commencer ma journée par un jogging. Chacun son truc. Après que ça plaise aux filles…C’était le bonus dirons nous. « Alors tu n’as jamais eu le syndrome de la plante verte ? » J’esquisse un sourire. « Nope jamais, pas dans une salle de sport tout du moins » De toute façon c’est un syndrome qui n’existe pas. Elle déclare ensuite être folle de moi. Elle est probablement aussi folle de moi que je ne le suis d’elle. Et ça veut tout dire. « Oh c’est vrai ? Non mais je croyais que tu étais gay… Me voilà déçue, je voulais séduire un homosexuel dans ma vie… Raté… Tu n’as plus rien d’intéressant ! » Hahaha. Heureusement que je n’ai pas le moindre doute sur ma virilité. Personne n’en a du reste. Jamais personne ne s’est méprit en me croyant homosexuel. Alecia non plus. « Oh non…cruelle désillusion. » Je ne l’intéresse plus, pourquoi mon dieu ? « T’es mauvaise quand même, je ne t’intéressais pas pour ma personne mais juste ma sexualité ! » Ah c’est du joli, shame on you. Je cherche ensuite à en apprendre un peu plus sur la demoiselle. Parce que je me rends compte qu’en définitive je ne sais pas grand-chose d’elle. Même pas son métier. « Je suis ambulancière… Et toi ? » Ambulancière, un métier intéressant. Et surement gratifiant, elle aide les gens au moins. « Déménageur…Il fut un temps ou je voulais devenir médecin » avoue je. Une des plus grands regrets de ma vie. Enfin regret…Je n’aurais pas pu faire autrement de toute façon. Si on remontait le temps, le résultat serait le même. De toute manière maintenant c’est trop tard pour moi. Et puis je ne suis plus la même personne que j’étais auparavant.

Beaucoup de gens faisaient du sport mais chacun avait son objectif personnel, beaucoup voulaient simplement plaire aux autres, les garçons avaient bien compris que les filles n’étaient jamais indifférentes à des beaux abdominaux mais ça ne faisait pas tout. Le physique était certes un trait qui avait son importance, il serait plus qu’hypocrite de dire le contraire, un certain nombre de personnes faisaient croire qu’ils étaient très ouverts mais on sait tous très bien que ce n’est pas le cas. Passons, ce n’était pas non plus pour plaire que je faisais du sport, en même temps les filles n’avaient aucun intérêt à avoir des abdos gonflés à bloc et tout, certaines aimaient ça mais ce n’était pas mon cas, je ne voulais pas être aussi musclée qu’un homme, je voulais juste m’aérer l’esprit, courir pour transpirer et me sentir mieux dans mon corps, peut-être me sentir moins coupable d’avoir dévoré de la nourriture en grande quantité depuis le début du jeu, ici les tentations étaient nombreuses que voulez-vous que j’y fasse, au fond je pouvais être très faible parfois. « Nope jamais, pas dans une salle de sport tout du moins » Moi non plus, il faut dire que, comme je le disais si bien, faire la plante verte n’était pas dans mes activités favorites. « Intéressant, j’aime les hommes qui ont toujours quelque chose à faire. » Je souriais partant dans un délire un peu particulier, Myles était peut-être très attirant mais je n’étais pas folle de lui, il m’en fallait plus qu’un ridicule attouchement par inadvertance dans un lit qui n’était pas le mien, si je le connaissais mieux au niveau psychologique peut-être que ça aurait pu être le cas mais clairement pas à cet instant. « Oh non…cruelle désillusion. » Je répondais du tac au tac sur un ton blasé. « A qui le dis-tu. » Nos regards se croisaient un moment, j’aimais les garçons avec de l’humour. « T’es mauvaise quand même, je ne t’intéressais pas pour ma personne mais juste ma sexualité ! » Je souriais prenant un air enfantin comme s’il venait de mettre le doigt sur mes petits secrets. « Je passe aux aveux… C’était exactement ça, à moins que tu n’aies quelque chose d’autre à proposer pour raviver la flamme tu n’as rien d’intéressant ! » Bitch please ? Totalement, mais je n’étais pas sérieuse, être aussi arrogante n’était pas dans mes habitudes. Commençant à courir sur le tapis-roulant je répondais à la question de Myles concernant ma carrière, j’aimais mon métier, je me sentais utile et c’était vraiment un sentiment qui me permettait d’aller de l’avant dans toutes les circonstances inimaginables. « Déménageur…Il fut un temps ou je voulais devenir médecin » Je le regardais avec une pointe d’interrogation. « Pourquoi ne pas être devenu médecin ? Les études ? »

Je continue à pédaler, accélérant un peu le rythme, tout en écoutant Alecia. « Intéressant, j’aime les hommes qui ont toujours quelque chose à faire. » Oh ça ne m’étonne pas tiens. Quoi que finalement, avec la suite de ses propos. « Je passe aux aveux… C’était exactement ça, à moins que tu n’aies quelque chose d’autre à proposer pour raviver la flamme tu n’as rien d’intéressant ! » L’autre comme elle y va fort. « Et bien tant pis, tu te passeras de ma magnifique personne, tu ne sais pas ce que tu rates » C’est elle qui y perd dans l’histoire. Je suis un homme merveilleux moi mademoiselle, tss. Ou pas. On embraye ensuite sur nos professions respectives. Déménageur, ce n’est pas un métier dont j’ai honte, mais bon, on ne peut pas dire non plus que j’en sois spécialement fier. On ne retire aucune gratitude à faire ce métier. En rentrant chez soi, on ne se dit pas, tiens j’ai été utile aujourd’hui, j’ai accompli quelque chose de bien. En plus à cette allure là, dans quelques années j’aurais niqué mon dos. « Pourquoi ne pas être devenu médecin ? Les études ? » Mes études…Le sujet qui blesse. Sous entends elle que ce sont les longues études qui m’avaient effrayés ? Il est vrai que cela doit en rebuter plus d’un. Mais ce n’est pas ce qui m’est arrivé. Sinon là j’aurais de quoi avoir des regrets oui. Si c’était juste une question de volonté. « Non, je les avais commencé…J’étais même plutôt bien parti » J’ai toujours été un brillant élève. « Mais j’ai dû abandonner en troisième année pour m’occuper de mon petit frère. » Contraint d’arrêter, et non un choix. Quoi que j’aurais pu continuer si, mais dans ce cas, j’aurais sacrifié mon frère pour ma carrière. Une décision à laquelle j’aurais dû vivre avec le restant de ma vie. Je n’aurais pas pu continuer à me regarder dans une glace.