Ce rêve. Non mais ce rêve ! Un truc de malade. Un truc de fou, même. Alala. Ah non vraiment, Mado n'était pas certaine de pouvoir s'en remettre, hein. Et d'ailleurs, il était assez incroyable qu'elle parvienne à se rappeler de ce dont elle avait rêvé, vu que généralement, elle n'en avait plus le moindre souvenir lorsqu'elle s'éveillait. Mais là, il faut croire que l'absurdité de son rêve en avait fait quelque chose de difficilement oubliable, hm. Parce que oui, pour le coup, ledit rêve avait été absurde. Et pas qu'un peu. Du grand n'importe quoi, en fait. Mais bizarrement, elle en était presque fière. Ou disons en tout cas qu'elle était fortement intriguée par la signification qui pouvait être celle d'une telle songerie. Pas sûr qu'elle soit en soi franchement curieuse d'en avoir le cœur net, mais il est vrai qu'elle avait une petite envie de comprendre de quoi il retournait, quand même. C'était toujours plus agréable, tout de même, de comprendre ce à quoi l'on avait rêvé. Du coup, elle partit à la recherche de quelqu'un qui, elle l'espérait, serait apte à interpréter son rêve pour elle. Quelqu'un de suffisamment malin pour ça, donc, hm. Elle explora alors différentes pièces, croisant tantôt Mason, tantôt Myles - autant dire, personne de franchement disposé à faire avancer le schmilblick hein - avant de se risquer à pénétrer dans la pièce vérité. Ce qui serait bien, c'est que quelqu'un s'y trouve, parce que l'endroit lui permettrait ensuite de procéder à sa propre analyse psychologique. Et justement, à peine fut-elle entrée qu'elle nota la présence d'Everleigh. Ah, hm, pourquoi pas. Ouais non mais elle, elle était loin d'être bête, donc elle allait pouvoir l'aider, c'est sûr. Et qu'importe que cette rencontre soit un peu bizarre, vraiment, Mado préférait ignorer ce fait. « Oh, tu tombes bien ! J'ai besoin de toi. » Le pire, c'est qu'on pourrait croire qu'elle allait dégainer une batte de baseball alors que non, clairement, ça n'était pas son genre. Et elle ne voulait vraiment pas que quiconque imagine qu'une rivalité sévissait entre elles. N'est-ce pas William. « Si je te raconte un rêve complètement fou que j'ai fait cette nuit, mais genre tellement fou que j'en suis limite traumatisée, tu me promets de me dire ce que tu penses honnêtement de mon état psychologique, hm ? » Pour le coup, elle n'aurait pas d'autre choix que d'être honnête. Et bien oui, raconter un rêve tordu pour se rassurer sur son état c'était bien, mais le faire dans un lieu comme celui-ci, c'était encore mieux.

Il est tôt, je suis sortie fumer, la clope d'après le repas est importante, trop importante pour que je la néglige. Je l'ai accompagnée d'un thé beaucoup trop chaud pour être consommé de suite. J'ai décidé de réduire ma consommation de café. J'suis persuadée que ça à une incidence directe sur mon sommeil. Je ne dors que très peu, le café ne m'a jamais posé de problème jusqu'alors mais tous les moyens sont bons pour fermer l'oeil. J'ai bien un doute concernant mon aptitude à trouver le sommeil et ça a un rapport proche avec mon secret et cette incapacité à communiquer, ça a tendance à me stresser et lorsque je suis stressée je ne dors pas. Le café ça stresse alors je me contente de tisanes aux fruits. C'est meilleur en goût en plus. Aujourd'hui, grenade. Hum. J'ai terminé ma cigarette avant que je n'ai pu boire une seule gorgée de mon liquide. J'ai marché, la tasse fumante entre les mains et je suis arrivée sans vraiment m'en rendre compte dans la grange aux skis. Et puis il y a cette porte, cette porte blanche sur laquelle est dessinée ce point d'interrogation, il m'attire à l'intérieur et il n'y a personne. Peu importe, il y fait chaud, alors j'enlève mon manteau que je dépose sur le sol et je m'assieds le temps de déguster mon thé, ce n'est pas si mal ici, si ce n'est que la lumière y est légèrement aveuglante. Je ne reste pas seule bien longtemps, j'ai vidé ma tasse lorsque la porte s'ouvre, c'est Mado. Pas de problèmes. Même que je lui souris. D'ailleurs sa réplique à le don de m'interloquer. « Hum, oui d'accord. » Étrange tout de même. Je ne m'attendais pas à recevoir ce genre de demande de sa part même si bon, elle est loin de m'être désagréable au contraire. Et puis étant donné que cette petite tension instaurée par la production n'a pas lieu d'être, pourquoi pas. Je pose ma tasse sur le sol lorsqu'elle commence à me faire part de sa demande pour le moins... Etrange. « Oui, bien sûr, vas-y. En plus que je le veuille ou non je n'aurais pas d'autres choix que d'être honnête ! » Je hausse les épaules. Je suis toujours franche mais les règles de la pièces étaient claires, il fallait y dire toute la vérité, rien que la vérité. Il faut dire qu'elle avait eu le don d'attiser ma curiosité.

En fait, ce que peu de gens savaient, c'est que Mado était adorable. Oui, vraiment. Adorablement maligne. Parce que la guêpe n'était pas folle et qu'elle savait pertinemment que le meilleur endroit pour s'acquérir de l'opinion d'un candidat au sujet de son état psychologique restait la pièce vérité. Pour s'y être rendue une fois avant aujourd'hui, la grande brune avait bien saisi le concept du lieu. Il fallait y dire la vérité, uniquement cela, et ne mentir sous aucun prétexte. Oh, elle n'avait pas peur de Cupidon, mais disons qu'elle se passait pour autant fort bien de toute sanction, alors il va de soi qu'elle était encore aujourd'hui disposée à respecter à la lettre les règles de ladite pièce. Mais ce serait surtout Everleigh qui serait forcée de s'y plier, car pour le moment, et tandis que Mado venait de débarquer et de s'adresser à sa camarade, c'était elle qui était sommée d'émettre un avis des plus sincères sur ce que la française s'apprêtait à lui raconter. En soi, une entrée comme celle-ci avait de quoi surprendre, tout comme le fait qu'elle semble avoir tout oublié de leur dernière conversation. A croire qu'elle avait eu sa dose de prises de tête pour la semaine, hein. Oui, voilà, probablement. « Tout à fait » approuva-t-elle rapidement. Au moins, Everleigh avait compris qu'il serait dans son intérêt de dire la vérité, bien qu'elle la pense suffisamment docile à ce niveau-là pour ne pas chercher à tromper la Production. « Okay alors, hm, il faut savoir que l'action se déroulait à bord du Titanic, au temps de sa traversée puisque tout le monde était sur le point de crever. Bah ouais, y'avait eu la collision avec l'iceberg, donc c'était chaud cacao à bord, c'est clair. Et donc, j'étais là, sur le pont, et un trou-du-cul bien friqué avec un livre à la main s'opposait à la politique consistant à faire monter les femmes et les enfants en priorité sur les canots. Donc déjà, je me demandais ce que je foutais là, moi, logique. Et c'est là qu'un type mal fringué, et pas tellement mieux peigné, lui a fait comprendre qu'il était con, au type. En soi, il l'était, et pas qu'un peu. Sauf que le gus n'a pas apprécié, et qu'il lui a fait comprendre. Alors le troisième classe lui a chouré son livre des mains et l'a jeté par dessus bord. LE truc à ne pas faire, quoi. » Comment ça, son rêve n'avait ni queue ni tête ? Mais oui, c'est justement ce qu'elle en pensait, hein. « T'imagine bien que le snobinard n'a pas franchement aimé, hein. Mais plutôt que d'arranger ça en parlant, il a fait quoi le type ? Eh ben, il a dégainé un Luger Parabellum, et ... et il l'a tué. Putain, ouais, il l'a tué. Comme ça, d'un coup, sans autre forme de procès. J'étais dégoutée. J'aurais voulu une happy-end moi, et le mec il le tue, comme ça. Et quand j'ai osé exprimer mon effarement, il m'a pointée avec sa connerie. C'est heureusement le moment où je me suis réveillée, mais ... putain, j'ai rien compris à ce rêve. » Mais tandis qu'elle était entrain de l'expliquer à Everleigh, elle avait l'occasion de poser un regard différent sur cette improbable songerie. Et outre le fait que cela laisse penser qu'elle avait beaucoup (trop) d'imagination, même endormie, il semblerait que cela confirme également que Mado était très forte pour faire de surprenantes fixettes. « Oh, hm ... toute ressemblance avec des personnages ou situations réels ne serait que fortuite » précisa-t-elle alors, comme si elle parvenait enfin à analyser son rêve, chose qui fut a priori impossible tant qu'elle n'en avait plus que la fin en mémoire. Une fois le tout remémoré, oui, c'était beaucoup plus évident. « Ce n'est peut être pas le rêve en lui-même qui m'a traumatisée, en fait. » Et là, elle attendait d'Everleigh qu'elle fasse une sorte de bilan de tout cet improbable récit, de ce que cela pourrait cacher, de ce que l'inconscient de Mado chercherait à lui dire, ou pas d'ailleurs. Autant dire qu'elle était accrochée à ses lèvres comme à celles de François Hollande neuf mois plus tôt, hm.

Je ne sais pas trop pourquoi j'suis là, par contre maintenant je sais que ma petite escapade en ces lieux n'avait rien d'anodin. Si je suis là c'est pour servir de psychothérapeute pour Mado. L'analyse des rêves c'est dans le domaine de Freud, j'ai déjà lu des choses à ce sujet parce que ça m'a toujours fasciné mais pas assez pour pouvoir lui faire une analyse poussée du rêve. De son rêve qu'elle a décidé de me raconter. Moi ça ne me dérange pas, mais son comportement n'a rien de comparable avec celui de la semaine dernière. Elle est plus gentille, plus aimable comme si elle avait l'habitude de me raconter ce genre de choses. Et honnêtement, je suis contente qu'elle l'ait fait, parce qu'une conversation légère ça fait du bien. Enfin quand je dis légère, je sous-entends qu'elle ne mets pas en compte notre pseudo rivalité à deux balles. Je ne peux pas mentir alors venir ici est plutôt stratégique mais en même temps, lui dire que je la trouve folle si c'est le cas ne me posera pas le moindre problème. L'honnêteté a toujours été quelque chose d'important dans ma vie. Elle prend la parole et je ne peux pas m'empêcher de sourire quand elle parle du Titanic. C'est un de mes films préférés alors bon, ouais ça m'est déjà arrivé de rêver que je me trouvais à bord de ce paquebot, mais je dois bien avouer que mon rêve n'était pas à ce point tiré par les cheveux. Plus elle parle et plus certains évènements me semblent familier, des choses s'éclaircissent. J'ai même l'impression qu'elle réalise petit à petit cette similitude si bien que sa réplique à propos de certaines ressemblances me font rire. « Déjà, je ne pense pas que tu sois folle. T'as juste une imagination débordante premièrement. Deuxième, je pense qu'on peut parler de transfert, parce qu'on sait tous les deux que ton rêve fait référence à la connerie de Mickey, pas dans son ensemble, on pourrait écrire un livre dessus mais bon, sa stupidité déconcertante avec Bob. » Ouais, stupidité déconcertante, ça, ça lui va bien. Lui qui se dit si intelligent devrait se remettre en question par ailleurs mais soit. Ce n'est pas la question. « Je ne voudrais pas trop m'avancer parce que je n'ai pas pris option psycho, mais t'as l'air quand même pas mal obnubilé par cette histoire pour en rêver la nuit. Ce que je peux comprendre, il l'aurait fait à Myles, je crois que j'aurais essayé de le tuer. » Mais comme je ne peux pas. Et bien peut être que j'aurais tenté de l'empoisonner. J'en sais rien. « Ce que j'en déduis donc c'est que tu dois tenir beaucoup plus à ton partenaire que tu ne le pensais jusqu'à maintenant si ça te trouble autant. » C'est aussi simple que cela pour moi. Mais bon, je le redis encore, je n'ai pas fait d'étude de psycho. Alors, pour ce que j'en sais hein.

Ce rêve était assez incompréhensible, tout de même. Après tout, il y était question du Titanic, un paquebot ayant fait naufrage plus de cent ans auparavant, ainsi que de protagonistes farfelus et d'une situation plus que tirée par les cheveux. Et pourtant, c'était là loin d'être le rêve le plus improbable qu'ait été amenée à faire Mado. Oh oui, il y avait eu bien pire dans le genre. Une fois, elle s'était imaginée faire partie du groupe Abba, au beau milieu des années 1970. Une autre fois, elle avait rêvé être chargée de s'auto-assassiner. Un rêve qui en disait d'ailleurs relativement long sur la part de schizophrénie qui avait toujours sommeillé en elle, hm. Quoi qu'il en soit, Mado n'était pas franchement sûre qu'Everleigh ait compris ne serait-ce qu'un demi-mot de tout son récit. Il faut dire, et elle en avait naturellement conscience, que tout ça n'avait ni queue ni tête et qu'il serait bien optimiste d’espérer que quiconque comprenne son rêve du premier coup. Elle même, elle n'était pas certaine d'avoir tout assimilé à cet instant précis. Bien sûr, l'esquisse d'une signification semblait se dessiner, se présenter à elle sous une forme inachevée, mais globalement, ça restait tout de même un rêve complètement loufoque. Alors, est-ce qu'Everleigh allait être capable de tout saisir ? Elle était loin d'être bête, c'était certain, mais vu que ce rêve avait quand même atteint un niveau d'absurdité assez exceptionnel, il n'était pas pour autant certain qu'elle s'en sorte avec tout ça, hm. Pourtant, la jeune femme ne tarda pas à prendre la parole, et là, ô miracle, elle sembla être arrivée à une conclusion plus ou moins semblable à celle de Mado, plus précise sans doute, loin d'être improbable donc. Effectivement, à en juger par les personnages dudit rêve et la situation de la songerie, il semblerait que cela fasse indirectement référence à ce qui avait profondément dérangé Mado cette semaine : la nomination d'office de Bob orchestrée par Sir Mickey. A noter qu'Everleigh parvint à amuser Mado en sous-entendant que Mickey était globalement d'une connerie sensationnelle, ce qui était effectivement loin d'être faux. Le point le plus important étant ici qu'Everleigh ne la trouvait pas folle. C'était sérieusement un soulagement. « Oh oui, on m'a souvent dit que mon imagination était particulièrement expansive. » Et c'était bien vrai, la preuve ici. Il avait fallu que tout se passe sur le Titanic, un détail qui rendait alors ce rêve tout à fait absurde. « Je pense que tu as raison, que ça traite effectivement de ce point. Depuis dimanche, ça me travaille beaucoup. » Beaucoup trop, sans doute. Parce que Mado avait quelques soucis avec les idées-fixes, disons. N'importe quoi pouvait devenir une incroyable obsession, et c'était parfois franchement impressionnant, même pour elle. Assimilant tous les propos de sa camarade, elle arqua cependant un sourcil quand celle-ci laissa entendre que tout cela pouvait signifier qu'elle était beaucoup plus attachée à Bob qu'elle le prétendait. Hm, objectivement, ça lui paraissait peu probable. En soi, si elle appréciait davantage Bob ces temps-ci, elle était encore bien loin de le considérer comme un potentiel ami. Everleigh, par exemple, était plus susceptible d'en devenir une sur un laps de temps plus court. C'était comme ça. « Je suis perplexe. Bob n'est pas quelqu'un que j'apprécie nécessairement. Je fais de gros efforts avec lui depuis quelques jours, j'ai accepté de lui laisser une chance de me prouver qu'il n'était pas qu'un crétin impulsif, mais je doute qu'il puisse un jour être un ami ou quelqu'un de réellement important à mes yeux. Après, comme tu dis, toute cette histoire me trouble. » Alors hm, si elle était presque certaine que son affection pour Bob n'avait en soi pas tellement changé - qu'elle restait donc assez moindre - il est vrai que ça n'en était pas moins troublant. Le "problème" venait bien de quelque part. Et elle repensa alors à ce que Fitz lui avait dit, quelques temps plus tôt, au sujet de son partenaire. Hm hm hm. « Bob doit être une obsession pour moi. Et sa nomination aussi. Je me suis tellement pris la tête avec nos problèmes, à lui et moi, et avec la décision de Mickey, que tout est devenu une idée fixe. Un ensemble d'idées fixes. Enfin, je suppose. Ça expliquerait peut être ce rêve. Clairement, je prends cette nomination d'office très à cœur. Pas parce que j'adore Bob, mais parce qu'il est une pensée obsessionnelle pour mon esprit. » Et en disant cela, elle se faisait un peu peur à elle-même, d'ailleurs. « J'ai déjà connu ça, avec Patrick Swayze. De son vivant, je ne l'aimais pas particulièrement. Mais quand il est mort, il est devenu une obsession pour moi. Je me suis prise de passion pour lui, sans raison, jusqu'à ce que ça me passe. Aujourd'hui, je m'en fous complètement, mais fut une époque où, sans même avoir vu aucun de ses films, je me prétendais fan de lui. Je crois avoir traumatisé Ezra avec ça, d'ailleurs. » Elle-même ne s'en était d'ailleurs jamais vraiment remise. Et donc, peut être que cette fixette qu'elle semblait faire sur Bob n'était que temporaire. Espérons-le, parce que si ça ne lui passait pas très vite, elle serait peut être forcée de déménager à Los Angeles pour vivre près de chez lui. Ou pire encore, de lui rendre hommage en se coupant les cheveux et en se faisant faire une permanente. Oh bon sang, elle n'avait jamais autant détesté son coté obsessionnel.

Spoiler:

Je suis une personne qui rêve beaucoup moi aussi, on rêve tous, j'en suis consciente, mais il arrive souvent que je parte dans des situations étranges. J'ai conscience que mes rêves loufoques sont souvent liés à ce que je regarde avant de me coucher, ce que je fais, ce que je lis aussi. Parfois. Mais ça n'a rien d'étonnant. C'est notre inconscient la source des rêves. Selon Freud en tout cas. Mais je ne l'ai pas connu personnellement alors pour ce que j'en sais. Je sais juste que je ne trouve pas la jeune femme folle, ce serait me considérer ainsi que la majorité de la population mondiale totalement dingue. Bref, alors j'écoute Mado, je l'écoute me raconter son rêve dans les moindres détails, je ne tarde pas à faire le rapprochement avec l'évènement du prime à savoir Mickey nominant Bob sans la moindre raison apparente. Enfin si, si j'ai bien suivis c'est une histoire de livre mouillé. Ridicule. « C'est plutôt une bonne chose à mon avis, bien mieux qu'un esprit étriqué. » L'imaginaire ça permet de s'évader, rêver, c'est une chose que personne ne pourra jamais enlever, peu importe ce qu'il peut se passer dans une vie, ça ça nous appartient et rien ni personne ne peut aller contre. Quant à mon analyse, elle semble lui convenir. « Honnêtement, je pense que ça risque d'être préjudiciable à Mickey mais pas le moins du monde à Bob. Je pense qu'il va s'en tirer à bon compte. » Ce n'est que mon avis, si l'anglais passe pour un gland obsessionnel, Bob lui ne devrait gagner le coeur des votants parce qu'il n'est qu'une victime dans l'histoire, une victime de la connerie de Mickey encore une fois. Et puis bon, une place d'éliminée était déjà prise, il lui restait un risque sur quatre de quitter l'aventure, c'était jouable. Vraiment. Mais je comprends totalement que ça puisse l'inquiéter. D'ailleurs, elle ne semble pas d'accord avec ce que j'avance, à savoir qu'elle apprécie plus Bob qu'elle peut le penser. Elle se lance d'ailleurs dans une explication que je comprends tout à fait. Oui d'accord, c'est plus plausible. « Je comprends, oui ça se tient. Mais peut être que ton subconscient veut t'alerter. Peut être que tu te mens à toi même lorsque tu dis qu'il n'est pas important. Et quand je dis important, je ne dis pas que c'est ton meilleur ami, ou même que tu auras envie de le revoir à ta sortie. Non, je dis simplement que tu t'es lié à lui parce que c'est ton partenaire, que tu t'es sans doute habitué à sa présence, et peut être. Je dis bien peut être que s'il venait à partir à cause d'une telle injustice ça pourrait, je ne sais pas, te préoccuper, te perturber. C'est un peu fort comme terme, je te l'accorde, mais tu comprends l'idée non ? » Je ne fais que dire ce que je pense, je ne juge pas sa relation avec Bob, je ne les connais pas vraiment tous deux, j'essaye juste de démêler le fin mot de cette histoire, avant de poursuivre. « Ou peut être que ça t’obsède ouais parce que c'est injuste, parce que c'est totalement aléatoire, arbitraire et pas vraiment mérité. Peut être que Bob n'a rien à voir dans l'histoire, peut être que c'est le geste qui te révolte plus que la personne concernée. » J'extrapole sans doute. Je ne le connais pas vraiment, démêler ce casse tête est comme qui dirait devenu une obsession pour moi aussi. Et d'ailleurs, elle me parle de son histoire avec Patrick Swayze. « Finalement, peut être que tu as un soucis psychologique... » Je me mets à rire parce que ça me semble plus tirée par les cheveux que son rêve, et puis je pense à Ezra, le pauvre, non vraiment ça a dû être une passade terrible. Mais bon, en y repensant, moi j'suis du genre à me prendre de passion pour tout et n'importe quoi, et quand j'aime je ne vis que pour ça, c'est catastrophique.

Il était assez fou de constater que les rêves pouvaient parfois être une improbable interprétation de la réalité, de ce que l'on avait vécu récemment et qui, au sein d'une songerie, prenait une dimension quelques peu différente, plus imaginative. Par exemple, Mado avait été amenée à reconstituer en rêve ce qui avait eu le don de profondément la marquer cette semaine, à savoir cette sordide histoire de nomination d'office sur la personne de Bob et orchestrée par ce cher Mickey, avec qui elle avait d'ailleurs tenté d'avoir une explication à ce sujet mais qui s'était montré plus borné que ça n'était permis. Au fond, tout cela la désespérait. Elle n'aimait pas que l'on joue de cette manière, que l'on profite d'un avantage en l'utilisant de la sorte. A ses yeux, ça n'avait rien de loyal, et c'était même grandement dommage du point de vue du jeu. Mado avait en tout cas une imagination débordante, et sa camarade ne manqua pas de dire qu'il valait mieux cela que l'inverse, ce qui en soit n'était pas faux, et ce qui la fit surtout sourire légèrement. Mais pour en revenir à cette nomination d'office que la française ne digérait décidément pas, les propos d'Everleigh ne manquèrent pas d'intéresser Mado. Sans surprise, elle avait tendance à être tout à fait d'accord avec elle sur ce point, et elle avait d'ailleurs tendance à penser que beaucoup le seraient. Mais pas tout le monde, sans doute. « Je pense que les avis sont globalement partagés par rapport à la décision de Mickey. Il y a ceux qui, comme toi et moi, trouvent ça malvenu et disproportionné. Mais je suppose qu'il y en a aussi pour trouver ça audacieux. Je pense tout de même que davantage de personnes trouvent ça regrettable. Et j'espère que tu as raison pour Bob. » Parce qu'il n'avait rien fait de franchement grave pour se retrouver dans cette situation et que même s'il tâchait de prendre tout ça avec une certaine philosophie - sans trop s'en plaindre en tout cas - sa partenaire se doutait qu'au fond de lui, il était franchement mal. « Oui, je comprends, et je pense même que c'est exact. Clairement, si Bob venait à partir brusquement, je me sentirais profondément déboussolée. Mine de rien, c'est comme un pilier ici. C'est ce que je refusais d'admettre au départ, en ne l'acceptant pas comme le partenaire qu'il était. Mais maintenant que j'ai bien conscience du symbolisme de ce terme et qu'il m'est moins désagréable qu'auparavant, il est vrai que je préfère le garder près de moi. Il ne me sera probablement jamais aussi précieux que d'autres candidats, mais c'est mon Bob, mon partenaire, et clairement, ça me ferait bien chier qu'il parte, cette semaine ou prochainement. » Tout comme elle l'aurait mauvaise de partir et de le laisser ici, alors que cette relation, ce partenariat, était devenu important pour elle. Elle partait du principe que tout pourrait se baser sur du soutien et de l'entraide, ce qui était beaucoup mieux que de se tirer dans les pattes. Ils étaient comme une équipe. « Oui, je ... je suis quelqu'un qui a une idée très carrée de la justice, qui ne jure que par le fair-play, donc oui, c'est probablement ce qui me chagrine le plus dans cette histoire : que Mickey ait joué de cette manière, d'une façon si déloyale. Dans tous les cas, je fais vraiment de sacrées fixettes, hm. » Mais ça, ça n'était pas bien nouveau disons. Elle avait toujours été comme ça, du genre à se prendre d'obsession - parfois de fascination - pour beaucoup de choses. Dont le défunt Patrick Swayze, qu'elle avait un temps vénéré après sa mort. Une passion post mortem assez tirée par les cheveux, également. Aux propos d'Everleigh, la française ne put réprimer quelques rires. « C'est donc ta conclusion ? Bien, elle me convient. De toute manière, je m'en doutais un peu. Sans être tarée, j'ai toujours eu un coté un peu fou. Ça ne se voit pas toujours, mais il est bien là. » Et elle hocha fortement la tête pour appuyer ses paroles, comme si personne n'oserait douter de ce qu'elle disait de la sorte. « N'empêche, le pauvre Patrick a du se retourner dans sa tombe chaque fois que j'ai entonné She's like the wind sous la douche ... Hm, j'ai dit entonné ? Je voulais dire massacré. » Car ça se saurait, tout de même, si Mado était aussi bonne chanteuse qu'elle était bonne rêveuse. On ne peut pas tout avoir non plus, hein.

La conversation autour du rêve de Mado s'engage. On en vient toutes les deux à discuter de ça. Bob et Mickey puisque c'est le sujet de son rêve. Le choix de l'anglais un choix sur lequel j'ai donné mon avis avec la plus grande honnêteté, parce qu'on a pas le choix ici, mais pas seulement. Parce que je pense que Mickey est un crétin, ce n'est un secret pour personne, je crois que j'ai été claire à ce sujet depuis le début. C'est un crétin. Quant au sujet de Bob, je n'en sais rien. « Oh oui, il va sans doute avoir le soutien des bibliothécaires mais à part ça... » Non mais franchement. C'est crétin. Je ne connais pas Bob, peut être que lui aussi est un crétin, pour ce que j'en sais. En attendant ça ne m'empêche pas de donner mon avis, à ce propos. Et comme sur tout le reste. Je lui parle d'une perte d'équilibre si Bob venait à partir parce que c'est son partenaire et elle semble globalement d'accord avec moi. Ce qui est plutôt bon signe ça veut sans doute dire que je ne raconte pas forcément n'importe quoi. Son sentiment à propos de Bob, je le comprends, je le ressens parce que franchement une journée sans Myles et mon monde s'écroule. Même si je ne le lui avouerais jamais je pense. Pas comme ça en tout cas. « Je comprends tout à fait. D'ailleurs j'imagine que c'est ce qu'on est supposé ressentir, c'est signe que Cupidon a bien fait son boulot. Lui ou je ne sais qui. » La personne qui s'occupe de former les couples en sommes. Du coup je n'ai pas cessé de hocher la tête. « On est une équipe, on dépend de l'autre, enfin en théorie. Sauf que Mickey a tout foutu en l'air... » Peut être que quelque part ça part de là, et puis ça perturbe le cours des choses, c'est bien peut être, mais moi, non j'aime pas ça en tout cas. Et puis je lui donne une nouvelle théorie, finalement j'ai raison une nouvelle fois. Cette conversation n'est peut être pas mauvaise parce qu'on veut qu'on se tire dans les pattes. Sauf qu'à part Fitz, toute cette histoire qui n'a ni queue ni tête. « Oui, ça ne m'a pas échappé que tu faisais quelques fixettes. » Je souris. Bon, d'accord c'était facile. Mais bon, ce n'est pas la question, et puis voilà de toute façon elle me parle de Patrick Swayze, de son obsession pour lui. « C'est vrai que ça ne se remarque pas au premier abord, tu fais... froide peut être, ouais c'est ça, une abominable garce mais dans le bon sens du terme. » Je souris, je n'ai rien contre les abominable garce, bien au contraire alors même si le terme est étrange, c'est bien un compliment dans ma bouche. Et quand elle évoque She's like the wind, je ne peux pas m'empêcher de rire. « Tu ne voudrais pas me faire une petite démo ? Que je me fasse une idée. Non ? Tant pis. » Nouveau sourire, elle est bien cette chanson. Bien kitch mais j'ai toujours aimé les chansons kitch, ça fait un carton dans les karaokés.

Chacun était naturellement libre de penser ce qu'il voulait de cette sombre histoire de nomination d'office. Pour le coup, Everleigh et Mado étaient d'accord pour dire que c'était malvenu et déloyal, et même s'il serait plutôt légitime et compréhensible que beaucoup se joignent à leur avis, il n'était pour autant pas à exclure que d'autres trouvent cela plus audacieux qu'autre chose et ne condamnent ainsi pas nécessairement la décision de Mickey. Tout le monde n'avait peut être pas la même vision du jeu, du fair-play, et c'était somme toute assez naturel. La réflexion d'Everleigh ne manqua en tout cas pas d'amuser Mado. Les bibliothécaires, oh oui, nul doute qu'ils seraient de tout cœur derrière Mickey pour soutenir sa décision, hm. C'était comme un autre monde, finalement. Il était en tout cas certain que, même si Mado n'était pas aussi proche de Bob qu'elle pouvait l'être de certains candidats - et anciens candidats - il n'en était pas moins un pilier de son aventure et quelqu'un qu'elle préférerait garder longtemps à ses cotés. Elle ne voulait pas être séparée de son partenaire, parce qu'elle estimait avoir mis suffisamment de temps à comprendre que leur lien, leur union était sacrée pour ne pas que celle-ci soit brisée si tôt. « Rah je me souviens m'être demandée ce que j'avais bien pu faire, ou dire, durant les castings pour qu'on me foute Bob dans les pattes ... J'en voulais à la Production, parce que franchement, j'avais l'impression que l'on m'avait accroché un boulet à la cheville. » Se mettant à rire, elle reprit pourtant assez rapidement son sérieux, se devant de préciser qu'aujourd'hui les choses étaient sensiblement différentes. « A ce jour, Bob m'est en quelques sortes indispensable. » Tout comme Myles devait l'être à Everleigh, puisque celle-ci semblait proche de son propre partenaire. Sans doute s'entendaient-ils globalement mieux que Bob et Mado, d'ailleurs. Mais le partenariat semblait autant symbolique dans un cas que dans l'autre. « Mickey, lui, m'a confié se foutre éperdument du sort de sa partenaire. Je suppose que tout ça le dépasse. » Et elle repensa, sur le moment, au fait que la partenaire de Mickey était justement la fille d'Everleigh. Elle n'estimait pas avoir été maladroite, étant donné que personne ne s'attendait à ce que Mickey s'intéresse à celle que la Production avait désigné pour être sa partenaire, mais bon, ça la gênait partiellement tout de même. Lorsqu'Everleigh sous-entendit qu'elle avait remarqué que Mado avait tendance à faire des fixettes, celle-ci arqua un sourcil, perplexe. Est-ce qu'elle voulait parler de ... Oh, peut être. Mais aujourd'hui, elle ne voulait pas en parler, justement. Elle voulait prendre le temps de découvrir Everleigh sans évoquer une tiers personne. Et puis, ce serait franchement bizarre alors, hm, elle se contenta de sourire de façon amusée, sans rien ajouter. Voilà qui était plutôt habile. Ainsi donc, Mado était une abominable garce ? Intéressant. Naturellement, elle ne s'en offusquait pas, se doutant que n'importe qui tenant un minimum à la vie ne pouvait dire ce genre de choses qu'en plaisantant, hein, évidemment. « C'est bien la première fois que l'on me félicite presque d'être une garce » s'amusa-t-elle, laissant ensuite apparaitre un sourire narquois sur ses lèvres. « Je n'ai pas toujours été comme ça, tu sais. Généralement, c'est ce que j'aime faire croire. Mais ce serait trop simple, non ? » Sans avoir jamais été particulièrement amicale, il est vrai qu'elle n'avait pas toujours été aussi froide, aussi distante, aussi méfiante. La faute à la vie, en fait. Ouais voilà. Elle aussi, elle était bien garce quand on y pense. Mais voilà qu'Everleigh semblait désireuse d'avoir droit à une petite démo de She's like the wind made by Mado ... Oula, savait-elle au moins dans quoi elle s'embarquait ? « Oh si si, pas de problème. J'espère simplement que tes oreilles ont eu une belle vie ... » Sous-entendu : elle pourrait bientôt pleurer leur mort, vu que ça allait très probablement être plus foiré que ça n'était permis. Hm, donc, elle s'échauffa la voix, tout de même, pour ne pas agresser son public, ici constitué d'Everleigh, ce qui était sans doute mieux que rien. Telle une pro' qu'elle n'était évidemment pas, elle s'essaya à quelques vocalises, avant de tousser un bon coup et de se lancer, plus déterminée que jamais à être hantée par le fantôme revanchard de ce cher Swayze. « ♫ She's like the wind to my dream. She rides the night next to me. She leads me th ... through moonlight, only to burn me with the sun. She's taken my heart, but she doesn't know what she's done. ♫ » Oui, son accent anglais était toujours quelques peu hésitant, et c'était en soi presque pire lorsqu'elle chantait que lorsqu'elle se contentait de parler. « ♪ I Feel her breath in my face, her body close to me. Can't look in her eyes, she's out of my leaaaaaaaague ... Just too fool to believe, I am anything she needs. She's like the wind. Nin nin nin nin ... nin nin, nin nin nin nin, nin nin, nin nin nin ... nin nin nin ... ♪ » Et elle s'en tiendrait là, tout de même, par respect pour la famille de ce défunt chanteur, mais également parce que sa camarade ne saurait supporter cela le temps de toute une chanson, elle s'en doutait. « Voilà comment niquer la météo des trois prochaines semaines en l'espace d'un quart de chanson ... Oui, je sais, je suis extraordinaire. On me le dit souvent. » On comprenait maintenant mieux pourquoi elle devait être la seule fille au monde à n'avoir jamais envisagé une carrière dans la chanson. Bah oui, ainsi, tout s'expliquait.