Le jacuzzi, ça n’était pas un type de plaisir que je m’autorisais très souvent, déjà parce que je n’avais pas le temps étant très prise par le travail mais parce que ma première expérience avec mes copines s’était soldée par un échec cuisant lorsqu’un gros mec complètement défoncé avait vomi dans le jacuzzi des thermes, nous en avions tous eu sur le corps et je peux vous dire que j’en gardais une image assez négative juste pour cette raison, pourtant il y a quinze jours je m’étais à nouveau glissée dans le bain à remous et autant vous dire que cette fois je m’étais vraiment rendue compte que c’était un outil révolutionnaire pour prendre un peu de bon temps. Depuis j’attendais donc l’occasion en or qui me permettrait d’y aller seule ou avec des personnes que j’appréciais, à la base je pensais être seule en ce début de soirée, mon peignoir sur le dos pour dissimuler mon trikini qui, parait-il me rendait très sexy, moi qui, il y a peu encore ne pensait même pas avoir déjà été attirante physiquement sans renier mes atouts pour autant. Alors que je ne tarderais plus à être devant le jacuzzi je m’arrêtais, Mickey se trouvait devant et semblait tétanisé à l’idée de retirer son peignoir, avait-il un problème avec son physique ? Je ne connaissais pas vraiment la réponse et me contentait donc d’attendre pour voir si je me faisais des idées ou non. Il tournait la tête croisant mon regard, il avait l’air d’être très gêné. « Tu es là depuis combien de temps ? Est-ce que tu m'as vu... hésiter et finalement... renoncer ? » Je le regardais un peu prise au dépourvu, je ne pensais pas qu’il avait des problèmes avec son physique pour être honnête du coup j’étais vraiment surprise. « Depuis trois ou quatre minutes… » Je me mordillais la lèvre inférieure me décidant à être franche comme d’habitude. « Tu… Tu es complexé ? »

Constater que Mickey était mal à l’aise avec son corps me laissait sur le carreau, je n’aurais jamais pensé que le garçon à l’égo le plus important que je puisse connaitre dans ma vie soit aussi sûr de lui et peu confiant avec son physique me faisait vraiment étrange, certes il n’était pas le mannequin de l’année, n’avait pas des tablettes de chocolat capable de faire saliver n’importe laquelle des pétasses de cette émission mais il était loin d’être moche tout de même, son regard était envoûtant, il m’arrivait parfois de me perdre une dizaine de secondes dans ses beaux yeux bleus et c’était pour moi le charme qui agissait le plus provenant d’un homme peu importe le reste de son corps, les yeux étaient le miroir de l’âme après tout selon certains philosophes et auteurs de romans. En plus de ses yeux il n’avait pas de défauts particuliers, peut-être qu’il était un peu maigre mais rien de bien dérangeant, il pouvait avoir foi en ses atouts parce qu’il en avait, il ne s’en rendait juste pas compte. N’hésitant pas à mettre les pieds dans le plat comme à mon habitude au risque qu’il prenne mal mes propos et m’envoie une nouvelle fois sur les roses même si ça n’avait plus été le cas depuis deux bonnes semaines. Il me regardait mal à l’aise, je ne voulais pas le mettre dans cet état mais à bien y réfléchir en parler ne lui ferait pas de mal et me permettrait peut-être de lui faire prendre conscience qu’il ne devait pas avoir honte d’être lui, il pouvait être mal dans sa peau mais rien ne le justifiait, il ne faisait pas trois-cent kilos, n’était pas défiguré ou n’avait pas un membre amputé, rien qui aurait pu susciter des moqueries puériles venant de son entourage, de gens dans la rue ou même des téléspectateurs. « Il faut croire. Je pense que c'est au-delà du fait que je sois extrêmement pudique, à ce stade. » Je le regardais s’accrocher à son peignoir comme à une bouée de sauvetage, je ne m’étais jamais retrouvée avec lui dans les douches et je me demandais donc s’il la prenait nu comme la plupart des candidats, moi comprise dans ceux-là ou s’il optait pour un short. « Et j'estime ne pas avoir de quoi être fier de dévoiler... » Il retirait momentanément son peignoir, je prenais sur moi pour être certaine de ne pas avoir un débordement que ce soit sur la surprise ou l’incompréhension, je restais donc très neutre analysant rapidement son corps, il était peut-être un peu plus maigre que je le croyais mais rien de bien préoccupant à part peut-être pour sa santé. « ça. » Je le fusillais du regard, il ne devait pas prendre les choses de cette manière. « Tu es plutôt pas mal où est le problème ? Certes tu es un poil trop maigre mais ça ce n’est pas quelque chose qui ne peut pas être amélioré… Tu sais, je peux te faire de la cuisine bien grasse et dans deux ou trois jours tu auras une carrure beaucoup plus large. » Disais-je en souriant, je cuisinais très bien et à partir d’aujourd’hui j’allais de toute manière être attentive, lui proposer très régulièrement de manger avec moi de manière à pouvoir m’assurer qu’il se nourrissait suffisamment, mon travail d’ambulancière remontait quelque peu à la surface pour le coup.

A bien y repenser je n’avais jamais réellement été avec Mickey dans une petite tenue, jamais il ne s’était ne serais-ce que mis torse nu en ayant chaud, certes nous étions en plein milieu de l’hiver, nous en arrivions à bout mais cette idée bourgeonnais dans mon esprit trouvant une réponse à une question que je ne m’étais jamais posée, il était donc mal à l’aise avec son corps, peut-être mal dans sa peau tout court et le problème c’est que je ne comprenais pas pourquoi. Je ne trouvais pas la maigreur forcément sexy mais loin d’être un problème non plus et c’était bien la première fois que l’une des personnes que je côtoyais complexait parce qu’elle se jugeait trop maigre, c’était bien souvent l’inverse et moi-même parfois je me trouvais trop grosse mais ça passait vite. Quelque chose me disait que ça n’était pas le cas de Mickey. Alors qu’il s’était montré sans son peignoir je lui avais proposé en plaisantant de le nourrir intensément pendant des jours et des jours pour qu’il puisse se remplumer et devenir un peu plus imposant autant sur le physique qu’il ne l’était caractériellement parlant, il semblait ne pas être d’accord avec moi, pas une grande surprise puisqu’il mangeait sainement, rappelez-vous de mes pauvres beignets qui ne demandaient rien à personne à part d’être mangés. Je n’étais pas une pro du bio et des conneries du genre, c’est déjà à peine si je trouvais le temps de manger en service et généralement nous mangions de la junk-food qui, je peux vous l’assurer était bien vite éliminée, nous faisions beaucoup d’efforts physique après tout. « Non Alecia ça n'est pas aussi simple. » Je le regardais ne comprenait pas où est-ce qu’il voulait en venir, était-il malade ? Oh mon dieu, pourvu qu’il ne souffre pas d’une maladie incurable qui l’entrainait peu à peu à un stade ou la mort aurait un air attractif par rapport à la vie. Rien que cette idée suffisait à faire s’emballer mon cœur, je ne voulais pas l’entendre, c’est vraiment bizarre mais je m’étais attachée à ce petit mec et le savoir en sursis m’aurait vraiment attristée. « Mon métabolisme, trop rapide, ne me permet tout simplement pas de grossir. Je suis ce qu'on appelle un ectomorphe. Je brûle tout ce que je mange, et donc je ne prends pas le moindre gramme. » Je ne pouvais retenir un petit soupir de soulagement. « Désolée, pas que je m’en moque, j’ai juste pensé l’espace d’une minute que tu étais atteint d’une maladie très grave et… Voilà. » Je n’allais pas non plus lui dire que ça m’aurait touché en plein dans mon petit cœur parce que je l’aimais bien, et puis quoi encore ? « Et puis être maigre qu’est-ce que ça change ? Tu es très bien comme tu es ! » Je le pensais sincèrement, l’hypocrisie je ne connaissais pas. Cette notion était bannie de mon vocabulaire depuis bien des années et c’est pour cette raison que j’étais respectée, pas pour une quelconque forme de langue de bois qui permettait de brosser les autres dans le sens du poil. « Enfin je ne sais pas, si tu devais par exemple choisir entre un homme costaud et robuste, et un homme frêle et rachitique, vers qui ton choix se porterait-il ? Je parle vraiment de toi, ce pour quoi tu opterais, sans penser à ce qui ferait envie aux autres femmes. » Je n’avais pas besoin de réfléchir, de considérer les deux options puisque de toute manière ma réponse m’apparaissait comme une évidence, tellement bête comme question que la réponse aurait pu lui sauter aux yeux. « Je ne suis qu’une femme qui regarde parfois les mecs qui ont des corps musclés mais ça ne m’intéresse pas vraiment au-delà du fait de pouvoir dire ‘‘okay il est bien foutu lui.’’ Je préfère être avec un garçon frêle et rachitique qui sait être présent pour moi, qui est magnifique à l’intérieur plutôt que d’être aux côtés d’un connard de première qui ne pense qu’à son corps et est un vrai con. »

Je m’étais rarement questionnée sur mon poids, à vrai dire de toute ma vie je n’avais jamais eu le moindre problème avec mon corps, peu importe ma taille, ma morphologie, si j’avais de gros seins ou un ventre plat et peu de cellulite. Du moment que je sois heureuse rien ne comptait plus à mes yeux, alors certes à part ma poitrine qui pouvait parfois me complexer lorsque je voyais des jeunes filles avec de fortes poitrines naturelles et très jolies dans les vêtements je devais avouer qu’il n’y avait pas grand-chose en moi qui pouvait être critiqué, je n’étais pas grosse, mes kilos de grossesse étaient envolés depuis longtemps, étant très sportive et quasiment toujours en mouvement au travail je n’avais pas non plus droit à de la cellulite ou vraiment très peu. Bref, tout allait bien pour moi et c’était le principal, que je plaise ou non aux autres ne m’intéressait pas vraiment, si quelqu’un me complimentait c’était néanmoins un bonus non négligeable, signe qu’il n’était pas juste question de moi qui tentait de me mettre en valeur comme je le pouvais, comme pour me convaincre que je pouvais valoir quelque chose alors que ce n’était pas le cas. Mickey me dévoilait sa maigreur et m’apprenait qu’il ne s’agissait pas simplement de ne pas avoir de quoi manger, il possédait de l’argent en plus je m’étais donc imaginée qu’il pourrait avoir une maladie grave et ce n’était pas le cas non plus, non, il avait juste un organisme ectomorphe qui l’empêchait de prendre du poids, certaines femmes auraient probablement tué pour avoir cette malformation mais ce n’était pas mon cas, à mes yeux c’était bien trop contraignant et puis, qui voudrait avoir cela ? Quoi qu’il en soit je trouvais personnellement Mickey ravissant, sans avoir un regard insistant sur son torse qu’il avait eu vite fait de recouvrir je l’avais pourtant analysé et pouvait en déduire qu’il était potentiellement un garçon qui, en plus de me plaire intellectuellement parlant avait de quoi me séduire physiquement aussi. « À tes yeux, oui, peut-être... mais dis ça aux miens car de toute évidence, ils ne voient pas la même chose. » Je souriais répondant du tac au tac d’un ton assuré. « Tes yeux ne sont pas objectifs, tu ne t’aimes pas physiquement, tu ne peux pas te trouver des atouts… Les miens le son et tu devrais avoir confiance en mon avis, tu n’es pas laid, je dirais même que tu as de quoi être un mec sexy, il faut juste laisser l’occasion aux femmes de le constater de leurs propres yeux. » Si je décidais de tout plaquer du jour au lendemain je savais déjà dans quoi je pourrais faire carrière, vous savez le coaching, ça m’allait plutôt bien non ? Je choisissais ensuite ouvertement le genre de mec rachitique plutôt qu’un homme bodybuildé qui ne penserait qu’à ça, c’est bien simple, je ne parvenais pas à m’entendre avec ce genre de personnes qui, généralement avaient uniquement comme sujet de discussion leur corps. « Mais hum, il me semble que je passe dans cette émission pour un connard de première frêle et rachitique, moi. Donc en fait, je dois être un savant mélange des deux. » Il n’avait pas tort sur ce point-là mais il prenait un peu trop à cœur ce que pensaient les autres candidats, lui qui disait pourtant s’en contreficher. « Ils ne te connaissent pas aussi bien que moi… » Nous n’avions pas vécu la guerre ensemble mais nous étions ici dans le même bateau et nous nous étions relativement rapprochés récemment. « Tu... venais te baigner non ? Je devrais peut-être te laisser dans ce cas. » Il n’allait donc pas affronter ses craintes ? « Je vais me baigner à une condition… Que tu prennes ta vie en main en venant avec moi, peu importe que tu trouves ton corps peu fabuleux… »