Il était incroyablement plaisant de se retrouver seule à la piscine. De base, c'était déjà un endroit que Mado affectionnait particulièrement, étant toujours plus à l'aise au bord d'un bassin qu'ailleurs, naturellement. Mais n'avoir pas à supporter qui que ce soit, vraiment, c'était agréable. Elle n'avait pas à feindre un quelconque intérêt pour une conversation qui pourrait ne pas tellement la passionner, et rien que ça, c'était une excellente chose. Mais vous savez ce qu'on dit, que toutes les bonnes choses ont une fin, et que certaines sont même incroyablement éphémères. Ajoutez à cela le fait que le destin soit rarement du coté de la jeune femme et vous obtenez l'arrivée inattendue d'Emmeline, une jeune femme qui l'avait en plus un tantinet traumatisé dans la salle de sport, l'autre jour. Elle se souvenait avoir eu à faire à la nana la plus têtue au monde ce jour là, alors franchement, elle n'était pas tout à fait certaine que cette intrusion annonce quoi que ce soit de bon. Imaginez qu'elles partent encore dans un débat improbable, hein. Personne n'y tenait. Non, vraiment, personne. Donc déjà, Mado avait droit à un salut bien particulier, personnalisé même, dans un sens. Et ça, ça ne manqua pas de la faire sourire, évidemment. « Hm, tigresse ? C'est en quel honneur ? » Parce qu'en plus, Mado n'avait aucune idée de surnom à lui donner, elle. Elle n'aimait pas tellement surnommer les gens, en fait. A part Ezra, qui lui se trainait l’appellation "Trésor" depuis qu'il était tout petit. Mais sinon, globalement, les surnoms et Mado n'étaient pas franchement copains. « L'eau est bonne, oui. Elle est à parfaite température. Ni trop chaude, pour ne pas contraster trop fortement avec la température extérieure, ni trop froide, je te rassure ... » On ne pouvait tout simplement pas se baigner dans une eau gelée. Cela aurait tendance à paralyser un tantinet, non ? Mado n'en savait pas grand chose à vrai dire, vu qu'elle s'était toujours baignée dans des eaux tièdes. Le froid, elle ne l'aimait pas trop non plus, honnêtement. Mado, qui pour le moment était assise sur le rebord du bassin, comprit rapidement que sa camarade était ici parce qu'elle cherchait un t-shirt. Et donc, est-ce que Mado l'avait vu ? Honnêtement, non. Mais rien ne lui coûterait de faire croire le contraire, n'est-ce pas ? Ainsi donc. « Ah oui, le t-shirt abandonné ! Oh bah je le trouvais un peu sale, alors je l'ai foutu à l'eau. Mais je ne le vois plus, alors peut être qu'il s'est noyé ... Je suis désolée Emmeline. Sois forte, surtout. » Oui bon, c'était moche de mentir. Mais ça n'était pas méchant, évidemment. Et puis bon, elle serait probablement bientôt démasquée. « Oh mais peut être te reste-t-il une chance de le sauver ! Tu devrais plonger, à mon avis. Il n'est peut être pas trop tard ... » Rien à voir, bien sûr, avec le fait qu'Emmeline ne semble pas du tout en tenue pour une baignade. Non, vraiment, Mado disait ça dans le seul intérêt du t-shirt.

"Tigresse" ? C'est nouveau, ça vient de sortir ? Parce que justement, Mado ne savait pas très bien d'où Emmeline pouvait bien sortir ce surnom. Est-ce que ça lui était venu comme ça, d'un seul coup ? Ou bien est-ce que la jolie rousse avait pris le temps d'attribuer un surnom à chacun de leurs camarades et n'avait plus eu que celui-ci à donner à Mado ? Allez savoir. La française ne s'en plaindrait en tout cas pas, estimant qu'il pouvait y avoir bien pire dans le genre, quand même. Mais effectivement, elle se posait des questions, parce qu'elle était curieuse de nature - un peu chiante aussi - et qu'elle voulait naturellement tout savoir sur tout. C'était comme ça. Ainsi donc, si Emmeline l'avait surnommée de la sorte, c'était parce que Mado lui faisait tout bonnement penser à une tigresse ? Hm, cette explication lui convenait. Oui, aujourd'hui, Mado était quand même un peu moins chiante que d'habitude, disons. « Ça se tient » affirma-t-elle alors, en haussant légèrement les épaules. Franchement, elle n'essaierait pas de continuer sur ce sujet-ci, tout simplement parce que ça ne revêtait pas non plus une importance implacable, hein. Non, clairement pas. De même elle n'avait généralement pas pour habitude de converser au sujet de la température de l'eau, mais soit, c'était une expérience inédite. A la remarque d'Emmeline, un sourire assez amusé naquit sur les lèvres de la grande brune. Un glaçon ? Décidément, quelle imagination. Et oui, effectivement, elle même préférait ne pas en passer par là. Ce serait un coup à perdre un ou deux orteils ça, non ? « Déjà que je ne suis pas la fille la plus chaleureuse qui soit ... » Haha ! Hahaha ... ha ? Bon, okay, ça n'était absolument pas drôle. Mais Mado n'essayait même pas de l'être en fait, étant de toute évidence bien consciente qu'elle y perdrait son temps. Les jeux de mots et elle, ça faisait généralement trente-six, hein. Donc bon. En tous les cas, maintenant que Mado savait que sa camarade était à la recherche de son t-shirt, elle avait bien envie de l'embêter un tantinet. Pour commencer, elle laissa entendre qu'elle l'avait vu, ce t-shirt. Alors que non, même pas. Pire encore, elle alla jusqu'à prétendre l'avoir foutu à la flotte. Oui, elle osa ! Donc oui, c'était franchement honteux, mais franchement marrant de voir Emmeline un peu désemparée, aussi. Celle-ci disait alors n'être pas en tenue pour plonger et aller sauver son t-shirt. La fourbe alla même jusqu'à insinuer que Mado, elle, l'était. Bon, effectivement, elle était en tenue. Mais ça ne voulait rien dire, voyons. Rien du tout. « Ce n'est pas parce que je suis en maillot de bain que je compte me baigner ! » C'est vrai ça, elle était drôlement bien là, assise sur le bord du bassin. Enfin, elle était bien jusqu'Emmeline débarque, hein. Parce que maintenant, la rousse semblait lui proposer de la pousser à la flotte. Non mais oh. « Certainement pas. Tu n'as pas du tout intérêt à le faire. Beaucoup ont eu de graves problèmes pour moins que ça, tu sais. » C'était effectivement un coup à passer un sale quart d'heure, disons. Parce qu'autant Mado adorait nager, autant elle préférait en décider elle-même, vous voyez. « Cela étant dit, tu peux aller te brosser pour que je sauve ton t-shirt de ces eaux mortelles. » Mortelles, oui, au moins. Donc voilà, elle avait inventé une sordide histoire et passait maintenant pour un monstre. Le pire, c'est que le t-shirt restait introuvable, en fait.

Ça se tenait, oui. Et clairement, Mado n'avait pas l'intention de polémiquer trois-mille ans sur cette histoire de surnom. A vrai dire, celui-ci lui allait, hein. "Tigresse" c'était effectivement mieux que "baleine" ou "vachette", par exemple. Donc oui, elle parvenait plutôt bien à s'en accommoder, en fait. Parce qu'encore une fois, s'étendre plus que de raison sur ça n'aurait pas tellement de sens, à ses yeux. En tous les cas, oui, Mado n'avait pas franchement besoin de se transformer en glaçon, déjà que les gens la trouvaient souvent froide ... Okay, son jeu de mots avait un peu souffert du fait qu'elle ne soit globalement pas douée pour se lancer dans un peu d'humour. Pourtant, sa camarade sembla en rire. Ah, comme quoi, son humour de merde pouvait malgré tout en amuser certaines. Sans doute Emmeline n'était-elle pas trop difficile, ce qui était bien sa vaine pour le coup. Il aurait été dommage qu'un lourd silence s'empare de la pièce et la place dans un grand moment de solitude, n'est-ce pas ? Oui, assurément. Donc merci à Emmeline d'avoir ri, vraiment. Mais sans doute regretta-t-elle bien vite de ne pas l'avoir laissé galéré avec son jeu de mots merdique, vu quel traitement Mado prétendait avoir infligé à son t-shirt. Comme si elle était du genre à balancer des fringues qu'elle jugeait un peu sale à la flotte ... Non, clairement pas. Au pire, elle les laissait trainer, et ne s'en souciait pas - Mickey passerait toujours derrière, après tout. Mais non, bien sûr qu'elle n'avait pas vu le t-shirt d'Emmeline et bien sûr qu'elle l'avait encore moins jeté dans la piscine. Plutôt logique, quand on y pense. Par contre, il était certain qu'elle se plaisait à le faire croire, en petite peste malhonnête qu'elle était. Le pire étant probablement que Mado soit effectivement en maillot de bain mais qu'elle n'ait absolument pas prévu de plonger, ou en tout cas pas pour aller sauver un t-shirt hypothétiquement entrain de se noyer. Non, vraiment, elle n'avait pas envie là. Elle avait la flemme, en fait. C'est con hein, que ça tombe exactement à ce moment là. Oh oui, vraiment con pour le coup. Emmeline tâcha alors de résumer les choses, et Mado l'écouta avec une immense attention. Le t-shirt balancé à la flotte, le fait qu'elle soit en maillot de bain mais ne compte pas se baigner, ses pseudo-menaces ... Eh ben, c'était franchement bien synthétisé, dites donc. « C'est exactement ça, oui » crut-elle alors malin d'assurer, histoire d'appuyer sa version des choses. C'était aussi sa façon à elle d'assumer tout ce qui s'était passé depuis l'arrivée d'Emmeline, en fait. Sauf que maintenant, Emmeline disait que Mado lui donnait d'autant plus envie de la pousser. Quoi ? Vraiment ? Elle n'en avait absolument pas conscience, voyons. Absolument pas. Hm. « C'est bien involontaire. Je souligne simplement le fait que le sort de ton t-shirt m'importe peu, et que si tu tiens vraiment à le récupérer, il ne tient qu'à toi d'aller à sa rescousse ... » Oui, elle jouait encore un peu de provocation, pour le coup. Surtout qu'elle était apte à reconnaitre qu'il était gonflé de sa part de prétendre avoir foutu le t-shirt à l'eau pour ensuite se décharger de toute responsabilité. Elle abusait, oui, clairement. « Aussi, il est certain que me pousser reviendrait à mettre ta vie en péril également, ce qui n'arrangerait pas tes affaires. Tu es sûre de vouloir prendre ce risque ? » Laissant s'installer un court silence, Mado se pinça la lèvre. « J'en doute, hm. » Bien sûr que non, Emmeline n'oserait jamais la pousser dans l'eau. Elle devait tenir à la vie, quand même. Et ça ne lui rendrait pas son t-shirt, c'est certain. Où qu'il soit ...

Qu'on se le dise, être en maillot de bain ne signifiait pas que l'on avait l'intention de se baigner. Et bien non, voyons, sinon ce serait franchement trop simple. Ainsi donc, Mado avait beau être assise sur le bord de ce bassin, dans une tenue qui aurait pu indiquer qu'elle comptait s'y baigner, ça n'était justement pas le cas. C'était tout aussi agréable, au fond, de se contenter de mouiller ses pieds et de rêvasser dans cette position. Bon d'accord, il est vrai que sa tenue n'avait en fait rien d'anodine, et que si elle était ici, c'était naturellement parce qu'elle aurait prévu, tôt ou tard, de se laisser glisser dans l'eau. Mais ça, c'était avant. Avant l'arrivée d'Emmeline et avant cette improbable histoire de t-shirt. Donc non, désormais, elle n'avait plus du tout envie de se baigner. Par esprit de contradiction ? Venant d'elle, ça n'aurait effectivement rien de bien étonnant. Il faut dire que Mado avait souvent le tort d'agir en fonction des autres, généralement pour les embêter. Sans doute parce que ça l'amusait, en fait. Oui, sans doute. Donc non, pas de baignade aujourd'hui, puisque si elle était prête à se mouiller pour nager tranquillement, cela voudrait dire qu'elle l'était également pour sauver le t-shirt, non ? Et ça, elle ne voulait pas. Pas parce qu'elle était monstrueuse, mais parce qu'elle était un brin malhonnête, dans cette histoire. Et bien oui, souvenez-vous qu'il n'y avait jamais eu de t-shirt au fond de ce bassin ! Le t-shirt que recherchait Emmeline, Mado ne l'avait même pas vu, en fait. Donc si elle plongeait pour aller chercher le t-shirt qui devrait se trouver dans l'eau mais qui n'y était évidemment pas, elle l'aurait l'air de quoi, hein ? Et bien, d'une conne, probablement. Parce que franchement, bonjour pour dire que l'habit s'était prit dans on ne sait quel mécanisme rendant impossible son extraction, hein. Ouais non, se connaissant, elle n'arriverait pas à être convaincante deux fois de suite. Donc vraiment, elle préférait penser que sa camarade n'oserait tout bonnement pas la pousser dans l'eau, ce qui serait assurément dangereux pour elle. Oui, toute personne qui s'en prenait à Mado était immédiatement inscrite sur sa liste mentale des "personnes à éliminer". C'était comme ça que ça fonctionnait chez elle, oui. Ah non, ça ne rigolait pas. Et donc oui, si Emmeline déconnait, elle en paierait le prix fort. Surtout que là, elle disait que Mado, alias tigresse, la connaissait très mal. Quant au fait qu'elle ait insisté sur la prononciation de l'avant dernier mot de sa phrase, disons que ça n'annonçait probablement rien de bon. Du coup, Mado était perplexe. Son sourire là, il cachait quoi ? Oh, des attentions malsaines, assurément. Sceptique, Mado arqua un sourcil. Et elle n'eut à vrai dire pas le temps de faire davantage, car sans qu'elle ait eu le temps de réagir, voilà que sa camarade la poussa dans l'eau. HAN, ELLE AVAIT OSE. La folle. Ne réalisait-elle pas qu'elle était en danger, désormais ? Car lorsque Mado revint à la surface, elle ne manqua pas de lui adresser un regard intensément menaçant. Bon d'accord, avec ses cheveux collés à son visage, c'était peut être un peu moins impressionnant, mais quand même. « Oh, c'est vrai ça ? Ça tombe super bien alors » lui assura-t-elle. Bon, que faire ? Sortir du bassin et la poursuivre en prenant le risque de glisser au premier tournant ? Ouais, non, hein. Elle allait faire dans la facilité, et aviserait ensuite. Ainsi, elle profita du fait que sa camarade soit encore relativement près du bord pour se hisser à l'aide de ses mains sur celui-ci et choper sa cheville, pour finalement entourer ses jambes de ses bras. L'idée, voyez-vous, c'était de la foutre à la flotte, qu'elle soit en tenue, ou pas. De toutes les forces qu'elle était susceptible d'avoir, Mado la tira alors et la fit basculer dans l'eau. Ah, elle rigolerait moins là ! « Là, je crois que c'est le moment où tu dis au revoir à ta famille, à tes amis, à ton chien ... tu sais, tous ces gens que tu avais refusé de rendre fiers, dans la salle de sport. » Parce que oui, Mado n'avait pas oublié la mauvaise volonté dont sa camarade avait fait preuve, ce jour-là. Donc oui, elle allait évidemment la noyer. Emmeline irait ainsi rejoindre son t-shirt. Ah non, c'est vrai, c'était un gros bobard ça ...

L'erreur de sa vie. Oui, c'était tout bonnement l'erreur de sa vie. Pousser Mado dans la piscine, c'était exactement la chose à ne pas faire, vous savez. Et le pire, c'est que la française n'avait pas manqué de la prévenir de ce qu'elle risquait si elle se laissait aller à ce genre de folies. En somme, elle risquait de gros problèmes. Parce que Mado n'était pas du genre à faire preuve de clémence à l'égard de ceux qui n'en faisaient qu'à leur tête, c'était une certitude. Alors si Emmeline croyait qu'elle serait épargnée, elle se trompait fortement. Oh que oui. Comment avait-elle pu croire que Mado n'était pas sérieuse et qu'elle ne s'en prendrait pas véritablement à elle ? Ne voyait-elle pas combien elle était redoutable ? N'avait-elle pas peur de mal finir ? Ne pensait-elle pas qu'il aurait véritablement été préférable de ne pas déconner ? Maintenant, c'était évidemment trop tard. Le mal était fait. Le pire allait lui arriver. Et elle regretterait sans tarder d'avoir fait preuve d'une telle inconscience, naturellement. Car Mado, fraichement revenue à la surface, était maintenant bien décidée à lui faire payer son affront. Quand Mado disait qu'elle ne voulait pas se baigner, elle tenait à ce qu'on respecte sa décision, vous voyez. Emmeline, elle, ne l'avait pas respecté. Elle l'avait poussé et risquait fort de s'en mordre les doigts à présent. Car chaque seconde qui passait la rapprochait davantage de son funeste destin. Elle ne sortirait pas de l'enceinte de cette piscine vivante, ça c'était sûr. D'ailleurs, Mado ne manqua pas de faire en sorte d'avoir sa camarade plus facilement sous la main en la foutant à la flotte également. L'idée, voyez vous, était de gagner un peu de temps. Parce qu'elle se devait de lui faire proprement payer son inconscience, n'est-ce pas ? Tout le monde était d'accord là dessus, oui. Ainsi donc, une fois qu'elle s'était arrangée pour qu'Emmeline la rejoigne dans le bassin, Mado put plus sérieusement penser à la manière dont elle l'éliminerait. Finalement, elle se contenterait peut être de la noyer, profitant ainsi de cette belle occasion pour laisser s'exprimer les pulsions qu'elle refoulait parfois lorsqu'elle apprenait à quelques glands à nager. Pauvre Emmeline, elle risquait un sacré acharnement là. Mais elle l'avait bien cherché, hein. Le problème, par contre, était qu'Emmeline prétendait n'avoir pas du tout peur. Ah non ? Même pas un tout petit peu ? Ah oui, il est vrai qu'elle n'était pas franchement du genre impressionnable comme nana, hm ... Elle était un tantinet chiante aussi, non ? Oui, certainement. Ainsi, la rouquine se lança dans un flot incroyable de paroles, si bien que Mado commençait tout doucement à se décourager, hm. « Je ne te crois pas, vois-tu. Tu es effrayée, je le sais. Et tu as bien raison. Ce qui t'attend ... olala ... est vraiment terrible. Tu peux toujours crier, j'aurais terminé avant que tu ais rameuté tout le nid. Et puis moi, tu sais, j'ai toujours rêvé de devenir célèbre. Et comme j'aime bien tuer des gens aussi, et bien je me dis que ce serait finalement une belle manière de me faire connaitre ... Et quand bien même je finirais en prison, je pars du principe que si j'ai survécu plus d'une journée ici, je peux bien m'adapter à n'importe quoi, hein ... » Oui, elle avait toujours eu un esprit de contradiction très développé. Il fallait qu'elle remette tout en cause, qu'elle donne tort à tout le monde, au sujet de tout et n'importe quoi, quitte parfois à sortir quelques énormités. Pour le coup, elle se mettait surtout à son niveau, hein. Par contre, le coup du chaton, c'était dangereux. Parce qu'à choisir, elle préférait rester une tigresse, quand même. Bah oui, ça lui correspondait beaucoup plus. « Alors là, c'est n'importe quoi ! Et puis, tu t'es vue ? On dirait que t'es passée au lavage auto, c'est pas franchement joli à voir ... » Oui, c'était petit, et un peu facile. Mais se faire traiter de chaton, c'était un coup dur, croyez-le. Bon allez, qu'elles en finissent. Non sans la foudroyer du regard, Mado s'empressa alors de saisir les poignets de sa camarade et puis ... et puis rien. En fait, elle ne savait pas tellement comment procéder. Alors elle resta là, à la scruter, assez sévèrement, en la tenant et en laissant s'installer un curieux silence, peut être censé être un poil angoissant, allez savoir. Silence qu'elle préféra en tout cas rompre sans trop tarder. « Alors, tu ... tu fais moins la maligne, hein ! » qu'elle s'écria, essayant de se donner un air franchement menaçant, mais peinant à se convaincre elle-même. Allez, qu'Emmeline fasse comme si elle était terrorisée ... L'égo de la française lui en serait franchement reconnaissant.