emmeline
Emilien n’était venu qu’une fois dans ce jacuzzi. Ce fameux jacuzzi. Il était venu passer un peu de temps ici, qu’une seule fois. Un nouveau soir, il avait décidé de rejoindre le jacuzzi. Il se faisait tard. Peut-être bien trop tard. Alors qu’une grande majorité des candidats devaient certainement être sur le chemin pour rejoindre leur lit, Emilien avait décidé ne pas jouer la carte de l’anticonformiste. Il faisait déjà nuit depuis plusieurs nuits, et il était certain qu’il n’y aurait personne dans ce jacuzzi. Il fallait avouer que l’endroit était presque parfait pour un moment de détente. De l’eau, du calme, l’adition parfaite. Emilien avait pris la peine d’apporter une boisson avec lui et quelques petits gâteaux, au cas où il ait un petit creux. Cela ne faisait certes que deux heures qu’il avait déjà mangé, mais s’était-on jamais, monstre Estomac pouvait se réveiller à n’importe quel moment de la journée. Il les avait disposés au bord du jacuzzi, de façon à ce qu’il puisse les attraper sans problème lorsqu’il sera à l’intérieur. Après ce petit détail (sans vraie importance), Emilien se hotta de ses habits et entra dans le jacuzzi, vêtu de son maillot de bain. N’allait pas croire qu’il y avait été nu. Pour qui le prenez-vous ? Emilien se posa dans un coin du jacuzzi. Le calme semblait l’apaiser et il ferma doucement les yeux. Laissant parler les images qui se dissimulaient dans son inconscient. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il aperçut la présence d’Emmeline. Il cligna des paupières une première fois, puis une seconde. Dés lors, un sourire se dessina sur ses lèvres. Après de longues minutes de silence, Emilien brisa ce silence qui régnait dans le lieu. « Tu viens ou tu comptes me regarder pendant toute la soirée comme ça ? » lâcha-t-il un brin taquin. Il se doutait bien que si Emmeline était venue, ce n’était pas pour le contempler ou l’admirer, ou que sais-je encore… quelle idée tordue aurait-elle eu là. Elle était là pour profiter de ce jacuzzi, elle-aussi.

Si Emmeline était venue, ce n’était pas pour le regarder pendant toute la soirée. Evidemment. Il avait dit cela pour la taquiner un peu. Comme souvent, quand il était avec elle d’ailleurs. Il l’aimait bien, il se sentait bien avec. Avec elle, il se sentait pas de regarder critiquer. Oui, voilà. Il n’avait pas l’impression qu’elle le jugeait. Peut-être se trompait-il. Peut-être était-ce genre de fille à double jeu ? Vous savez, celles qui par devant vous dit de jolis mots et par derrière… et bien c’était une autre affaire. Non, ce n’était pas possible. Emmeline ne pouvait être une espèce de fille hypocrite. Elle lui paraissait trop sensible, trop attachante pour cela. Un petit rire amusé fusa délicatement entre les lèvres du jeune suisse. En effet, elle pouvait très bien venir dans ce jacuzzi et en plus de cela, le regarder. En y réfléchissant, ça paraissait presque normal, logique quoi. « Tu marques un point là ! » rétorqua-t-il. Il put constater alors qu’Emmeline était en train de se dévêtir de ses habits. Elle allait donc le rejoindre, information qui semblait le satisfaire au plus haut point. Quitte à passer la soirée dans un jacuzzi, autant que ce soit avec une personne qu’il appréciait. Qu’il appréciait beaucoup. Il tourna alors vivement la tête. Jugeant son regard un peu trop voyeuriste à son goût. Regarder sa partenaire enlever ses habits… Enfin ce n’était pas comme s’il ne l’avait jamais vu nue, n’est-ce pas ? Emmeline le rejoignit donc, venant aussitôt déposer sa tête sur l’épaule du jeune suisse. Elle lui demanda alors pourquoi était-il seul. « Je pourrais presque te retourner la question, tu sais. » souffla-t-il. Après tout, elle aussi était seule. Pourquoi était-elle venue ici, toute seule ? Ah bonne question. « Et c’est si surprenant que ça de me voir seul ? ». Après tout, Emilien n’avait jamais été le genre de garçon à avoir beaucoup d’amis. Ses amis, ses vrais, devaient se compter sur les dix doigts de la main, ou peut-être les cinq… Il n’avait jamais été ce garçon à trainer en bande. Avec une bande d’amis. Il faisait des efforts, certes. De toute façon, ici, il était bel et bien obligé d’en faire, des efforts. Puis le jeune homme fit un bref mouvement, tentant d’attraper la bouteille de vin qu’il avait apporté avec lui. « J’avais d’ailleurs du vin, d’ailleurs. Et des petits gâteaux aussi. ». A croire qu’il avait pensé à tout, à chaque moindre détail.

L’arrivée d’Emmeline ne le dérangeait pas vraiment. Au contraire. Il était plutôt ravi de pouvoir passer une énième soirée à ses côtés. Puis comme cela, ils pourront aller se coucher ensemble, faire le petit câlin avant de s’endormir, et ça évitera Emilien de la réveiller quand il irait se coucher. Oui voilà, c’était plutôt pas mal. Elle lui demanda alors ce qu’il faisait là seul. Il pourrait lui poser la même question. Surtout qu’il était presque certain qu’Emmeline était le genre de personne social, qui sympathisait avec tout le monde, alors elle devait être souvent en compagnie de quelqu’un. Sauf ce soir. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du jeune garçon lorsqu’elle lui fit remarquer qu’il venait de marquer à son tour un point. En sport, on appelait cela une égalité. Mais ici, on s’en fichait un peu de comment cela pouvait s’appeler. Emmeline trouvait cela triste d’être seul. Être seul ? Cela ne voulait pas forcément être quelque chose de triste. Les gens voyaient la solitude comme une maladie, de nos jours. Être seul était devenu une tare, une honte, une maladie virale dont il fallait vite s’en débarrasser. Alors peut-être qu’Emilien était alors malade. Et ce depuis des années, de longues années. Maladie incurable, certainement. Pourtant, il ne concevait pas la solitude ainsi. Être seul, c’était un moment intime, privilégié avec son soi intérieur. Emilien haussa doucement des épaules avant de se munir alors de la bouteille de vin qu’il avait apporté. En précisant aussi, la présence des petits gâteaux. Emmeline lui demanda alors s’il attendait quelqu’un. Il tourna un instant sa tête en direction de sa partenaire, afin de mieux la regarder. Un sourire illumina son visage. « Oui. Je crois bien que j’attendais ma partenaire en fait ! ». Il vint alors lui déposer un furtif baiser sur la joue de la jeune fille. Il n’allait quand même pas se priver de leurs baisers et étreintes, pour la seule raison qu’ils étaient dans un jacuzzi. Elle lui dit alors qu’elle prendrait bien un verre de vin. Emilien entreprit alors le débouchage de la bouteille, après quoi il se munit du verre qu’il avait apporté. Evidemment, il n’en avait pris qu’un. Il n’avait pas pensé une seconde que quelqu’un pourrait venir ici, aussi. Il remplit la coupe qu’il avait emmenée et la tendit à Emmeline. « Petit détail, on n’a qu’un verre… du coup, on devra partager ! Enfin, ça ne devrait pas te déranger, après tout on partage déjà notre lit. ». Il préféra donc lui faire part de ce petit détail. Après c’était certain, si cela dérangeait vraiment Emmeline de boire dans le même verre que lui, il prendrait les choses en main et irait chercher un second verre. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour elle, quand même.

Il est vrai qu’Emilien aurait pu attendre quelqu’un. Mais la probabilité qu’il ait un rendez-vous est très maigre. Qui pourrait-il attendre de toute façon ? Qui ? Vous le savez ? Emmeline avait peut-être une idée sur l’identité de cette fameuse personne qui aurait pu avoir un rendez-vous avec Emilien, dans le jacuzzi. Il n’attendait personne. Il était juste venu là pour se décompresser. Le tout en pensant à son bien-être personnel, c’est-à-dire apporter un peu de denrées avec lui. Une bouteille de vin prit un peu à tout hasard dans le cellier et quelques biscuits. A défaut de la passer seul, ce sera en compagnie de vin et de gâteaux. Il n’allait pas s’en plaindre. Mais maintenant qu’Emmeline était là, il avait un peu changé ses plans. Non, pas vraiment en fait. Ainsi plutôt que de lui dire qu’il n’attendait personne (ce qu’Emmeline trouverait très certainement triste…), il préférait donc lui dire qu’il attendait sa partenaire. Emmeline. Elle lui confia alors qu’elle était une fille chanceuse. Emilien ne put qu’approuver ses propos d’un hochement de tête. « Et j’ai beaucoup de chance de l’avoir comme partenaire. ». Oh ça oui, il en avait. S’il avait été avec une autre fille, peut-être que cette relation n’aurait pas été aussi fusionnelle, aussi forte qu’avec Emmeline. Non, peut-être pas. Et puis, Emilien ne voulait pas s’imaginer dans ce jeu avec quelqu’une d’autre qu’elle. Il était trop bien avec elle pour être désireux de changer de partenaire. Il lui servit donc un verre de vin à sa demande. Ils l’auraient bien entamé à un moment donné de cette soirée de toute façon. Emilien ne l’avait pas emmené pour faire joli. Lorsqu’il lui tendit le verre, il lui fit donc remarquer qu’ils allaient devoir partager. Il n’avait apporté qu’un seul, étant donné qu’il avait pensé passer la soirée seul. Ce détail ne la dérangeait pas. Tant mieux. Il fallait avouer qu’ils partageaient pas mal de chose au sein du nid. On pouvait commencer cet inventaire par le lit, puis les câlins, les petits bisous… Ca faisait déjà assez d’éléments pour considérer que cela ne la dérangerait pas. Un sourire se dessina sur les lèvres lorsqu’elle émit un petit compliment au sujet de la boisson alcoolisée qu’elle venait de gouter. S’il avait été si mauvais que cela ce vin, elle l’aurait certainement recraché. Emilien se saisit alors du verre et gouta alors à son tour. Il but une gorgée, avant de reposer le verre encore plein sur le rebord du jacuzzi. « Je dois admettre que j’ai fait un assez bon choix ! ». Il n’était pas mauvais ce vin, au contraire. Il aimait bien son goût. Il n’avait pas choisi n’importe quelle bouteille, il fallait croire. Il en était plutôt fier d’ailleurs. Il n’avait jamais été un grand connaisseur en vin. Certes, lors des repas, il imitait ses aînés, en goutant légèrement et en émettant des petits commentaires. Enfin qu’importe. Emmeline fit alors une remarque sur le temps passé ici, au sein de son nid. C’est vrai que cela faisait déjà de nombreuses semaines qu’ils étaient ici, enfermés. Emilien n’avait même plus envie de compter le temps. Jamais, il aurait pu croire qu’il resterait aussi longtemps que cela. Peut-être parce qu’il avait cru au début de cette aventure qu’il abandonnerait bien vite. Il approuva alors d’un signe de la tête. Puis il dessina alors une légère moue, avant de prendre de nouveau la parole. « Dois-je comprendre que tu commences à en avoir marre de moi pour que tu trouves le temps long ? ».

L’esquisse de cette nouvelle soirée lui plaisait plutôt bien. Au lieu de la passer seul, en compagnie d’un verre de vin rouge et de quelques petits gâteaux. A cela, il pouvait y ajouter la venue de sa charmante partenaire. Une bonne soirée en compagnie d’Emmeline, il ne pouvait pas espérer mieux. Après avoir chacun à leur tour, bu une gorgée du breuvage apporté par le suisse, ce dernier lui fit remarquer qu’il avait choisi la bonne bouteille. Au hasard, qui plus est. Il avait du nez en matière de vin, le petit Emilien quand même. La remarque de la jeune femme le fit doucement rire. Il s’y connaissait vraiment en matière de vin, selon elle. Et surtout qu’il avait fait semblant de prétendre qu’il avait choisi cette bouteille au hasard. Elle le traitait de menteur là, ou bien… ? « Rah, je ne peux décidément rien te cacher ! » lâcha-t-il un brin ironiquement. Evidemment, il ne s’y connaissait pas en vin. Un petit peu, un tout petit peu au pire. Mais de là, qu’il avait le nez pour repérer LA bouteille, ce serait mentir. Il disait cela juste pour la taquiner, et entrer dans son petit jeu. Un petit jeu naïf et inoffensif. Emmeline avait par la suite mentionné le temps. Surtout le fait que cela faisait déjà très longtemps qu’ils étaient ici, enfermés. C’est vrai. Cela devait bien faire presque deux mois (peut-être un peu plus, ou un peu moins) qu’ils étaient là. Et il s’en était passé des choses en un nombre fou de semaines. Et ici, il ne s’était pas ennuyé. Etonnant, peut-être bien parce qu’ils avaient su s’entourer des bonnes personnes, et sans oublier le piano. Il y en avait un aussi ici, pour son plus grand bonheur. Peut-être que sans tous ses facteurs, il aurait lâchement abandonné ce jeu. Puis, il avait tellement de chance d’être tombé sur une partenaire comme Emmeline. Ils s’entendaient si bien, aucune dispute, que des câlins. Il ne pouvait pas s’en plaindre. Alors, évidement, il ne put s’empêcher de la taquiner. Lui soulignant alors qu’elle devait certainement en avoir marre de lui, et que c’était pour cela qu’elle trouvait le temps long. Il se moquait un peu d’elle. Il se doutait bien qu’elle l’appréciait, au moins un peu. Ou tout du moins, elle l’appréciait suffisamment pour lui faire tout un tas de câlins au quotidien. Un petit sourire amusé se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle lui demanda s’il rigolait. La question n’avait même pas à se poser. Et ce rictus amusé se métamorphosa en sourire presque touché, ému par les paroles de sa partenaire. « Tu fais partie des meilleures choses dans ce chalet. Sérieusement. L'une de mes meilleures raisons d'être dans ce jeu, c'est toi, mon petit, alors bien sûr que non, je n'en ai pas marre de toi. ». Ainsi, il faisait parti des meilleurs choses dans ce chalet, il était l’une de ses meilleures raisons d’être dans ce jeu… Il tourna la tête en direction de sa partenaire, observant chacun des traits qui composaient ce joli visage. « Si Cupidon te demandait de changer de partenaire, tu ne changerais pas, n’est-ce pas ? ». Cupidon ne lui demanderait jamais cela… quoiqu’il était assez vil comme personnage. Mais imaginons. Si elle avait eu le choix de choisir son partenaire. Aurait-elle resterait avec Emilien ? Ou bien choisirait-elle un autre garçon ? Ah, c’est une question à se poser. Il espérait évidemment qu’elle le conforte dans sa réflexion. Emilien passa son bras autour d’Emmeline, et vint lui déposer un furtif baiser sur sa joue. « En tout cas moi, je suis bien avec toi… » souffla-t-il dans un soupir de béatitude.