POUR HELENA

Jamais auparavant je n'avais pu profiter de cette piscine. La première semaine étant passée trop vite et la deuxième ayant été à l'écart du groupe et de cette partie de la maison. Vêtu de mon bikini rouge, il était temps pour moi de profiter de ce petit miracle qu'est la piscine intérieure. Quelques secondes à peine étaient passées après mon entrée dans la pièce que déjà je m'élançais dans le bac d'eau. Restant un instant sous l'eau pour remonter ensuite et plaquer mes cheveux en arrière histoire de ne pas être gênée par les mèches du devant. Une fois ma tête sortie de l'eau et mes yeux ré-ouverts je constatai rapidement que je n'étais plus seule. Héléna était là. Celle qui avait voulu mon départ. Je fixai alors celle-ci qui restait posté en face de la piscine et m'avança vers le rebord pour qu'elle puisse m'entendre. « Tiens, Héléna. Ma présence ne te dérange plus finalement ou alors tu es venue me noyer ? »

Comme presque tous les jours depuis une semaine, dans les environs de dix-huit heures, je me dirigeais vers la piscine. Pourquoi cette habitude ? A vrai dire je n'en avais aucune idée. J'avais depuis toujours été fascinée par l'eau, j'en avais d'ailleurs fait mon métier, océanologue. J'aimais me sentir comme un poisson dans l'eau, laisser ce liquide doux et léger caresser mon corps, sentir sa matière passer entres mes doigts, mes lèvres ou mes cheveux, oui, c'était un plaisir délectable. Cependant ce que je n'avais pas prévu, c'était d'y trouver Maxime. Rafael s'était bien chargé de remettre toute la faute sur moi, et la jeune femme, aux vues de ses dires, avait tout avalé, quitte à ne plus pouvoir respirer. Le mensonge avait rempli ses poumons. M'asseyant sur un des rebords de la piscine, je posais les yeux sur la jeune femme, une moue légèrement frustrée.

« Non, je n'étais pas réellement venue te noyer, mais maintenant que tu en parles... » dis-je en faisant semblant de réfléchir « Écoute, je sais tout ce que tu as pu entendre, et je sais certainement que tu m'en veux. Maintenant je me devais de protéger mes proches, et vu que je ne te connaissais pas, j'ai du prendre le risque de te choisir. Mais sache que tu n'étais pas mon premier choix et que tu ne l'as jamais été. » lâchais-je en toute sincérité. « Et puis je n'étais pas la seule à décider. »

Je n'avais aucune autre explication à donner, si elle ne comprenait pas, je ne pourrais plus rien pour essayer de repartir de zéro.

Je l'avais frustrée, je le sentais. J'avais avoué à Matt dans l'antichambre que je ne leur en voulait pas tant que ça en fin de compte. Et c'était toujours vrai, j'étais une sorte de fantôme la première semaine. L'ombre de moi-même. Si j'avais pu, je me serai éliminé aussi mais ça, je le gardai pour moi. Appuyée non loin d'elle sur le bord de cette piscine à la température exquise j'écoutais attentivement ses propos. Mes iris fixées sur elle durant toute la période où sa voix se faisait entendre. Je dois bien avoué que les paroles de Rafael m'avaient un peu retourné le cerveau. Après tout, il disait clairement que mon élimination était du à la volonté de cette très chère Héléna. Ses paroles me semblaient sincères, peut-être était-elle une bonne menteuse. On sait jamais vraiment dans un jeu comme celui-ci et oui, je suis on ne peut plus naïve. C'est pas de ma faute, je suis comme ça. C'est pourquoi je décidai de ne pas lui tenir rigueur de mon éviction de la semaine dernière. « Je comprends que tu veuille protéger tes proches, c'est aussi ce que j'aurai aimé faire. Oui. Pour ce qui est de Rafael, j'ai bien conscience que tu n'étais pas seule à décidé. » Je partis ensuite nager un peu plus loin, m'éloignant et dessinant des mouvements gracieux dans l'eau sans pour autant laisser ma tête sombrer une nouvelle fois de le fond de celle-ci. Elle restait hors de l'eau. Lorsque je fis un peu plus loin, je me retournai vers Héléna afin de lui avouer que je ne lui en voulais pas tant que ça. «Je t'en veux pas au fait. »

Je finis par lâcher un soupir. La jeune femme ne m'en voulait pas et c'était certainement le plus important, bien que je me sentais tout de même un peu coupable de son handicap actuel. En effet, une semaine de retard pouvait être fatal, mais à vrai dire, je doutais que les autres habitants aient le culot de la nominer la semaine où elle faisait son come back, non ça me paraissait même plutôt injuste. Elle partit un peu plus loin, j'en profitais donc pour tracer des cercles du bout de mes pieds, m'amusant à redessiner toutes formes inexistantes. Puis elle revint, m'expliquant qu'elle ne m'en voulait pas.

« Je ne suis pas sûre que ton ex-partenaire partage cette idée, je crois qu'il a mal pris mon emportement de la dernière fois. » admis-je en haussant les épaules.

Il est vrai que le contact entre Robbie et moi était plutôt mal passé, certainement un hasard total, ou peut être pas, à vrai dire je n'en savais rien. J'étais rarement aimé mais de là à être détesté il y avait une marge. Peut être m'en voulait-il pour quelque chose de particulier ? J'essaierais de lui en toucher deux mots pour comprendre... plus tard.

Robbie ... A vrai dire, je ne lui avais pas vraiment reparlé depuis mon entrée mais ce n'était que provisoire. Dès que j'en aurai la possibilité, je m'arrangerai pour aller lui parler. Pour voir un peu ce qu'il devient depuis cette petite semaine. «Je sais pas, c'était certes mon ex-partenaire et oui, j'ai discuté avec lui mais non, je n'ai pas la chance de le connaitre au point de pouvoir te dire ce qu'il ne va pas entre toi et lui. » Me rapprochant une nouvelle fois des parois afin que la discution soit plus facile , je collais mon dos à celle-ci et posait mes bras sur les parois de cette piscine. « Dis, tu ne viens pas dans l'eau? » Lui avais-je demandé quelques petites minutes plus tard, constatant que la brune ne faisait profiter que ses pieds de ce petit paradis. Pas que je rêvais de voir Héléna en maillot de bain, mes rêves sont tout autre c'est juste voilà. Pour moi, quand on va à la piscine on y va entièrement. C'est comme aller à la mer, je n'ai absolument jamais comprit les bonnes femmes qui restent sur le sable des heures durant sans même songer à profiter des petits plaisirs simples de la vie maritime.