Une soirée assez calme, mais fatiguante. Fatigante dans l'sens où je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. N'allez pas vous imaginer des choses. Je n'ai pas dormi, car je suis allé me coucher tard. Comment ça c'est suspect ? J'suis allé me coucher tard, car le prime a duré un certain moment et ensuite il fallut faire la connaissance des autres. Donc pas de frotti frotta dans la grotte de l'amour cette nuit. Et puis, tellement pas mon genre d'être un don juan sauteur de minous. Du moins, pas si rapidement. Me levant sur les coups de midi, j'ai énormément de mal à sortir de mon état de somnolence. Plutôt fainéant et lève tard, je dois bien être dans les derniers à bouger mes fesses. Je prends mon temps et c'bien simple, dans la vie, j'suis loin d'être le genre pressé. Me promenant en petit caleçon blanc dans le nid, je passe faire un tour au dressing afin de me charger de mes vêtements de la journée, ainsi que de mes affaires de toilette. Être si peu vêtu ne me dérange pas. Loin du genre pudique, je n'ai pas honte de mon corps de crevette. Ayant repéré dans la nuit les lieux, je n'ai aucun mal à retrouver la caravane servant de salle de bain. Une façon bien originale de présenter l'endroit. Poussant la porte de celle-ci, je dépose au sol mes affaires et je file illico sous la douche. Hésitant au départ, finalement je profite d'être seul pour enfiler ma tenue d'Adam et pouvoir me laver correctement. De nature joviale, je me frotte le corps tout en poussant la chansonnette. Une habitude que j'ai prise en me douchant, mais que j'aurais dû laisser en dehors du nid. Tel une castafiore, je devais m'en douter que quelqu'un pénétrerait sur les lieux, attiré par ma voix.

Je ne suis pas une lève tôt, je suis même plutôt l'opposé, je sors beaucoup le soir, je suis une fêtarde, je suis en boîte jusqu'au bout de la nuit, y'a pas une fête où je ne suis pas invité. J'aime bien y aller. Pas pour jouer les piques-assiettes je n'ai pas besoin de ça. Juste que je ne loupe jamais l'occasion de m'amuser, de boire un peu, de danser, de faire la folle quoi. Je suis jeune, j'ai pas de boulot qui demande que j'sois debout aux aurores alors j'en profite. J'émerge jamais avant quinze heures. Sauf ici. Ici, il y a des gens qui vivent autour de moi et même si j'ai le sommeil lourd, je n'arrive plus à dormir. Je me suis levée assez tôt, beaucoup trop tôt à mon goût mais ce n'est pas comme si une longue journée de dure labeur nous attendait. J'ai pris ma douche depuis longtemps pourtant je monte les escaliers pour me rendre dans la loge maquillage y'a un truc bizarre, un bruit atroce qui attire mon attention. Des cris je crois ? Ou peut être j'en sais rien alors du coup je monte, piquée par ma curiosité. Et des fois que quelqu'un se fasse égorger je ne souhaitais pas l'apprendre pendant le repas de ce soir, la haine quoi. En tout cas, c'est pas un meurtre, juste un type qui chante très mal. Je ne sais pas si c'est mieux finalement. On a l'impression qu'il est entrain d'égorger un raton-laveur. « Hum, s'teu plaît, tu crois que y'a moyen de la fermer ? Les flics vont débarquer si tu continues comme ça. J'ai cru que tu étais entrain d'assassiner quelqu'un en plus, on dirait que t'as bouffé un raton-laveur, ça va pas du tout. » Non mais pourquoi les gens s'entêtent à chanter quand ils ne savent pas le faire ? En tout cas, je le dis avec le sourire, c'est pas méchant. « Oh, joli petit cul au fait la crevette. » Je dis dans un nouveau sourire avant de regarder mon reflet, ça va, j'suis potable ce matin.

Alors que je suis tranquille, sous la douche, à pousser la chansonnette, j'entends une voix qui me surprend. « Hum, s'teu plaît, tu crois que y'a moyen de la fermer ? Les flics vont débarquer si tu continues comme ça. J'ai cru que tu étais entrain d'assassiner quelqu'un en plus, on dirait que t'as bouffé un raton-laveur, ça va pas du tout. ». À merde. Tant que ça. Ma voix est donc si catastrophique ? Pourtant j'ai une petite voix, pas très rouillée. Fausse certes, mais je ne pensais pas à ce point. Elle parle carrément d'assassinat et de raton-laveur. Je ne suis pas vexé pour autant, car de toute façon je n'avais pas l'intention de me lancer dans une carrière de chanteur. Et après de tels compliments, je crois qu'il m'en serait même impossible. « Oh, joli petit cul au fait la crevette. » Oh oui. J'viens de me rappeler que je suis nu comme un ver. Mais si ma nudité ne dérange, je ne vois pas pourquoi je devrais me rhabiller. Je finis avant de me laver. Je vous l'avais dit, je ne suis pas pudique. « La crevette se prénomme Kimo au passage ... . Et j'arrête d'me prendre pour Mariah Carey, pas d'soucis .. ». Pourquoi Mariah? Et bien pourquoi pas. J'aurais très bien pu dire Céline Dion et ce n'est pas pour autant que je les apprécie. Bref .. . Je reprends mon savonnage et je me décrasse. Je passe mon corps de crevette sous l'eau et une fois propre, j'enroule une serviette autour de ma taille. « Et sinon comment s'appelle ma fan number one ? ».

Peut être que j'ai légèrement exagéré lorsque j'ai parlé du raton laveur, par contre le meurtre c'était bien vrai. Une tentative de meurtre qui m'a fait accourir jusqu'ici. Parce que moi je me suis déjà lavée, levée depuis un bon moment déjà alors je ne vois pas pourquoi je serais là si ce n'était pour sauver une pauvre victime. Une victime qui était sur le point de se faire égorger par un psychopathe meurtrier, ce qui dès le deuxième jour fait un peu tâche entre nous, sauf que c'est juste un mec qui essayait de chanter. Enfin le bon côté des choses c'est qu'il n'a pas l'air susceptible. Tant mieux, j'ai pas envie de me prendre la tête avec qui que ce soit à midi. « La crevette se prénomme Kimo au passage ... . Et j'arrête d'me prendre pour Mariah Carey, pas d'soucis .. ». Kimo ? Je n'ai jamais rencontré une crevette s'appelant kimo, c'est une grande première pour moi. « C'est gentil, de prendre pitié de mes pauvres oreilles. Dis moi Kimo, tu les as planqué où tes yeux bridés ? » Non parce que Kimo, c'est un nom d'asiatique ça. Enfin, à moins que ce soit l'abréviation d'eskimo, ou de kimono, encore que kimono c'est japonnais ça. Une autre preuve. Voilà. En tout cas, il n'a pas l'air pudique puisqu'il continue de se savonner bien qu'il soit conscient d'avoir le cul à l'air. Bon bah tant mieux, moi non plus ça ne me dérange pas. Je m'en fous un peu à vrai dire. D'ailleurs, puisque j'suis là, j'en profite pour regarder mon reflet dans le miroir, je n'avais pas vraiment les yeux en face des trous ce matin alors me connaissant j'aurais très bien pu me mettre de l'eye-liner sur les lèvres sauf que je me rends compte que je n'ai même pas mis d'eye-liner. Bon pas grave. « Et sinon comment s'appelle ma fan number one ? ». Je ris et me retourne pour le regarder alors qu'il est sorti de la douche. « Elle s'appelle Monroe. Comme Marilyn sauf que c'est mon prénom tu vois... »

Heureusement que je ne suis pas susceptible, car elle pousse l'bouchon un peu loin en parlant de meurtre. J'ai une voix de velours, un timbre exceptionnel et même la castafiore ne m'arrive pas à la cheville. Face à mon talent indéniable, elle peut aller ce rhabiller la blondasse. Bref, je m'égare. Finissant de me laver, je tape la discute avec celle venue me reluquer. Car oui, l'excuse du j'ai entendu quelqu'un et j'ai cru à un meurtre, c'est en réalité une excuse pour venir me mater le cul. La coquine. Mais je n'en dirais rien. Après tout, je ne lui en veux pas, de raffoler de ce joli petit derrière bien modelé. Donc nous voilà à se présenter l'un à l'autre. De simples banalités d'usage. « C'est gentil, de prendre pitié de mes pauvres oreilles. Dis moi Kimo, tu les as planqué où tes yeux bridés ? » « Tu me vexes là .. » . Je prends une moue boudeuse, un peu exagéré je l'avoue, mais il le faut. « ... il faut bien s'approcher pour les voir. Mais ils sont là ! ». Sûr de moi, je sais pertinemment que je n'ai aucune origine asiatique à la base. Je suis né à Hong Kong, mais ça ne fait pas de moi un yeux bridé. Serviette sur les hanches, je me plante à côté de la demoiselle. Elle n'est pas la seule à vouloir s'admirer dans le miroir. Faisant mine de me coiffer, alors que je n'ai pas un poil sur le caillou, je l'écoute parler et me donner son prénom. « Elle s'appelle Monroe. Comme Marilyn sauf que c'est mon prénom tu vois... » « Oh Monroe ? Sexy ça .. ». Et bien quoi, elle a prénom sexy, glam', qu'elle le sache. Une fois « coiffé », j'enfile mon petit boxer. Là le plus sexy dans la pièce c'est bien moi. Sérieusement, une fois dehors il faut que j'en achète des caleçons. Car c'est bien mignon, mais une fois trop petit, ça offre une sacrée dégaine. Mais les trucs qui moulent, elles aiment, les filles, non ? « Et sinon Mademoiselle, que fais-tu dans la vie ? Pourquoi Fake Lover ? ... . Car oui on s'est présenté, autant continuer dans les clichés en parlant de nous .. »

Je ne suis pas diplomate, je parle sans réfléchir, je dis tout ce qui me passe par la tête sans me soucier du fait que je puisse heurter qui que ce soit, choquer ou même encore être désagréable. C'est un excès de franchise selon moi. Mais c'est seulement selon moi parce qu'il parait que ce n'est pas ça être trop franc. Au pire je m'en fous, je sais ce que je dis. Du coup il m'arrive parfois d'être confronté à des susceptibles, un excès de susceptibilité comme j'aime à l'appeler. Mais ce n'est pas le cas de Kimo. Je viens encore de faire preuve d'un excès de franchise là toute suite en lui demandant ce qu'il avait fait de ses yeux bridés. C'est un prénom d'asiat ça. C'est certain. « Tu me vexes là .. » Oh mais non voyons, pas pour si peu. Je m'interroge c'est tout. Rien de plus. « ... il faut bien s'approcher pour les voir. Mais ils sont là ! ». Je me rapproche mais il est évident qu'il n'y a rien. Mais bon je joue le jeu, je ne voudrais pas le vexer encore une fois. « Tes parents étaient aussi illuminés que les miens ou t'as une raison plausible d'avoir un prénom d'asiat ? » Parce que quand même ça m'intrigue, il en faut peu je sais mais au moins ça prouve que je m'intéresse à lui. Je le regarde faire ses petites affaires, excusez moi du peu, je n'ai rien d'autre à faire ici, je suis déjà toute propre, toute belle. Il me demande mon prénom alors je le lui donne. Normal. Il gratifie mon prénom de sexy. Hum, ouais, j'sais pas. « C'est sans doute l'effet Marilyn ! » Elle a toujours fait craquer les hommes tout ça, donc j'imagine ce qui rend mon prénom sexy, ouais j'sais pas trop en fait. Je le regarde enfiler son boxer et je souris. « Tu l'as piqué à ton petit frère ? » Je ne me moque pas. Enfin si peut être un peu en fait, mais rien de méchant. « Et sinon Mademoiselle, que fais-tu dans la vie ? Pourquoi Fake Lover ? ... . Car oui on s'est présenté, autant continuer dans les clichés en parlant de nous .. » C'est pas faux, bon ces questions sont affreusement banales mais vu que je n'ai pas pris la peine d'en poser j'imagine que j'ai le droit de me taire. « Je suis blogueuse et oui je suis payé pour raconter ma vie, ma vie est parfaite je sais. Trêve de plaisanterie. Pourquoi Fake Lover ? Parce que la pub avec animateur était sympa, parce qu'ils ont fait la Une de the Rolling Stones magazine et que c'est une bible dans le genre, parce que c'est une bonne émission et qu'on m'a convaincu que ce serait bien que je fasse de la télé réalité, je ne voulais pas tomber dans la médiocrité en m'affichant sur E! Donc je suis là. Et toi ? » Je ne fais pas dans l'original et alors, en plus j'sais pas si j'suis super compréhensive mais c'est pas grave, j'ai l'habitude.

Je fais le mec vexé, mais je ne le suis pas. Il en faut bien plus pour me toucher. Loin d'être susceptible, j'accepte la moquerie lorsqu'elle ne dépasse pas les limites. Quand ça devient insultant, là je peux me sentir vexé, voir agacé. Mais venant de la belle, qui n'a rien d'une fille chieuse et méchante, je préfère en rire. Lancé dans une conversation sur mes origines, voilà que celle-ci relance le sujet avec une énième question. « Tes parents étaient aussi illuminés que les miens ou t'as une raison plausible d'avoir un prénom d'asiat ? » Je lâche un léger rire, puis je lui réponds. « Raison plausible. Je suis né en Chine, donc avoir un prénom d'asiat, c'mieux pour se fondre dans la masse .. ». Des parents complètement illuminés face à la culture chinoise et le pays. Européens d'origine, ils sont venus vivre à Hong Kong bien avant ma naissance et ils ne sont plus repartis. À son tour elle se présente. « C'est sans doute l'effet Marilyn ! » « Sans doute ... ». Je crois que dans le nid, je ne me suis jamais retrouvé avec autant de personnes aux prénoms aussi originaux et peu commun. Des Monroe, on en croise pas à chaque coin de rue. Continuant de me préparer, m'habiller, elle ne manque pas de remarquer mon magnifique caleçon. « Tu l'as piqué à ton petit frère ? ». Je regarde la gueule de celui-ci. C'est vrai qu'il est ignoble et serré. « Non, du tout. Mais il paraît que ça plaît quand ça serre bien et moule le package .. ». Bien sûr je sais que dans la réalité, ce n'est pas le cas. C'est plutôt has-been. Mais je n'ai pas peur du ridicule, ni honte d'avoir des caleçons trop petits. Ça a son charme et au moins la demoiselle sait à quoi s'attendre. Bref, je cesse mes conneries et je lui demande de se présenter. Chose qu'elle fait. « Je suis blogueuse et oui je suis payé pour raconter ma vie, ma vie est parfaite je sais. Trêve de plaisanterie. Pourquoi Fake Lover ? Parce que la pub avec animateur était sympa, parce qu'ils ont fait la Une de the Rolling Stones magazine et que c'est une bible dans le genre, parce que c'est une bonne émission et qu'on m'a convaincu que ce serait bien que je fasse de la télé réalité, je ne voulais pas tomber dans la médiocrité en m'affichant sur E! Donc je suis là. Et toi ? » A mon tour. « Je suis ... sans emploi, étant donné que je l'ai quitté pour partir à l'aventure aux states avec des potes. Et en voyant une annonce pour les castings, ils ont trouvé ça fun de m'y présenter. Et me voilà .. ». Rapide et efficace. Je n'ai pas besoin de lui raconter ma vie et de lui dire par quels jobs de merde je suis passé. De dire que je suis ici pour l'aventure, c'est amplement suffisant.

« Raison plausible. Je suis né en Chine, donc avoir un prénom d'asiat, c'mieux pour se fondre dans la masse .. » Je le regarde légèrement dubitative. « Ouais enfin j'imagine qu'avec une tête de caucasien, ça n'a pas dû être si ... évident de se fondre dans la masse. » Non mais genre, je pourrais avoir un prénom africain que clairement, on me remarquera si je m'installe au Mali, par exemple. J'ai pas trop la tête de l'emploi, mais bon si ça a fonctionné tant mieux pour lui, ça doit être assez complexe de s'intégrer dans ce genre de pays quand on est différent, même si pour le coup ça doit être complexe partout. Bon, bah il dit que mon prénom est cool, c'est vrai je suis plutôt d'accord même si la référence à Marilyn est souvent inévitable, alors du coup je la lui donne moi même afin d'être débarrassée. Quant à son caleçon c'est assez drôle. « Non, du tout. Mais il paraît que ça plaît quand ça serre bien et moule le package .. » Hum, oui, éventuellement, même si ce n'est pas forcément de cette manière que ça doit être fait, un boxer à sa taille aurait un meilleur effet je suis sûre. « Au moins là, ça ne laisse pas place à l'imagination.... » Oh non puisqu'on voit tout, distinctement c'est ... troublant. Mais ça le serait moins si j'arrêtais de lui reluquer le paquet, il va croire que je suis une obsédée et pour le coup ce n'est pas vraiment ça, je suis simplement intriguée. C'est tout. Bon, je relève les yeux quand il me demande de lui raconter ma vie, en gros, je le fais et j'ai l'impression que je vais passer ma semaine à ça. Au moins. Alors là ça va, dans trois jours je sens que ça va bien commencer à me gonfler. Je lui retourne la question. « Je suis ... sans emploi, étant donné que je l'ai quitté pour partir à l'aventure aux states avec des potes. Et en voyant une annonce pour les castings, ils ont trouvé ça fun de m'y présenter. Et me voilà .. ». hum d'accord plus sobre. Chacun son truc, mais au moins ça me donne une idée du personnage. « Sympa tes potes, ils auraient pu être solidaires au moins. En tout cas si tu recherches l'aventure, j'imagine que mine de rien t'es bien tombé. » Fake Lover c'est pas rien quand même.