Après plusieurs jours sur les lieux, on commence à prendre nos marques. Même si certaines pièces sont plus empruntées que d'autres, ça n'empêche pas aux autres d'être visitées par pure curiosité. Comme ce mur d'escalade qui trône parmi les autres. Placé en bas de celui-ci, j'ai dû mal à en voir l'utilité. Mais si j'ai bien compris, le principe est de s'attacher et de s'foutre la tête en bas ? Ce n'est pas tellement mon trip, bien que je sois avide de nouvelles expériences. Observant le mur en question, je reste perplexe. Je me demande quelles sont les sensations qu'on peut avoir en y grimpant. Même si sincèrement je n'ai pas envie de m'y frotter, ça reste tentant. Ma nature de p'tit curieux qui me pousse à me poser tant de questions. Peut-être que dans le courant du jeu je sauterais le pas, pour l'instant je préfère garder mes pieds sur la terre ferme. M'apprêtant à quitter les lieux pour en visiter un autre, voilà que je tombe nez à nez avec ma partenaire. Mais quand je dis nez à nez, c'est au sens propre. Dans mon élan, je l'ai percuté de plein fouet. La pauvre. Une chance pour elle que j'ai un poids de garçonnet et qu'ainsi les dégâts sont minimes. « Tu m'excuses, je ne t'ai pas vu venir. » Tellement discrète. D'un côté elle ne va pas annoncer sa venue en beuglant comme une chèvre. Donc c'est d'ma faute s'il y a eu choc entre nous deux. J'me suis d'ailleurs excusé. Mais je me reprends après en lui demandant tout de même. « Je ne t'ai pas blessé ? Pas de bleus ? Bosses ? ». Je me sentirais gêné et mal si je lui ai fait mal.

Curieux de nature, il était évident que je fasse ma fouinasse en parcourant les studios afin de découvrir les multiples endroits que la production a pu mettre à notre disposition. À ma grande surprise je suis tombé sur un mur d'escalade. Impressionnant, j'ai préféré resté au sol et l'admirer d'en bas. Je ne suis pas une fiotte, car par le passé il m'est arrivé de tenter certaines expériences à forte sensations. Bon à l'époque je n'ai pas eu le choix, poussé par mes amis, voir forcé et les souvenirs que j'en ai, sont les galettes que je déposais une fois au sol. Je supporte donc assez mal les sensations fortes et de hautes voltiges. Ayant pour la première fois le choix, je me contente de l'admirer. Ça sera sans nul doute l'unique fois où je suis content que mes potos ne soient pas avec moi. Sur le départ, voilà que je heurte violemment quelqu'un. Finalement je me rends compte que c'est ma partenaire et immédiatement je m'excuse. « Oh non, non ! C'est moi qui m'excuse, j'étais dans tes pattes. » Je souris timidement, car n'empêche je suis assez gêné de lui être rentré dedans ainsi. Mais de ce que j'ai pu voir au prime de l'autre jour, c'est une fille plutôt gentille, assez réservée et peu bavarde. Même si je mets son attitude sur le coup du stress et du chamboulement que peut provoquer de tels changements dans une vie. Intégrer une aventure comme celle-ci, ça peut bouleverser au début. J'espère juste qu'au fil du temps, elle pourra s'ouvrir davantage. Pas forcément en me racontant sa vie de A à Z, de ça je m'en fous, du moins elle peut le garder pour elle. Mais je fais référence à sa façon d'être. S'ouvrir dans le sens s'intégrer, s'intéresser (...). De mon côté je suis plus préoccupé par les blessures qu'auraient pu engendrer notre choc. À vue d'oeil, elle n'a rien. Mais on ne sait jamais. Certaines personnes sont fragiles, comme l'asticot que je suis. Aussi fragile qu'une brindille. « Rien de tout ça, ne t'en fais pas. » Je souffle, soulagé. « Tant mieux .. ». Je pensais alimenter la conversation en déviant sur un autre sujet, mais je vois qu'elle me devance. Une part de moi est surprise, mais ravie qu'elle soit légèrement plus bavarde que l'autre jour et que ma présence ne gêne finalement pas. Car j'avais en tête de profiter de la croiser pour faire plus ample connaissance avec la demoiselle. « Tu prévoyais de t'y essayer ou bien tu étais juste en repérage pour une éventuelle prochaine fois ? » « Repérage. Ça me semble ... haut et bien penché. Tentée d'essayer ? » Je lui réponds tout en affichant un sourire amical. Il faut qu'elle sache qu'avec moi, je souris tout le temps. Je ne suis pas obligé, mais j'aime sourire. Je me sens même forcé de sourire. Car une personne qui sourit, c'est plus agréable. Je déteste avoir en face de moi quelqu'un qui tire constamment la tronche. Donc oui, je suis souriant. « Un binôme de poules mouillées, mais de mon côté, j'assume .. ». Là, tout de suite, le mur ne m'inspire pas, mais ... « ... Sauf si tu te lances, je te suivrais ... ». Dis-je sur un ton de défi.

Si on rembobine le passage, Lena n'est pas la seule fautive. D'où mes plates excuses à la demoiselle. J'ai cette tendance à écraser les pieds d'une fille quand je danse, à trébucher d'une marche parce que je ne l'ai pas vu, à me retourner et me prendre une porte, ou encore à foncer droit dans une baie vitrée pensant qu'elle est ouverte, alors qu'en réalité, elle est fermée. Ces exemples sont là pour illustrer et attester de ma grande maladresse. Pourtant je n'ai pas deux pieds gauches, mais il est vrai que je suis abonné aux petites bourdes du quotidien. C'est d'ailleurs ainsi que j'arrive à faire rire mes proches. Mes chutes, gaffes, paraissent comme des gestes calculés dans l'unique but de faire rire. C'est faux. J'suis juste une boulette. Mais si en même temps ça peut amuser la galerie, tant mieux. Et dans mon inhabilité, il arrive quelques petits accidents, accrochages. Comme dans le cas présent. Apparue de nulle part, comme par magie, je ne pouvais que lui foncer dedans. Heureusement, aucun dégât à signaler. Je vais bien, elle va bien. J'ai encore toute ma tête avec moi, quoi que (...). Bref, l'important c'est qu'aucun de nous ne s'est cassé quelque chose. Quoi qu'il faudrait être fait en sucre pour être blessé dans un cas pareil. Le choc fut minime. Personne n'est blessée, mais qui sait ce qui peut arriver par la suite. Car nous sommes tout de même en bas d'un mur d'escalade assez impressionnant et qui peut être éventuellement dangereux pour nos vies. Lena ne manque pas de le faire remarquer. « Je... je ne sais pas trop. C'est peut-être dangereux. » J'acquiesce d'un signe de tête. Elle n'a pas tort. On ne sait pas ce qu'il peut arriver suspendu là-haut. Une fois, on m'a forcé à sauter à l'élastique. J'étais accroché par les pieds et je vous assure que j'ai eu les pétoches de ma vie lorsque j'ai sauté. Imaginez si ça avait craqué ? J'aurais fait plus qu'un avec le sol. Une vraie crêpe. Mais je me doute que dans un tel jeu où nous sommes filmés H24, il n'y a pas de quoi avoir peur, non ? Ce mur doit être ultra sécurisé. Du moins je l'espère et j'essaye de me convaincre. Venant de défier la demoiselle, finalement je prie pour qu'elle ait autant la frousse que moi. Je n'ai pas honte à dire que j'ai peur. C'est naturel. Et je suis un grand froussard. Je ne me sens pas émasculé quand je le dis, car du courage j'en possède, je le sais. La vie elle-même est une épreuve qu'on affronte chaque jour et pour ça, il en faut du courage. Par contre face à un mur qui pourrait éventuellement me retourner l'estomac et la tête, j'assume avoir les boules. « Ce doit être génial à faire, vraiment... » . Je grimace en entendant qu'elle pourrait être tentée de le faire. J'attends le mais qui doit suivre. « Mais... je suis sûre qu'on peut mourir en faisant une vilaine chute de ce machin. J'ai pas envie de mourir moi, qui rendra visite à Dean si je rejoins le ciel ? » . Je soupire. Oui je suis soulagé. J'ai fait le malin en voulant la défier et au final, je ne veux plus le faire. Quoi que me connaissant dans deux minutes je serais capable de me lancer. Je suis un indécis. En attendant d'être sûr et certain de mon choix, je relève qu'elle a évoqué un certain Dean dans sa réponse. Je suis curieux et je tente à lui demander. « J'espère que non. Ce truc doit être sécurisé ... . Et Dean ? C'est .. ton frère ? père ? mari ? ». J'évoque toutes les possibilités. Avant l'autre jour, je ne connaissais pas Lena, donc logiquement lorsqu'elle m'évoque un Dean, je ne sais absolument pas qui c'est. Et même si ce ne sont pas mes affaires, je ne peux pas refréner ma curiosité. Si elle ne veut pas développer sur qui est cette personne, je ne le prendrais pas mal. Moi-même je déteste parler de ma vie, donc je ne vois pas pourquoi j'en voudrais aux gens qui ne veulent pas me répondre sur de tels sujets. J'attends quand même de voir si elle va me révéler qui est ce fameux Dean, car à l'écouter, elle a l'air d'y tenir.

Je m'en doutais, qu'elle s'en serait sortie sans égratignures, mais c'était dans ma nature de m'inquiéter lorsque je suis fautif. Je suis comme tous les types un peu près normalement constitués, je m'inquiète. Loin du cliché égocentrique à ne penser qu'à son petit cul, je me soucis du bien-être des autres. Pas tout le temps, je le conçois, mais assez fréquemment. Il suffit de demander à mes amis, que je considère comme ma famille. Dès qu'il leurs arrive quelque chose, je m'en préoccupe. C'est une réaction normale et systématique. Ça s'appelle un ami sur qui on peut compter. Et là même si pour l'instant je connais à peine cette demoiselle, ça ne m'empêche pas de me soucier d'elle. Elle est après tout mon binôme dans c'te aventure. Après cette petite incartade, nous voilà à débattre sur le fameux mur d'escalade. Impressionnant d'en bas, il ne donne pas envie. Ni à moi, ni à Lena. Pourtant je lis dans son regard qu'elle aurait bien aimé prouver qu'elle puisse y arriver. Personnellement je n'ai pas besoin d'une démonstration de force pour prouver ma valeur. Je préfère rester les pieds à terre et en vie, surtout. Car ce mur ne m'inspire pas grand-chose. C'est limite si je ne ressens pas le vertige rien qu'en le fixant d'en bas. Pas rassurant. Et nous sommes deux à le penser. L'envie de se surpasser n'est pas aussi forte que l'envie de se lancer. Du coup on préfère rester devant, à discuter, plutôt que de le grimper. Et ce n'est pas pour me déplaire. Donc si on ne fait pas grimpette, autant taper la popote. C'est ainsi que j'en suis venu à lui demander qui était le Dean dont elle parlait il y a quelques secondes. J'espère ne pas avoir lancé un sujet sensible en la questionnant ainsi, je me sentirais mal sinon. Car à la base, ce ne sont pas mes oignons. Mais ma curiosité me pousse parfois à aller fouiner là où ça ne me regarde pas. Donc je ne serais pas vexé si elle me laissait sans réponse. C'est son choix. « Mon fiancé, en fait. On se mariera dans quatre ans et cinq mois, environ. ». Fiancé ? Surprenant. Et j'avoue ne pas cacher mon étonnement. Elle a l'air si jeune. Je suis surpris, car avec l'âge que j'ai, c'est inconcevable de se marier avant d'avoir piouf ..trente piges. Mais je suis jeune dans ma tête et dans mon corps, j'ai encore le temps de prendre en maturité. Du coup je me contente de sourire bêtement. Que pourrais-je rajouter à sa réponse apportée ? Je ne veux pas paraître après indiscret en la bombardant de questions. Même si celles-ci me titillent et pendent à ma langue, comme si elles voulaient sortir. Non. Je me retiens. C'est sa vie privée, son fiancé et je suis à peu près sûr qu'il doit lui manquer en ce moment même. Donc évitons d'évoquer des sujets aussi difficiles. Et heureusement qu'elle enchaîne en me questionnant. « Tu... as une fiancée toi ? Le mariage, ça te fait rêver ou pas du tout ? Ou alors t'es là pour trouver l'amour ? ». Je ne peux pas m'empêcher de lâcher un petit rire. Ça me paraît tellement impensable pour moi, que ça me fait rire. Ça m'amuse. Moi ? Marié ? Le gag. Mais je décide tout de même de lui offrir une réponse sérieuse. « ...hm .. non, pas tellement. Mais .. je suis encore très jeune pour penser à ces choses-là. Donc pour le moment le mariage ... ». Pour éviter de dire une connerie, je préfère m'arrêter là et exprimer mon ressentiment face à cette institution par une simple petite grimace. « Et trouver l'amour, disons que je n'y pense pas. Mais s'il me tombe dessus, je ne dirais pas non, n'est-ce pas ? Faut pas cracher dessus quand il se pointe .. ». J'ai une vision bien particulière de l'amour. Ou du moins, j'ai ma propre façon de le percevoir. Et c'est simple, je ne me prends pas la tête. Du tout même. Pas que je m'en fous, mais je ne l'ai jamais rencontré et je préfère de loin m'éclater, profiter, que de le chercher désespérément. Sinon pour changer de sujet, car c'bien mignon et sympa de parler sentiment, mais ça m'ennuie, je décide de reparler du mur. Car finalement, j'ai changé d'avis. « Si je m'y frotte à ce mur, tu devras ... me faire à manger jusqu'à la fin de la semaine .. ». Autant avoir quelque chose en retour si je mets ma vie en danger (...).