Bon alors, si le jardin botanique se trouve à ma droite normalement le supermarché se trouve tout à gauche. Ce n'est pas tout ça mais si je compte faire ce que j'avais prévu ce soir, c'est à dire me nourrir ce serait mieux que je mette la main sur ce foutu supermarché. En plus il fait nuit et personne n'a trouvé judicieuse de mettre des lampadaires surpuissant afin de nous rendre la vie plus facile. Non c'est tellement plus drôle de voir les candidats se prendre les pieds dans des trucs improbables, ou se perdre. Voilà, je suis perdue. C'est exactement ça. Je suis perdue et je ne vais pas tarder à mourir de faim. C'est fou, ils l'ont bougé durant la nuit ou quoi ? Je suis sûr que c'est ça. Voilà. Alors du coup je marche et je n'arrive même pas à distinguer la façade du lieu dans lequel je mets les pieds. Et les pieds d'ailleurs je me les prends dans un truc dur. Outch. Et lorsque je relève la tête je me retrouve nez à nez avec un homme. Séduisant, la bonne vingtaine, pas franchement à l'aise ici apparemment. J'ai dû lui faire peur vu sa tête et il m'a fait aussi peur, si peur que j'ai cru que j'allais nous lâcher un vieux cris qui resta étrangement coincé dans ma gorge. Tétanisée par la surprise, étrange. « C'est joli ici, hein » Je regarde autour de moi. Du sang, des éclats de bombes. Du matériel médical explosé partout. Je hoche la tête. « Oh oui, c'est très artistique ces trainés de sang sur les murs. » Le sang c'est pas moche en soit c'est juste un peu dégoûtant. J'ai saisis l'ironie mais j'ai le droit de répondre de cette manière non ? Ce n'est pas interdit. « Oui, je sais, ça a failli être drôle » Et là, je ne peux pas m'empêcher de rire. Un léger rire discret. Mais un rire tout de même. « Monroe. » Je finis par répondre parce que c'est plus agréable de savoir à qui on s'adresse quand même. Du cou je ne demande pas son prénom mais ça semble logique que j'attends aussi le sien. Enfin bref. C'est pas grave. « Tu crois qu'ils sont capable d'avoir embauché quelqu'un pour qu'il surgisse de nulle part pour nous foutre la peur de notre vie ? Parce qu'il ne s'est sans doute rien passé ici, le sang est sans doute faux, et personne ne viendra nous soigner alors... » Je commence à partir dans un délire un peu fou et je me rends compte que je monopolise un peu le temps de parole là. « Si tu estimes que je parle trop te gênes pas pour me dire de me taire, je ne vais pas me vexer. » Je souris légèrement tout en remettant une mèche de mes cheveux en place. Ça m'arrive souvent.

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Alors visiblement je ne suis pas arrivée dans le supermarché. Ce qui est bien dommage parce que je commençais à avoir faim, ma faim va devoir attendre cependant parce que je viens de tomber sur un homme, l'un de mes camarades, je crois que je l'ai aperçu dans le dressing. Et comme c'est mal poli de partir comme ça et bien je reste. En plus il m'adresse la parole, ce serait un peu bête de le laisser dans sa réflexion et agir comme si de rien était. Non alors du coup je reste et je lui réponds. En plus il faut dire que même si cette pièce est glauque elle a tendance à attiser ma curiosité. « Oui, je suis bien d'accord. Je veux d'ailleurs les mêmes chez moi. » Je souris légèrement puisqu'il continue sur sa lancée. Il a choisit la bonne personne pour ce genre de conversation, c'est un peu ma spécialité le second degrés. « Je pense qu'il y a toujours moyen d'y parvenir. Peut être que le décorateur acceptera de te faire les mêmes, ou tu peux toujours tuer quelqu'un. » Je dis sur un ton assez neutre en haussant les épaules. Oh bah oui, au moins les traces n'en seront que plus réussi. C'est charmant le sang séché en plus. Je finis par sourire parce que c'est évidemment pas ce que je pense réellement, c'est juste pour rester dans l'ambiance de la pièce, glauque morbide et... glauque. Je l'ai déjà dit et alors ? Je lui donne mon prénom, il en fait de même. Il est enchanté, moi de même, je souris pour le lui signaler. Parce que mine de rien c'est toujours plus agréable d'être à deux dans ce genre d'endroit, surtout avec l'imagination débordante dont j'ai été pourvue à la naissance. Et du coup je lui fais part de mes interrogations. « Pourquoi pas, hein. Ils ont la réputation d'être plutôt sadiques, il me semble, alors autant qu'ils y fassent honneur. Quant au sang, j'espère bien qu'il est faux, tu m'en ferais presque douter du coup. » Très rassurant tout ça. Et d'ailleurs j'en viens à douter moi aussi et pour en avoir le cœur net je m'approche de l'un des murs et j'observe. Assez perplexe pour tout avouer. « Je ne sais pas vraiment quelle allure peut avoir du sang séché sur un mur mais j'en conclus que c'est de la peinture. Ou un produit de cinéma. Bon, et bien si quelqu'un débarque je te propose que je lui saute dessus pour détourner son attention et que toi tu le frappes, ou l'inverse, comme tu veux. » Et voilà. J'ai l'air déterminé, assez pour y croire en tout cas. Et puis de toute façon on est sur un plateau de cinéma, ça semblerait logique. « Non, rassure-toi, j'aime écouter les gens parler. On peut apprendre beaucoup de choses de la façon dont quelqu'un s'exprime. Je pourrais passer des heures à écouter quelqu'un monologuer. Alors crois-moi, je ne risque pas de te trouver pipelette. » Oh bah ça c'est tant mieux parce que j'aurais beaucoup de difficultés à m'arrêter de parler. Je peux le faire, mais en général je repars. « Tu vas être servi avec moi, je suis la reine des monologues. Enfin je suis réaliste, j'ai conscience de souvent parler pour ne rien dire mais je n'aime pas trop le silence alors... » Je hausse les épaules, alors je parle pour deux, ou pour trois. Je suis enfant unique alors j'ai souvent été seule, maintenant j'en ai marre. Alors je compense. « Tu es états-unienne, n'est-ce pas ? » Euh. Oui. C'est un terme que j'entends presque jamais. Nous les américains, voilà la preuve. Et puis on a tendance à se prendre pour le centre du monde, donc d'un continent tout entier. « Californienne. J'ai toujours vécu à Los Angeles. Et toi, tu viens d'où ? » Il est Américain incontestablement. J'en mettrais ma main au feu mais où, je n'en ai pas la moindre idée. Du nord sans doute.

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« Engager le décorateur de l'émission reviendrait probablement bien trop cher. Alors oui, je n'aurai sans doute pas d'autre choix que d'avoir recours à un assassinat. Mais uniquement parce que je ne pourrai pas faire autrement, hein. » Je prends un air totalement sérieux, comme s'il s'agissait d'une question de la plus haute importance. Bon d'accord, peut être pas mais bon, c'est pour rester dans le ton de la conversation. « Oh oui bien sûr, je ne te prends pas pour un meurtrier, du coup tout ça c'est pour servir l'art. » Evidemment, bon j'ai l'impression qu'on dit de plus en plus de conneries là, mais au moins on est pas entrain de flipper notre mère parce qu'on ne sait pas ce qu'il pourrait bien nous arriver ici. Et du coup, j'en viens à me poser des questions sur ce sang, est-il réel ou au contraire ? S'agit-il que d'un peu d'artifice. C'est de l'artifice, à coup sûr, néanmoins mon imagination est fort bien développé, trop parfois, on me le rappel souvent par ailleurs, ce qui est assez drôle. Enfin moi je trouve ça trouve, mais un rien m'amuse, je suis une petite rigolote vous savez. « Disons que ça n'est pas une chose que l'on voit tous les jours » Certes, mais bon, sait-on jamais. « Sauf quand on vénère Hannibal Lecter et qu'on a un penchant pour l’éviscération... Ce qui n'est pas mon cas comme tu peux t'en douter. » Je préfère mettre les choses au point toute suite pas qu'il se mette à imaginer qu'il à à faire à une folle furieuse venue pour le tuer dans un endroit où son meurtre passerait totalement inaperçu. « Oui, c'est probablement un artifice. N'empêche que ça nous ferait presque psychoter. » Je ris, parce que ça me fait rire, tout simplement. Enfin j'suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule à psychoter. « Presque ? Je psychote totalement, t'as pas idée de tout ce qui est entrain de me traverser l'esprit là maintenant. Je t'épargne pour éviter de te laisser penser que je suis encore plus folle que j'en ai l'air mais je t'assure que je psychote à mort ! » Et là, c'était peut être pas le bon terme à utiliser. Encore que c'est de circonstance, psychoter à mort. C'était drôle non ? En tout cas, je ne m'étais pas imaginé entretenir ce genre de conversation avec Sully en arrivant ici. Certainement pas. Mais c'est mieux que de trembler comme de pauvre petites feuilles apeurée. « Ah carrément ? Bon, d'accord. Dans ce cas, il vaudrait peut être mieux que je me charge de le distraire, sait-on jamais, un coup est si vite parti ... » Il est gentil, bah je lui ai dit que j'avais une imagination débordante aussi, alors forcément j'ai pensé à tout. Même à cette éventualité. « D'accord si tu veux, je peux frapper super fort avec l'adrénaline, je pense qu'on pourra l'abattre en moins de deux, même si je t'avouerais que je préférerais que ça n'arrive pas. » Parce qu'à mon avis si quelqu'un débarque c'est simplement un acteur engagé par la production, ce serait dommage de tuer ce malheureux, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer quand on a peur, qu'on est surpris alors ce serait bien mieux oui. Bon. Autant penser à autre chose. « Tu es quelqu'un de spontanée, et ça n'est pas un mal. Moi j'aimerais beaucoup me poser moins de questions, par exemple. Et je suis certain que tu te sous-estimes. » Il est gentil bis. Non mais vraiment, à moins qu'il soit juste poli, c'est possible aussi. Non mais je préfère penser qu'il est gentil c'est mieux. « Oh tu sais, c'est juste une question de volonté je crois, j'en sais rien. Il suffit que tu décides d'arrêter de te poser des questions pour ça fonctionne, enfin ça aidera... Je pense. J'en sais rien et je l'ai déjà dit ça. Et puis c'est pas toujours une bonne chose d'être si spontanée, parfois ça créé des problèmes. » Une fois par exemple, je me suis retrouvée dans une situation très très embarrassante à cause de ma spontanéité. Je m'en serais bien passée si vous voulez savoir. Il me demande d'où je viens. D'ici. L.A, ma ville. Lui viens de Philadelphie. « C'est vrai en plus je vis à Venice, c'est très ... cosmopolite, un peu comme ici. Mais du coup toi tu dois l'être dépaysé, enfin ça va, déjà tu connais le pays, c'est pas ta première fois. Les pauvres européens ça doit quand même leur faire drôle de voir la taille des bouteilles de lait ici. T'es déjà venu à Los Angeles ? » J'imagine que non puisqu'il vient de me dire que c'est pas tout près. Mais bon sait-on jamais, beaucoup rêvent de venir dans la cité des Anges, même si on voit beaucoup moins d'anges qu'il n'y paraît. « Tu vas peut être trouver ma question bête mais, du coup, tu aimes le Cinéma ? » Bête ? Non pourquoi. Elle est plutôt logique et pertinente, même si ce n'est pas forcément une obligation. « Elle ne l'est pas. Et oui, j'aime beaucoup bon je ne suis pas vraiment cinéphile mais je connais certaines répliquent par coeur, j'aime aller au cinéma, la base quoi. J'imagine que ce n'est pas parce que je vis ici que tu l'as posé ? Tu es un passionné ? » Peut être que je me plante totalement, sans doute, ça m'arrive souvent de me planter, ce ne serait pas la première fois alors à vrai dire ce serait pas grave de toute façon.

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