casey

« Casey ! Viens, y'a un endroit qui avait l'air drôle hier ! » lâchais-je encore toute enjouée à l'idée de peut-être pouvoir expérimenter une nouvelle activité aujourd'hui. Cela faisait maintenant deux jours que nous avions intégré l'aventure, que nous vivions dans le nid et pour ainsi dire, nous ne connaissions pas encore chacun de ses murs. Pour ma part, j'étais encore entrain de m'ajuster à vivre en ces lieux, n'étant clairement plus habituée à quitter Nashville. J'avais pourtant fait une tournée en Europe ainsi qu'aux Etats-Unis, je devrais donc être habituée aux changements. Pourtant cette année de calme n'avait pas aidé à me rhabituer à tout ceci. Ce n'était pas bien grave, j'étais tout de même loin d'être mal à l'aise. D'ailleurs Casey avait du le remarquer puisque découvrir de nouvelles choses ne me faisait clairement pas peur. Que quoi qu'il arrive, j'étais toujours partante pour me lancer dans une nouvelle activité. Nouant mes cheveux en une natte, j'avais finalement pris la direction du terrain de jeux que j'avais le jour précédent repéré. Casey ne tardait pas à me suivre, un peu plus loin. « Tu vas voir, j'ai trouvé ça vraiment trop cool, je pense que tu vas aimer. » lâchais-je en un sourire alors que nous arrivions finalement à destination. « Alors ? » mon regard parcourra un instant chaque attraction avant de se vriller vers les prunelles azurées de mon camarade, yeux pétillants « Je trouve ça magique. » un nouveau sourire, et je me lançais déjà vers une des attractions, m'asseyant sur une des grandes balançoires. « Allez viens, c'est pas drôle si j'en fais toute seule ! »

J'avais toujours trouvé ça plutôt amusant. Oui, j'étais de ceux qui s'amusaient d'un rien, qui prenaient la vie comme bon leur semblait sans trop se soucier de paraitre ridicule ou maladroit, sans trop se soucier de se faire mal. On pouvait toujours se relever de tout. L'homme était par instinct fait pour survivre, moi j'étais faite pour m'amuser. C'est certainement pour cette raison que j'avais pensé bon d'entrainer mon partenaire avec moi jusqu'au terrain de jeux. Pas sûr que ça lui plaise cependant, mais je voulais essayer. Je voulais tenter de le faire sourire, de le détendre. « J'suis pas sûr que... » pourtant je l'invite à me rejoindre, là, sur la balançoire, à mes côtés. Elle est tellement grande qu'il n'aura aucun mal à trouver sa place. Je crois que c'est une à deux places, ou alors, c'est pour quelqu'un avec un postérieur vraiment trop volumineux. Et bon, je ne pouvais pas me vanter d'avoir ce genre de choses, donc autant qu'il en profite. « Tu ne préfères pas que je te pousse plutôt ? » dit-il comme pour éviter de monter à mes côtés. Peut-être avait-il peur ? Une moue amusée s'esquissa sur mon visage alors que je tournais la tête vers le jeune homme, mes mains agrippées sur les chaines en fer reliant le siège à la barre un peu plus haut. « Ça fait combien de temps que tu n'en as pas fait ? » dis-je avant d'ajouter « Que t'as pas fait de balançoire, je veux dire. » je saute de mon perchoir et m'approche du jeune homme, glissant mes deux mains dans les siennes pour le faire approcher un peu plus de l'attraction sur laquelle je ne tarde pas à reprendre place, mes mains toujours liées aux siennes. « Tu sais que tu peux compter sur moi, hm ? Je ne vais pas te piéger, ou te pousser. A vrai dire, je crois que de toute façon, si j'essayais, il y aurait de fortes chances que je tombe avec toi. » un léger rire s'échappa alors de mes lèvres.

Cela faisait un petit moment que je n'en avais pas fait non plus. J'avais toujours aimé ce genre de jeux et ne me préoccupais que très peu de l'image que je pouvais renvoyer. Trop enfantine ? Peut-être. Mais j'en avais besoin. J'avais besoin de vivre. Je ne m'étais d'ailleurs pas sentie aussi vivante depuis quelques temps que maintenant. J'étais heureuse. Et je crois que le fait que je participe à cette aventure y était pour beaucoup. Je veux dire... Je m'étais lancée un défi, une façon de repartir de zéro, d'être heureuse. Mon but n'était pas de gagner, non, de toute façon je voyais mal qui pourrait prétendre à ce stade du jeu pouvoir aller jusqu'en finale. Non, j'étais là pour profiter, faire de nouvelles rencontres. Casey sourit un instant. Il est drôlement mignon lorsqu'il sourit. Mais je vais garder cette pensée pour moi, je ne voudrais pas qu'il soit plus mal à l'aise qu'il ne semble déjà l'être. Il est vrai qu'il m'arrive parfois de pousser un peu trop les gens, d'être un peu trop entreprenante. Mais je ne le faisais que lorsque j'appréciais quelque. Que lorsque je sentais que je devais m'impliquer. M'ouvrir. « J'avais huit ans je crois. » ça remonte à un paquet de temps donc. Je ne pouvais clairement pas en dire autant. Je lui explique donc qui n'a clairement pas à avoir peur de moi, et que je comptais bien être là pour lui. Il devait probablement déjà le savoir, c'était d'ailleurs un peu stupide de ma part de lui rappeler. C'est ce à quoi servait un partenaire. « Je sais. Je te fais confiance je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, enfin ne te vexe pas mais je ne fais confiance à personne. Sauf toi. » mon sourire se joint au sien. Je crois que j'étais plutôt fière d'avoir sa confiance, d'autant plus si il ne la plaçait pas en n'importe qui. Je me mets alors à tapoter sur le siège à mes côtés, une moue enfantine s'esquissant sur mon visage et une fois qu'il est installé, je le regarde, un même sourire aux lèvres, liant une de mes mains à la sienne, autour de la chaine qui nous tient en suspension. « On va y aller doucement. De toute façon, c'n'est pas agréable quand on va trop haut. Trois, deux, un... » mes jambes exécutent un mouvement avant et arrière, tout en faisant attention d'être synchronisé avec celles du jeune homme. « La dernière fois que j'ai fait de la balançoire, c'était à Paris, dans un parc pour enfant. Tous les adultes nous regardaient avec incompréhension, c'était assez drôle. » un léger rire s'échappe de mes lèvres, un rire enfantin, cristallin.

« Et il ne faut pas oublier que je serais capable de tomber en arrière tellement je suis maladroit. » je souris un instant. Il m'arrivait d'être plutôt maladroite, mais clairement pas autant que le jeune homme, puisque du peu que je le connaissais, il me semblait bien l'avoir vu se cogner quelques fois. Moi ça me faisait sourire. Parce que ça le rendait plus attachant qu'autre chose. Le jeune homme ne cesse de sourire, ce qui laisse un léger rire s'échapper de mes lèvres. Il semble presque fier de lui, d'être là, sur cette balançoire à mes côtés. On flotte sur la légère et fraiche brise, c'est agréable. Mes cheveux tracent des vagues dans le néant, cherchant un point sur lequel s'écraser. Les mèches les plus épaisses s'abattent lourdement contre mes épaules, alors que les plus fines se laissent porter, ne semblant jamais réellement atterrir. J'ai l'impression de voler. Il baisse alors un instant la tête et reprend « C'était il y a longtemps ? Peut être qu'on était à Paris en même temps, sans même le savoir. Je t'envie en tout cas j'aimerais bien pouvoir faire ça aussi un jour. » « Il y a trois ans, je dirais. » répondis-je alors en regardant droit devant moi, fixant un point invisible, mon regard se perdant dans l'espace temps. Ces souvenirs étaient aussi bons que mauvais. Je ne savais même plus pourquoi j'en venais à les évoquer. Je les chasse ainsi de mes pensées, un sourire s'esquissant à nouveau lorsque mes prunelles d'émeraudes se raccrochent à ses azurées. « Mais je préfère encore être ici avec toi. » oui, c'était agréable, apaisant. Et je n'avais pas besoin de trop en faire pour exister. J'étais simplement moi. « Tu t'y es rendu quand à Paris ? Et tu es monté en haut de la tour Eiffel ? La vue est incroyable. » mes yeux crachent un instant des étoiles. Je me souviendrais probablement toujours de l'instant où j'avais découvert le sommet de celle ci, petite touriste que j'étais. « On y retournera ensemble un jour, j'en suis sûre. » toujours ce sourire rayonnant, apaisé sur mes lèvres, je reportais mes pupilles devant moi.

« Je suis désolé si j'ai... enfin ça n'a pas l'air... Je... Excuse-moi. » Evoquer mon passé ne m'a jamais vraiment dérangé, il était une partie de moi, qu'elle soit bonne ou mauvaise, tout dépendait des moments. Je crois que chacun d'entre nous avait ces moments que l'on regrettait ou d'autres que l'on appréciait, il fallait simplement savoir faire le tris, mais ne jamais oublier. Puisque c'est eux qui faisaient de nous ce que l'on était aujourd'hui. « Ce n'est rien. » un léger sourire s'esquisse sur mes lèvres, doux, délicat. « J'ai grandi à Paris en fait, j'y suis parti pour mes études. Ma mère est française. Oui, bien sûr... » oh, Casey était donc en partie français ? Cette idée ne m'étonnait pas vraiment, je trouvais qu'il avait une tête à être né dans la ville des lumières. Je crois que j'aimerais bien y retourner en sa compagnie. Il est agréable, et je sais qu'il n'osera jamais me décevoir. Qu'il est quelqu'un sur qui je peux compter. « Oui, c'est sûr. » Et alors que nous nous laissons porter par le vent, maintenant plus par instinct que par réelle et volontaire synchronisation, une musique retentit. Une musique que je connais un peu trop bien. Je ravale ma salive. Casey ne va pas être à l'aise à cette idée, et je ne veux clairement pas qu'il s'éloigne de moi. Je ne veux pas qu'il ait peur ou honte de ce qu'il va se passer. La balançoire s'immobilise et je sens l'une de ses mains glisser lentement sur ma joue. Je l'observe un instant droit dans les yeux, s'approcher de mon visage avant que mes paupières ne s'abattent, plus par instinct que par envie. Son souffle chaud se disperse contre mes pommettes et bientôt, ses lèvres vinrent délicatement se déposer sur les miennes. Un baiser incroyable doux. Incroyablement agréable. Si bien que je n'ose même plus me retirer. Je laisse s'écouler les secondes, comme si elles étaient sans fin, comme si je ne voulais pas qu'elles se finissent. Finalement, Casey se retira, mes yeux pouvant redécouvrir ses couleurs. « Je... Excuse-moi. » ce même sourire doux qui me caractérise s'esquisse sur mes lèvres alors que j'observe un instant le jeune homme. « Ne t'excuse pas Casey, c'était très agréable. » finalement je reporte mon regard devant moi, une fraction de seconde, sautant de mon perchoir tout en lui tendant ma main. « On rentre ? »