Je ne sais pas ce que je fais là. Je crois que j’ai un peu paniqué, c’est qu’il y avait beaucoup de monde, tout à l’heure, dans le réfectoire, comme samedi matin, quand il y avait le prime, et je les connais pas, moi, ces gens, ça m’a fait peur, je crois, parce que je sais qu’il n’y a pas Kat, dans ces gens, et c’est bizarre, cette sensation d’être seule, vraiment seule, avec tout ce monde autour de moi, d’habitude, c’est pas comme ça, d’habitude, ça va, parce qu’il y a Kat, alors, je me concentre sur elle, et ça va très bien, mais là, je savais pas où regarder, moi, et j’avais l’impression de me noyer, ouah, c’était affreux, et je suis partie du réfectoire, j’avais même pas faim, de toutes façons, et ça allait drôlement mal. En plus, j’ai encore pensé à ces fichues caméras, ça m’a angoissé un peu plus, ça va pas, si les gens me voient paniquer, à l’extérieur du jeu, je le sais bien, et ça plaira pas à Kat, elle sera déçue, si elle voit que j’assure pas. C’est pour ça que je me suis enfermée dans les toilettes, c’est ridicule, je le sais bien, mais ils n’en ont pas mis, là-dedans, des caméras, alors, c’est mieux. Je suis recroquevillée sur la cuvette, et j’attends, je sais pas vraiment quoi, que ça aille mieux, j’imagine, que mon cœur arrête de battre si vite, aussi. Je mordille le cordon du sweat de Jamie, un peu nerveusement, j’espère qu’il ne m’en voudra pas, trop, Jamie, quand je lui rendrai son sweat, je l’abime, c’est pas bien, je le sais, mais, tant pis, je lui en rachèterai un, s’il le veut, je ne sais pas encore avec quel argent, mais je me débrouillerai, quand je le reverrai. Et puis, je me fige en entendant du bruit. La porte est verrouillée. Ça devrait aller. Je ne veux pas sortir d’ici, moi, ah ça non, pas maintenant. J’attends un peu, et puis, je demande, d’une voix un peu hésitante : « Oliver ? » ce serait bien, que ce soit lui, ça m’irait, oui.

Voilà dix minutes que je suis debout, flânant dans les coulisses, traînant des pieds et cherchant de quoi me mettre sous la dent. Finalement j'arrive au réfectoire. Quelques candidats sont présents, mais encore dans mon sommeil, je préfère les ignorer. Il ne faut jamais me brusquer le matin. Si on vient me parler, je risque de ne pas répondre. Il me faut un certain temps avant d'émerger. En tête-à-tête avec mon bol de céréales, je joue les insociables. Mais je n'ai pas envie de parler, pas quand je mange. De plus, c'est malpoli de parler lorsqu'on a la bouche pleine. Une règle d'or. Je finis mon petit-déjeuner et ça même s'il est midi. Avec moi, il faut savoir que mes repas sont décalés. Le midi c'est le petit-déjeuner, vers 15h00 c'est le repas, à 6h00 le goûter et à 21h00 le dîner. Donc je risque de ne jamais manger en même temps que les autres candidats et ce n'est pas pour me déplaire. Lorsque je mange, j'aime être seul. Terminant tranquillement mon bol, je prends la route du dressing. Habillé, soudain je sens ma vessie se contracter. Une envie urgente. Limite si je ne cours pas pour rejoindre la caravane qui sert de salle de bain. Arrivé au niveau des urinoirs, je finis par me soulager. Pensant être seul en voyant l'endroit désert, j'entends une voix s'élever et s'adresser à moi. À qui d'autre sinon ? « Oliver ? » « .. hm ... mauvaise pioche ? ». Je finis ma petite affaire et je tente de savoir d'où vient cette petite voix féminine qui clame Oliver. Jetant un rapide coup d'oeil sous la porte des toilettes, je vois des pieds. « Tu es coincée .. ? ». C'est tout à fait possible, sinon que ferait-elle ici ?

Mince, c’est pas Oliver, c’est pas sa voix, et même, le garçon vient de me l’affirmer, c’est dommage, je voulais bien le voir, moi, Oliver. Il me demande si je suis coincée dans les toilettes. Ah, non, ça non, je pense que je paniquerais beaucoup, si c’était le cas, mais je me suis calmée, là, donc bon, ça va, ça va un peu mieux. J’attends un peu, avant de lui répondre, je tire sur ce cordon, encore, encore, et je me dis que ce ne serait pas poli, de ne pas lui répondre, quand même, vraiment pas poli, ce serait pas gentil. « Ah, non, non, j’attends, moi, c’est tout, j’attends. » j’attends, j’attends, sans vraiment savoir quoi, voilà, c’est stupide, je crois. « Je. Je ne veux pas sortir, je crois. » non, je ne crois pas, je suis sûre, je le sais, ça, au moins, je le sais. Je suis bien, là, il n’y a pas de caméra, c’est mieux, c’est drôlement mieux. « Tu t’appelles comment, toi ? On ne s’est jamais parlé. Enfin, c’est ta voix. Je ne me rappelle pas d’elle, voilà. » Même au prime, sa voix, elle ne fait pas partie des quelques voix que j’ai pu imprimer, alors, je ne sais pas qui c’est, ce garçon, moi. Je commence à entortiller le cordon autour de l’un de mes doigts, et mes pieds se balancent, s’entrechoquent l’un contre l’autre. « Tu pars tout de suite ? » je ne sais pas trop, je pense pas qu’il soit venu ici pour me parler, alors, il veut peut-être partir maintenant, c’est possible.

J'suis pas le bon. Elle s'attendait à avoir Oliver, sûrement son partenaire dans le jeu, sauf qu'elle tombe sur moi. J'me dis alors qu'elle est sans doute coincée dedans, vu qu'elle n'a pas l'air d'y faire sa petite commission. Même pas. « Ah, non, non, j'attends, moi, c'est tout, j'attends. » Étrange, mais je ne juge pas. Je peux l'être de temps en temps également. Elle avait peut-être besoin de se retrouver seule, d'avoir un peu de tranquillité. Ça ne doit pas être évident pour tout le monde de se retrouver ainsi à cohabiter avec tant d'inconnus. Ça peut être déstabilisant. Personnellement, je le vis bien. « Je. Je ne veux pas sortir, je crois. » Je me demande alors si elle va bien, si elle se sent bien, si elle a besoin que je la laisse, (...). « Tu t'appelles comment, toi ? On ne s'est jamais parlé. Enfin, c'est ta voix. Je ne me rappelle pas d'elle, voilà. » « Kimo. C'est mon prénom. Et toi tu es .. ? ». Si elle a élu domicile dans les toilettes, je ne dois pas l'avoir croisé auparavant. « Tu pars tout de suite ? » « Je te dérange ? ». C'est sûr qu'en venant ici je ne pensais pas taper la discute à une fille au travers d'une porte. Mais pourquoi pas. Peut-être qu'elle a besoin de parler, ou je ne sais pas, simplement faire connaissance avant de se sentir plus à l'aise dans le jeu. Du coup je finis par lui demander hésitant. « Tu .. tu vas bien ? Je veux dire, ça va ? ». Je ne veux pas me mêler de choses qui ne me regarde pas, mais ça m'intrigue. Si elle ne va pas bien, je vais me sentir gêné. C'est bête de rester ainsi toute la journée. Du coup elle me fait un peu de peine.

Kimo. Je répète son prénom, dans un murmure, pour bien l’avoir en tête, son prénom. Kimo, c’est drôle, comme prénom. Il me demande le mien, ah, oui. Je crois que je n’ai pas envie de lui répondre. Je me sens bête, voilà, de m’être enfermée ici, c’est bête, vraiment bête, et Kat, elle ne l’aurait pas fait, Kat, elle n’aurait même pas paniqué, elle. Je crois qu’elle ne panique pas souvent. Elle pleure pas beaucoup non plus. Elle s’énerve un peu, surtout contre Jamie, mais elle l’aime bien, c’est pas méchant, elle, elle s’énerve, c’est son truc, voilà. Je ne sais pas trop, si je veux qu’il sache qui je suis, le garçon, là, j’ai un peu honte, maintenant. « Ah, non, tu ne me déranges pas, vraiment pas, non, non. » et puis, même si c’était le cas, ce serait terriblement mal poli, que de lui dire ça, je crois. Je continue à tirer sur le cordon, encore, et il s’enlève, le cordon, je l’ai dans la main, et il n’est plus dans le sweat. Je regarde mon massacre, ma bêtise, j’espère que Jamie ne m’en voudra pas trop, et j’entends à nouveau sa voix. « Non, non, mais j’ai cassé mon sweat, enfin, ça va, maintenant, mais je viens de casser le sweat, c’est à Jamie, j’ai trop tiré sur le cordon, je crois que c’est foutu, je n’arrive pas à le remettre comme il le faut, ça veut pas. » je m’arrête, je parle vite, il faut que j’arrête de parler aussi vite. En attendant, j’essaye de rentrer à nouveau le cordon dans l’un des trous, mais, ça veut toujours pas, et j’essaye, mais non, et ça m’énerve, ouah, ça m’énerve, je casse tout, c’est pas bien. « mais ça va, ça va, toi aussi, ça va, tu vas bien ? » foutu cordon, foutu cordon, ça rentre pas, je ne sais pas pourquoi.

Je lui donne mon prénom, mais elle ne me donne pas le sien en retour. Peut-être qu'elle ne veut pas que je sache comment elle se prénomme. Ce n'est pas grave. Elle a le droit. Je ne suis pas vexé, loin de là. De plus, ça ajoute une touche de mystère. Jamais je ne saurais qui était la fille dans les toilettes. Cette pensée me fait sourire. Oui je trouve ça amusant. Drôle comme situation, étrange, mais amusante. Heureusement elle me fait comprendre que je ne la dérange pas. « Ah, non, tu ne me déranges pas, vraiment pas, non, non. » Sinon je serais parti, sans aucun problème. Moi-même par moment je préfère qu'on me laisse tranquille, qu'on ne vienne pas me déranger. Donc si elle m'avait dit le contraire, j'aurais compris. Mais peut-être que dans le cas présent elle accepte par politesse. Je n'essaie pas de chercher à comprendre. Alors que je me questionne sur son état, la mystérieuse inconnue me répond. « Non, non, mais j'ai cassé mon sweat, enfin, ça va, maintenant, mais je viens de casser le sweat, c'est à Jamie, j'ai trop tiré sur le cordon, je crois que c'est foutu, je n'arrive pas à le remettre comme il le faut, ça veut pas. » . Je ne pense pas avoir tout compris, mais du moins j'ai capté l'essentiel. Il y avait un cordon, un sweat et le sweat est cassé. Elle semble également avoir du mal à remettre le cordon en place. Par pure gentillesse, je lui propose. « Je peux essayer de le réparer ? Enfin ... si tu veux. Et .. si tu ne veux pas sortir, tu peux me passer le sweat sous la porte ? ». à chaque problème, sa solution. J'ai déjà eu ce genre de soucis avec mes pulls, je pourrais donc lui être utile. Par contre dans sa phrase elle a évoqué un certain Jamie. N'ayant pas mémorisé la totalité des prénoms des candidats, je me demande s'il en fait partie. « Jamie c'est un candidat ? ». Puis entre temps, elle me demande également si je me porte bien. « mais ça va, ça va, toi aussi, ça va, tu vas bien ? » « ... ça va, ça va .. » dis-je calmement. Cette fille semble étrange, mais ça ne me repousse pas pour autant. On a tous quelque chose de bizarre en nous. Moi-même il m'arrive d'être zarbi.

Il me propose de m’aider, pour le réparer, c’est gentil, il est gentil, je crois. « Non, non, je vais y arriver, il faut juste que… » je sais pas. j’en sais rien, en fait, de ce qu’il me faudrait, pour réussir à remettre ce fichu cordon à sa place, bien à sa place. Ça m’apprendra, tiens, à tirer autant dessus, je n’aurais pas dû, je casse tout, je casse toujours tout. Je recommence, je prends ce fichu cordon, et puis, je tends un peu le tissu, et j’essaie de le rentrer, et ça rentre, mais maintenant, je ne sais pas comment le rentrer, en entier, et il me parle, Kimo, et je bouge un peu, et le cordon retombe. Fichu cordon. Jamie, il m’a parlé de Jamie je crois, et il va bien, Kimo, il va bien, c’est ce qu’il me dit. Je me reconcentre, sourcils froncés, je vais y arriver, juré, il le faut bien. « Non, Jamie, il est pas là. » j’y arrive pas, je bouge trop, je crois, je suis même pas fichue de rentrer un cordon dans un trou, ouah, c’est dingue, vraiment. « Il n’aime pas beaucoup ça, le jeu. » et puis, maintenant, je crois que je le comprends bien, je ne suis pas sûre d’aimer beaucoup. Les caméras, il y en a trop, et puis, ça me gêne, d’être filmée comme ça, on ne devrait pas être filmé, voilà. Le cordon retombe, il était rentré, encore une fois, mais ça marche pas, j’agrippe le sweat, j’allais presque le jeter contre la porte des toilettes, moi, il m’énerve, ce sweat, avec son cordon qui tient pas. Mais, je me dis que ce serait vraiment bête, de faire une crise pour si peu, en plus, Kat, elle n’est pas là, alors, j’aurais du mal à me calmer, alors, non, faut pas. Je descends des toilettes, et je fais glisser le vêtement sous la porte, comme il m’a dit de faire, Kimo, et le cordon aussi, je le fais glisser. J’y arriverai pas, je crois, alors tant pis, il y arrivera peut-être, lui. Je m’assois à nouveau, en tailleur, c’est mieux. « Kimo ? Qu’est-ce que tu fais, dehors ? enfin, tu travailles ? »

« Non, non, je vais y arriver, il faut juste que... » C'est son choix, pas de soucis. Malgré tout, elle a l'air de bien galérer depuis tout à l'heure à essayer de remettre ce fichu cordon. Je reste donc à sa disposition dans le cas où elle en aurait marre et qu'elle me laisserait essayer. Marre d'être debout, je décide de m'asseoir au sol pour être plus à mon aise. Si je dois rester ici à discuter à travers cette porte, autant le faire confortablement. Intrigué par un dénommé Jamie, je lui demande si c'est un candidat de l'aventure qu'elle connaît déjà. « Non, Jamie, il est pas là. » Pas un candidat. Sans doute un ami alors. « Je vois. C'est un ami à toi ? ». Je tente tout de même à lui demander. Curieux jusqu'aux bout des ongles. « Il n'aime pas beaucoup ça, le jeu. » « Et toi ? Tu te sens bien dans le jeu jusqu'à présent ? » Question pertinente étant donné qu'elle s'enferme dans les toilettes. J'en ai conclu qu'elle n'était pas très à l'aise avec le concept. Mais autant lui demander. Personnellement le fait d'être filmé ainsi, ça ne me dérange pas plus que ça. Même si on a cette sensation d'être épié de chaque côté, je fais avec et j'arrive à prendre mes aises. Je ne serais pas étonné que certains candidats ne se soient pas habitués à cet environnement. Ça me paraîtrait même normal. Ce n'est pas facile de quitter son habitat, son chez soit et d'atterrir dans un tel endroit. Après ça s'en suit un léger blanc. Elle doit sans doute tenter de remettre ce cordon. Du coup je préfère moi aussi me taire. Mais quelques secondes s'écoulent et je l'entends à nouveau prendre parole. « Kimo ? Qu'est-ce que tu fais, dehors ? enfin, tu travailles ? » Et ce n'est que là que je vois le pull glissé en dessous la porte. Je m'en saisis, du sweat et du cordon, puis à mon tour je tente à le réparer. Je prends quand même le temps de lui répondre. « Je travaillais comme téléconseiller il y a plus d'une semaine, mais j'ai quitté mon travail. T'vois, je faisais chier les gens au téléphone, c'était naze comme job. Et toi ? Un travail ? ». Je suis quand même concentré à réparer son pull, c'est l'but premier.

Je me concentre un peu plus sur le cordon, parce que j’y arrive pas, et d’habitude, quand j’y arrive pas, c’est parce que je ne me concentre pas assez, alors, je fais des efforts, vraiment, mais du coup, je ne réponds pas à Kimo, pas tout de suite, parce que si je lui réponds, je vais pas y arriver, j’en suis sûre, ça va me déconcentrer, je peux pas me concentrer sur les deux, je crois, j’aimerais beaucoup, juré, mais ça marche pas. Mais, le cordon retombe, alors, je ne sais pas ce qu’il faut, moi, pour que j’y arrive à le remettre, ce foutu, foutu cordon. J’abandonne, même si c’est pas bien, d’abandonner, je le sais bien, mais Kimo, il est là, alors, moi, je choisis la facilité, même si c’est pas bien, tant pis, alors je le lui fait passer sous la porte. « C’est quoi, ça, téléconseiller ? » je connais pas, moi. Une histoire de téléphones, apparemment, mais je ne sais pas trop ce que ça peut être, en vrai. En tout cas, ça n’a pas l’air d’être bien, comme travail, ça. « non, non, je travaille pas moi. Jamie, il travaille, mais lui aussi, il aime pas ça. C’est pour ça, que t’as quitté ton travail, parce que tu n’aimais pas ? » je pense. Mes yeux se lèvent, c’est vrai qu’il n’y a pas grand-chose à voir, dans ces toilettes. « T’y arrives ? » j’aimerai bien qu’il y arrive. En plus, je ne sais plus quoi faire de mes doigts, ils ne peuvent plus jouer avec le cordon, maintenant, ça ne me va pas, et je tords un peu nerveusement mon débardeur, du coup. Je me demande à quoi il ressemble, Kimo. Je ne l’ai pas vu, pendant le prime. Je ne crois pas. Ca y est, je veux savoir. Je me mordille la lèvre, c’est pas une bonne idée, je le sens, mais tant pis, moi, je veux le voir un petit peu. Alors, je décroise mes jambes, et je me lève, pour me mettre debout sur la cuvette des toilettes. Je me penche un peu, pour agripper le haut de la porte avec mes mains. Mais je suis trop petite. Ou la porte est trop haute. Je ne sais pas trop. Je ne le vois pas. Je vois un morceau de la pièce, mais c’est tout. Je sais qu’il suffirait de quelques centimètres pour le voir, normalement. J’essaye de me mettre sur la pointe des pieds, du coup, de me tirer un peu plus haut, mais je ne le vois toujours pas, ça me frustre, et mes pieds glissent, et ça va très vite, je crois, mes doigts se détachent du haut de la porte, et je tombe, d’un coup, les fesses par terre, je me cogne le coude contre la cuvette, et tu parles, je vais encore en avoir un, de bleu, j’en suis sûre. « Ça va, ça va, je t’assure que ça va, j’ai juste glissé, mais ça va, tout va bien, vraiment. »

Elle veut connaître mon job, mais celui-ci n'a rien d'intéressant. Ça doit être pour ça que je l'ai quitté il y a une semaine environ, avant de venir aux états-unis. Avant celui-ci, j'ai testé un tas de boulots tout aussi pourris. Je crois qu'à Hong Kong j'avais un abonnement pour job de merde. Mais à quoi pouvais-je m'attendre alors que je n'ai aucun diplôme, aucune qualification. Cela ne veut pas dire que je n'ai aucune culture et que je suis un bon à rien. Du moins je l'espère, sinon quelle vie de merde. Et à mon tour je la questionne, sauf qu'elle semble plus préoccupée par son cordon. Je comprends qu'elle abandonne quand elle me refile son sweat et qu'elle enchaîne avec une autre question. « C'est quoi, ça, téléconseiller ? ». Je réponds vaguement, car moi-même je ne pourrais pas tellement expliquer quel était le but de mon travail. Mise à part faire chier les gens, non, non, je ne vois pas. « Tu passes tes journées à téléphoner à des gens pour faire du démarchage, de la pub. En gros tu les emmerdes alors qu'ils sont en pleins repas. Aussi tu reçois des appels de personnes en détresses, personnellement ça concernait la téléphonie et internet, donc je devais leurs lire la notice, chose qui ne servait strictement à rien et au final je me faisais insulter. Enfin bref, ce n'est pas un métier intéressant .. ». Quelle magnifique définition du job de téléconseiller. Je crois qu'on ne peut pas faire mieux. Après lui avoir répondu, je m'attelle à la réparation du pull. Ce n'est pas pour autant que je ne l'écoute plus, bien que je sois bien concentré. « non, non, je travaille pas moi. Jamie, il travaille, mais lui aussi, il aime pas ça. C'est pour ça, que t'as quitté ton travail, parce que tu n'aimais pas ? » . Acharné a réparer son sweat, j'en oublie de répondre. « T'y arrives ? » Finalement tout en m'appliquant, je finis par lui dire. « Ouais, ouais. Et ouais je ne l'aimais pas tellement mon job, comment l'aimer .. » Alors que j'arrive finalement au bout de ce pull et de ce cordon, j'entends un bruit provenant des toilettes. Une chute ? Mais que faisait-elle ? Légèrement inquiet je l'entends parler. « Ça va, ça va, je t'assure que ça va, j'ai juste glissé, mais ça va, tout va bien, vraiment. » « Tu es sûre ? Pas de mal ? Rien de casser ? » Il faut que j'arrête de m'inquiéter autant alors qu'elle vient de me dire que ça allait bien. « Voilà ton sweat si tu veux .., je l'ai réparé .. » dis-je en le passant sous la porte. « Tu ne .. ne veux pas .. sortir ? » J'aimerais beaucoup poser un visage sur cette voix. Du coup je tente .. .