Lorsque Kali entre dans la laverie automatique et entièrement refaite pour la première fois, elle a le sourire aux lèvres. Elle est vêtue d'un petit short en jeans et d'une longue chemise à carreau. Tout simplement. Un tas de linge pas encore trop imposant dans une bassine, elle pose le tout sur le sol avant d'analyser une seconde la machinerie face à elle. Pas franchement le même modèle qu'à la maison. Faut dire que la sienne est une ancêtre de machine à lessiver. Rien de moderne ou digitalisé comme celles faites actuellement. Ca va donc être plus dur de s'y retrouver. Cela dit, ce n'est pas non plus de la micro science ... Du moins c'est ce qu'elle pensait. Alors qu'elle avait pourtant réussi à faire tourner ses vêtements et choisir un programme possiblement approprié, voilà qu'une quantité de mousse non négligeable s'exfiltre les fentes. Kali ne le voit pas de suite, préoccuper à regarder par la fenêtre. Mais lorsque de l'eau vient lui chatouiller les doigts de pieds nus, elle se retourne et fait face à la catastrophe. De la mousse partout ! De l'eau qui pisse et une machine qui tremble plus que de nature. Non non non NON !!! S'exclame-t-elle en se précipitant sur les boutons. Elle manque de glisser au passage, se rattrape de justesse et appuye sur "Stop" en jurant. Une fois, deux fois, trois fois. Toujours rien. Mais bordel !!! Kali se cripse face à la non-réponse de l'engin mécanique. Elle se met alors à appuyer partout en même temps. Ce n'est surement pas la solution mais le seul mouvement de panique et de colère qu'elle soit encore capable de fournir. A non, il y en a un autre ... et la voilà : Kali lève ses petits poings et les abbats sur le sommet de la bête : Mais arrête-toi bon sang de saleté de machine !!!! Ses poings tambourinent et la mousse continue d'affluer. Visiblement la technique est à revoir.

Je ne sais pas pourquoi je m'étais imaginé, que l'on nous ferait notre lessive en venant ici. Je ne pouvais pas plus me tromper. En même temps je ne sais pas tellement à quoi je m'attendais, à ce que l'on ait des personnes à notre service vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Peut-être bien, mais c'était naïf de penser une telle chose. Surtout stupide je devais l'avouer. Tout était tellement nouveau pour moi que je ne savais plus tellement ce que je devais faire ou pas. Ma lessive en tout cas faisait partie des choses à faire par moi-même, très clairement. Je devrais pouvoir me faire à l'idée, ce n'est pas si terrible que ça, je devrais pouvoir y survivre. Et puis il faut dire que je n'ai pas énormément de pantalon non plus, alors je ne peux pas me permettre de faire ma lessive une semaine sur deux. J'attrape une panière, et dedans je mets tous les vêtements que j'ai porté dans la semaine, qui sont en réalité à peu près tous les vêtements que j'ai apporté en venant ici. J''ai sans doute emmené dix fois moins de vêtements que la plupart des femmes qui sont ici, mais soit. Une fois rendue près de la laverie, je sens une forte odeur de lessive. Une odeur un peu trop présente, si vous voulez mon avis. J'entre et à mon grand étonnement je vois de la mousse qui déborde du tambour de la machine et qui s'étale désormais sur le sol. En prime je vois une jeune femme blonde s'énerver contre la machine qui ne semble visiblement pas lui obéir. Je la regarde sans dire un mot, et je débranche la machine à laver pour qu'elle s'arrête. « Voilà, elle ne devrait plus te poser de problème maintenant. » Elle allait pouvoir arrêter de faire tambouriner ses poings contre cette pauvre machine. « Si tu veux je laverai tes vêtements en même temps que les miens. » Enfin pour cette fois tout du moins, je voulais lui éviter de rentrer dans une colère noire. « En attendant il va falloir nettoyer tout ça. » Sauf si elle compte laisser la mousse s'en aller toute seule, mais je doute que ce soit une solution viable.

Lorsque soudain ma machine se stoppa nette et qu'elle pu entendre une voix à ses côtés, Kali se retourna à la hâte. Elle fixa la presque inconnue et se prit comme une grande gifle dans la figure lorsqu'elle comprit le geste venant d'être effectué. Un geste d'une simplicité et d'une logique enfantine. Une fois encore, Kali s'était laissée portée par son emportement et sa colère montante, lui obstruant tout bon discernement d'action. Elle serra la mâchoire, fâchée sur elle même. Si elle y avait pensé plus tôt, le bordel serait moindre. Elle a envie de continuer à se soulager, peut-être shooter dans quelque chose et surtout ne pas faire causette. Mais ce serait vraiment débile. Et plus encore ! Elle devait apprendre à se maitriser et res-pi-rer. Ce qu'elle fit. De manière assez peu dissimulée d'ailleurs mais elle devait faire redescendre la pression. Elle articula un " Merci " que la politesse lui obligeait de prononcer. La jeune brune face à elle lui proposa même de faire tourner son linge avec le sien. Une proposition qui l'aida à continuer à reprendre son calme. Elle souffla un grand coup, main sur les hanches. Non t'inquiète laisse tomber ! C'est cool mais te formalise pas avec ça. Elle se sent le devoir de la mettre en garde. En plus là ça m'a tellement énervée que je risque d'être de très mauvaise compagnie. C'est déjà une avancée. Elle regarde alors l'étendue des dégâts et sent une nouvelle chaleur lui remonter le long de l'échine. Elle serait prête à crier un gros coup. Mais à nouveau, elle se concentre sur sa respiration pour que ça passe. Fallait bien que ça m'arrive à moi ce genre de connerie ! Dit elle les pieds nus toujours à moitié dans l'eau et les bulles de savons. Elle replace une mèche de cheveux lui barrant le visage et décide d'ailleurs de les attacher avec un élastique qu'elle gardait toujours autour du poignet. Dans le coin de la pièce, une petite réserve. Elle se dirige vers cette dernière espérant y trouver de quoi éponger et racler

Je suis assez étonnée de l'odeur qui s'échappe de la laverie quand je passe devant celle-ci. Bien évidemment on sent toujours plus ou moins une odeur de lessive, mais elle n'est jamais aussi forte que celle que je sens maintenant. Quelqu'un a peut-être décidé de mettre toute la bouteille dans le tambour, je ne sais pas trop, mais je sens qu'il se passe quelque chose d'étrange. Et j'en ai la confirmation lorsque j'entre dans cette laverie et que je vois de la mousse sur le sol, et une jeune femme passablement énervée de ne pas pouvoir éteindre la machine à en juger par ses poings qui martèlent l'appareil. Sans dire un mot, je vais pour débrancher la machine et ainsi arrêter ce fiasco. Ainsi, je lui propose de laver ses vêtements avec les miens, autrement j'ai peur qu'elle ne finisse par achever cette pauvre machine. Simplement elle refuse et me préviens qu'elle risque d'être de mauvaise compagnie. C'est comme elle veut, moi après tout ça m'est égal. « Comme tu veux. » Je hausse les épaules. Après tout je ne vais pas la forcer, cela me fait moins de travail de ne laver que mes vêtements. Je sens bien que toute cette histoire de machine à laver l'a énervée, même plus que de raison, mais je n'aurais su dire pourquoi. Elle ajoute même qu'il fallait que ça lui arrive à elle, ce qui m'arrache un sourire avant qu'elle ne parte chercher de quoi nettoyer. « Tu es sûre que ça va ? Enfin je veux dire ... C'est pas grave, c'est juste un peu de mousse par terre, ça se règle rapidement. » Je lui demande simplement comme ça pour m'en assurer, parce que j'ai rarement vu des personnes s'énerver pour une histoire de machine à laver et de mousse par terre. Elle n'est pas obligée de me répondre, on vient à peine de se rencontrer, je comprendrais, enfin à moitié, qu'elle m'envoie balader.

Alors qu'elle ouvre le petit placard du coin, elle y trouve comme espérer, tout le nécessaire de ménage possible. Mais plus que ce dont elle a besoin. Beaucoup plus. A vrai dire la petite pièce est en bordel monstre et arriver à en sortir la serpillère n'est pas chose aisée. Elle enjambe une volée de sauts et de caisse à savons, glisse a nouveau, se retrouve assise sur une caisse et voit le manche de la dite serpillère lui tomber sur la tête. Aïeuh ! Mais merde enfin ! Tu parles d'une après midi ! Tout ça n'est pas vraiment pour la calmer. Avalon n'insiste pas pour les vêtements et ce comportement assez rationnel a au moins le mérite de plaire à Kali en telle situation. Elle n'aurait pas supporté une pâteuse gentillesse insistante qui l'aurait doublement énervée. Non Avalon réagissait parfaitement comme il fallait face à Kali. Cela dit, elle ne peut se résoudre à quitter la pièce et la rejoint prudemment. Elle émets son avis. Assez simplement. Kali souffle un grand coup et se retourne vers la brunette tout en s'extirpant du placard avec la serpillière en main. Je sais que ce n'est pas grave mais c'est en moi ... Cette facilité de m'énerver pour un rien. Ca me plombe le moral en 3 secondes et de savoir que je m'énerve pour rien, ça aussi ça m'énerve ! Alors tu vois je tourne en rond, je peste et puis je ne fais que conneries sur conneries ! Son ton n'est pas encore vraiment calmé mais elle arrive à ne pas dirigé son énervement vers la jeune femme face à elle. Elle ne devait pas. Avalon n'avait rien fait d'autre que se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et avait encore eu la politesse de vouloir aider. Elle se mord la lèvre inférieur. Un tic pris il y a peu pour l'aider à se calmer. Elle reprend. Cette fois un cran plus bas. Faut pas croire hein mais je bosse sur moi même en plus. Elle se force à esquisser un minuscule petit sourire et se met à éponger le gros de l'eau. A quatre pattes, dans la mousse, elle demande alors : Tiens si tu veux vraiment m'aider, raconte moi un truc cool, marrant ou je ne sais pas, quelque chose pour me distraire ... Voilà qui était plus intelligent. Et de toute façon, c'était à elle de ramasser les bêtises qu'elle avait faite.

Ce n'est qu'un peu de mousse qui s'est échappée du tambour de la machine, il ne faut pas qu'elle en fasse toute une histoire. Je comprends que ça puisse l'énerver, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi elle se met dans un tel état. J'espère qu'elle va se calmer, ça ne vaut pas la peine de s'énerver pour une machine récalcitrante. Et puis plus elle s'énerve, plus elle risque de faire n'importe quoi. C'est d'ailleurs ce qui lui arrive quand elle glisse. « Tu devrais rester assise là, comme ça plus rien ne pourra t'arriver. » Je souris, j'essaie de la détendre, mais je ne suis pas certaine que cela ait l'effet escompté. Tout ce que je veux c'est qu'elle se calme. Parce que je n'aime pas quand les autres sont énervés, surtout que là ça n'en vaut pas la peine. Alors je lui demande si elle va bien, ce n'est peut-être pas que la machine, peut-être qu'autre chose la tracasse. Je n'en sais rien, j'essaie de le découvrir, même si elle n'est pas obligée de me parler. « Pour commencer tu devrais arrêter de te servir de cette machine à laver, je suis sûre que tu auras moins de problèmes. » Ouais bon c'est la seule solution que j'ai à proposer, je suis nulle pour ça. J'espère qu'elle ne le prendra pas mal, je ne veux qu'une seule chose c'est qu'elle se détende. « Je suis sûre que tes efforts vont payer. » je réponds quand elle me dit qu'elle travaille pour essayer de changer. Et puis les choses se compliquent, elle me demande de lui raconter quelque chose de marrant ou de cool. Je suis douée pour écouter, mais pour parler pas vraiment. Je sais jamais réellement quoi dire. « Oh ... Je suis pas vraiment douée pour raconter des histoires. » Non vraiment pas, c'est une excuse par avance pour ce que je vais lui dire. Je réfléchis quelques secondes avant d'ouvrir la bouche. « Hier j'ai voulu emprunter du mascara à quelqu'un. Je m'en suis jamais mis de ma vie, je voulais voir comment ça faisait. Mais je m'en suis mis partout sauf sur les cils, et puis j'ai fini par me mettre la brosse dans l’œil. J'ai fermé les yeux, j'ai voulu faire un pas et je me suis cognée la tête contre le miroir. Tu vois t'es pas la seule à faire n'importe quoi. Voilà je suis désolée, j'ai rien de mieux. » Je suis nulle, je le sais bien, mon histoire est pourrie, je voulais juste lui montrer qu'elle n'était pas la seule à faire des conneries.