ft. chaton

Je contemple le parc de derrière la baie vitrée, les bras croisés et les yeux dans la vague. Dehors, il fait beau, le temps est idéal pour une petite promenade en solitaire. Vêtue d'un jean étroit des plus basiques et d'un très large pull en laine blanc, je me chausse rapidement de mes bottines de cuir avant de sortir à l'extérieur. L'air frais ne me gifle pas la peau, il est doux et laisse présager le retour prochain du printemps. On est le premier février, le mois des amoureux, et je sens comme des effluves dans le nid qui m'échappent un peu, moi la petite Marie-Madeleine qui ne porte que trop bien son prénom quand elle ne boit pas. Mains dans les proches, je traverse d'un pas serein le jardin sans trop savoir où me rendre, vers les falaises sûrement puisque c'est l'endroit le plus apte à la méditation et où le paysage est le plus spectaculaire. Les cheveux dans le vent, je me mets à fredonner une chanson du bout des lèvres, avant de croiser sur ma route le petit chaton de la maison, planté au milieu du champs les bras ballants. Je me demande ce qu'il fabrique. Peut-être réfléchit-il, ou alors essaye-t-il d'entrer en communion avec la nature? Je n'ose pas m'approcher sur le moment, il ne semble pas avoir remarqué ma présence, mais des occasions pareilles sont rares quand on pense à l'inconstance du gamin dans l'air. Un large sourire aux lèvres, je me précipite vers lui en courant avant de bondir sur son dos dans un cri enfantin, lui cachant les yeux alors que mes jambes s'enroulent fermement autour de son bassin pour ne pas tomber. « Qui c'eeeeest? » Je ne le sens même pas vaciller sous mon poids. Le bébé est plus fort qu'il n'y parait.

Je perdais mon temps, cherchant des yeux ce qui pouvait s'apparenter à une brique de lait, fouillant du regard le frigo à la recherche d'un quelconque récipient en contenant. Je ne savais pas trop où se trouvait la réserve d'aliments, je ne savais même pas comment nous faisions pour nous nourrir chaque semaine. Peut-être que des grands kangourous bleus apportaient toutes nos friandises et autres mets des plus gouteux dans leur grandes poches sur leurs bas ventres. Je ne voyais pas d'autre explication... Finalement, la brique m'apparut comme par magie alors que je relevais le regard et le posais sur le comptoir. La soulevant, je remarquais la légèreté de celle ci avant de la secouer dans tous les sens pour en tester son contenu.Bon, elle ferait l'affaire. M'en servant la moitié d'un verre, je plaçais mon carnet sous mon bras et mon crayon à papier derrière mon oreille droite, engouffrant un tas de bonbons dans mes poches avant de me mettre en route pour le jardin. Il ne faisait d'habitude pas réellement chaud dans les environs, ou du moins pour la saison. Mais étrangement je n'avais pas froid, peut-être que le nid était dans une sorte de globe créant d'une chaleur ambiante plus élevée que la moyenne. Vous savez, comme dans ce film là... mince, j'en perdais le nom. Bref, vêtu d'une simple chemise bleue à carreaux ouverte de moitié, d'une légère écharpe en tissu blanche neige et d'un jean, je m'étais allongé quelques instants dans l'herbe fraiche, laissant un léger frisson me parcourir, les bras et jambes en étoile avant de m’asseoir en tailleur, comme à mon habitude et de relever le torse. Mes affaires étaient étalées un peu partout devant moi, je ne savais pas réellement ce que j'allais en faire, mais l'idée était là. Avant que je ne perde la vision. Un poids s’abattit sur mon dos, alors que je sentais quelque chose passait autour de ma taille, j'étais attaqué ! « Qui c'eeeeest? » « Euh... Euh... » lâchais-je tout affolé, sentant les larmes me monter aux yeux du à l'effet de surprise. « Une inconnue que j'ai rencontré y'a un peu plus d'une semaine et qui est peut-être une tueuse ou une super nana?! Ou alors c'est le fantôme du nid ou la réincarnation de Cupidon venant telle Jésus, rendant visite à son peuple. Je dois t'attacher à une croix tu crois ? »

Je sens Franckie paniquer "entre" mes mains, il m'apparait même tout affolé alors qu'il se perd déjà dans un discours sans queue ni tête, n'osant plus faire un pas. J'aurais dû me douter que le jeune homme était trop sensible pour supporter une telle attaque de ma part, je m'empresse de descendre de mon perchoir avant de le tourner vers moi, inquiète. « C'est moi chaton! » Je lui dis, les mains fermement vissées sur ses épaules. Il a l'air complètement paumé, l'aurais-je assommé dans mon saut? C'est probable, je suis tellement maladroite il faut dire. Je redresse le col de sa chemise froissé, il me rappelle mes petits frères et je ne peux m'empêcher de le materner. « Euh... Franckie, je voulais dire Franckie. » Je me reprends en pinçant les lèvres, un peu honteuse de prendre autant d'aise avec lui alors qu'il ne me connait même pas. Je finis de le rhabiller, esquisse un léger sourire et me recule. Je glisse une main dans mes cheveux avant que mon regard, dans sa fugue, ne se pose sur ses affaires éparpillées au sol. « Qu'est-ce que tu faisais de beau? Je peux m’asseoir avec toi? » Je n'attends pas sa réponse que déjà je m'installe sur l'herbe sans attendre, les jambes étendues devant moi. Je rejette la tête en arrière, silencieuse, les rayons du soleil sont si rares ces derniers temps alors autant en profiter un maximum avant la pluie.