Très vite, je me retrouve à tourner au bras de cette blonde. Son prénom m'échappe. C'est aller tellement vite que je me suis même pas rendu compte qu'elle m'avait attiré avec elle. Je danse en rond, avec elle. D'ailleurs, ça semble lui faire vraiment plaisir que je me prête au jeu. Je sais pas trop si l'alcool lui est déjà monté à la tête mais elle a l'air bien d'humeur festive. « Et là t’as toujours le tournis ? » me demande t-elle, tout en continuant de me faire tourner avec elle. « Presque au point de vomir. » Puis elle m'attire rapidement à l'autre bout de la salle, m'annonçant qu'elle doit me présenter quelqu'un. Doucement, on vient quand même de tourner en rond pendant deux minutes. On s'arrête devant un mec que je connais pas encore. Son partenaire certainement. Qui a l'air assez agacé et blasé d'être là. « Comment tu t’appelles déjà ? » Je reporte mon attention sur elle alors que son partenaire, le fameux Valeri, en profite pour lâcher une pique. « Le fils caché de Bobby Farrell ? » J'esquisse un petit sourire et arque un sourcil. Ca, c'est le genre de blagues qu'on a du me faire un million de fois déjà, limite une récurrence quand on me rencontre. A défaut d'être le fils caché d'un des Jackson 5, aujourd'hui je suis le fils caché de Bobby Farrell. « En personne. Quoi, c'est si évident que ça ? » Je me retourne vers la jolie blonde et réponds à sa question. « Moi c'est Sig. Il faut aussi que tu me rappelles ton prénom. ». Je remarque que Valeri n'est pas déguisé. Ca m'étonne pas. Ca se voit que ce genre de soirées ne sont pas sa came. Il me dévisage un peu et au moment où je m'apprête à lui demander ce qu'il a, voilà qu'il me dit : « Ta pleurnicheuse de partenaire n’est pas là ? » Je hausse les épaules et balaie la salle du regard. Pas à mon connaissance. Puis, je la vois plus loin, elle vient d'arriver apparemment. Et déguisée en plus, elle joue le jeu. « Si, derrière toi. Pourquoi tu la traites de pleurnicheuse ? » je demande, désireux de connaitre l'histoire entre ma partenaire et ce Valeri.

Il avait dit cela comme ça. Une plaisanterie enfantine, juste pour mettre un semblant de bonne humeur dans cette genèse conversationnelle. Il paraitrait que ce soit lui en personne. Le fils de Bobby Farrell. Evidemment, c’était une boutade. « Tu dois être beaucoup moins talentueux que ton père… » souffla-t-il alors. Ainsi, il disait s’appeler Sid… ou Sig. A vrai dire, Valeri avait eu quelques difficultés à entendre comme il faut la prononciation de ce bref nom. La faute à ses camarades bien trop bruyants. Certains appellent cela, l’effet cocktail party. Ce serait plutôt, dans ce cas-ci, l’effet Rhum party. Puis, un [d] ou un [g], ça se ressemblait plus ou moins… « Enchanté, Sid ! » articula-t-il plus ou moins distinctement, buvant alors une gorgée de son rhum. « Valeri » souffla-t-il finalement. Après ces brèves présentations, il lui demanda donc si sa partenaire n’était pas là, par hasard. Le détail. La présence ou non de cette fille, qui répondait au doux nom d’Opaline. Mais que Valeri avait rapidement associé à « pleurnicheuse ». Tout le monde devait le penser de toute façon, elle n’était qu’une pleurnicheuse. Elle pleurait tout le temps. Le petit sourire en coin s’effaça rapidement des lèvres de Valeri lorsque son camarade lui dit qu’elle était là. Et juste derrière elle. Il fronça des sourcils, avant de se retourner alors. Voulant juste constater par lui-même. Après tout, c’était peut-être un mauvais plaisantin. Juste derrière elle. Oui, elle était bien là. Il la salua brièvement d’un signe de la tête, dessinant un petit sourire. Avec de la chance, elle n’aura même pas entendu les quelques mots qu’il avait pu tenir à son égard. Puis, Valeri avait toujours de la chance (plus ou moins), alors elle n’avait pas entendu. Il reporta son attention sur deux nouveaux compagnons de fortune, Jaileen, mais surtout sur ce garçon qui s’appelait en fait Sig, mais pas Sid comme il avait cru entendre. Forcément, il eut fallu qu’il lui pose une question. Pourquoi la traitait-il de pleurnicheuse. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Valeri. Il était vraiment sérieux avec sa question lui ? « Hum ? Elle chiale tout le temps ! Rien que le premier jour, lors de votre entrée, elle s’est mise à chialer. Tu n’vas pas me faire croire que cette fille n’en est pas une. » soupira-t-il. « Hé ! T’as qu’à la faire venir avec nous. ». Idée lumineuse de Valeri.

Me voilà en train de converser avec ce Valeri qui semble plutôt sympa au premier abord, malgré ses allures de rebelle. Rebelle parce que c'est le seul à ne pas avoir revêtu son déguisement. Mais bref, on s'en fiche. Je reprends une gorgée de rhum, j'avais même pas remarqué que la bouteille était restée dans ma main libre. Puis, il écorche mon prénom. Ca va pas le faire. C'est pas contre lui. J'aime juste pas qu'on m'appelle Sid quand je m'appelle Sig. Je manque pas de le lui rappeler. « C'est Sig. Avec un G à la fin. S-I-G. » Puis, il me rappelle son prénom, que je sais déjà grâce à sa partenaire. Ca me fait bizarre de l'entendre parler d'Opaline. Bah c'est vrai, c'est peut-être ma partenaire mais on a pas vraiment eu le temps de se créer une complicité, même minime. Je la connais pas. Parce qu'elle est timide, réservée et tout ce que vous voulez mais aussi parce qu'elle semble pas vouloir qu'on la connaisse. Principale raison pour laquelle je suis surpris de la voir débarquer dans la salle. Mais je suis content, certainement qu'elle veut enfin se prêter au jeu et ça me ravit. « Hum ? Elle chiale tout le temps ! Rien que le premier jour, lors de votre entrée, elle s’est mise à chialer. Tu n’vas pas me faire croire que cette fille n’en est pas une. » Je sais pas, je l'ai jamais vu pleurer moi. Je l'ai vu mal à l'aise, plutôt gênée d'être là mais pas en pleurs. « Elle est timide, elle a du mal à s'intégrer. C'est pas une pleurnicheuse pour autant. » Ou peut-être que ç'en est une mais je vais pas la descendre. Au contraire, c'est ma partenaire, mon binôme, la raison pour laquelle je veux la défendre coûte que coûte. « Hé ! T’as qu’à la faire venir avec nous. » Bonne idée. Enfin, ça dépend comment elle va réagir. C'est pas le genre de fille pour laquelle je peux anticiper une réaction. Juste, pourvu qu'elle ne termine pas en pleurs. « Eh ! Opaline ! » Elle se retourne en entendant son prénom, instinctivement, sur la défensive. Je lui fais un signe de la main pour lui indiquer ma présence et que c'est moi qui l'appelle. Elle est avec Thelma et l'autre blonde de tout à l'heure mais elle est en retrait. Elle peut totalement s'éclipser sans problèmes. « Ca va ? Viens avec nous ! » Un petit sourire pour l'amadouer et on espère que le tour est joué. Mais bon, c'est quand même Opaline. Le tour est jamais joué.

J'essaye de rassurer Rhys parce que c'est mon rôle en tant que partenaire. C'est logique, il panique et je me dois de le rassurer. C'est comme ça. Il n'a pas l'air convaincu pourtant il semble un peu s'être calmé, même qu'il retire son œil de pirate aussi mignon puisse-t-il être. J'aurais sans doute dû éviter de lui filer mon verre mais bon, c'est quand même mieux qu'il décide lui même. Il n'a pas l'air d'apprécier, ça me fait sourire, il est mignon. Je l'écoute se présenter à Sandro qui fait de même, d'une manière particulière certes mais ça ne m'étonne même pas vraiment de sa part. « Tu vois, même lui, il dit que mon déguisement est génial. » Mais bien sûr, il est génial son déguisement ça va de soit. Sauf que je dodeline de la tête. « Non, on sait tous les trois que ton déguisement craint, mais il est juste beaucoup mieux élevé que moi pour le dire à voix haute. » Ou peut être qu'il a peur de contrarier la bête. Ce n'est pas mon cas alors je le dis. Je ne peux pas faire autrement, je dois souffrir d'un trouble qui me force à dire ce que je pense. Sans doute, c'est pas vraiment un mal dans ce cas là. « Tu parles un peu comme un autiste.. T’es autiste ? » Il vient vraiment de ... Non mais sérieusement ? Il vient vraiment de poser cette question ? Oh mais quelle mufle et encore je suis gentille. « Oh ! » Je le bouscule légèrement, ouais légèrement parce que bon c'est pas vraiment une crevette dans son genre et que j'ai pas non plus envie de réveiller sa colère, juste lui signifier qu'il a carrément merdé, même s'il s'en soucier autant que la couleur du soutif que je porte, encore que peut être que ça l'intéresse un peu plus ce genre de détail. Evidemment la réaction de Rhys ne se fait pas attendre. « Je sais pas... non... je crois pas. » Oh non. Je fais la moue et pose ma main sur son épaule que je caresse délicatement. Faut pas que ça le contrarie parce que ce n'est que Sandro. « Venant d'un type qui a du mal à partager ses affaires j'trouve ça pas mal gonflé. » Je lance à l'attention de Sandro à qui j'adresse un sourire narquois. Des deux celui qui agit comme un autiste ce n'est pas mon partenaire. Clairement. Sauf que pendant ce temps Rhys doit psychoter, puisqu'il me rend mon verre et qu'il part. Je soupire. « Rhys, tu... » Mouais, j'sais même pas s'il va m'entendre. J'suis pas douée lorsqu'il s'agit de réconforter les autres, mais j'irais le voir après, pour sûr. Je vide le verre d'une traître et le pose sur la table. « Tu sais John, si tu voulais rester seul avec moi il suffisait de le dire, t'étais pas obligé de traumatiser mon partenaire. En plus j'sais pas si j'ai toujours envie de te montrer comment divertir un pirate comme toi.... Tu m'as coupé dans mon élan. » Je fais la moue, même si je me suis rapprochée à peu près à la distance qu'avant que Rhys ne nous interrompt.

Elle me dit que mon costume me va bien, ça me fait sourire, c’est gentil, je trouve, elle n’était pas obligée, vraiment pas, et elle me demande si je veux boire, en me tendant une bouteille. Je ne sais pas trop ce que c’est, moi, j’hoche la tête, je ne veux pas paraître encore bizarre, et je prends la bouteille en la remerciant. J’approche le goulot de mon nez, pour sentir, avant, quand même. Je ne connais pas cette odeur. Je m’en rappellerais, sinon, j’en suis sûre, mais là, je ne connais pas, juré. Je n’ai jamais bu de ça. J’en bois une gorgée, parce que je veux bien goûter, moi. Mais ce n’est pas bon, vraiment pas, et ça me fait grimacer un peu, et j’espère que ça ne va pas trop fâcher Zola, si je n’aime pas, moi. Le goût, il n’est pas bon. C’est de l’alcool. J’en ai déjà bu avec Jamie et Kat. Mais ce n’était pas ça. Je lui redonne la bouteille, du coup, si elle aime bien, elle, voilà. « j’ai pas l’habitude de boire ça, je crois. J’aime pas le goût, c’est pas bon, ah, vraiment, je crois que je préfère le lait. Ou le thé glacé, c’est bon, ça aussi, le thé glacé, je trouve. » Et puis, Opaline arrive à côté de moi, et je la vois qui agrippe ses doigts au tissu de mon déguisement. Je fais souvent ça, aussi, quand je suis un peu anxieuse, souvent, mais pas là, là, ça va. Je ne sais pas pourquoi, mais ça va un peu, là. Mais peut-être pas elle. C’est pour ça, je la regarde, j’essaye de l’interroger, un peu, comme ça, sans parler, rien qu’avec les yeux. Mais quelqu’un l’appelle, c’est Sigvard. Je crois que c’est son partenaire. « Tu. Tu peux y aller, si tu veux, enfin, t’as pas besoin de ma permission, mais voilà. » c’est vrai que j’aimerais bien qu’elle reste un peu. Mais, c’est son partenaire, enfin. Je regarde Zola, je ne sais pas si elles se sont déjà parlées, elles, je me demande. Mais je n’ose pas demander.