the leech and the danish ~ 27/05 - 16:23

Mais… Une voix en suspend et une curiosité intriguée qui s’éveilla. C’est toujours comme cela en général. Quand les gens ne finissent pas leurs phrases, on les pousse à le faire, par curiosité, par appétit. Nous ne sommes des âmes crédules assoiffés par nos curiosités. Au fond, il se doutait bien de ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire. Sûrement parce qu’il avait déjà entendu ce discours quelque-part, par quelqu’un d’autre. Ici ou là. Elle n’était pas la première à lui dire ça. Notamment dans ce jeu, elle n’était pas la première. Oh ça non. Il y avait eu ce garçon qu’il avait rencontré à la gare et avec qui il avait fait un tour de train, des détails peu intéressants certes. Mais… on ne contrôlait pas ses sentiments, lui dit-elle alors. Certainement. Il ne pourra pas non plus lutter contre. Sûrement. Peut-être. Peut-être pas. Il ne savait pas vraiment, à vrai dire. Il resta juste insensible aux dires de Lena. Il se contenta d’acquiescer de la tête. On passait notre temps à contrôler, à lutter contre. A contrôler notre vie, notre entourage, nos… sentiments. Valeri lui fit alors remarquer qu’elle devrait peut-être manger son esquimau, avant qu’il ne fonde entièrement entre ses mains. A force de parler, elle en avait oublié de déguster sa glace. Ce serait fort dommage que ses mains se retrouvent couvertes d’un mélange glace-chocolat-noisettes. Elle aura toujours la solution de secours : se lécher les doigts. Autant éviter qu’elle en arrive à là quand même. Elle se remit alors à la dégustation de sa glace, jusqu’à une musique retentisse dans tout le magasin. Valeri fronça légèrement les sourcils à l’écoute de la mélodie. Il ne savait pas vraiment tout ce que cela voulait dire… ou plus. Voyons la réaction de Lena, ça n’avait pas l’air très bon tout cela, ou plutôt ça ne lui faisait pas très plaisir à l’écoute de son ronchonnement. Il posa alors un regard sur le visage quelque peu agacé ou plutôt contrarié de la jeune femme. Cette musique… Après quelques vives secondes de réflexion, il se remémora cette vague histoire de baiser. De baiser imposé par Cupidon. Il avait eu vent de cette anecdote. C’était donc cela… Cupidon avait décidé que Lena et Valeri seront victimes de ses lubies. Et si ce baiser n’avait pas lieu, ils perdraient de l’argent… Cette idée de perdre de l’argent ne plaisait guère le jeune garçon. Ce n’était pas comme s’il avait eu l’ambition de repartir d’ici avec zéro sous dans ses poches. Lena s’approcha de lui, son esquimau à la main. Elle était mignonne comme ça, avec ses airs peu enthousiastes. Elle lui demanda alors si ça le dérangeait. Si ça le dérangeait qu’elle l’embrasse. Il agita alors doucement la tête de gauche à droite. Non. Evidemment non. Ça ne le dérangeait pas. « Je ne dirai pas non à un baiser saveur esquimau… » souffla-t-il alors. C’était une façon comme une autre de lui faire comprendre qu’il n’allait pas refuser ce baiser. Déjà, parce qu’il ne voulait pas perdre d’argent… c’était une assez bonne raison pour ne pas lui dire non. Puis après tout, ce n’était qu’un baiser. Un baiser sans histoire. Un baiser qui sera oublié d’ici quelques minutes, quelques jours. Ils se contenteront alors de faire juste ce que Cupidon leur demandait de faire : de s’embrasser. Valeri descendit alors de son perchoir et fit quelques pas à son tour en direction de la jeune femme. En plus de devoir s’embrasser, le temps était compté. Il approcha doucement son visage de celui de Lena. Doucement et un brin hésitant. Une hésitation qu’on ignorait chez-lui. Sûrement parce qu’il se rappelait qu’elle était en couple. Soit. Pour le coup, ce détail n’avait plus d’importance. Il devait l’embrasser. Un léger sourire se peignit sur le visage du biélorusse. Lèvres contre lèvres. Il s’adonna à ce baiser, goûtant alors à ses lippes gourmandes. Ce baiser prit alors fin, après quelques secondes. « Le baiser le plus gourmand que je n’ai jamais connu… » lui fit-il alors remarquer, toujours ce même sourire au bout des lèvres.

Elle ne se pensait pas la mieux placée pour donner des conseils, ou encore pour parler d'amour en général. Tout simplement parce qu'elle n'en était qu'à sa première histoire, et que son expérience dans le domaine était donc forcément limitée. Et puis, sa vision de l'amour était celle d'une jeune fille naïvement romantique et rêveuse, alors que savait-elle par exemple des ruptures, tromperies, trahisons et autres choses laissant communément dans un état pitoyable et pouvant même briser des cœurs... Rien, pour le moment. Et elle croisait d'ailleurs les doigts pour ne rien en connaitre avant un paquet d'années, car si une fois sorti de prison son Dean allait voir ailleurs, elle ne s'en remettrait tout bonnement pas. Ah non, elle s'était jurée de lui rester fidèle pour toujours, et vu qu'ils comptaient se marier il avait plutôt intérêt à tenir le même engagement. Quant à Valeri, et bien, elle trouvait sincèrement dommage le fait qu'il ne semble pas croire en l'existence du sentiment amoureux dans sa forme la plus pure, la plus belle, la plus unique. L'amour réel, le grand Amour que Lena avait elle-même connu et connaissait toujours. Il n'y avait rien de plus beau, et elle lui souhaitait de tout cœur de rencontrer celle qui ferait battre son cœur et qui lui donnerait envie de déplacer des montagnes. L'être aimé et aimant. Sa moitié. De toute façon, qu'il le veuille ou non, il finirait bien par ressentir cela pour quelqu'un car il était vraiment rare qu'un individu ne tombe pas amoureux au moins une fois au cours de sa vie. Il ne pouvait pas être cet individu, non, impossible. Et un jour, il se donnerait tort à lui-même. Elle en était persuadée. Et... ah oui cette glace, c'est vrai. Lena l'avait délaissée quelques instants et celle-ci était maintenant à deux doigts de lui fondre dans la main. Pour que ça colle ensuite, non merci. Cela lui vaudrait de se rendre au lavabo le plus proche pour nettoyer tout ça, donc autant la finir tant qu'il en était encore temps. Mais pfff, Cupidon la pris de court et au final, son esquimau elle n'était pas près de le terminer. Eh non, puisque l'angelot diffusa sa fameuse musique, vous savez, celle qui contraignait normalement deux candidats à s'embrasser. Lena n'aimait pas qu'on lui dicte de faire ceci ou cela avec une simple musique, surtout lorsqu'il s'agissait d'un baiser, autrement dit de ce qu'elle ne voulait partager avec personne d'autre que son homme. Mais elle n'avait pas tellement le choix là, car si elle ne jouait pas le jeu - comme la semaine passée avec Sully -, la danoise perdrait encore de l'argent et sa cagnotte était déjà bien piteuse, alors ce n'était sans doute pas la peine d'en rajouter. Hm. Elle devait bien admettre qu'aucun échappatoire ne s'offrait à elle, hélas. Valeri était un gentil garçon qu'elle commençait à apprécier, mais elle n'avait pas nécessairement envie de l'embrasser. Cela dit c'était ça, ou mille euros en moins. Et combien lui restait-il au juste ? Oh si peu, si peu... Tellement peu qu'elle ne pouvait même plus buzzer. Elle ne pouvait pas descendre plus bas, elle devait se souvenir de ce qu'elle faisait là, avant de prendre une décision qu'elle pourrait être amenée à regretter en constatant dimanche l'état de sa cagnotte. Ce baiser était en fait inévitable. Mais Valeri était-il d'accord pour échanger un baiser avec la danoise, alors que quelques minutes plus tôt il lui parlait de son fiancé qui n'aimerait surement pas la savoir entrain d'embrasser d'autres hommes ? Elle ne pouvait clairement pas le forcer, donc c'était à lui de voir désormais. Bon apparemment, ça ne le dérangeait pas. Il ne dirait même pas non à un baiser saveur esquimau, disait-il. Cette remarque la fit sourire. Il est vrai qu'il était sur le point de goûter aux lèvres de Lena, et celles-ci avaient trempé dans sa glace juste avant. Enfin s'il était d'accord, alors tant mieux. Elle resta à sa place, tandis que Valeri entreprit un déplacement vers elle. Elle ne bougea pas, demeura parfaitement immobile bien qu'un peu tremblante, quand même. C'est qu'elle appréhendait presque. Rah, elle devait à tout prix éviter de penser à Dean, car c'était le meilleur moyen de culpabiliser ensuite. Elle se vida donc complètement l'esprit, tandis que son camarade captura bientôt ses lèvres avec douceur. Lena le laissa faire, bien sûr, et lorsqu'il se détacha elle eut besoin de quelques secondes pour retrouver sa lucidité. Bon bah... c'était fait hein. Pas de perte d'argent, et c'est tout ce qui comptait pour elle. Valeri commenta ce baiser. C'était, selon lui, le plus gourmand qu'il n'avait jamais connu. Oh bah c'était malin ça, il venait de grandement l’embarrasser en insinuant une telle chose. Le plus gourmand. Il devait plaisanter. Et puis il n'avait rien d'exceptionnel ce baiser, non non, tenez demain tous deux l'auraient oublié. C'était certain. « Merci... » souffla-t-elle, un peu désarçonnée encore. « Je... je ne pouvais vraiment pas me permettre de perdre d'avantage d'argent. » Elle peinait à le regarder dans les yeux quand elle s'adressait à lui à présent, mais il ne fallait pas que ce baiser change quoi que ce soit entre eux. Il restait un candidat fort sympathique avec lequel elle pensait bien s'entendre. Ce baiser ne signifiait rien. Point. Et si elle était si mal à l'aise, c'est qu'évidemment Lena détestait embrasser quelqu'un d'autre que... vous savez qui. Oui, ça la perturbait un peu mais là encore, ça allait. Tout s'était fait rapidement, Valeri n'en avait pas profité. En fait, ça avait presque failli être plaisant. Presque.

Cupidon l’avait donc décidé ainsi. Lena et Valeri devaient s’embrasser, sous peine de perdre de l’argent dans le cas contraire. Il ne savait pas vraiment si la somme perdue était importante ou non, mais il l’imaginait bien lui. En parlant de cagnotte, Valeri ne voulait pas perdre un seul centime de celle-ci. D’ailleurs, cette dernière semblait être au point mort. Elle ne se renflouait pas, elle ne se refluait pas. Bref, elle était restée au stade initial, et il ne voulait pas perdre de l’argent si bêtement. En refusant un baiser. Il n’y avait pas de manière plus stupide et idiote pour perdre de l’argent. Un baiser, ça ne se refusait pas. Ce n’était pas comme si celui-ci devait avoir un sens sous-jacent ou non. Ici, ce sera juste deux candidats qui s’embrasseront sous l’ordre de cet angelot divin. C’était donc tout naturel que Valeri acceptait ce baiser. Puis, Lena était une jolie fille… Non, il ne comptait pas non plus profiter de ce moment. Alors, il l’embrassa. Certes, ce baiser n’avait rien de bien impressionnant. C’était un baiser plutôt banal. Un baiser sans sens, un baiser quelque peu gourmand malgré tout. Il ne put d’ailleurs pas s’empêcher de lui faire la remarque. Le baiser le plus gourmand qu’il n’ait jamais eu. Il ne faisait juste référence au léger goût sucré de ses lippes. Il s’amusait de son commentaire, bien que ce dernier soit quelque peu sérieux. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors que Lena tentait vainement de prendre la parole. Elle le remerciait alors. Certainement de l’avoir embrassé. Oui, elle devait l’avoir remarqué pour cela, pour l’avoir embrassé. Son sourire s’élargit alors. Ce n’était qu’un baiser, un baiser sans sens, sans signification. Un baiser qui ne restera dans la mémoire de personne. Ni dans la sienne, ni dans la vôtre. Non. Dans quelques jours, tout le monde l’aura oublié, n’est-ce pas ? Hein ? Il l’espérait tout du moins. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre davantage d’argent, lui dit-elle alors. Il pouvait le comprendre. C’était pour cela qu’il l’avait embrassé. Pour ne pas perdre de l’argent. Ca l’aurait tellement ennuyé d’en perdre. « Ne t’en fais pas, c’est en partie pour cela que je n’ai pas refusé… » souffla-t-il, alors. Oui, en partie. Il ne pouvait pas non plus louper une occasion d’embrasser une jolie et gentille fille. Ce n’était pas pour autant qu’il en avait profité. Puis il n’y avait aucune gêne à avoir. Ce baiser n’avait rien eu d’exceptionnel. Elle l’avait dit elle-même, seuls les baisers de Dean comptaient. Alors d’ici quelques minutes, elle aura oublié ce fâcheux épisode scénarisé par Cupidon. Il lui adressa alors un petit sourire, avant de reprendre la parole. « Tu… tu vas pouvoir reprendre la dégustation de ton esquimau. A moins que Cupidon ne revienne une seconde fois… » lança-t-il alors. Il n’était pas sérieux en disant cela. Il s’amusait juste un peu de cette petite gêne qu’il pouvait déceler chez elle, il la taquinait. Oui voilà. Il la taquinait juste. Il n’y avait alors rien de méchant. Il n’était pas méchant, Valeri. Il était même plutôt gentil. C’était Lena qui l’avait dit… ce baiser n’allait quand même pas ternir l’image qu’elle s’était faite de lui. Il ne l’espérait pas tout de même. Tout comme, il n’espérait pas que cela change quelque-chose entre eux. Dans le sens où il ne voulait pas qu’elle s’éloigne de lui juste pour un baiser. Pour un baiser qui n’avait pas eu lieu d’être, sans le commandement de Cupidon.

Certes on ne lui mettait pas non plus le couteau sous la gorge pour embrasser Valeri... mais Lena avait tout de même la pression là, Cupidon s'était ramené avec sa petite musique dans l'optique d'assister à l'échange d'un baiser entre les deux candidats. Et eux, que devaient-ils faire du coup, lui obéir ? Bah oui, puisque le Cupidon était un sacré sadique qui n'hésiterait pas à les appauvrir si le baiser n'avait pas lieu. Et ça, c'était inconcevable pour Lena. Elle n'avait déjà plus grand chose dans sa misérable cagnotte, et rappelons que la danoise était ici pour ça justement, l'argent. Enfin, pas par vénalité. Par nécessité, réellement. Elle avait imaginé pouvoir s'en sortir grâce à Fake Lover, peut-être avait-elle eu tort au final. En attendant, il y avait toujours ce baiser en suspend et Lena réalisa bien vite que cette fois-ci, elle ne pourrait pas passer au travers. Oh à moins qu'elle ne préfère perdre mille euros, ce qui réduirait sa cagnotte à... trois fois rien, en fait. Et non, évidemment elle ne souhaitait pas ça. La jeune femme se demandait quand est-ce qu'elle aurait l'occasion de renflouer tout ça, alors vous pensez bien qu'elle n'irait pas empirer les choses. Tant que l'argent se faisait rare, elle ne pouvait malheureusement refuser aucun baiser. Et dieu sait que ça lui coûtait, quand même, car elle avait un fiancé en prison auquel elle pensait nuit et jour, pour lequel elle s’inquiétait aussi beaucoup, et qu'elle avait l'impression de trahir en se soumettant aux directives de Cupidon. Mais bon, puisque de toute manière elle n'avait pas le choix, le mieux était encore de ne pas perdre inutilement du temps en cherchant une issue où il n'y en avait pas. Valeri prit l'initiative de ce baiser, s'approcha d'elle et l'embrassa. Lena ne ressentit rien, rien du tout. Ce n'était pas l'un de ces baisers lui donnant des frissons, ou des papillons dans le ventre. Parce que ce n'était pas Dean qui l'avait embrassée. C'était Valeri, un garçon très gentil mais qui ne lui faisait pas d'effet pour le coup. Oh mais Lena savait très bien que ce baiser ne lui ferait rien, avant même d'y goûter. Pas de surprise donc. Valeri émit un commentaire qui parvint à la faire sourire. Il souligna en effet le côté gourmand dudit baiser, en faisant bien évidemment référence aux lèvres sucrées - voir même chocolatées - de Lena. Mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il avait apprécié ce baiser, n'est-ce pas ? Non, à priori si la danoise n'avait rien ressenti, alors son camarade était dans le même cas. Et puis, il fallait voir le bon côté des choses à présent : Cupidon ne pouvait pas leur retirer d'argent puisqu'ils s'étaient embrassé, comme demandé. Lena en profita d'ailleurs pour remercier Valeri, car s'il s'était opposé au fait que ce baiser ait lieu, elle aurait quasiment perdu tout ce qu'il lui restait, et ça n'aurait pas arrangé son cas c'est certain. Elle ajouta qu'elle ne pouvait de toute façon pas se permettre de perdre d'avantage d'argent. Car Lena avait eu une mésaventure au cours de la semaine avec une satanée machine, et... plus jamais elle ne s'en remettrait au hasard, voilà. Enfin bref pas de perte d'argent à déplorer, et c'était le principal. Valeri lui fit savoir que c'était en partie pour cela qu'il n'avait pas refusé. Hum... en partie ? Ah. Sans doute disposait-il de bien plus d'argent qu'elle, en tout cas assez pour ne pas avoir à s'en inquiéter complètement. Elle n'en savait rien, et à vrai dire elle préférait ne pas savoir à quoi il avait bien pu penser au moment de l'embrasser, à part à sa cagnotte et à ce qu'il perdrait s'il ne faisait rien. Elle se contenta d'esquisser un sourire, gênée par cette petite confidence qu'elle ne parvenait pas très bien à décrypter pour le coup. Il ajouta qu'elle pouvait maintenant reprendre la dégustation de son esquimau, à moins que... Cupidon revienne une seconde fois ?! Mais c'était possible ça ? Oh bah elle espérait bien que non, qu'il ne leur demanderait pas de s'embrasser à nouveau et qu'il s'acharnerait sur quelqu'un d'autre. Parce que un baiser, d'accord, mais deux, trois, quatre... non, un ça suffisait amplement. « Ah non ! Ça suffit ! » rouspéta la danoise, son esquimau toujours dans une main et commençant à couler le long de ses fins doigts. Il plaisantait peut-être, mais ce n'étaient pas des choses à lui dire ça. Maintenant elle s'imaginait que Cupidon allait revenir dans quelques minutes, alors elle guettait toute nouvelle diffusion de sa fameuse musique. Enfin ce n'était sans doute pas une raison pour clamer haut et fort qu'elle ne voulait pas d'un nouveau baiser avec Valeri. Qu'est ce qu'il allait en penser... « Désolée, c'est pas que... enfin c'était pas non plus... mais tu comprends, je... » Les mots peinaient soudainement à sortir, et Lena se trouvait vraiment ridicule d'avoir réagi de la façon dont elle l'avait fait juste avant. Comme si l'embrasser était un supplice, bon, elle n'avait pas dit ça non plus. Oh zut, elle s'enfonçait là, non ? Oui, certainement. Alors elle allait se taire, voilà, ça lui éviterait au moins de dire plus d’âneries.

Un baiser imposé. Un baiser dicté par la loi du plus fort. Cupidon était plus fort qu’eux. Certes, ils auraient pu ne pas le faire. Ne pas jouer le jeu, par exemple. Et on le sait tous. Valeri est un joueur, friand de n’importe quel amusement. Il lui fit alors remarquer qu’elle pouvait reprendre la dégustation de sa glace. Il plaisanta à ajouter que Cupidon pourrait revenir une seconde fois. Il n’était pas bien sérieux en prétextant cela. Il s’amusait juste de la situation. De cette gêne, de cette douce pudeur qui venait teintée l’atmosphère. Il aurait très bien pu s’en abstenir. S’abstenir de cette remarque, mais il était comme ça Valeri. A parler tout haut. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune biélorusse lorsque Lena grommela dans son coin. Ca suffit, avait-elle dit. Un petit rire étouffé tentait vainement de s’échapper entre ses lèvres. Franchement, il était peu probable –voire pas du tout– que Cupidon ne revienne avec sa candide mélode. Il ne reviendra pas leur quémander un baiser. Oh ça non. Tout du moins, Valeri espérait ne pas s’être trompé. Il aurait l’air vraiment fin si Cupidon revenait. Non… mais non, il ne reviendrait pas. Ce n’était que la mauvaise plaisanterie d’un garçon sans prétentieux. D’un garçon qui s’amusait de n’importe quelle situation. Son regard parcourait les traits gênés de ce visage qui s’esquissaient devant lui. Pouvant alors ainsi admirer ce halo de candeur et de pudeur qui entourait cette jeune femme. Elle se disait alors désolée. Il fronça légèrement les sourcils, tout en écoutant ses explications. Ce n’était pas que… mais pas non plus que… mais tu comprends… Il agita alors doucement la tête à l’écoute de ces quelques mots. Il ne savait pas vraiment où elle voulait en venir, et ce qu’elle tentait de lui faire comprendre… sûrement parce qu’elle avait été peu explicite dans ses dires. Cela ressemblait à ces phrases à trou que l’on devait compléter lorsque l’on était enfants. Ces exercices que l’on trouverait à présent bien trop simplets pour moi. A croire que ce n’était pas toujours évident… notamment dans ce cas présent. « Je vais croire que c’était un véritable châtiment de devoir m’embrasser. Je vais finir par mal le prendre… » souffla-t-il. Là non plus, il n’était guère sérieux dans ses dires. Il ne pensait pas que de devoir l’embrasser était un véritable châtiment. Non. Mais il est vrai que si elle laissait entendre que ce fut un supplice ou bien peut-être qu’elle avait trouvé cela répugnant de l’avoir embrassé, Valeri pourrait mal le prendre. Très mal. Il espérait que ce soit pour une autre raison qu’elle soit gênée. Comme par exemple, le fait qu’elle ait embrassé un autre garçon que son Dean. Oui, voilà. Il espérait que ce soit cela la raison. Dans tous les cas, il ne fallait pas que ce baiser la gêne, ou la dérange. Ce n’était qu’un baiser. Un simple baiser. « Je vais même croire que je t’ai coupé l’appétit. » souffla-t-il, avant de pointer à l’aide de son menton l’esquimau qu’elle tenait entre ses mains. La glace commençait à fondre et à perler sur ses doigts. Un fin sourire se dessina alors sur ses lèvres. Il fallait croire que baiser lui avait même retourné l’estomac.

Ce n'était plus un secret pour personne, Lena pouvait être d'une grande maladresse parfois. Et quand ce n'était pas dans ses gestes que la danoise exprimait celle-ci, c'est ses propos qui étaient parfois mal interprétés parce qu'elle avait tendance à parler un peu trop vite. Et l'expression "tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler" n'était définitivement pas faite pour elle. Parce qu'elle ne réfléchissait en général pas avant de l'ouvrir, et résultat il arrivait fréquemment que ses mots dépassent sa pensée. Et il n'était même pas rare qu'on saisisse l'inverse de ce qu'elle voulait laisser entendre, juste parce qu'elle avait mal formulé le tout. C'était une jeune femme spontanée qui, en plus de ça, ne saisissait pas toujours l'humour des autres. Avec Valeri par exemple, Lena n'avait pas un instant songé à ce que son camarade ait simplement voulu plaisanter. Non, maintenant elle s'inquiétait de voir Cupidon revenir vers eux et qu'on se le dise, elle était contre, mais alors totalement contre le fait d'échanger un nouveau baiser avec Valeri. Et en lui faisant savoir, elle n'avait pas pensé que peut-être, il se dirait qu'en fin de compte elle n'avait pas franchement aimé le premier, ou pire, que l'embrasser lui était tout particulièrement écœurant. Ce n'était évidemment pas ce qu'elle avait voulu dire. Et même si elle aurait préféré que le seul homme pouvant commenter la saveur d'un baiser devant elle reste son fiancé, il fallait admettre que ça n'avait pas non plus été une torture d'embrasser Valeri. Ou plutôt de se laisser embrasser, car Lena n'avait pas fait grand chose. D'un autre côté ne fallait pas non plus attendre d'elle qu'elle y mette tout son cœur... elle en était incapable et cela pouvait se comprendre. La danoise tint tout de même à s'excuser car elle ne savait pas si Valeri était quelqu'un de susceptible, et elle ne voulait pas prendre le risque de le froisser pour si peu. Il répondit qu'il allait croire que c'était un véritable châtiment de devoir l'embrasser, et qu'il finirait par mal le prendre, également. Oh. Est-ce que ça signifiait qu'il lui en voulait ? Peut-être bien. Et ça ne lui plaisait pas du tout. Elle ne voulait pas se mettre à dos Valeri pour une simple histoire de baiser. « Non faut pas que tu le prennes comme ça, c'était... pas trop mal. » Disons qu'elle s'était attendue à pire, pour un baiser contraint. Même si la semaine passée elle avait embrassé Avalon, et cela s'était tout aussi bien passé. Oui mais là c'était un homme, un homme qui n'était pas le sien. Difficile de ne pas faire la comparaison, en plus. Ah de toute façon aucun baiser ne pouvait égaler ceux de son Dean. Mais ça elle s'abstint de le dire à Valeri parce qu'à force, elle allait bien réussir à le vexer et ce n'était pas le but. Alors non, bien sûr que non il ne lui avait pas coupé l'appétit. Pourquoi penser une telle chose, enfin ? Elle n'était pas... révulsée au point de ne rien pouvoir avaler, pas du tout. Et tenez, elle allait le lui prouver puisque c'était sans doute la meilleure chose à faire dans l'immédiat pour lui démontrer qu'il se trompait. « Alors là, c'est pas vrai du tout. D'ailleurs regarde. » Sur ces mots, la danoise reprit la dégustation - bien que tardive - de son esquimau, qui n'en était cela dit plus vraiment un. Entre temps la moitié de la glace avait fondu, et coulé sur ses mains. C'est vrai qu'il ne restait plus grand chose sur le bâtonnet qu'elle tenait fermement entre ses doigts, mais elle s'en contenterait. Et quelques secondes plus tard, elle retirait ses lèvres recouvertes de chocolat, commettant même l'erreur de sourire à pleines dents. « Tu vois que tu ne m'as pas coupé l'appétit. » fit-elle, avant de rire légèrement. Ce n'était pas drôle, mais elle était entrain d'imaginer la tête qu'elle devait avoir, barbouillée de chocolat... Ouh, visuellement ce devait être quelque chose. « Par contre hum, je me suis tâchée et j'en ai plein les mains. Tu aurais un mouchoir ? » Effectivement Lena venait tout juste de se rendre compte que son esquimau avait coulé jusque sur son débardeur qui, évidemment, était de couleur claire. Autrement dit ces petites tâches ne passaient pas inaperçues, bien au contraire. Et si elle ne l'avait pas fait remarquer à Valeri, il aurait assurément pu s'en rendre compte tout seul.

Il ne savait pas tellement comment interpréter les dires de son interlocutrice. Tout cela n’était que la trace d’une certaine gêne, des phrases laissées en suspens et non-complétée. Elle avait certainement été gênée de ce baiser, vis-à-vis de son fiancé. Ils en avaient parlé quelques minutes plutôt de cette situation. Du moment où elle embrasserait d’autres hommes et que cela ne devait pas faire plaisir à Dean de l’apprendre. Enfin, Valeri espérait que personne n’entendrait parler de ce baiser, et encore moins son fiancé. Ce n’était pas grave, au pire, il lui fera la plus belle parade à l’aide d’un beau crochet du point droit. Puis ce n’était qu’un baiser. Un baiser imposé. Un baiser… non-désiré. Alors, dans quelques heures, quelques jours, ils n’en parleront plus et personne n’en sera au courant. Enfin, quoiqu’il en soit, Valeri aurait pu croire qu’elle avait trouvé cela dégoutant, répugnant de l’avoir embrassé, que c’était un vrai supplice pour elle… Il avait dit cela pour plaisanter initialement. Mais si ça s’avérait vrai, il était certain qu’il pourrait le prendre mal, assez mal, et se vexer. Ce n’était franchement pas flatteur d’entendre une jeune femme dire que ce baiser était répugnant. Selon Lena, il ne devait pas le prendre comme cela. Elle avait de la chance que Valeri ne soit pas du genre susceptible, ou plutôt qu’il était du genre à plaisanter de n’importe quelle situation. Elle ajouta alors que ce n’était pas trop mal. Une légère moue satisfaite se peignit alors peu à peu sur son visage. Oui, ce n’était pas trop mal. C’était assez bien même. Enfin, ce n’était pas l’un de ces baisers qui donneraient des papillons au ventre à Valeri. A vrai dire, aucun baiser ne lui faisait d’effet pareil, au jeune biélorusse. Il se contenta alors de lui adressa un petit sourire, avant finalement de reprendre la parole. Il lui demanda si cela ne lui avait pas non plus coupé l’appétit. Il lui faisait cette remarque en rapport à son esquimau qu’elle ne semblait pas décidé à manger. Ce n’était pas vrai, parait-il. Pas vrai du tout. Elle lui dit alors de regarder. Comme elle lui ordonna, il la regarda alors dévorer sa glace. Finalement, ce baiser ne lui avait pas tant retourné l’estomac que cela. Il préférait la voir comme ça, plutôt que de tenter vainement de prononcer des mots qui ne voulaient pas sortir. Sous ses yeux, elle croqua à pleines dents dans la glace fondue. Elle devait s’en mettre plus sur elle que dans sa bouche, à vrai dire. Et l’image de la voir barbouillée de plein de chocolat l’amusa plus qu’autre chose. Une fois sa glace finie, elle lui fit alors remarquer qu’il ne lui avait pas coupé l’appétit. « Je vois ça… » souffla-t-il alors, un brin amusé. Il pouvait remarquer le chocolat qui peignit le pourtour de sa bouche, et quelques tâches sur son tee-shirt. Il allait finir par croire que ce baiser lui avait même ouvert l’appétit… Mais cela, il préféra s’abstenir de son commentaire afin de ne pas mettre plus longtemps mal à l’aise la jeune femme. Elle lui demanda alors s’il n’avait pas un mouchoir sur lui. Elle s’était tâchée et en avait plein les mains, lui fit-elle remarquer alors. Un mouchoir… Il ne savait pas vraiment s’il en avait un dans sa poche. Il tâta alors dans les poches de son jean. Dans sa poche droite, il n’y avait rien à part sa ventoline, et dans l’autre… miracle, un paquet de mouchoirs qui ne comptait plus qu’un seul mouchoir en papier. Il le sortit alors de sa cachette et le tendit à la jeune femme. « Tiens… » souffla-t-il alors, et il s’approcha de Lena, tant dit que cette dernière se saisit du mouchoir. Sans un mot, il posa son pouce sur les lèvres de la jeune fille. A l’aide de son doigt, il dessina la forme de sa bouche, lui enlevant le chocolat qui était encore présent. « Tu es quand même plus jolie sans le chocolat tout autour de la bouche. » ajouta-t-il alors, retirant son pouce.

Lena n'avait pas d'ennemis, elle n'était même en froid avec personne exceptés ses parents mais les fautifs dans l'histoire c'était eux et ils le savaient. En fait, la danoise entretenait généralement de bons rapports avec les personnes croisant sa route, parce qu'elle était quelqu'un de jovial, d'accessible et que cela devait probablement faciliter le dialogue et inciter à faire plus ample connaissance, contrairement à un interlocuteur au visage fermé, sans expression, et limite froid. Lena était donc une jeune femme que beaucoup trouvaient sympathique, et qui en temps normal ne rencontrait pas beaucoup de problèmes pour communiquer puisqu'elle allait vers les autres sans soucis. Bon quand elle se retrouvait au milieu de tout un groupe d'individus, c'était autre chose. Enfin tout cela pour dire qu'elle n'aimait pas savoir qu'on pouvait lui en vouloir pour telle ou telle raison. Elle ne supportait pas vivre avec ça, la rancune des autres était bien trop lourde à porter et elle ne souhaitait pas s'encombrer de cela. Voilà pourquoi au quotidien, Lena faisait de son mieux pour ne blesser ni ne contrarier personne. Et quand elle ne pouvait pas empêcher ça et qu'on lui faisait savoir que ses propos avaient été mal pris par la personne en face, elle tentait de réparer ses erreurs parce qu'elle ne voulait pas qu'on puisse lui faire payer cela par la suite. Même si tout le monde ne fonctionnait pas par vengeance, et heureusement d'ailleurs. Ce baiser avec Valeri n'avait en rien était déplaisant, même si elle avait connu mieux, c'est sûr. Et la danoise espérait qu'il n'était pas entrain de se dire qu'en fait, ce contact de lèvres à lèvres l'avait particulièrement écœurée, car ce n'était pas le cas. Non, cela s'était fait parce qu'il l'avait fallu, mais à aucun moment Lena avait voulu que ce calvaire s'arrête puisque ça n'en avait pas été un. Un calvaire aurait été de devoir prolonger ce baiser pendant un temps défini, en y mettant la langue par exemple. Oui, là, elle aurait pu très mal le vivre. Mais ce n'était au final qu'un simple et rapide baiser, qui serait rapidement oublié d'un côté comme de l'autre qui plus est. S'excuser n'était peut-être pas grandement nécessaire mais elle y tenait, afin que ne règne aucun malentendu avec Valeri, et qu'il ne se fasse pas de fausses idées surtout. Mais ne venait-elle pas de sous-entendre que ce baiser n'avait pas été désagréable, qu'il avait même été... plutôt convenable ? Et bien si. Oh subitement, Valeri avait l'air fier comme un paon. Son égo de mâle devait être ravi d'apprendre ça. Lena était sincère, si cela avait été absolument immonde elle lui aurait dit. Parce qu'elle n'avait pas l'habitude de mentir, voyez-vous. Et puis pourquoi pensait-il qu'il lui avait coupé l'appétit, franchement ? Elle avait toujours aussi faim, hein, et ce baiser n'avait rien changé au fait que Lena mourrait d'envie d'engloutir cet esquimau, ou plutôt ce qu'il en restait. Mais pour le coup, la danoise avait mangé comme un goret et s'en était mis partout, vraiment partout. Tout autour des lèvres, évidemment, mais aussi sur les mains, les avant-bras, jusqu'aux coudes même. Sans parler de son débardeur qui n'était désormais plus d'un blanc immaculé, loin de là. Cette situation semblait beaucoup amuser Valeri, et pourtant il n'y avait rien de drôle là-dedans, Lena s'était salie et ne devait plus ressembler à grand chose. Elle remarqua d'ailleurs lorsqu'une mèche lui tomba dans les yeux qu'elle avait réussi à mettre du chocolat dans ses cheveux. Il fallait quand même le faire, quoi. Bon un shampooing s'imposait vraisemblablement, mais en attendant elle pouvait toujours s'essuyer les mains, car elles étaient toutes collantes et c'était assez affreux, en fait. Oui c'était pas terrible, le chocolat entre les doigts et sous les ongles. Alors peut-être que Valeri la sauverait de cette galère en lui tendant un mouchoir. Encore fallait-il qu'il en ait sur lui, ce qu'elle lui demanda donc. Et s'il n'en avait pas, et bien, elle rentrerait comme ça, et puis c'est tout. Mais ouf, voilà qu'il dégaina bientôt un paquet sorti de l'une de ses poches et duquel il tira un mouchoir - le dernier visiblement. Oh bah, elle en avait de la chance. Elle se saisit de celui-ci avec le sourire, tandis que Valeri effectuait quelques pas vers elle. Et sans que la danoise ne s'y attende, voilà qu'il déposa son pouce sur ses lèvres, les essuyant au passage. Apparemment elle était bien plus jolie sans chocolat autour de la bouche. Ah. Troublée par ce geste plus que par ces quelques mots, Lena eut pour réflexe de faire un pas en arrière. Elle ne savait pas pourquoi il avait fait ça, mais elle supposait qu'il valait mieux qu'il ne recommence pas. C'était préférable pour l'un comme pour l'autre. « Je... je vais aller nettoyer tout ça à l'eau, et me changer. » rétorqua-t-elle, tout en évitant de croiser son regard. Elle passa rapidement le mouchoir sur ses mains pour enlever le plus de chocolat possible, et retira également ce qui avait pu rester sur ses lèvres d'un revers de la main. Peut-être aussi un peu pour effacer ce que Valeri y avait esquissé juste avant. Le tout fait sans miroir, donc il n'était pas improbable qu'elle en ait oublié un peu ici, ou là. Mais tant pis, ça suffirait. « À plus tard. » souffla Lena, avant de partir d'un pas rapide en direction de la sortie du magasin. Et elle pensa subitement, en plus d'un shampooing, une douche serait tout aussi bien. Allez hop, adjugé.

**Contenu sponsorisé**