Je commence à me retrouver à court de vêtements propres et honnêtement, ça craint. Je ne veux pas passer pour la moufette du nid. On va finir par me fuir tellement je dégage une odeur nauséabonde. Du coup je décide de faire une grande lessive. Dans un petit panier je réunis la quasi totalité de mes fringues et c'est avec ce même panier sous le bras que je pars en direction de la laverie. Sur place je le dépose au sol et j'examine les bêtes. Depuis quelques années pour laver mes vêtements, je me contente de les déposer dans une laverie et je les récupère propres. Sauf qu'ici il va falloir que je me dépatouille. Ne cherchant pas à comprendre, je fous la totalité de mes fringues dans une même machine. Rose, blanc, noir, jaune, vert, toutes les couleurs y passent. Je mets un peu de lessive et j'appuie sur le bouton start. Je règle un peu au hasard les différentes fonctions, puis je pars m'installer sur les fauteuils. Les minutes défilent et je m'endors. Sans doute à cause d'une nuit agitée et perturbée par ronfleman. Du coup je ne vois pas Thelma débarquer.

C’est vrai que je suis rentrée là un peu au hasard, moi, je ne connaissais pas cet endroit, vrai. Et en voyant toutes les machines bien alignées, ça me rappelle qu’il faudrait que je m’occupe de tout ça, bientôt, il me reste encore des vêtements à mettre, mais quand même. C’est vrai que j’ai oublié, d’habitude, c’est Kat qui s’en occupe. Il y a Kimo, dans la pièce. C’est pour ça que je ne ressors pas tout de suite, parce qu’il est là. Mais je me rends vite compte qu’il s’est endormi. Je trouve ça drôle, de s’endormir comme ça. Il est pas si tard. Enfin, je ne crois pas. Il est peut-être fatigué. Peut-être que lui aussi, il ne dort pas beaucoup, comme Sandro. Je ne sais pas trop. Je l’appelle, Kimo. Mais il ne se réveille pas. Je ne sais pas vraiment quoi faire. Ce serait peut-être bien, de le laisser dormir. Je pense. Peut-être qu’il n’aimerait pas être réveillé. Et s’il rêve ? Un beau rêve ? Oh, je n’aimerai pas ça, moi, qu’on me réveille si je rêve de Kat ou de Jamie. Vraiment pas. C’est pour ça, j’hésite. Je m’assois sur le fauteuil à côté de lui. Ça m’embête, je voulais bien rester un peu là avec lui. Je le regarde, un peu, je ne sais pas quoi faire. Jamie, il n’aime pas quand je le réveille, il se fâche. Pas longtemps, mais un petit peu. Et puis, finalement, je l’appelle, encore une fois, tout doucement, je suis plus proche, peut-être que ça marchera mieux. Je passe ma main sur sa joue, peut-être que ça, ça marche, je crois que ça marchait pour moi, quand j’étais petite, avec ma mère.

Comme une merde, je me suis endormi. Mais c'est si bon et je me sens si paisible. Peut-être qu'à l'avenir je devrais emménager ici pour passer mes nuits. Car mine de rien, ces fauteuils sont confortables et j'y dormirais peut-être plus et mieux que dans ma chambre. Ayant un sommeil léger, le moins ronchonnement me dérange. Assommé par la fatigue, je n'entends pas Thelma arriver, ni même les quelques murmures qu'elle peut prononcer pour tenter de me réveiller. Par contre je sens sa main contre ma joue et ça me fait réagir. Sourire béa, je bougeotte un peu tout en émettant de drôles de bruits. Comme un bébé. Mais dans ma tête, ça fait tilt. Donc j'ouvre les yeux et qui je découvre, la jolie brune. Tout en baillant et en m'étirant, je me redresse. Sourire aux lèvres, je salue la demoiselle. « hm .. hm .. coucou toi .. ». Je suis content de pouvoir la voir et non d'être séparé d'elle par une porte. Ça change et c'est plus agréable. « Tu vas bien ? Tu as récupéré du prime ? ». En parlant du prime, j'y repense. Il faut que je m'excuse. Du coup je reprends. « D'ailleurs .. hm .. ». Je commence gêné, puis je continue. « Je voulais m'excuser de t'avoir embrassé, j'savais que ça te ferait chier, mais j'avoue que dans le fil de l'action, on ne fait pas gaffe .. ». Je souris timidement à la demoiselle en espérant qu'elle ne m'en veuille pas. Car je peux comprendre que ça peut faire chier d'être embrassé ainsi par des inconnus.

Ça marche, et il ouvre les yeux, Kimo. Ça me fait sourire. Je suis contente qu’il se réveille. Et ce n’est pas brutal, comme réveil. C’est bien. Il ne se fâche pas contre moi, non plus. Ça me rassure un peu. Je me décale un peu, pour le laisser s’étirer et se redresser. « Tu dormais bien ? Je ne voulais pas te réveiller. Enfin si, je voulais, mais pas pour te déranger, c’était pas pour ça, c’était juste pour.. » je ne sais pas tellement comment finir ma phrase. Zola m’a dit que ce n’était pas grave, de ne pas toujours savoir finir mes phrases. Il me parle du prime. Je n’ai pas aimé le prime. En plus, je me rappelle très bien d’Opaline, qui n’allait pas bien. Mais j’hoche la tête, quand même. Et il continue, à propos du prime. Je baisse la tête. Je n’ai pas envie de l’écouter, pas là-dessus, je ne veux plus y penser, parce qu’à chaque fois que j’y pense, je me pose trop de questions, bien trop de questions. Il savait que je n’aimerais pas. C’est ce qu’il dit, ça, je l’entends bien. Je ne comprends pas tellement pourquoi il l’a fait, s’il savait que je n’aimerais pas. Je ne comprends pas ça, moi. S’il ne savait pas. Ce n’est pas grave, s’il ne savait pas. Mais il s’en doutait. Je recommence à penser tout ce que je ne veux pas penser, là. Je secoue la tête, j’essaie de les chasser, ces vilaines pensées. « non, non, c’est pas grave. » je sais que c’est mal de mentir. Mais je n’ai pas envie de me disputer, pas avec Kimo, et je ne veux pas le fâcher. « vraiment, c’est pas grave, ça va. Je ne t’en veux pas. » ou un peu, quand même. Enfin non. C’est de ma faute. C’est pas la sienne. « tu devrais dormir plus, si t’es fatigué, enfin, ce serait peut-être mieux pour toi. » j’essaie de changer de sujet, ce serait mieux, quand même, bien mieux.

Réveillé en douceur par la charmante Thelma, je reprends rapidement mes esprits, je me replace dans le contexte et je commence à discuter avec la belle. « Tu dormais bien ? Je ne voulais pas te réveiller. Enfin si, je voulais, mais pas pour te déranger, c'était pas pour ça, c'était juste pour.. » « Tu as bien fais, sinon j'y aurais passé la nuit. Donc merci .. » Je lui réponds avec le sourire. À partir du moment où elle n'est pas venue avec un saut d'eau froide pour m'extraire de mon sommeil, ça me va. Les réveils tranquilles, tendres, c'est pour moi. Dans le fil de la conversation j'en viens à évoquer le prime. Je vois qu'elle est perturbée et que j'aurais dû m'abstenir. Mais je ne connais pas encore assez bien la demoiselle pour savoir comment être avec elle, que dire, ne pas dire, que faire, ne pas faire. Elle semble assez susceptible et je ne voudrais en aucun cas la blesser. Donc oui, je pèse mes mots. Elle clame que ce n'est pas grave, qu'elle ne m'en veut pas, du coup je préfère ne pas en rajouter et en finir là. « Tu devrais dormir plus, si t'es fatigué, enfin, ce serait peut-être mieux pour toi. ». D'ailleurs elle change de sujet. « Je devrais, mais j'ai dans ma chambre quelqu'un qui ronfle comme un élevage de porc, c'est une horreur .. ». Il est vrai qu'à cause de mon sommeil léger, j'ai beaucoup de mal à m'adapter. Mais je m'y ferais, au pire je me lève plus tard le lendemain matin. Sinon en faisant mes poches avant de mettre en route ma lessive, j'ai trouvé de petits bracelets de couleurs qui prennent la forme d'animaux lorsqu'ils ne sont pas autour d'un poignet. Du coup en voyant Thelma et en me souvenant qu'elle aime titiller cordon ou autre bout d'élastique, je lui sors les deux, trois bracelets et je les lui tends. « Pour toi ! ». Il ne faut pas chercher à comprendre, ces bracelets je ne les mets pas, alors autant qu'ils servent.