and i will try to fix you + 29/05, 15h03

Il était essentiel pour toi de faire du sport. Tu étais encore plus exécrable si tu ne bougeais pas. Déjà qu'à la base, tu n'étais pas le plus apprécié des hommes... Bref. Tu t'étais rendu dans la salle de sport jogging pour faire de la boxe. Ou du moins te défouler un peu sur le sac de frappe. M'enfin. Alors que tu donnes des coups bien placés - bien que ce ne soit qu'un sac - tu entends la porte s'ouvrir. Tu t'arrêtes pour voir qui cela pouvait bien être. Opaline. La fragile Opaline. Tu ne lui avais pas parlé depuis votre première rencontre. Elle avait peur de toi, tu ne voulais pas l'effrayer d'avantage. Pourtant, t'avais toujours autant envie de l'aider. Tu ne sais pas pourquoi, tu attrapes des gants qui sont par terre, et tu les tends à la jeune fille. « On t'a déjà appris à te défendre ? » Si non, tu allais le faire. Et si oui, et bien tu allais améliorer sa technique, puisqu’apparemment, elle n'était pas au point. Sinon, elle n'aurait pas tout ces bleus... Il fallait qu'elle apprenne à se défendre. Elle pouvait tout simplement pas se laisser faire comme ça, c'était inadmissible.

Je ne suis pas une grande sportive. Je suis une sportive normale. Pourtant, je décide de me rendre dans la salle de sport. C'est une pièce comme une autre à découvrir. Un endroit dans lequel quelques merveilles à ne pas rater pourraient se cacher. Je ne sais pas. En fait, je referme à peine la porte derrière moi que j'ai tendance à le regretter aussitôt. Je ne suis pas seule dans cette salle. Une autre personne se trouve là. Sandro. Et apparemment, il était bien occupé avant mon arrivée. Il a dit qu'il me laisserait tranquille. L'autre jour, dans l'interview. C'est ce qu'il a dit. Alors j'espère que c'est vrai, qu'il ne va rien me dire. Même pas me regarder. C'est trop optimiste. Il va même jusqu'à me tendre des gants. Docile – et stupide – je m'en empare, sans savoir quoi en faire. Je suis déboussolée, perturbée, mes yeux ne peuvent pas s'empêcher de scruter la pièce. Je m'interroge. Il me pose une question. La réponse ne me semble pas difficile à trouver. « Pourquoi quelqu'un aurait voulu m'apprendre. » Ce n'est pas une question. C'est pour ça que ma voix s'essouffle sur la fin. C'est pour lui faire comprendre que non. Non, personne ne m'a jamais appris à me défendre. Personne ne veut que je me défende. L'idée, ce n'est pas que je réplique. Ça serait pire si je répliquais. C'est déjà pire quand j'essaye de m'enfuir. C'est pire quand je parle. Alors si je me défendais, ça serait encore pire. Je ne vais pas leur donner des raisons en plus pour ce qu'ils font. Je ne sais pas trop pourquoi il me demande ça, Sandro. Je prends bien trente secondes pour faire le rapprochement entre sa question et les gants qu'il vient de me donner. Non, non, non. Je commence à secouer la tête, un peu prise de panique, c'est vrai. Et je laisse tomber les gants au sol. Non. Je refuse. Il a dit qu'il ne me ferait pas de mal. C'est quoi cette excuse bidon qu'il vient de trouver. Faire passer ça pour un accident, je connais. Je ne veux pas. Je ne vais pas mettre ces gants, peu importe ce qu'il veut que j'en fasse. Je fais même un pas en arrière. Il a dit qu'il ne me ferait pas de mal.

Tu ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, tu ne sais pas ce qu'elle a vécu, tu ne sais pas ce qu'elle pense, tu ne sais rien de tout ça. Tu sais seulement qu'elle est seule, et que même si elle n'en veut pas, elle a besoin d'aide. C'était évident. Elle te confie que non, on lui a jamais appris à se défendre. Et bien, il était temps. Tu allais le faire, toi. Sauf qu'elle commence à secouer la tête, et laisser tomber les gants par terre. Tu ne sais pas pourquoi, tu ne comprends pas. Elle a peur, mais tu ne sais pas de quoi. Tu n'avais rien fait, pourtant, et tu ne comptais rien faire. « Mets les gants et va en face du sac de frappe. Montre moi comment tu frapperais si le sac représentai une personne face à toi. » Elle a peur de toi, peut-être que lui donner des ordres fera qu'elle se contentera de t'écouter. Si elle t'écoutait, elle verrait bien vite que tu ne lui voulais pas de mal, que tu lui apprendrais juste comment frapper sur ce sac, et rien d'autre. Il ne fallait pas qu'elle soit effrayée, tout simplement. Toi, tu voulais juste l'aider. Et tu le ferais, pour ou contre son gré.

Je ne veux pas. Je refuse. Non. Il ne peut pas me forcer. Si, bien sûr que si, il peut. Parce que j'obéis. J'obéis toujours. Sinon, je sais ce qui peut se passer. Alors je me tais et je fais ce qu'on me dit. Là, je ne veux pas. Peu importe ce qu'il veut que je fasse. Ça a un rapport avec ces gants et je n'aime pas ça. Pas du tout. J'en frissonne. Pourquoi il a besoin de savoir si je sais me défendre, de toute façon. J'imagine que c'est peut-être plus simple pour lui s'il sait que non. Je ne sais pas. Je suis totalement perdue, absolument pas rassurée par sa présence, encore moins par ses paroles. Ou la façon dont il me parle. C'est clairement un ordre qu'il me donne. Il ne me demande pas mon avis, il ne place pas un ''si tu veux'' ou l'une de ces formules de politesse qu'on entend souvent. Non, là, c'est un ordre. Comme l'un de ceux que j'ai l'habitude d'entendre. Je n'aime pas ça du tout. Ça me donne envie de sangloter. Parce que je sais que je devrais obéir, faire exactement ce qu'il me dit, sinon, il y a des conséquences. Et je sais quelles sont ces conséquences. Mais je ne peux pas me résoudre à faire ce qu'il me demande. Je ne veux pas. La gorge serrée, je le regarde. Puis je secoue à nouveau la tête, comme je l'ai fait quelques secondes plus tôt. « S'il te plaît... » que je lui lance, pour le dissuader. Je sais que je devrais la fermer. La fermer et obéir. Je suis vraiment stupide, je sais que je devrais me taire. Faut que je me taise. Parce qu'il va m'arriver des trucs à force. Des trucs que je ne vais pas du tout apprécier. Je le sais, en plus, je le sais. Mais je ne veux pas taper dans quoi que ce soit. Je ne dois pas apprendre à me défendre. Ou peu importe ce qu'il compte me faire faire. Si je fais ne serait-ce qu'imaginer que je pourrais me défendre, ça va être pire pour moi. Je ne veux pas. J'espère naïvement qu'il comprendra, qu'il va me laisser tranquille. Pourtant, je suis presque sûre qu'il va m'obliger en étant beaucoup moins gentil que je le voudrais. Il a dit lui-même qu'il est méchant, après tout.

C'est bizarre, mais sa réaction ne t'étonne même pas. Pourtant, tu étais déterminé à l'aider. Mais à voir sa tête, ce qu'elle dit et fait, ça te décourage. Enfin, pas que ça te décourage totalement, puisque tu avais toujours autant envie de l'aider, mais tu ne voulais pas la blesser, lui faire du mal. Pas dans le sens la frapper, mais, psychologiquement parlant. C'était sûrement la première personne qui réagissait comme ça face à toi, sans que tu le veuilles. Quand on avait peur de toi, c'était pour une raison précise. Parce que tu te débrouillais pour que la personne ait peur de toi. Mais là, tu n'avais rien fait. Et c'était encore plus traumatisant. Tu soupires un peu, et tu enlèves tes propres gants que tu laisses tomber par terre. Tu ne dis rien en premier lieu, tu fais les cent pas. Ensuite, tu vas t'asseoir sur le rebord du ring de boxe qui est installé dans la salle. Puis finalement, tu poses ton regard sur elle. Sur la jolie Opaline. « Tu ne veux pas de mon aide, hein ? » Tu poses la question alors que tu connais déjà la réponse, à vrai dire. Tu ne sais même pas pourquoi tu le dis, donc. Tu ne comprends pas. Il y a beaucoup de chose que tu comprends dans la vie, mais ça, tu ne comprends pas. « Pourquoi ? » oses-tu demander finalement. Même si tu sais qu'il y a 80% de chance qu'elle ne te réponde pas. Tu gardes espoir. Il ne reste pas beaucoup d'espoir en toi, mais tu gardes espoir pour ça. Pour qu'elle te réponde. Sincèrement. Toi et l'espoir, c'était fini, oui. Tu dois te faire des illusions. Beaucoup trop d'illusions.

Je ne veux pas. Je ne peux pas. C'est tout. Je refuse de porter ces gants, d'apprendre à taper dans quoi que ce soit. Je refuse. J'ai déjà essayé de me défendre. C'est la réaction normale que tout le monde a, je suppose. Se défendre. Ça ne fait qu'empirer les choses. Et là où j'en suis, je préfère limiter les dégâts. Si je fais ce qu'il veut, Sandro, alors je sais très bien comment ça se passera avec certaines personnes, à l'extérieur de ce jeu. Je le sais. Ce n'est pas difficile à imaginer. Je ne veux pas. J'espère qu'il va le comprendre, qu'il va me laisser tranquille. C'est tout ce que je veux, moi. Je ne veux pas que quoi que ce soit change dans ma vie. Je ne veux pas que ça soit encore pire. Parce que ça pourrait le devenir, je le sais. Je le regarde réagir à mes paroles, à mon comportement. Les lèvres pincées pour m'empêcher de pleurnicher comme j'ai l'habitude. Je suis une pleurnicheuse, il paraît. C'est peine perdue. À chaque pas qu'il fait dans cette pièce, je sens que je suis sur le point de craquer. Et je sens aussi qu'il risque de me crier dessus. Ou pire. J'ai la gorge tellement serrée que j'en ai du mal à respirer. Bien sûr que des larmes finissent par glisser sur mes joues. Des larmes silencieuses. Que je m'empresse d'essuyer. Il va s'asseoir. Il me pose une question. Pourquoi je ne veux pas de son aide. La question, c'est plutôt pourquoi, lui, il veut ''m'aider''. J'ai pas besoin d'aide. Je me débrouille très bien toute seule. C'est vrai. Ça pourrait être pire. Je me débrouille bien, seule. Mes joues se retrouvent plus vite inondées que je l'aurais voulu. Merde. Il repose une nouvelle question. Un ''pourquoi''. J'inspire difficilement, j'essuie mes joues. « Pardon, pardon, pardon. » que je souffle, la voix tremblante. Oui, je m'excuse parce que je pleure. C'est plutôt pathétique de pleurer tout le temps, je sais. J'essaye de me calmer, d'inspirer longuement, de faire taire ces pleurs agaçants. En vain. J'espère juste que ça ne va pas l'énerver. Je crois que je l'agace déjà. Autant que j'évite de l'agacer encore plus. « Tu comprends pas. » je murmure pour répondre à sa question. Je ne veux même pas qu'il m'entende, en fait. Il ne comprend pas pourquoi je ne veux pas de l'aide. Ça aggravera tout si j'en ai. Pour moi. Comme pour lui. Il ne veut sûrement pas se mettre dans des histoires à problèmes par ma faute. Personne ne veut ça. Personne ne veut m'aider. Personne. Il ment, c'est probablement ce qu'il fait. Peut-être qu'il sait que ça sera pire s'il m'aide alors c'est peut-être pour ça qu'il veut le faire, je ne sais pas.

Encore une fois, tu la fais pleurer. Tu ne voulais pas ça, toi. Tu voulais aider. Parce que… tu ne savais pas pourquoi. Peut-être parce qu’elle te faisait autant penser à ta petite sœur. Et que tu n’étais pas là pour aider ta petite sœur, toi. T’étais pas là, non… Hm. Et Opaline, elle avait visiblement besoin d’aide. Ce n’était pas ton genre, de t’accrocher comme ça. Si ça aurait été quelqu’un d’autre, tu ne l’aurais même pas aidé, ou t’aurais vite abandonné. Mais pas là. Non, pas là. Elle s’excuse. Pourquoi est-ce qu’elle s’excuse ? Tes sourcils se froncent, tu la regardes. Tu ne comprends pas. C’est bizarre, tu ne comprends rien. Tu n’aimes pas trop ça, ne pas comprendre. T’as pas vraiment l’habitude de pas comprendre les gens. La plupart du temps, tu comprends leur façon de penser, même si tu n’approuves quasiment jamais. Tu n’approuves pas, mais tu comprends. Là, tu ne comprends même pas. Et puis, elle le devine toute seule, que tu ne comprends pas. Tu finis par te lever pour te diriger vers elle. « alors explique-moi. » dis-tu. Tu t’approches d’elle, pas dans le but de lui faire peur, non. Une fois en face d’elle, tu sors un paquet de mouchoir de la poche de ton jogging, t’en sors un mouchoir et t’essuie les joues d’Opaline pleines de larmes sans vraiment lui demander son avis. Tu fais ça délicatement, bien évidemment.

Je suis vraiment désolée de pleurer. Vraiment. Je sais à quel point j'ai l'air pathétique quand je pleure. On me l'a déjà dit, ça aussi. ''Oh, Opaline, t'es vraiment pathétique quand tu chiales.'' ''Sérieux, Opaline, tu devrais arrêter de chialer, j'ai jamais vu une meuf aussi pathétique.'' J'ai l'habitude. Je crois qu'en plus d'être agaçante, naïve, manipulable, on peut ajouter à la liste que je suis pathétique. Je sais. Je ne ressemble pas vraiment à la fille que tout le monde veut rencontrer. Il y en a plein, dans ce jeu, des filles bien. Des filles sociables, souriantes, attachantes. Le genre de filles qui font que des trucs mignons. Des filles mignonnes. Des filles que tout le monde aime. Je ne suis pas comme ça, moi. J'en suis loin. Je suis cette fille, là. Qui passe plus de temps à pleurer qu'à sourire. Je suis cette fille qui a des bleus sur le corps. Je suis cette fille. Et parce que je suis cette fille, j'ai des choses que je n'ai pas le droit de faire. Comme enfiler ces gants et taper dans quoi que ce soit. Il doit s'en ficher, lui, des conséquences. Mais moi, je ne m'en fous pas. Après ce jeu, il va juste retourner là d'où il vient, il va reprendre sa vie. Et je vais faire pareil. Et en reprenant ma vie, des choses vont se passer. Il ne faut pas croire que je suis dans une bulle, coupée du reste du monde et que tout ce que je fais ici n'aura aucune conséquence à l'extérieur. Bien sûr que je suis observée. Ils ne vont pas me laisser m'éloigner d'eux si facilement. Je ne suis pas là juste pour m'amuser, pour faire une pause, pour prendre du bon temps, du tout. Il ne comprend pas. Et il veut que je lui explique. Lui expliquer. Je ne sais pas si je peux. Surtout qu'il s'approche de moi, proche, très proche. Ce qui fait dérailler ma respiration. Et quand je vois sa main se lever vers mon visage, je ferme les yeux. Fort, très fort. Je sais ce qui se passe avec ce genre de gestes, je le sais. Je sais la douleur que ça procure. J'attends qu'elle vienne, cette douleur. Mais elle ne vient pas. Je sens juste ses doigts s'attarder sur mes joues. Sur le moment, je ne comprends pas ce qu'il fait. Puis je suppose que ça a rapport avec mes larmes. Je ne sais pas. Peut-être. Je suis perturbée. Mon cœur bat vite, très vite. Je n'ose pas ouvrir les yeux tout de suite, j'attends un certain temps avant de soulever mes paupières. Ma respiration est toujours aussi brusque. Je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi il fait ça. Je ne comprends pas, moi non plus. Et il veut que je lui explique. Est-ce que je peux vraiment faire ça. Je ne sais pas. J'hésite. Je ne sais pas pourquoi il veut savoir. C'est vraiment perturbant de ne pas savoir. Vraiment. « Pourquoi tu veux savoir ? » je murmure, en le regardant, pendant deux secondes. Oui, pourquoi il veut savoir. Et pourquoi il agit comme ça avec moi. Et pourquoi il me demande si je sais me défendre. Et pourquoi il veut que je tape dans quoi que ce soit. Pourquoi.

Tu voulais aider. Juste aider. Mais tu es à côté de la plaque. Comme toujours quand il s’agit d’une quelconque relation, tu étais à côté de la plaque. C’était comme ça. Il y avait trop de choses que tu ne comprenais pas. Tu voulais bien faire, cette fois-ci. Tu voulais juste l’aider, la poupée. Parce que tu te doutais de ce qu’elle pouvait vivre sans en connaître vraiment beaucoup. Mais c’était comme ça, tu t’étais mis en tête qu’il fallait que tu fasses quelque chose. Tu veux comprendre. Tu veux être utile. Pour elle. Alors que tu l’as faite pleurer – à croire que c’était une habitude, désormais – tu te lèves pour t’approcher d’elle. Lorsque tu lèves la main dans le but d’essuyer ses larmes, elle ferme les yeux. Et à vrai dire, ça ne t’étonne même pas. Tu t’y attendais presque. Bien que ce ne soit pas ton but. Tu voulais seulement sécher ses joues. Chose que tu fais, malgré sa réaction. Tu n’allais pas la laisser dans cet état, tout de même. Et puis, elle te pose une question. C’est sûrement la première fois qu’elle te pose une question. Et franchement, tu ne sais pas quoi y répondre. Pas dans l’immédiat, du moins. Ton regard se pose dans celui d’Opaline. Tu ne lui voulais pas de mal, tu voulais seulement qu’elle le comprenne. « Parce que si je comprends, je saurai ce qu’il ne faut pas faire.. comme essayer de t’apprendre à te défendre pour éviter certaines choses venant de ces personnes dont tu as peur.. » Ces personnes ou cette personne, tu ne sais pas. Peut-être qu’il aurait mieux fallut que tu te taises. Tu ne voulais pas la faire fuir. Ni la faire pleurer. Ni lui faire peur. Tu voulais seulement qu’elle comprenne. Qu’elle comprenne que tu n’étais pas dangereux pour elle, que tu voulais l’aider.

Il y a beaucoup de choses qui m'échappent. Quand je dis que tout est différent ici, ce n'est pas pour rire. Et il ne s'agit pas de paroles en l'air. Tout est différent, dans ce jeu. Tout. Il suffit de regarder les dix dernières minutes que je viens de vivre. M'apprendre à me défendre ? M'aider ? Deux choses que personne n'a jamais songé à faire. Personne. Faire semblant qu'on est dans l'ignorance, c'est plus simple. Ça évite pas mal d'embrouilles à beaucoup de monde. Pourtant, tout le monde sait ce qui se passe. Du moins, ils en connaissent une partie. Personne n'a jamais voulu m'aider. Pourquoi qui que ce soit le ferait. Je ne suis pas une demoiselle en détresse. Je ne suis pas le genre de filles qu'on doit protéger. Je l'ai déjà dit, je suis née pour exister quand on a besoin de moi que j'existe. Alors, non, je ne comprends pas. Je ne capte pas pourquoi il agit comme ça, Sandro. C'est vrai qu'il y a une petite partie de moi qui voudrait bien croire à ses belles paroles. Parce que je suis naïve. Je le sais, ça. C'est pour ça qu'il y a une autre partie de moi qui rattrape le coup, qui m'empêche de croire les mensonges qu'il peut dire. Ce qu'il ne faut pas faire, donc. C'est pour ça qu'il veut comprendre. Pour ne pas faire ce qu'il ne faut pas faire. J'ai l'impression que c'est évident, moi, toutes ces choses que je ne dois pas faire. Comme me défendre. Ça m'est interdit. Du moins, je ne suis pas assez stupide pour faire empirer les choses. Et il est trop proche. Peu importe ce qu'il compte faire de plus sur mes joues, il est trop proche. Je n'aime pas ça. Il a même laissé ses doigts parcourir ma joue et je n'aime pas ça non plus. Et je n'aime pas la façon dont il me regarde. Ou la façon dont il pense pouvoir m'aider. C'est ça qu'il n'a pas compris, je crois. C'est qu'il ne peut pas m'aider. « Je suis pas dans ce jeu pour avoir de l'aide. » je murmure entre deux inspirations. C'est pas pour ça que je suis là. Pas pour m'échapper de mon quotidien, pas pour faire une pause, pas pour m'en éloigner, pas pour changer de vie. J'essuie moi-même mes larmes, cette fois. Je ne peux pas avoir une quelconque aide. C'est impossible que ça fonctionne. Et ça ne ferait qu'empirer les choses. Peut-être qu'il comprend mieux maintenant, je ne sais pas.

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