Lena avait quand même fait l'effort de venir, et ce, même si elle n'avait pas particulièrement le moral en ce moment. Mais ça, c'est uniquement parce que c'était une jeune femme faisant quotidiennement preuve de bonne volonté. Le programme de ce soir ne lui donnait pourtant pas tellement envie de rester bien longtemps dans ce jardin. Une soirée placée, en quelque sorte, sous le signe de l'amour, des gens qui s'aiment... Youhou, super. Tout pour lui redonner le sourire. Il lui était tout bonnement impossible de ne pas penser à son Dean dans ces moments-là. Bon. Lena avait malgré tout décidé de faire acte de présence, mais il ne fallait pas trop en attendre d'elle ce soir car la danoise n'était pas d'humeur. Oh elle n'allait pas faire son caractère de cochon, rassurez-vous, mais disons qu'elle préférait autant être un peu seule. Ce qui ne signifiait pas non plus qu'elle enverrait balader toute personne s'approchant d'elle, évidemment que non. Mais alors qu'elle s'était mise sur le côté pour ne gêner personne - et se faire oublier -, la candidate à laquelle elle se retrouvait associée la rejoignit finalement. Opaline. Elle l'observa un instant en silence, remarquant par la même occasion le foulard noué autour de son cou. Bah, elle considérait qu'elle n'avait rien à lui dire, en fait. Oui elle se mettait dans la peau de sa camarade, et alors, au moins en ne disant rien elle n'aurait pas l'impression de parler dans le vide. Et c'est alors qu'elle s'adressa à elle, lui demandant si elle comptait l'embrasser. Son sang ne fit qu'un tour. Embrasser Opaline ? Mais... ce n'était marqué nulle part, qu'il fallait échanger un baiser. Ou alors Lena n'était une nouvelle fois au courant de rien. « J'en sais rien, je... » articula-t-elle, troublée. Si effectivement elle devait embrasser Opaline, elle aurait autant aimé qu'on la prévienne un peu avant. Mais à priori, personne ne s'embrassait autour d'elles. Si ça se trouve c'est Opaline qui avait inventé cette histoire pour que Lena l'embrasse. De toute façon elle était tordue cette fille, vraiment spéciale. Lena avait vraiment beaucoup de mal à la cerner. Enfin bref, il était évident qu'il n'y aurait pas de baiser ce soir. Sauf si la musique se mettait à retentir, et là à la limite, elle se prêterait au jeu. En dehors de ça, c'était hors de question. « Je n'y tiens pas. » souffla la danoise, tout en détournant le regard. Elle n'avait pas tellement envie de l'embrasser, non, comme elle ne tenait à embrasser personne d'ailleurs. Ces baisers échangés par-ci, par-là, avaient tendance à l’écœurer plus qu'autre chose. Vraiment, elle s'en passerait bien cette fois-ci.

Il y avait encore l’une de ces soirées. Soirée à thème qui plus est, ce qui sous-entendait donc déguisé. Une soirée où tout le monde serait déguisé, encore. Cette fois-ci pas de pirates, mais des cow-boys. L’intitulé n’emballait guère le biélorusse, et encore moins lorsqu’il comprit que le thème était les cow-boys gays… C’était d’ailleurs pour cela qu’il s’était retrouvé entiché d’un garçon le temps de cette soirée. Un dénommé Enoch. Il ne savait pas qui était ce garçon, et l’idée que ce gars joue son « amoureux » déplaisait à Valeri. Valeri avait fait un effort vestimentaire pour cette soirée-là. Il avait pris la peine de se vêtir de sa chemise en jeans. Et c’est tout. Il n’allait pas mettre d’autres artifices, il préférait laisser ce bonheur-là aux autres. Apparemment, ils aimaient bien tous se déguiser… Le jeune garçon regardait tout autour de lui, au milieu de ce jardin. Il y avait des gens qui étaient déjà là, mais pas d’Enoch. Enfin pour savoir s’il était là ou non, fallait-il encore qu’il puisse le reconnaitre. Il aurait mieux fait de le mettre en binôme avec un garçon qu’il connaissait déjà un peu. Genre Sully. En plus, il était tellement romantico-ringard sur les bords que cette soirée devait lui convenir comme un gant. Le regard de Valeri s’arrêta quelques secondes sur quelques candidates. Il y avait Lena dans un coin, en compagnie de celle qui allait être sa partenaire. Il fit alors quelques pas en leur direction. « Pssst, Lena… » souffla-t-il dans un murmure, juste pour qu’elle se retourner. Il lui lança alors un petit sourire, l’air de dire : regard qui est là ? « Hum, je ne voulais pas te déranger dans ta conversation… mais… je ne trouve pas mon partenaire… Il s’appelle… Il tenta alors vainement de s’en rappeler. Emoche… ou non, Enoch, je crois plutôt. Tu sais qui c’est ? » lui demanda-t-il alors. L’air de s’incruster dans une conversation, tout un art. Enfin, s’il était là, ce fameux Enoch, il n’aurait sûrement pas un mal pour trouver Valeri. Il était le seul qui n’était pas déguisé du côté des garçons. Signe distinctif : n’est pas déguisé. Au moins, il n’avait pas l’air d’un plouc ou d’un gros beauf, riant grassement avec un verre à la main. Son regard s’échoua alors sur la jeune fille qui se trouvait avec elle. Oh… Opaline. Il lui adressa alors un sourire, avant de la détailler du regard longuement. Elle n’était pas déguisée. Tout comme lui. A vrai dire, ce n’était pas sur ce détail qu’il s’attarda le plus, mais sur le tee-shirt qu’elle portait. Sur son tee-shirt. Le sien. Celui qu’il lui avait donné, sans raison. « Il te va mieux à toi qu’à moi, ce tee-shirt. ». Il ne pouvait pas garder son commentaire pour lui-même. Il ne put s’empêcher de sourire, à cette remarque qu’il venait de lui faire. Avant finalement reporter son attention sur Lena. Ah oui… Enoch. Vrai. « Enfin, si tu ne vois pas qui c’est, ce n’est pas grave. » conclut-il. Oui, ce n’était pas grave. Il se poserait dans un coin, un verre à la main, observant alors tous ces faux cow-boys piètrement joués.

Mon partenaire du soir a visiblement décidé de faire l’impasse sur la soirée. Tant pis. J’suis en bonne compagnie là, même si en principe, je devrais plutôt essayer de draguer un garçon vu que je suis censé être gay le temps de la soirée. Personne ne m’en voudra, j’imagine. Et encore moins la jolie blonde de lui tenir compagnie. Je l’accompagne ainsi à boire du bourbon. Tout seul, c’est pas marrant. A deux, c’est carrément mieux. Puis, je décide qu’il est temps de faire plus ample connaissance alors je lui demande son prénom. Elle me dit que je devrais le connaître puisqu’elle est la nana la plus bonne, je cite, des candidates. Hum.. Audacieuse. J’suis pas sûr qu’elle le pense vraiment mais j’apprécie tout de même son petit jeu. Je décide de jouer, moi aussi, en restant vague sur mes impressions à son sujet et en ne lui accordant pas forcément raison. En gros, j’insinue qu’elle est jolie mais que je ne suis pas convaincu qu’elle soit la nana la plus canon du jeu. Est-ce que je le pense ? ah ah. En tout cas, je me gêne pas trop pour observer la marchandise. Un peu vulgaire, ouai, mais ça fait parti du jeu. Ça veut pas dire nécessairement que je suis comme ça avec les filles. Au contraire. « Je sais pas, je suis gay je te rappelle. » Ce soir, bien entendu. Pour une fois que le thème a des avantages. En tout cas, j’ai pas envie de lui faire entendre raison. Mais j’vais la complimenter quand même, histoire de la rassurer un peu. Et elle en fait de même vis-à-vis de moi. Je lâche un petit rictus. « Ah ouai ?! J’y songerai. En même temps, j’aurai pas envie de donner de faux espoirs aux homos du jeu. » Oui, bon, ma tenue de cow-boy fait très Brokeback Mountain pour le coup. J’aimerai pas que quelqu’un du mec sexe se fasse de faux espoirs quant à mon orientation sexuelle. Bref, je décide de goûter au bourbon. Il était temps. « Pas mauvais. Mais effectivement, j’ai déjà goûté meilleur. » Disons que ça passe pour la soirée. Maintenant, j’irai pas acheter le même en magasin. Je retrempe mes lèvres à nouveau puis j’en viens à espérer une cigarette. Je décide aussitôt de quémander auprès de la demoiselle en espérant qu’elle fume. Affirmatif. Elle me tend son paquet qu’était bien au chaud camouflé dans son décolleté puis je m’empresse de sortir deux clopes. Une pour moi, une pour elle. « T’as du feu aussi ? » Je crois que j'ai même pas regardé s'il y en avait un dans le paquet. L’arrivée d’Avalon nous interrompt un tantinet faut dire. Mais la jeune femme est évidemment la bienvenue. Je ne manque pas de lui faire savoir et Jaileen aussi. Histoire de mettre à l’aise la brune, je lui demande si elle veut boire quelque chose. J’sais être galant, je crois.

Bon bah apparemment Odessa ne s'attendait pas à ce que je l'embrasse, encore que embrasser c'est un peu énorme sachant que je lui ai donné un petit smack de rien du tout. L'avantage c'est qu'elle ne me frappe pas, on sait jamais. Y'a des folles. Mais bon vu qu'avec Cupidon on est supposé embrassé un peu tout le monde j'imagine qu'on va devoir s'habituer. Enfin encore que moi ça va, j'suis pas trop choquée. J'en ai vu d'autres. « Oh, c’est gentil ça ! Légèrement moins pourvue que toi, c’est clair mais bon, j’ai fait avec ce que j’ai ! » Je souris. Oh bah du coup je me sens obligée de la reluquer un peu. C'est vrai qu'ils ne sont pas aussi gros que les miens, mais elle n'est pas non plus plate comme une limande. « C'est sûr qu'avec tout ce tissus on ne risque pas de les voir. Mais ils me plaisent comme ils sont et puis de toute façon c'est tes fesses que j'ai d'abord remarqué... » Qu'est-ce que je peux en dire comme conneries, encore qu'elle a de très jolies fesses, et comme j'étais un peu sur le sol j'avais une vue imprenable sur son joli popotin alors c'est pas faux, c'est ce que j'ai remarqué en premier. Bref. Bon j'crois qu'elle a un peu de mal à comprendre la référence que je fais, mais étant donné que les mecs sont censés être gay ce soir ça semble logique que Casey soit gêné. « Vous savez, si ça vous brûle les yeux, je vous offre le mien, de décolleté. Aucun risque d’effets secondaires avec le mien… » Je ris, elle est mignonne. Non mais ça va, c'est rien. J'vais pas dire que j'ai l'habitude j'veux pas paraître odieuse mais bon, on fait comme on peut. « Ce n'est pas une mauvaise idée ça... Si tu veux on échange, tu me donnes ton joli haut tout innocent et je te donne le mien. » Et même que je déboutonne le premier bouton, enfin presque. J'vais pas l'enlever là et en plus je doute que les tailles correspondent. Quoi qu'il en soit ça m'amuse assez. Elle papote ensuite avec les deux hommes et s'adresse à nouveau à moi. « J’imagine donc qu’on est en passe d’accéder au second stade d’intimité… » Hum ça dépend, après la culotte, encore la culotte ? Hum j'sais pas, faut voir. « On peut aussi passer au troisième s'il y a des peaux de bêtes, mais avant ça, il faudrait que tu m'offres un baiser digne de ce nom ! » Parce que de toute façon je ne couche pas au premier rendrez-vous. Humhum. Bien sûr.

Il aurait pu quand même le mettre avec quelqu’un qu’il connaissait, ou bien lui donner une photo de ce garçon histoire de l’aider à le retrouver. Qui était Enoch ? Vous le connaissez, vous ? Oui ? Non ? Parce que voyez-vous pour Valeri, ce garçon était un inconnu au bataillon. Il était donc contraint de partir à sa recherche, ou plutôt de demander à ses camarades si eux le connaissaient. C’est alors qu’il demanda à Lena, en première. Oui, ce fut la première qui était dans son champ de vision. Mais apparemment, elle non plus ne voyait pas qui était ce garçon. A vrai dire, elle ne l’aidait pas vraiment sur ce coup. Pas du tout, même. Si même Lena, la gentille, ne le connaissait pas… qui pouvait bien le connaître ? Il dessina alors une légère moue. Tant pis. C’est alors que son regard se posa sur Opaline. La détaillant longuement, allant même jusqu’à remarquer qu’elle portait le tee-shirt qu’il lui avait offert la semaine passée. Il ne put contenir son commentaire, lui disant alors qu’il lui allait bien mieux à elle, qu’à lui. On ne pouvait pas dire qu’elle accueillit ce commentaire avec beaucoup d’enthousiasme. Si tu le dis, lui rétorqua-t-elle alors. Il se contenta alors d’hocher stupidement la tête, tout en se pinçant les lèvres. Elle aurait au moins pu le remercier, quand même. Comme Lena l’avait fait lorsqu’il lui avait dit qu’elle était gentille et jolie, par exemple. Oui, voilà. Elle devrait prendre exemple sur elle, prendre exemple sur Lena. Il reporta, d’ailleurs, son attention sur cette dernière. Ce n’était pas très grave si elle ne savait qui était ce garçon. Il n’allait pas lui en vouloir pour ça. Ce n’était qu’un détail superficiel, ça. Il arqua alors le sourcil, quelque peu surpris par les paroles dictées par Lena. Elle parlait de les laisser… Pourquoi ? Ca, il l’ignorait. Il agita alors la tête, comme pour lui faire comprendre qu’elle pouvait rester… et qu’elle devait rester surtout. « Je n’ai pas envie que l’on m’accuse de t’avoir volé ta petite-amie d’un soir ! Donc reste. » lui fit-il alors remarquer. Puis, il n’avait pas spécialement envie de rester en tête à tête avec elle. Avec Opaline. Enfin, ça devait surtout elle qui n’avait pas envie de rester avec lui. « Vous… vous avez soif ? Je vais vous chercher à boire si vous voulez. ». Quitte à s’incruster, autant le faire pour de bon.