ODESSA & JAILEEN
04.06 à 10h14


Depuis qu’elle se trouvait dans le nid, Jaileen ne cessait de manger toute sorte de cochonneries en tout genre. Bonbons. Gâteaux. Glaces. Pizzas. Hamburgers. Que des choses pas vraiment très bonne pour la santé et très loin des fameux cinq fruits et légumes par jour. Par chance, elle n’avait pas pris le moindre petit kilo, juste quelques petits grammes, une centaine, qui partiraient bien vite dès qu’elle se mettrait au sport. La blondinette n’était pas vraiment sportive, mais elle bougeait tout de même un petit peu pour garder la ligne et rester en forme. Elle s’obligeait une petite séance d’abdominaux deux fois par semaine et ne commençait pas sa journée avant un petit footing d’entretien. Bon, depuis qu’elle était dans les médias, elle n’avait pas fait des abdos une seule fois et n’avait même pas eu l’idée de courir, même après une plaquette de chocolat, ou un garçon. Elle avait seulement fait quelques paniers de basket avec Casey et du trampoline avec Monroe. En gros, rien de bien sportif. Mais ce matin, tout devait changer. Jaileen venait tout juste de se réveiller, qu’elle se dépêchait déjà d’avaler un café bien noir et de se rendre dans la salle de fitness que la production avait mis à la disposition des candidats. Short et débardeur sur le dos, façon de parler bien évidemment, elle entrait dans la pièce, un endroit où, pour le moment, elle n’avait jamais eu l’occasion de mettre les pieds. La blondinette observait la pièce durant quelques minutes avant de se décider. Un tapis roulant ? Ouai, pourquoi pas. Posant sa bouteille d’eau sur le sol, non loin d’elle, voilà qu’elle s’approchait de la machine pour monter dessus. Comme s’il s’agissait d’une bête curieuse, la demoiselle regardait la montagne de bouton se trouvant sur le tableau de commande sans vraiment comprendre. Elle appuyait sur la chose qui lui semblait être le bouton de marche. Bingo. Le tapis commençait à rouler et Jaileen se sentait obligeait se marcher sur place si elle ne voulait pas glisser et se retrouver les quatre fers en l’air. Pour le moment, elle y arrivait. Trouvant le rythme un tout petit peu trop lent, voilà qu’elle appuyer sur un bouton au pif et là, la machine s’emballait, allant à une vitesse folle. Jaileen commençait à courir comme si elle était en train de se faire suivre par un tigre ou une bête dans le genre. Elle avait l’air bien bête et plus elle appuyait sur les boutons, plus la machine allait vite. Au bout de quelques minutes de calvaire, quelqu’un entrait. Une rouquine. Odessa. « Héé .. Tu peux … m’aider à arrêter c’truc s’teu plait. » Elle avait bien du mal à parler tellement sa fréquence cardiaque était élevée.

La blondinette était en train de se maudire. Comment avait-elle pu avoir une idée aussi stupide que celle de courir sur un tapis roulant ? Si elle avait envie de se défouler de la sorte, elle n’avait qu’à aller courir dans le jardin botanique ou bien un truc dans le genre, mais non il fallait toujours qu’elle se fonde dans la masse et qu’elle fasse comme les autres, histoire de ne pas paraître trop étrange aux yeux de ses colocataires. Ne sachant plus que faire pour arrêter cette machine, qui était en train de devenir complètement folle, Jaileen ne trouvait pas d’autre moyen que de courir comme une idiote tout en se cramponnant à des barres de sécurité, se trouvant de chaque côté d’elle. C’était l’angelot qui devait être contant du spectacle. Il allait avoir de quoi montrer dans la séance bêtisier de fin de saison, le jour de la finale. Alors qu’elle courait depuis une bonne dizaine de minutes, Odessa, la jolie rouquine de l’aventure, faisait son apparition dans la pièce. Sautant sur l’occasion, la petite anglaise venait supplier sa camarade d’arrêter cette chose. Elle n’en pouvait pas. Elle pensait même s’être fait mal en augmentant d’un coup le rythme de la machine sans avoir eu le temps de s’échauffer un petit peu. Odessa, gentille comme un petit cœur, venait donc à la rescousse de la demoiselle. Dans un premier temps, elle commençait par baisser la vitesse du tapis roulant avant de l’éteindre complètement. « C'est capricieux ces trucs là ! » La blonde approuvait d’un signe de la tête les paroles de la rousse. « C’est surtout super dangereux. Imagine un enfant passe par là, monte là-dessus, l’allume et se fait éjecter à cause de la vitesse. Multiples fractures, saignements, traumatisme crânien même. Non, moi je pense sincèrement que lorsque quelqu’un entre dans la pièce, Cupidon devrait prendre un micro et intervenir pour prévenir du danger de cette chose. Tu verras qu’avant la fin de l’aventure, il y aura des blessés à cause de ce tapis de course. » Le moulin à parole était en marche et surtout bel et bien de retour. Elle venait très certainement de souler Odessa en un rien de temps, mais au contraire, cette dernière reprenait la parole. « Mais tu sais, je ne crois pas que tu en aies réellement besoin. » Oh un compliment. La blondinette rougissait. C’était bien la toute première fois d’ailleurs que ses joues s’empourpraient face à un compliment. Remarquez d’habitude c’était plutôt des hommes qui lui faisaient ce genre de compliment donc elle ne savait pas toujours si cela était la vérité ou bien si c’était seulement pour la mettre dans son lit. Une femme, ce n’était pas pareil, lorsqu’elle faisait un compliment, en règle générale, c’était tout le temps vrai. Un sourire au bout des lèvres, elle venait répondre : « C’est gentil comme remarque, mais … t’as vu la taille de mes joues ou quoi ? On dirait un hamster sortant tout droit d’un centre de gavage pour les oies. En réalité j’crois que je me dis que si je fais du sport, je vais peut-être perdre des joues. » Stupidité puissant 10 000. Finalement, sur un air amusé par ce qu’elle venait de dire, et non pas pour se moquer de sa camarade, elle n’oserait tout de même pas, voilà qu’elle reprenait la parole : « Pourquoi t’es ici ? J’aurais juré que tu n’avais pas besoin de faire du sport toi non plus. » La rouquine était magnifique. Peut-être pas aussi mince que certaine candidates, mais c’était tout son ensemble qui la rendait magnifique et puis elle avait des formes juste aux bons endroits. Rien de bien dramatique en gros.

Sérieusement, il n’y avait qu’à Jaileen que ce genre de chose pouvait arriver. C’était plus fort qu’elle, elle attirait les ennuis en permanence. Pourtant elle était plutôt confiante et sûre d’elle à chaque fois, mais elle était tellement casse-cou que tous les pépins et bien c’était pour sa poire. Elle commençait à être habituée depuis le temps donc elle n’y prêtait même plus attention, mais tout de même si ce genre de mésaventure pouvait arriver en quelqu’un d’autre et bien elle aurait largement préféré. Oh, elle ne voulait pas dire que cela ne devait pas lui arriver, bien au contraire c’était un petit peu sa marque de fabrique toutes ces choses bizarres qui n’arrivaient qu’à elle, mais elle aurait bien aimé que pour une fois ce ne soit pas elle la première du nid à se tromper de bouton sur cette machine infernale. Il y avait tellement de monde encore, mais non il fallait toujours que cela tombe sur elle. Heureusement qu’Odessa avait fait son apparition assez rapidement sinon la blondinette serait encore en train d’user le tapis de cette bête de fer. Histoire de se justifier elle partait en débat sur le fait que la production aurait pu afficher une notice ou quelque chose pour les enfants qui peuvent passer par là, mais elle était encore en train de se ridiculiser, de montrer que si elle était blonde ce n’était pas pour rien. Pourtant, elle était tout de même étudiante en journalisme. Disons que pour apprendre elle était forte, mais pas très débrouillarde. « Humm... Mais aucun enfant ne va passer par là donc je pense que tout se passera bien tu sais. Quant aux blessés, c'est possible, oui, peut-être qu'ils auraient du mettre la notice à côté, c'est une idée. Même si je pense que personne ne l'aurait lu donc au final... » Une petite grimace s’emparait du visage de la blondinette et comme elle n’aimait pas vraiment avoir tort, ou du moins elle n’appréciait pas vraiment le fait que quelqu’un puisse la contredire, voilà qu’elle venait répondre du tac au tac : « Et si l’un d’entre nous a un enfant qui, un jour, vient lui rendre visite et que cet enfant tombe sur cette machine et que là il monte dessus appuie sur la bouton et se ramasse une gamelle monumentale ? Et bien ce jour-là, j’aurais eu tout de même raison de m’inquiéter pour les enfants. » Mais oui bien entendu. Jaileen croisait ses bras sous sa poitrine comme pour donner un petit peu plus de sérieux à ses propos avant que la discussion de tourne vers son physique et celui de la jolie rouquine. « Je peux t'assurer que tu ne ressembles absolument pas à un hamster, ou alors ça veut dire que ce que j'ai pris pour des hamsters toute ma vie n'en était en réalité pas. » Un sourire pas forcément convaincu sur les lèvres voilà que la blondinette venait se pincer une joue tout en disant : « En fait j’ai des grosses joues rebondis j’trouve. Enfin, ça dépend sous quel angle tu me vois en fait, mais peut-être qu’un jour je ferais une liposuccion des joues ou un truc du style parce qu’on dirait que je viens de me faire retirer les dents de sagesse tous les jours de l’année. »[i] Elle haussait les épaules avant de poser ses pupilles sur la silhouette de son interlocutrice. [i] « Pas vraiment pour faire du sport en tant que tel mais surtout pour bouger un peu. J'ai l'habitude de faire des footings, avec un ami et mine de rien, je ne pensais pas dire ça mais ça me manque un peu... » L’anglaise aimait beaucoup courir elle aussi, mais c’était un petit peu plus compliqué avec ses études et puis si elle devait courir avec quelqu’un, genre un ami ou quoi et bien c’était le point de côté assuré. Elle ne pouvait pas s’empêcher de parler. Sourire à l’appui, elle ouvrait la bouche, mais n’avait pas le temps d’articuler deux mots que sa camarade reprenait, lui posant une question assez étrange : « T'es mannequin en fait? » Jaileen était surprise et elle secouait la tête de gauche à droite avant de prendre la parole : « Pas du tout. T’as bien vu les mannequins elles sont beaucoup plus fines que moi et surtout elles ont des seins parce que moi j’ai plutôt tendance à avoir deux petites cerises en fait. » Oui, Jaileen était une grande complexée.