Il est là, Valeri, c’est sûr, je l’ai vu rentré, donc il y est, là-dedans. C’est vrai que j’hésite un peu, avant d’entrer, moi. Mais pas longtemps, parce que je ne me suis toujours pas excusée, et je ne sais pas pourquoi je mets autant de temps, à m’excuser, j’aurais dû le faire le soir même du prime, je le sais bien, mais non, je ne l’ai pas fait. J’entre aussi, même si je me demande si je ne devrais pas faire demi-tour. Peut-être que ce n’est pas le bon moment. Peut-être qu’il n’est pas seul. Ou qu’il l’est, et qu’il ne souhaite pas être dérangé. Je continue quand même d’avancer dans le couloir, faiblement éclairé, ça m’énerve, je ne sais pas si je fais bien de venir m’excuser tout de suite, peut-être qu’il m’en veut vraiment beaucoup. Je n’arrête pas de tirer sur les élastiques. Celui de Kat, et ceux de Kimo, ça dépend des fois. Et je passe une porte, et les escaliers, et je le trouve. Je tire un peu plus fort sur l’un des élastiques de mon poignet. « je suis désolée. » là, au moins, c’est dit, et je suis sincère, en plus, vraiment sincère. « vraiment, je suis désolée, je voulais pas te faire perdre de l’argent, juré, je voulais pas ça, moi, et j’ai confiance en toi, enfin, je crois, je voulais pas te vexer, c’est pas ça, pardon, vraiment, je voulais pas ça. » je m’emballe un peu, je parle trop vite, et peut-être déjà trop. « tu m’en veux beaucoup, vraiment beaucoup, dis ? » je demande, quand même, j’espère que non, ah vraiment, je veux pas, c’était pas méchant.

Le club de strip tease. L'endroit où il comptait passer sa fin de matinée. Il ne savait pas vraiment pourquoi il s'y était rendu. Peut-être avait-il entré dans l'espoir d'y trouver une présence féminine. Non, à vrai dire, il était venu ici, juste par curiosité. Plus que par désir. Il était évident qu'il ne dirait pas non à un petit spectacle, pour ses yeux. Après tout, Valeri restait un homme, sensible aux formes féminines et à leur charme. Alors il venait à peine d'entrer dans l'endroit, la porte se claqua derrière lui. Il se retourna aussitôt, il pouvait constater la présence d'une jeune femme, Thelma. Il ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait là, ni ce qu'elle lui voulait... Oui, parce qu'elle semblait s'approcher de lui, désireuse de lui parler. Elle se disait désolée. Désolée de ? Il arqua un léger sourcil. Elle lui avoua alors qu'elle ne voulait pas qu'il perde de l'argent... Ah, elle devait peut-être faire référence au petit incident du prime, le fameux coup de fil. Ce n'était pas tant l'idée d'avoir perdu de l'argent -quoique... Ismène, elle n'avait franchement pas géré sur le coup- mais plutôt le fait qu'elle lui ait filé le combiné. Cupidon lui avait quémandé de passer le téléphone à la personne qui lui inspirait le moins confiance. CQFD : elle n'a donc pas (ou peu) confiance en lui. Sympa pour une fille qu'il ne connaissait à peine. Elle lui disait alors qu'elle avait confiance en lui. Ah ? Là, il en doutait vraiment. Ce n'était pas ça, ajouta-t-elle alors. Elle ne voulait pas le vexer, et blabla. « Alors si ce n'est pas ça, si ce n'est pas le fait que tu n'aies pas confiance en moi, c'est quoi alors ? » souffla-t-il. Il voulait comprendre un peu son choix. Après tout, il y avait peut-être d'autres candidats dans ce nid qui lui inspirait moins confiance, que Valeri. Mais il eut fallu que ce soit lui qui eut le temps d'un prime, le temps de quelques minutes l'étiquette du garçon lui inspirant peu confiance. Son interrogation était légitime, après tout. Elle finit par lui demander s'il lui en voulait. S'il lui en voulait beaucoup, vraiment beaucoup. Il agita vivement la tête de gauche à droite avant d'ajouter : « Non, non... Disons que sur le coup, j'étais un peu contrarié... ». Même assez, à vrai dire.

C’est quoi, il veut savoir ce que c’est, si je ne manque pas de confiance en lui. Je sèche, vrai, je reste muette, pendant un moment, parce que je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne veux pas le fâcher à nouveau, vraiment pas, et je ne veux pas lui mentir non plus, je veux être honnête, pour de vrai, et lui donner une bonne réponse. J’aimerai bien trouver, cette réponse. Je lâche un peu mes élastiques, j’ai peur de les casser, à force de tirer. Mais ça vient pas, là, tout de suite. Je me mordille la lèvre. Même si ce n’est pas bien, de le faire. Je tourne les yeux, je regarde la pièce, comme si la réponse pouvait s’y trouver. Mais non. « je. » je ne sais pas. « c’est rien. » je crois que c’est rien. C’est bête. Il ne doit pas m’apprécier beaucoup. « c’est vrai, c’est rien, c’est Cupidon, il voulait que je passe le téléphone, moi, mais, j’ai confiance aux gens, enfin, c’est pour ça, ça veut rien dire. » je ne sais pas m’exprimer, je fais des gestes, un peu, avec mes mains, mais ça rime à rien, même mes mots, ils collent à peine, je le sais bien, que je n’arrive pas à m’expliquer, et ça m’énerve, je trouve pas les mots corrects, ceux qui exprimeraient bien ce que je voudrais dire, ils ne me viennent pas en tête, je ne sais pas si c’est parce que je suis un peu trop nerveuse, ou je manque de vocabulaire, peut-être, c’est possible, aussi, mais je trouve pas. Mais il ne m’en veut pas, pour le prime, il me dit, je souris, immédiatement, soulagée, je n’aime pas quand les gens m’en veulent. Il était contrarié, à cause de moi, c’est de ma faute, ça. « pardon, c’était pas ce que je voulais, juré, juré, tu me pardonnes, maintenant ? »

Ca l'intrigué quand même cette histoire, ça le vexait même un peu. Juste un peu, un tout petit peu. Il aurait certainement préféré qu'elle passe le combiné à une autre personne. Qui ? Il n'en savait rien lui. Donc ce n'était rien, d'après les dires qu'elle venait d'articuler. Ce n'était rien, répéta-t-elle. Oh non, finalement... c'était Cupidon. Il lui avait demandé de donner le téléphone à une personne. Elle l'avait peut-être fait hasardeusement, tout comme lui l'avait fait en le donnant à cette fameuse jeune fille qui n'était pas drôle du tout, Ismène. Tout cela ne voulait donc rien dire. Valeri se contenta de rester silencieux et hocha vaguement la tête. Au fond, si elle n'avait agit comme lui l'avait fait, il ne pouvait pas lui en vouloir. Enfin... il avait juste été quelque peu irrité par ce geste. Froissé dans son ego. Il était contrarié. Voilà tout. Ce fut d'ailleurs sa réponse lorsqu'elle lui demanda s'il lui en voulait. Elle s'excusa encore une fois. Il ne savait pas encore combien de temps cette mélodie du pardon allait chantonné dans cette pièce, mais il n'avait qu'une hâte, qu'elle s'arrête. Elle lui demanda s'il lui pardonnait... pour pardonner à quelqu'un fallait-il encore lui en vouloir. A ce qu'il sache, il ne lui en voulait pas vraiment. « Je ne t'en veux pas, tu sais... Je voulais juste des explications à ce sujet... ». Il en avait eu, certes. Mais des informations qui ne lui convenaient pas vraiment, ou qui se satisfaisaient pas tant sa grande curiosité. Valeri finit par s'asseoir au bar, il ne comptait pas rester aussi longtemps debout sur ses frêles cannes. « Tu veux boire quelque-chose ? » lui demanda-t-il. Il pouvait bien lui offrir un verre, au moins, elle pourra constater par elle-même qu'il ne lui en voulait pas tant que cela. Ce n'était qu'un petit incident. Voilà tout.

Il ne m’en veut pas, il le dit, mot pour mot, ça doit être vrai alors, je pense. Ça me calme un peu, vrai, parce que je veux pas déranger les gens, moi, pas du tout, mais s’il ne m’en veut pas, c’est bon, alors, je pense, tout est bon. J’ai peut-être pas autant foiré. Ou en tout cas c’est réparé, je pense. Il rajoute qu’il souhaitait seulement des explications, et je culpabilise un peu, parce que même pour ça, j’ai pas réussi, vrai, ça, j’ai pas réussi à m’expliquer comme il le fallait, j’ai pas trouvé les bons mots, tout ça, mais tant pis, on passe à autre chose, je crois, parce qu’il va s’asseoir et me demande si je veux boire quelque chose. C’est que c’est fini je crois, je pense, c’est mieux comme ça. Alors, je le suis pour m’asseoir à côté de lui, maintenant qu’on est là. « comme toi. » je réponds, simplement. « je veux boire comme toi. » je reformule, j’étais peut-être pas très claire, c’est possible ça, je sais pas trop moi. « t’as déjà vu un strip-tease toi ? » je demande, comme ça, enfin, je crois que c’est ce qu’il est supposé avoir, dans un endroit comme ça, je ne sais pas, moi, c’est la première fois que je rentre là-dedans, alors bon.

Il n'avait pas envie de s'éterniser sur ce sujet, tout compte fait. Il lui proposa alors si elle voulait boire quelque-chose. Il pouvait très bien se servir, sans lui demander quoique ce soit... enfin, ceci aurait sûrement terni l'image du jeune homme. Comme lui, avait-elle dit alors. Elle voulait comme lui ? Ah. Elle voulait boire comme lui. Ah... oui, c'est plus clair là. Il hocha alors la tête. Se relevant et se munit de deux verres qu'il place à leur place respective. Il avait repéré une bouteille de vodka, c'est sûr que ça ne vaut pas celle artisanat que l'on peut trouver dans son pays. Enfin, ça fera l'affaire. « Ce n'est pas une boisson pour les p'tites filles, je te préviens. » souffla-t-il tout en versant de la boisson dans le verre de Thelma. Un sourire amusé étira les lèvres du biélorusse. Il se servit à son tour, et rangea la bouteille où il l'avait pris. C'est alors que la brune vint lui poser une question. Il arqua un léger sourcil, avant de venir se rasseoir à sa place. Elle lui demandait si elle avait déjà vu un strip-tease. « Ici, non... ». Ici, au sein de ce jeu. Ailleurs, oui, il en avait déjà vu. « C'est une manière pour me faire comprendre que tu veux m'en faire un, c'est ça ? » ne pouvait-il pas s'empêcher d'ajouter. Son poignet vint chercher le verre qu'il s'était rempli et but une gorgée, avant de poser son regard sur le doux visage de la jeune femme. Evidemment, il n'était pas sérieux dans ses propos. Il se doutait bien qu'elle ne désirait pas lui en faire un. Il disait ça pour plaisanter. Enfin, à en voir la tête de cette fille, elle n'avait pas vraiment compris. « Hé, j'plaisantais ! » préféra-t-il lui faire remarquer. Pas de mal entendu comme cela. « Tu t'entends bien avec Opaline, toi, je me trompe ? » souligna-t-il. C'était une façon de faire oublier sa mauvaise plaisanterie. Changer de sujet de conversation.

Il verse quelque chose dans un verre, pour moi. L’odeur, je ne la connais pas. Je ne crois pas. Je n’ai jamais bu de ça, je crois. Il précise que ce n’est pas une boisson pour les petites filles. Je fronce les sourcils. « je ne suis pas une petite fille. » ou peut-être que si ? Je ne sais pas. Mais je ne veux pas. Pas là, avec Valeri, non, non. Mes ongles claquent contre mon verre. J’attends, avant de goûter. Valeri ne boit pas encore. Peut-être qu’il faut attendre un peu. Je ne sais pas. Il n’a jamais vu de strip-tease ici. Moi non plus. Pas ici, ni autre part, je crois. Enfin, j’ai déjà vu des gens nus, ça, oui, mais pas des strip-teases. Et après son autre question, mes doigts arrêtent de tapoter contre le verre d’alcool. Il dit rien de plus, et il ne rit pas non plus. Je ne sais pas s’il dit ça pour de vrai, moi, ou si c’est pour se moquer de moi. C’est pour ça que je ne sais pas quoi répondre. « je. enfin. » c’est tout ce qui sort de ma bouche, là. Je ne saurais pas faire, moi. Ce ne serait pas joli. Il faut être jolie pour ça, et savoir faire. Et je ne sais pas si j’en ai beaucoup envie non plus. Je ne sais pas s’il se fâcherait beaucoup, Valeri, si je ne veux pas, finalement. Mais il dit qu’il plaisantait. Je crois que je suis un peu soulagée. C’est mieux comme ça. Et il a commencé à boire de son verre. Une gorgée, une seule. Alors, j’attrape le verre, pour approcher le liquide de mes lèvres. De plus près, ça a une drôle d’odeur, ça, je trouve. J’en bois une gorgée, une petite, avant de reposer le verre. Ça brûle un peu la gorge. Et je ne trouve pas ça très bon. Mais j’essaye de ne pas grimacer, pour que Valeri ne sache pas, que ce n’est pas très bon. Et il parle d’Opaline. J’hoche la tête. « oui, oui, elle est .. » je ne sais pas. Je trouve pas de mot pour décrire les gens, moi. « je l’aime beaucoup. » ça, c’est vrai. « et toi tu l’aimes beaucoup ? » je ne sais pas, même si Opaline ne voulait pas aller vers lui, lors de la soirée, peut-être que c’est une chose qui a changée.

En lui versant de l'alcool assez forte, il ne manqua pas de lui préciser que ce n'était pas une boisson pour les petites filles. Mais, elle n'en était pas une. C'était ce qu'elle venait de lui répondre. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres. Ce n'était donc pas une petite fille. Elle lui demanda s'il avait déjà vu un strip-tease. Il ne savait pas vraiment ce que cette question venait faire ici. Il laissa entendre alors que la jeune femme voulait peut-être lui en faire un. Que son interrogation était une façon détournée de lui demander s'il en voulait un. Evidemment, Valeri n'était pas sérieux dans ses dires. Il plaisantait. Il s'amusait un peu, comme toujours à vrai dire. Quelques mots, ou plutôt quelques sons sortirent de sa bouche. Je. Enfin. Les deux mots qu'elle avait réussi à articuler. Valeri voyait bien qu'elle n'était pas très à l'aise, et sûrement assez gênée par la supposition faite par le biélorusse. Il aurait très bien pu s'en amuser un peu plus, comme il le faisait en temps normal. Comme il le faisait avec n'importe qui. Finalement, il préféra lui dire qu'il plaisantait. Que c'était pour rire. Qu'il ne le pensait pas. Et oui, il ne le pensait pas. Vraiment. Il finit par entamer son verre, avant finalement poser une question à la jeune femme. Changeant, ainsi, de conversation. Il lui demandait si elle s'entendait bien avec Opaline. De ce qu'il avait pu voir, elles avaient l'air de bien s'entendre. De très bien s'entendre même. Thelma lui confirma donc sa pensée. Elle était... ? La jeune fille ne finit pas sa phrase, et se contenta de lui dire qu'elle l'aimait beaucoup. Cette dernière lui demanda alors si lui aussi. Si lui aussi l'aimait beaucoup. Il baissa la tête, échouant son regard sur le contenu alcoolisé transparent de son verre. S'il l'aimait beaucoup ? Il finit tourner son verre entre ses mains, reportant son attention sur Thelma. « Elle ne m'apprécie pas vraiment, alors difficile de dire que je l'aime beaucoup... » souffla-t-il. Elle ne l'appréciait pas, et lui... c'était un point d'interrogation pour lui. « Il faudra que tu me donnes ton secret pour qu'elle puisse m'apprécier. » lâcha-t-il subitement. Elle devait bien avoir un secret, la Thelma, pour qu'Opaline l'apprécie.