Tu ne dormais que très peu, depuis très longtemps. Tu n'avais pas pour habitude de dormir longtemps, et ça te portait souvent préjudice. En ce mercredi après-midi, tu t'étais pourtant allongé sur ton lit, plus dans le but de glander tranquillement, alors que personne ne se trouvait dans la pièce, plutôt que pour dormir. Pourtant, tu t'étais assoupi. Par erreur, tes yeux s'étaient clos, et tu étais parti dans un autre monde. Chose qui n'arrivait que très rarement. Vraiment. Tu ne t'en étais même pas rendu compte. Pourtant, au bout d'un moment, tu te réveilles. Tu ne sais pas vraiment ce qui t'as réveillé. Peut-être cette présence que tu sentais dans la chambre. Ou cette sensation d'être observé. Tu avais un don pour reconnaître quand tu étais observé, même les yeux clos. Alors t'ouvres doucement les yeux. Et la première chose que tu vois, c'est Opaline. Opaline qui t'observes. Elle a un lit d'écart par rapport à toi, et ça semble lui convenir, puisqu'elle n'a pas l'air d'avoir si peur que ça. Pour l'instant. Tu la regardes. Tu lui souris, un peu. Pas beaucoup, parce que t'es pas vraiment adepte des grands sourires, il faut dire. - Bonjour..? que tu marmonnes, la voix un peu éraillée à cause de ton réveil.

T’aurais sûrement pas dû t’allonger dans ton lit. De cette manière, tu ne te serais pas endormi de la sorte en plein milieu de la journée. Mais qu’importe. Tu ouvres les yeux après avoir somnolé durant un temps qui t’était indéterminé. La première chose que tu vois – ou personne, plutôt – c’est Opaline. Comme d’habitude, elle te fuit du regard. Tu commences à avoir l’habitude, à force. Ce n’est pas important, qu’elle fasse comme bon lui semble. Ce qu’elle te dit te fait sourire. Oui, tu pouvais sourire, aussi. C’était rare, mais ça arrivait. Tu souris parce que ses paroles ne t’étonnent même pas, au final. « C’est parce que je ne parle pas, hein ? » En fait, tu connais déjà la réponse à cette question. T’es pas débile, tu sais très bien que c’est parce qu’elle n’aime pas quand tu lui adresses la parole ni rien. C'est pas ce que tu veux, pourtant, lui faire peur. Tes intentions sont bonnes, avec elle. Vraiment. Mais tu n'y peux rien, elle doit pas t'aimer.

Elle te regarde pas, comme d’habitude. Mais au moins, elle reste là. Elle ne te demande pas de partir, et elle ne part pas elle-même. Elle te parle, en plus de ça. C’était sûrement la première fois. Enfin, qu’elle te parle pour ne pas répondre à tes questions. T’adresser la parole pour de vrai. Peut-être était-ce le signe d’un quelconque progrès ? Tu ne savais pas trop. Parce qu’elle te montre une fois de plus qu’elle a peur de toi. Puisque tu es « inoffensif » quand tu dors. Tu peux comprendre. Oui, bizarrement, tu peux comprendre qu’une personne fasse moins peur une fois endormie. Bien que ce ne soit jamais arrivé pour ton cas. Tu la regardes un instant, tu ne sais pas trop quoi répondre à ça. En fait, c’est sûrement la première fois que tu ne sais pas quoi répondre à quelque chose. Tu avais pourtant toujours la réponse à tout. Mais pas là. En fait, tu te fichais pas mal qu’elle te regarde dormir ou non. Si ça l’aidait, tant mieux pour elle. « Je suis désolé de te faire peur. » dis-tu tout simplement. Oui, toi, tu t’excusais. Toi, Sandro. Ca arrivait sûrement tous les 36 du mois, ce genre de choses. Et là, c’était tombé sur elle. Opaline. Bref. Lui faire peur n’était pas volontaire, loin de là. Tu voulais toujours autant l’aider, mais tu avais compris que le lui dire n’arrangeait en rien les choses, puisqu’elle avait l’air convaincu que tu étais un menteur. Tu étais beaucoup de chose dans la vie, mais pas un menteur, ça c’était sûr. M’enfin. Tu ne pouvais rien y faire, pas pour l’instant. Et sûrement jamais en fait. « Je suppose qu'il vaut mieux que tu me croises seulement quand je dors, alors. » Pas de chance pour elle, tu ne dormais pas souvent à vrai dire. Bon.