J'ai de plus en plus de mal à trouver un espace relativement calme. La bibliothèque ne l'est pas assez à mon goût. Certains sont parfois trop bruyants. J'ai besoin de silence de temps à autre pour me recueillir, pour méditer. Je parcoure les différentes sections des studios pour trouver mon prochain refuge. C'est l'après-midi. Je vagabonde ça et là, sans vraiment savoir où je vais. J'arrive dans les coulisses. Une partie que je n'ai pas encore vu. Je découvre la régie. Une pièce fort déstabilisante au premier coup d’œil. Il y a des écrans partout. On est épié constamment. Même par nos camarades. Ce qui me glace un peu le sang. Je vois qu'un candidat est déjà là. On dirait qu'il dort à poings fermés. Je le reconnais. C'est le doyen du nid d'amour. Qui plus est. Il est dans mon équipe. Je m'assois à côté de lui en douceur. Je n'ai pas envie de réveiller. Il n'a pas l'air de ronfler en tout cas. J'ouvre mon livre et le pose sur mes genoux. Mon regard est attiré par les images à l'écran. Il n'y a aucun son. Il ne reste que les allées et venues des candidats. J'ai l'impression d'être un voyeur. On voit tout d'ici. Ce que font les candidats. Avec qui ils parlent, etc. C'est effrayant. Mon regard clair croise celui de Hadatt. Il est réveillé. - Désolé. Je ne voulais pas te réveiller., dis-je avec sincérité. Pourtant, j'ai pris toutes les précautions pour ne faire aucun bruit. C'est raté, on dirait.

Hadatt ne devait pas oublier pourquoi il était là : gagner. Mais pour gagner, il fallait aussi dépouiller les autres habitants de leurs secrets et surtout de leurs cagnottes. Et pour ça, il fallait qu'il enquête, qu'il fasse sa fouine et enquiquine tout le monde de ses questions gênantes et ultra impersonnelles ! Cependant, n'ayant pas de succès auprès des candidats et n'arrivant surtout pas à déchiffrer le vrai du faux, Hadatt s'était laissé soufflé l'idée de la régie. Là-bas, il pourrait espionner en paix. Il pourrait écouter aux portes. C'était parfait pour la fouine qu'il devenait. Néanmoins, comme tout autre activité non productive, l'irlandais s'était endormi bêtement au bout de... dix minutes. Regarder les autres se reposer, s'occuper, ba c'était pas si stimulant que ça au fond. Ca stimulait même pas sa curiosité. Il sursauta lorsque quelqu'un s'installa à côté de lui, manquant de faire tomber son petit journal qu'il avait ouvert à une page griffonnée et tâchée ça et là d'encre, mais assez vierge pour contenir toutes les informations compromettantes qu'il allait dénicher. « Nonnonnonnon-je-ne-domais-pas ! » lança l'irlandais comme s'il voulait s'en convraincre. « Non je dormais pas ─ Quelle heure il est? ─ Ah Chef ! J'espionne l'ennemi ! » Référence à son appartenance à l'équipe du jeune homme. « Enfin... j'essayais mais ils sont très durs à analyser heu.. » expliqua-t-il ensuite, pour essayer de faire style "mec tu n'as rien vu, pas même la bave qui coulait de ma bouche pendant que je pionçais comme un porc".