landslide, 13.06 - 02:14

J'avais cette fâcheuse manie d'idéaliser tous les gens avec qui je me sentais proche. Oui, je pouvais vanter leurs milles et un mérites, les défendre jusqu'à la mort. Pour moi, mes proches étaient bien souvent parfaits, parce qu'ils étaient le fruit même de ce que j'aspirais à devenir. C'était eux qui m'aidaient à évoluer. Bien évidemment, je ne dis pas ça pour prétendre que je peux être parfaite, non, parce que je ne le serai jamais, mais c'est une image. Nous avons tous un but à atteindre, une pensée à laquelle on se raccroche ou un dernier espoir. Une personne que l'on souhaite devenir, que l'on doit devenir. Je voulais être un sourire. Oui, je voulais être cette femme qui ne se préoccupe plus des problèmes, les embrassants en un sourire. Je voulais que la vie me sourit. Mais c'était une nouvelle fois une pensée naïve, jamais je ne pourrais obtenir cela. Jamais je ne pourrais être totalement heureusement. Parce que personne ne l'est. Personne ne le sera jamais. On se fait toujours manger par plus imposant que soit, c'est certainement une des règles de la nature. Oui, se faire manger par plus gros que nous, ou bien par nous même, ce qui était certainement bien plus dangereux. A mes yeux, Enoch était le prototype de l'homme que n'importe quelle femme se serait arrachée. Doux, attentionné, calme et réfléchi. Pourtant il semblait ne pas être de cet avis. Bien sûr qu'il ne le serait jamais. Parce que lui comme moi, avions tendance à nous dévaloriser. « C'est une histoire que je préfère ne pas raconter pour le moment. » son visage s'assombrit un instant avant qu'il ajoute une dernière parole « Je ne suis pas un saint, Brune. Dans cette histoire, j'ai été tout aussi fautif. » j'observe un instant ses traits se durcir, il semble plongé dans ses pensées, comme s'il en venait à les combattre. Je fronce un instant les sourcils, une main venant se déposer sur la joue du jeune homme. « C'est rien Enoch, ne te renferme pas. » que je reprends d'une voix douce, avant de finalement retirer ma main. « Cependant, si il y a une personne à qui tu tiens réellement, et avec qui tu voudrais être un jour... Alors n'hésite pas. Et dis le lui. » et cette pensée était également valable pour moi. Je ne voulais pas qu'il se renferme et qu'il pense que personne ne le comprendrait, ou qu'il ait peur de faire souffrir quelqu'un à nouveau. « Tu es quelqu'un de bien Enoch, je le sais. »

Je suis loin d'être l'homme parfait. L'homme bien sous tout rapport. J'ai fais des erreurs dans ma vie. Celle d'être tombé amoureux de cette femme entre autres. Sans doute, la pire de mon existence. Depuis, je fais tout pour me racheter. En repensant à cette histoire, j'ai une douleur atroce à la poitrine. Mon cœur se déchire à nouveau. Mon regard se voile d'une tristesse infinie, ma mâchoire se durcit, la respiration haletante. Des souvenirs remontent à la surface. Je vois défiler sous mes yeux les images d'une relation chaotique. Je ferme les yeux, je la revois dans ses plus beaux atours, dans ce lit que nous avons partagés. Puis, le vide qu'elle a apporté suite à son départ précipité. Elle m'a quitté, elle s'est envolée éclatant mon coeur en mille morceaux. Je ne l'ai jamais revue depuis. J'ai souffert. Je m'en mords encore les doigts aujourd'hui. Mais la souffrance s'est atténuée avec le temps. Je finis par pardonner. Maintenant, je suis un autre homme. J'ai mûri, je me suis endurci. Pensant avoir connu le pire, je me suis renfermé m'isolant des autres, me méfiant d'eux. J'ai décidé de rester seul pendant toutes ses années. Je me suis emmuré derrière une façade froide et sans vie. J'ai travaillé jour après jour pour oublier. Pour l'oublier, elle. Des années d'errance et de solitude. Je m'y suis fait. Mais un matin, je me suis réveillé, découvrant qu'un mal irascible me rongeait de l'intérieur. J'ai vécu tel un ermite pendant toutes ces années. J'ai décidé rompre cette monotonie qui s'est instaurée dans ma vie. Je suis ailleurs, mais la main de Brune me ramène sur Terre. Avec elle, sur cette plage, sur ce banc. Ses doigts effleurent ma joue. Je ferme les yeux pour savourer la douceur du geste. - C'est rien Enoch, ne te renferme pas. Elle retire sa main. J'aurai aimé que ce contact se prolonge. Mon corps se détend enfin. Mes traits se radoucissent peu à peu. - Cependant, si il y a une personne à qui tu tiens réellement, et avec qui tu voudrais être un jour... Alors n'hésite pas. Et dis le lui. Pour le moment, c'est confus dans mon esprit. Je ressens des choses, mais des choses sur lesquelles je n'ai aucune emprise. Je ne sais si c'est bien ou mal. Je ne préfère pas trop y penser. Tout ce qui compte, c'est l'instant présent. - Tu es quelqu'un de bien Enoch, je le sais. Je plante mon regard dans le sien. Je sais qu'elle est sincère en me disant ça. Je peine à le croire. Je suis habitué à avoir une image négative de moi-même. Mais ça fait toujours plaisir de l'entendre d'une personne extérieure. Elle me remonte le moral. Je lui souris, touché par ses mots. Je lui prends la main et la caresse doucement. - Toi aussi, tu es une fille géniale Brune. Je pense sincèrement que tu peux être heureuse. Avec ou sans homme dans ta vie. Tu es jeune, belle et talentueuse. Des choses formidables t'attendent. Elle a encore le droit de rêver à son âge. Je lui souhaite de s'épanouir comme toutes les jeunes filles de son âge. C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté, cela fut, est, et restera la vérité. - Souviens-toi de ceci : "Je ne vis pas pour être un esclave mais le souverain de mon existence." C'est un dicton que j'apprécie beaucoup. C'est comme un leitmotiv qui tourne en boucle dans ma tête.

Une nouvelle nuit magnifique s'offrait à nous. J'avais parfois encore du mal à comprendre comment tout ceci était possible. Comment je pouvais me retrouver dans un endroit comme celui ci. Comment je pouvais partager une aventure qui m'échappait encore totalement, avec des totals étrangers. C'était troublant. Et pourtant si apaisant à la fois. Je me sentais drôlement bien à leurs côtés. Je chassais une nouvelle mèche de cheveux qui envahissait ma vue, la cachant derrière mon oreille gauche. Une légère brise caressait l'horizon. J'avais l'impression de me retrouver sur une réelle plage, un soir d'été. Oui, j'étais en pleine période de transition encore celle que j'avais été, et celle que j'aspirais à devenir. Je ne voulais plus jamais me faire marcher sur les pieds. Je voulais maintenant profiter de ce que la vie avait à m'offrir sans me soucier de ceux qui pourraient me descendre. J'étais seule maitre de mon destin, et cette idée me plaisait autant qu'elle m'effrayait. Et si ce n'était pas la bonne solution ? Et si je n'avais pas les épaules pour assumer ? Pour m'assumer. Je chassais un instant ces pensées de ma tête, préférant encore me focaliser sur l'instant présent. J'avais tout le temps du monde pour m'enfoncer dans des problèmes qui me dépassaient. Dans des pensées que je ne pouvais pas maitriser, mais que je devais apprendre à dompter. Avec lesquelles je devais apprendre à vivre. Toutes ces questions qui se bousculaient peu à peu dans ma tête mais qui n'avaient en cet instant précis aucun impact. Je ne voulais pas qu'elles aient un quelconque impact. Le visage d'Enoch s'était fermé, comme si les fantômes de son passé tentaient de faire irruption. Je n'étais pas vraiment au courant de tous les détails de sa vie, et de toute évidence, il ne souhaitait pour le moment pas en parler, chose que je respectais totalement. Il y avait également des moments de mon passé que je souhaitais oublier. Des albums d'images que je souhaitais enterrer. Je l'incite donc à ne pas se renfermer. A ne pas me fermer les portes, une de mes mains venant se déposer sur son visage. Mon pouce caressa doucement sa joue. Il sembla se reconnecter à moi, ses yeux se fermant le temps d'un instant, avant que je retire lentement ma main. Je savais qu'il n'était pas friand des gestes affectifs de ce genre, pourtant il ne semblait étrangement plus me repousser, comme si il s'était fait à ma présence. Comme si il commençait à avoir confiance en moi. Et peut-être naïvement, cela me faisait plaisir. Pour autant, je ne voulais pas trop profiter de cet instant, peut-être parce que j'avais peur qu'il finisse par partir en courant. C'est ce que les gens avaient tendance à faire ces derniers temps. Partir ou me laisser de côté, il n'y avait pas de grande différence, n'est ce pas ? Je lui précisais donc qu'il ne fallait pas qu'il hésite à s'ouvrir aux autres. Qu'il ne fallait pas qu'il hésite à se battre pour faire entendre son opinion, ou pour les personnes qu'il souhaitait avoir dans sa vie. Je ne connaissais cette carapace de solitude que trop bien, pour l'avoir adoptée, et ce même si cela ne se voyait pas forcément aux premiers abords. Je tentais encore aujourd'hui de la combattre. C'était peut-être pour cette raison qu'il m'arrivait de me retrouver seule, comme ce soir là, avant que le jeune homme se glisse derrière mon dos. Pour en avoir fait l'expérience, je savais, j'étais certaine qu'il était quelqu'un de bien. Il avait dans tous les cas mon profond respect. Il me regarde un instant, et je peux discerner un sourire tiraillant ses lèvres avant qu'il se saisisse délicatement de ma main. « Toi aussi, tu es une fille géniale Brune. Je pense sincèrement que tu peux être heureuse. Avec ou sans homme dans ta vie. Tu es jeune, belle et talentueuse. Des choses formidables t'attendent. » je baissais un instant la tête, sentant mon visage s'empourprer légèrement. Un flamboyant sourire ne tardait d'ailleurs pas à arquer mes lèvres. Je n'avais que rarement été douée pour accueillir les compliments, surtout dans un contexte aussi particulier. Aussi intime. Sur cette pensée, il ajouta. « Souviens-toi de ceci : "Je ne vis pas pour être un esclave mais le souverain de mon existence." » mes pupilles remontèrent lentement jusqu'aux siennes, tentant d'assimilier ces paroles qui ne prenaient qu'un peu trop de sens dans mon esprit. Puisqu'esclave, c'est exactement l'image que j'avais eu de moi lors de ces derniers mois. Mais j'avais choisi de redonner un sens à ma vie, à me libérer de mes chaines pour enfin tenter de voler de mes propres ailes. C'était certainement le meilleur cadeau que j'avais pu m'offrir. « Tu... Tu veux bien m'attendre ici ? » dis-je en me levant, tout en essayant de ne pas quitter le jeune homme du regard. « Je n'en ai pas pour longtemps. » un léger sourire s'esquissait alors sur mon visage. Je me mettais ainsi à trottiner jusqu'à atteindre l'intérieur du nid, mes pas rythmant les battements de mon palpitant. Je me saisissais ainsi de deux petits cahiers ainsi que de deux stylos se trouvant dans un de mes sacs, puis de deux guitares, l'une enroulée autour de mon torse et l'autre en main. Je ne tardais pas, ainsi chargée, à revenir près du jeune homme, déposant l'un des instruments à même le sable, ainsi que les deux petits carnets, reprenant ma place. « Je ne sais pas si tu en joues, alors j'ai préféré prévoir, au cas ou... » mes lèvres s'étirèrent à nouveau alors que mes doigts venaient se déposer sur les cordes, les caressant telle une plume. « Chez moi, le meilleur moyen d'exister, de faire ressortir ce que j'ai sur le coeur, ce que j'ai à raconter, c'est d'écrire, de composer. » je désigne d'un mouvement de tête les deux petits carnets. Certaines pages sont déjà remplies, d'autres sont totalement vierges. Lorsque j'avais huit ans, je m'amusais à écrire des poèmes, à remplir ces lignes, bourrées d'encre et de fautes d'orthographe. Mais ça n'avait jamais été la chose la plus importante, non. Il s'agissait là d'un de mes seuls moyens d'expression. Par la suite, lorsque l'adolescence a débuté, j'ai réellement commencé à composer mes propres textes. C'était ainsi que je me libérais du monde qui m'oppressait. J'invitais donc indirectement le jeune homme à tenter de s'exprimer à son tour, à écrire à mes côtés. Juste le temps d'une chanson. Mes doigts jouèrent une de ces douces mélodies, mélancoliques et pleines de souvenirs, aux allures de balades au clair de la lune. Instinctivement ma voix raisonna, et quelques paroles lancèrent le tout. « There's an old song, on a long road. A sweet whisper in the night. They are standing, on a corner, of a life that passed them by. »

Cette histoire m'a longtemps collé à la peau. J'ai mis du temps à m'en défaire, à l'oublier. De cette relation amoureuse, est né un enfant dont j'ignorais l'existence jusqu'à il y a un an. Sa mère me l'a annoncé au biais d'une lettre. Photo à l'appui. Ça a été un choc pour moi. Je n'ai toujours pas digéré cette nouvelle. Rien d'y penser, je sens la colère gronder en moi. Je n'ai aucun droit sur cet enfant. Sur ma fille ... Je ne peux même pas la voir. Je suis sortie de cette union, humilié et brisé. Dans un premier temps, j'ai évité la compagnie des femmes. Je ne les abordais plus, je les ignorais dans la rue. Puis, j'ai décidé d'habiter loin de tout, proche de la nature. Pendant longtemps, j'ai cru pouvoir vivre reclus et comme un ermite. Finalement, je m'en suis lassé de cette vie monocorde. D'où ma présence ici. Je suis venu pour me changer les idées, pour me sortir de cette spirale infernale. Jusqu'ici, je n'ai fais que des belles rencontres. Comme Brune, par exemple. Je suis content de faire un bout de chemin avec elle. Je la remercie pour son respect vis-à-vis de ma vie privée. Ce n'est tout simplement pas le moment. J'en garde encore un souvenir cuisant de cette histoire d'amour. Le sujet est clos. Je ne souhaite pas revenir dessus. Elle se contente de me rassurer, m'empêchant de me fermer à elle. Et de justesse. Je n'ai pas eu un geste de recul quand elle m'a touché. D'habitude, je n'aime pas ça. Devant elle, je suis parvenu à baisser ma garde un instant pour profiter de son soutien. Je la rassure sur son avenir. Elle est jeune. Elle a encore sa vie devant elle. Je lui cite une phrase que je n'ai jamais oublié. Elle est comme mon point de repère. Un leitmotiv qui me permet de garder la tête haute en toute circonstance. Elle est gênée par mes compliments. Je la couve du regard. Je retrouve peu à peu le moral. Elle se lève tout d'un coup. Je la regarde. Elle me demande de l'attendre ici et de ne pas bouger. Ce que je fais. Elle part, me laissant seul avec moi-même. J'évacue toutes mes angoisses en contemplant le ciel étoilé au-dessus de ma tête. Elle revient avec deux étuis à guitare. Elle reprends sa place, à mes cotés sa guitare à la main. Elle m'explique que la deuxième guitare, c'est au cas où si je savais jouer. Malheureusement, je ne sais pas en jouer. J'affiche une mine désolée et réplique : - Je ne préfère pas tenter, au risque de péter tes tympans. Je ris légèrement. Elle raconte que ce n'est que par la musique qu'elle peut s'exprimer. Je l'observe en train d'effleurer les cordes de ses doigts. La musique résonne, puis se met à chanter. Une jolie voix sort de sa bouche. Je l'écoute, rêveur. C'est indéniable. Elle a réellement du talent.

La musique était un moyen pour évacuer toute la pression qui pesait sur mes épaules. Pour sûr que tout le monde n'avait pas les mêmes méthodes, mais c'était probablement celle qui marchait le mieux chez moi. Simplement parce que coucher des mots sur une mélodie ou du papier avait le don de m'apaiser, comme si je gravais une pensée dans un instant, sans avoir à y repenser par la suite. Un moyen de fixer définitivement la chose. Certains évacuaient le tout dans du sport, d'autres préféraient peindre. Tout dépendait des capacités, du vécu et de la personne en elle même. Je ne savais pas ce qu'aimait Enoch, pour ainsi dire, je ne savais pas grand chose de lui. Seulement ce qu'il avait bien voulu me confier lors de ces dernières semaines. A vrai dire, j'étais presque certaine d'être une de ceux qui le connaissait le mieux au sein de l'aventure. J'avais ce privilège. Parce qu'il s'agissait toujours là d'un privilège que d'apprendre à connaitre quelqu'un. Du moins à mes yeux. Mes doigts grattaient chaque mélodie alors que ma voix raisonnait. Ce n'était que quelques paroles que mon esprit évacuait, juste pour me sentir un peu mieux. Je n'avais besoin de rien d'autre. « Je ne préfère pas tenter, au risque de péter tes tympans. » dit-il en riant quelque peu. Un sourire s'esquissa sur mes lèvres. Il est vrai que j'avais peut-être fait cela pour moi, après tout, rien ne me disait qu'il accepterait de se joindre à moi, et clairement, la dernière chose que je souhaitais était de lui forcer la main. « Un jour, lorsque l'on sera vieux, on se souviendra de ces moments un sourire aux lèvres. » parce que je ne comptais plus laisser passer personne entre mes filets. Ceux que j'appréciais, que j'admirais, je voulais les garder à mes côtés jusqu'à ce que la mort nous sépare. Ça pouvait vous sembler un peu idéaliste, une nouvelle fois, mais j'aimais cette visions des choses. Je dépose un instant ma guitare à plat sur mes genoux, observant l'horizon, avant de finalement la déposer à même le sable, histoire de n'avoir aucun poids m'encombrant. « Qu'est ce que tu fais lorsque tu veux te changer les idées ? » il devait bien avoir une activité, une passion, comme tout le monde.

Les minutes défilent. J'ignore depuis combien de temps je suis assis ici, avec elle. Ça me paraît une éternité. Je ne ressens que de la nostalgie en scrutant l'horizon. Brune est partie. Je l'attends, assis sur ce banc, la tête dans les étoiles. Je reste là, à me perdre dans la contemplation de la voûte étoilée. Ce soir, le ciel s'est éclaircir permettant aux étoiles de briller de mille feux. Le temps passe. Elle revient, chargée comme une mule. Elle a emmené avec elle deux étuis à guitare. Elle les dépose sur le sable. Elle sort sa guitare et se met à jouer. Puis, la magie opère quand elle commence à chanter. Je ferme les yeux et écoute sa voix. Je frissonne. Elle s'arrête un moment. J'ouvre les paupières et affiche un doux sourire. Je la complimente à nouveau : - Tu chante vachement bien. Je suis presque jaloux, en fait. Je ris légèrement. Je plaisante évidemment. Elle me parle des souvenirs que nous retiendrons de cette aventure quand nous serons plus vieux. Je hoche la tête, puis je lui souris chaleureusement. Je fourre mes mains dans les poches de mon short et soupire d'un ton rêveur :
- Oui, j'en suis sûr. Cette aventure m'a apporté beaucoup plus que je ne le pensais sur le plan humain. Les rencontres que je fais jour à jour m'ont faire ouvrir les yeux sur certaines choses. Ma vie en Ecosse n'a jamais vraiment été une vie. J'ai certes vécu, mais ce n'était pas vivre. Elle me demande ce que je fais pour me détendre, pour me distraire. Je contemple les étoiles, le corps détendu et le visage serein. - Avant, je me réfugiais dans la prière. Maintenant, c'est dans les étoiles. Quand je courre, j'oublie tous mes soucis. Sinon, la menuiserie me permet de tout extérioriser. J'aime travailler le bois. J'aime la sensation que ça me procure quand je finis un meuble. Je ne sais ni jouer d'un instrument, ni chanter (sauf pendant la messe, j'ai été enfant de choeur et j'ai fait parti de la chorale). Je ne suis doué des mains. Je ne prétends pas être un artiste, mais un artisan tout simplement. J'ai toujours su que les études n'ont jamais été faites pour moi. J'ai préféré les activités plus manuelles.

Des chansons, j'en avais écrit des poignées. J'en avais rayé pas mal également. Pour tout vous dire, je n'en connaissais même pas le nombre exact. Lorsque j'étais encore avec mon groupe, la plupart étaient uniquement écrite par ma plume. Rarement co-écrite, non, eux leur truc c'était l'image plus que la musique. A l'époque cela ne m'avait pas posé de problème, mais maintenant que j'avais pris plus de recule, maintenant que j'avais évolué, que j'avais grandi, et que je les regardais se pavaner avec leur nouvelle tête d'affiche, cela me paraissait plus ridicule qu'autre chose. Surtout lorsque je la voyais reprendre mes chansons, incapable d'en composer d'autres. Ne croyez pas que j'étais jalouse, oh non, c'était bien mal me connaitre. Cependant je savais qu'il ne récoltaient que ce qu'ils avaient semé. Et que je me sentais bien mieux où j'étais à l'heure actuelle. Je savais que ma vie n'allait pas changer du jour au lendemain, que j'allais à nouveau devoir faire mes preuves, mais cela ne me posait plus de problème, je n'étais plus effrayée par toutes ces choses qui m'attendaient à la sortie. Une sortie qui ne serait probablement pas faites dans le plus grand des calmes, mais j'étais certaine que tout se passerait bien. Parce que je sortirai en étant fière de ce que j'ai à revendiquer. Je ne comptais plus exercer dans de faux semblants. « Tu chante vachement bien. Je suis presque jaloux, en fait. » un léger rire s'échappa de ses lèvres, rire auquel se joignit le mien. Je plaçais un instant mes mains couvertes par mes manches sur mon lèvres pour contenir le rire enfantin qui en sortait. « Je t'amènerai un jour à un de mes concerts. Je ne pense pas que tu sois le genre à en voir un tous les jours. » mon sourire s'étira, amusée. « Il parait que c'est parfois bon de changer ses habitudes. » je lui donne un légere tape dans l'épaule. Oui, je suis plutôt bien placée pour avancer de tels propos. Il valide par la suite qu'il était certain que nous repenserions à tout ça plus tard. C'était une certitude, oui. Et finalement, il me parle de ce qu'il fait lorsqu'il cherche à se détendre. « Avant, je me réfugiais dans la prière. Maintenant, c'est dans les étoiles. Quand je courre, j'oublie tous mes soucis. Sinon, la menuiserie me permet de tout extérioriser. J'aime travailler le bois. J'aime la sensation que ça me procure quand je finis un meuble. » j'hoche la tête, l'écoutant attentivement. Je n'ai jamais été vraiment douée pour tout ce qui était des travaux manuels. « Je suis une vrai catastrophe avec un outil à la main. » j'échappe à nouveau un rire. « Il faut croire qu'on ne peut pas être bon partout. » j'allais tout de même éviter de lui parler de mes pittoresque exploits en course, il pouvait clairement s'en passer. Et à cette pensée, un nouveau sourire s'esquissa sur mes lèvres. « Lorsque j'étais petite, mon père avait cette vieille carcasse de voiture. Il l'avait dégoté je ne sais trop où, elle était vraiment, vraiment affreuse. » je portais un instant mon attention devant moi, observant les vagues s'éclater au loin. « Il me disait "Brune, un jour, je conduirai dans cette voiture !" Et je peux te dire qu'il est encore plus têtu que moi. » je reporte mon regard vers le jeune homme, alors qu'un sourire amusé tiraille mes lèvres. « Lorsque j'ai décroché mon premier contrat, et enfin ma première tournée, je lui ai payé tous les outils dont il avait besoin pour la terminer. Et il la conduit maintenant... bon je serais incapable de te dire la marque, je n'y connais strictement rien en voiture, maaaais... » un nouveau rire s'échappe de mes lèvres. « Mais c'est que quelque part, ça doit être drôlement bien de pouvoir construire des choses à soi... matériellement parlant. »

**Cupidon**MESSAGES : 10803 AGE : 13 POINTS : 33925

Ce qui est agréable avec Brune, c'est qu'on peut parler de tout et de rien. Je n'ai jamais autant converser avec une personne depuis un long moment déjà. J'évite ce genre de discussion en général. De un, je parle très peu de moi. De deux, je préfère écouter plus qu'échanger. De trois, je suis d'une timidité maladive. Là, ça ne se sent pas puisque je ne le suis pas. Pas avec elle, en tout cas. Elle sait me mettre à l'aise en toute circonstance. Je ne suis pas constamment sur le qui-vive. Je peux agir normalement avec elle. Je ne change pas un rôle. Je peux être moi et sans complexes. Mais bon, je reste parfois sur la défensive. C'est réflexif. Je n'ai pas eu une enfance très heureuse. Des gens, je m'en méfiais pensant qu'ils en avaient tous après moi. J'appréhendais de sortir pour affronter la foule. Avec le temps, j'ai appris à m'y fondre. Elle joue de la guitare qu'elle chante. Elle a vraiment une jolie voix. Elle est talentueuse, c'est sûre. Moi, j'ai d'autres domaines de prédilection. Les activités manuelles, c'est plus mon truc. Je sais faire la plomberie, réparer une voiture. Je passe mon temps à réparer des choses, à restaurer des meubles. Ce genre d'activités me calme et demande beaucoup de patience. Elle m’emmènerait voir un de ses concerts. J'en serai extrêmement honoré. Je ne suis jamais allé à un concert de ma vie. C'est l'occasion rêvé. Je réponds, un sourire tendre aux lèvres : - Ca me ferait plaisir de t'écouter sur scène. Oui, c'est bien parfois de changer ses habitudes. Je parle de ma passion pour la menuiserie. En ce qui concerne l'astronomie, elle le sait déjà. J'ai parlé de prières, je crois. Je prie moins qu'avant. Ma foi a été mise à dure épreuve. Elle me dit qu'elle est maladroite, des outils en main. Puis, elle me parle de son père et de la voiture qu'il souhaitait retapé. Quand elle est devenue célèbre, elle lui a offert tous les outils nécessaires à la réparation. Il doit être fière de sa fille. Il y a de quoi l'être. Alors que tout se passait très bien, Cupidon vient interrompre leur discussion en diffusant de la musique, signe que le temps du baiser est proche sinon on risque de perdre de l'argent. Non pas que l'argent soit important à mes yeux, on doit se plier simplement aux règles du jeu. J'approche doucement mon visage du sien. Mes lèvres se déposent sur les siennes. Un baiser doux, délicat. Je me retire en lui souriant. - A force, ça va devenir une habitude. Je ris légèrement et ébouriffe ses cheveux. C'est le deuxième baiser qu'on s'échange depuis le début de l'aventure. Il faut avouer que ce n'était pas si désagréable que ça. Ce baiser était plus naturel que le précédent. Je me sens moins gêné pour le coup.

J'avais chanté devant des millions de personnes, des inconnus pour la majorité, et pourtant, j'en venais encore à être intimidée lorsque je chantais devant une personne que je connaissais. Peut-être parce que j'avais peur de la décevoir. Je n'étais pas quelqu'un qui se manifestait à tous bouts de champs, en effet, vous ne me verriez jamais fredonner quoi que ce soit au hasard, dans la rue ou lorsque je reçois des invités, non, il fallait que je sois posée, je ne pouvais simplement pas chanter n'importe où et n'importe quand. J'avais l'impression d'être malpolie sinon. Ce qui n'était pas faux au fond, puisque le but était de ne pas déranger les gens autour de soi. « Ca me ferait plaisir de t'écouter sur scène.. » un léger sourire s'esquisse sur mes lèvres. En effet, il n'a pas l'air d'être le genre à beaucoup s'échapper de sa vie, du moins pas de cette façon. L'énergie d'un concert pouvait être effrayante au début, mais on s'y faisait rapidement. Et puis il me parla de sa passion pour la menuiserie, de la course ainsi que de la prière. Je le savais croyant, puisque je l'avais deviné lorsqu'il m'avait servi un petit déjeuner. Je trouvais ça bien. Il avait quelqu'un là haut à qui se rattacher. Je ne savais pour ma part pas si je croyais en quoi que ce soit, je crois simplement qu'il me fallait voir pour croire à quelque chose. Moi je croyais en la bonté de chacun, je croyais en l'humanité, peut-être un peu trop naïvement, d'ailleurs. Et puis une musique un peu trop familière se mettait à sonner. Mon regard balaya l'horizon, n'arrivant pas vraiment à déterminer d'où celle ci pouvait provenir. Cupidon était drôlement doué pour choisir ses moments. Le jeune homme s'avance donc près de moi, et je n'ose même pas bouger. Il dépose ainsi ses lèvres sur les miennes, en un doux baiser, il me semble plus détendu que la première fois. « A force, ça va devenir une habitude. » mon rire se joint au sien. « Sauf que la première fois tu étais... beaucoup moins vêtu. » mes lèvres s'étirent alors en un sourire. La première fois avait été assez gênante, en effet. Pas désagréable, mais gênante. Puisqu'embrasser un inconnu se trouvant à moitié nu... « Mais c'est agréable. » je lui souris, ma main se déposant sur la sienne, mon pouce ricochant entre ses phalanges. « Avant d'entrer ici, cela faisait un moment que je n'avais pas ressenti ce genre de sensations. »

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