oliver

Le prime s'était terminé et nous avions tous vaqué à nos occupations quotidiennes. Enfin, quotidiennes n'était pas vraiment le mot puisque nous avions jamais grand chose à faire, si bien que j'en étais chaque jour venue à rechercher quelque chose de nouveau. Et cette soirée là était quelque peu spéciale puisque je l'avais passé en compagnie d'Oliver. Vous me direz, si ce n'était que ça, ça ne changerait pas mes habitudes, puisque je passais tout de même pas mal de mon temps aux côtés du jeune homme. Et pourtant cette soirée avait bel et bien une particularité tout à fait notable, je ne savais pas s'il s'agissait là d'une bonne ou d'une mauvaise chose, mais un peu d'amusement ne me ferait pas de mal. Ne nous ferait pas de mal. En effet, nous avions décidé de sortir les bouteilles d'alcool du bar du strip tease. Et puis un verre, deux verres, trois verres et j'avais arrêté de compter. Il faut dire que c'était probablement mieux comme ça, vu que je n'étais pas forcément la candidate qui tenait le mieux l'alcool. Non, deux gorgées et j'en ressentais déjà les effets néfastes sur mon organisme. Et là c'était quelque peu le cas puisque je tenais à peine sur mes jambes. Enfin, si, tout de même, mais je n'arrivais clairement plus à réfléchir correctement. Du coup, j'avais sauté de mon tabouret pour me mettre à me déhancher telle une sauvage, avec une sensualité qui m'était encore inconnue. Ou que je refoulais au plus profond de moi. J'avais donc saisi la main du jeune homme, un sourire flamboyant aux lèvres. « Alleeeeeeeez, viens danseeeer ! » que je lâchais en tirant le jeune homme jusqu'à l'estrade sur laquelle je montais, je perdais d'ailleurs un coup mon équilibre, me rattrapant à la barre de fer. La tête me tournait, c'était pas beau à voir, mais je m'amusais drôlement bien. Alors, je commençais à tourner autour de celle ci, laissant mes hanches se balancer de droite à gauches, mes cheveux caressant mes épaules avec délicatesse.

Ma cagnotte était au point mort, ma participation à cette émission, menacée par une nomination qui planait au-dessus de ma tête – merci à mes pairs de me soupçonner ainsi d’être traitre. En bref, je n’avais pas vraiment l’humeur à la fête. Mais soit, pour faire plaisir à Brune, j’avais accepté de lui tenir compagnie et de boire un verre ou deux avec elle. Chose qui avait pris des proportions démesuré, à voir les bouteilles et les verres qui s’étalait sur le comptoir du bar. J’avais depuis longtemps arrêté de tenir le compte. Ma mémoire me faisait défaut, ma faculté de parler se faisant elle aussi la malle. Mon allure était tout simplement pathétique. Je m’étais depuis longtemps départi de ma veste et de mon foulard, et le haut de ma chemise avait été détaché : boire me donnait chaud et j’avais un peu l’impression d’étouffer avec toute cette couche de vêtement. J’étais affalé sur l’un des tabourets, les coudes posés sur le comptoir, mon menton bien calé dans le creux de mes mains, et je fixais la bouteille que j’avais devant moi. Ça aussi, c’était un effet de l’alcool, cette petite baisse d’énergie passagère. Y’a Brune qui s’anime à mes côtés, et mon regard la suit lourdement alors qu’elle se dirige vers la piste, me tirant derrière elle au passage. « Alleeeeeeeez, viens danseeer! » qu’elle me lâche en un cri et ça résonne dans mes oreilles : la gueule de bois qui m’attends demain va être terrible. Bon, je me force un bon coup et me lève, titubant à mon tour derrière la jeune femme, qui passe tout prêt de se prendre la barre latérale en pleine tronche. Je laisse franchir un rire de mes lèvres. Et voilà qu’elle se met à danser, laissant bouger son corps au rythme de la musique qui habite la pièce. Elle est mignonne à s’agiter comme ça. « Laisseee… laisse-moi essayer. Je suis sûr que j’le fais mieux qu’toi. » lançais-je du bas de la scène, grimpant la rejoindre et la poussant d’un coup de popotin. J’étais loin d’être à l’aise dans ce genre d’endroit, mais c’est quand même fou ce que peux faire l’alcool. Je m’exhibitionnais autour d’un pôle de danse, prenant, ma fois, mon rôle très à cœur. Je vins même à retirer ma chemise – me coinçant dans mes manches au passage, bonjour la grâce! Puis, alors que je tournais autour de la barre, je perdis pieds et m’étalais de tout mon long sur la scène. Le fou rire qui en découla était remarquable. Impossible de m’arrêter, ni même de bouger. J’étais face contre terre et je riais.