sun-hi
Sun-Hi avait été sauvée, sans surprise pour le jeune biélorusse, dimanche. Ce sauvetage par le public voulait bien entendu dire que Valeri allait devoir faire un numéro de mime à la jeune femme. Cela faisait déjà sept semaines – ou peut-être plus, il ne savait pas vraiment (il ne s'était jamais amusé à compter le temps passé au sein de ce jeu) – qu'il lui avait promis ça. Qu'il lui avait promis de lui faire une démonstration. Ce jour (ou plutôt ce soir) était arrivé. Ils s'étaient donnés rendez-vous au saloon. Le jeune garçon s'était bien entendu rendu à l'avance, afin de s'y préparer. Oui. Il voulait faire les choses bien, surtout lorsqu'il s'agissait de sa profession. De ce qu'il faisait de mieux dans sa vie. Oui. Être mime était peut-être la meilleure chose qui lui était arrivé. Là, au moins, il pouvait s'exprimer, s'ouvrir aux autres tout simplement. C'était bien plus simple de le faire derrière un accoutrement et un maquillage immaculé de blanc. Il avait trouvé dans le hangar à accessoire de quoi se maquiller, et avait pris le seul et unique costume qu'il avait. D'ailleurs, il faudrait qu'il le porte un jour lors d'un prime. Oh non. A quoi bon s'habiller 'bien' pour un prime. Ce n'était pas comme si toutes les caméras étaient sur lui, bien au contraire. Elles s'en moquaient de lui. Tout comme il se moque d'elle. Ainsi, vêtu de son costume, il s'était maquillé au saloon. Il n'allait pas le faire dans la salle d'eau. Il n'avait pas spécialement envie qu'on le surprenne. Une fois prêt, il attendit donc avec une certaine hâte la jeune femme. Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, il se retourna vite fait. Tournant le dos à cette nouvelle venue. « Sun-Hi, c'est toi ? » lança-t-il alors. Non parce que si ce n'était pas elle, ce n'était même pas la peine qu'il se retourne. A vrai dire, il n'attendait qu'elle, ici. Mais après tout, certains avaient peut-être envie de passer un peu de temps, ici. Après quelques secondes, l'asiatique répondit. Ouf, tant mieux ! « Je t'interdis de rire... eh... hum... Tadam ! » s'exclama-t-il en se retournant. Il finit lors par faire un signe à la jeune femme, lui indiquant de venir s'asseoir sur l'une des chaises qui se trouvaient en face de la petite scène. Il finit par grimper sur l'estrade qui s'y trouvait et s'approcha d'un tableau. « On va s'inspirer des matchs d'impro, tu connais je suppose ? En fait, tu vas me donner des mots, pas beaucoup – quatre ou cinq – et je devrais les ajouter à la scénette que je ferai. Ca t'dis ? » lança-t-il alors.

J’ai été sauvée par le public. Je reste une semaine de plus. C’est super. Je vais pouvoir profiter un peu plus longtemps du jeu. Mais surtout, ça signifie une chose. Valeri va enfin me faire une prestation. Depuis le temps qu’il me l’a promit. Bon c’est ma faute aussi, j’aurais pu le relancer plus tôt. Enfin bref, l’important, c’est que je vais enfin pouvoir apercevoir une partie de ses talents. Le mime, c’est quand même une partie de lui. Je vais le voir dans son élément. Il m’a donné rendez vous dans la soirée, vers 22h/22h15. J’ai dû me dépêcher parce que j’ai perdu du temps, Sega a cru trouver malin de me jeter dans le jacuzzi toute habillée. Je suis restée un peu avec lui, puis le temps que je me douche, mette des vêtements secs, puis mange… Mais c’est bon, j’arrive dans le saloon à l’heure. Valeri est déjà là, il se met de dos immédiatement. Pour garder la surprise surement, et faire son petit effet. « Oui c’est moi. » que je réponds à son interrogation. Il se retourne alors. ! « Je t'interdis de rire... eh... hum... Tadam ! » Pourquoi aurais je envie de rire ? Je vois qu’il a fait les choses bien. Le costume, le maquillage, tout y est. Je n’en attendais pas moins de toute façon. Un sourire se dessine sur mon visage, contente. « La classe. » Maintenant il me tarde de voir la suite. « Merde, je sais ce que j’ai oublié. Mon ipad ! J’aurais pu te prendre en photo. » Quelle nulle. Mais bon tant pis, je ne vais pas y retourner, ça prendrait trop de temps. Il monte alors sur l’estrade, et m’invite à m’asseoir sur la chaise qui se trouve en face. Je m’exécute. « On va s'inspirer des matchs d'impro, tu connais je suppose ? En fait, tu vas me donner des mots, pas beaucoup – quatre ou cinq – et je devrais les ajouter à la scénette que je ferai. Ca t'dis ? » Ah oui je vois. Je participe un peu en plus, c’est cool. « Je peux dire ce que je veux ? Les premières choses qui me viennent par la tête ? » Bien bien. Alors c’est parti. « Chaussure, poussin, amour, chocolat » J’espère que je ne lui ai pas compliqué la tâche. Ils sont plutôt gentil mes mots je trouve. Parce que j’aurais pu lui sortir des trucs du genre « anticonstitutionnel », et tout ça.

Il préférait s'assurer que c'était bel et bien l'asiatique qui venait de pénétrer dans l'antre. Il ne voulait pas se montrer dans un tel accoutrement devant n'importe qui, enfin c'est surtout n'importe qui qui ne désirerait pas le voir dans une telle panoplie. Oui. Donc autant épargner ça à ce quidam. Il s'avérait que c'était bien Sun-Hi. Il se retourna alors, lui montrant sa tenue. Il n'avait pas fait les choses à moitié. Elle lui fit remarquer qu'elle avait oublié son I-Pad. Sans cet objet, elle ne pourrait pas le prendre en photo. Ce n'était pas le jeune biélorusse qui allait s'en plaindre, il n'était pas friand de ce genre de technologie et encore moins des photographies. Rares sont ceux qui réussiront à obtenir une photographie de lui. A moins d'être un sacré bon paparazzi. « Oh, ce n'est pas grave ! » la rassura-t-il. « Puis au pire, tu pourras en prendre une à la fin. ». Ou peut-être pas. Elle aura certainement oublié, d'ici-là, cette histoire de photographie et d'I-Pad. Par la suite, il la convia à prendre place sur une chaise alors qu'il monta sur l'estrade. Il finit par lui annoncer la suite des événements. Il s'inspirera des matchs d'improvisation et demandera à la jeune femme de lui donner quatre ou cinq mots, pas plus, qu'il glissera dans son interprétation. C'était une façon comme une autre de la faire participer à son 'spectacle'. Elle lui demanda si elle pouvait dire ce qu'elle voulait. Il hocha la tête pour lui affirmer qu'elle pouvait le faire. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, les mots qui lui passaient à l'esprit à cet instant précis. Ainsi, elle se lança. Disant les mots suivants : chaussure, poussin, amour, et chocolat. Sur le coup, il regrettait presque d'avoir eu cette idée-là. Quelle idée lui avait-il pris de faire ça. Il tenta de les écrire sur le tableau en vain. Ne sachant pas vraiment l'orthographe de ses mots, il préféra les écrire en biélorusse sur le tableau. Elle ne les comprendra peut-être pas, enfin ce n'était pas très grave ça. « Bien... souffla-t-il, en lui tendant le petit tableau et la craie. Le but du jeu étant qu'à la fin, tous ces mots soient rayés ! » lui expliqua-t-il alors. Il reprit place alors sur cette scène. Tentant de se concentrer. Un mime n'avait pas le droit de parler lors de sa prestation, c'était la règle d'or. Tout bon mime se voulait muet. Après quelques minutes, il commençait alors à dessiner quelques gestes, en silence. Dessinant une ébauche d'introduction à une histoire. Il tentait évidemment de garder en tête les mots que Sun-Hi lui avait donné. Le premier à introduire était certainement la chaussure. Il mima alors l'une des scènes connues de Cendrillon, le moment où le jeune prince remettait la chaussure à la jeune femme. C'était assez cliché... mais il ne fallait qu'il oublie l'un des autres mots donnés par l'asiatique : amour.

« Oh ce n’est pas grave ! Puis au pire, tu pourras en prendre une à la fin » Bah à la fin je n’aurais toujours pas mon Ipad. A moins qu’il n’accepte à rester dans sa tenue le temps que j’aille chercher l’appareil. J’adore prendre des photos, cela permet d’immortaliser le moment, et de le garder en souvenir. Puis après on peut faire partager aux autres. Mais peut être n’a-t-il pas envie qu’on le voit dans cette tenue. Oh je ne verrais pas pourquoi, puisqu’après tout c’est son métier. « Non mais c’est pas grave, je me contenterais d’une image mentale » Il me demande alors de lui donner 4 ou 5 mots, ce que je fais. Chaussure, poussin, chocolat et amour. J’espère que je ne lui ai pas trop compliqué la tâche, et qu’il va réussir à trouver l’inspiration. Je ne voudrais surtout pas le bloquer. Il écrit les mots que je lui ai donnés sur le tableau. Enfin je crois. Puisque c’est en biélorusse je suppose, et que je ne le comprends pas. « Le but du jeu étant qu’à la fin tous ces mots soient rayés ! » Ok. C’est parti alors ! Après quelques instants de réflexion, il commence alors sa prestation. Je crois reconnaître la fameuse scène dans cendrillon, ou le prince teste les pieds des demoiselles pour retrouver le propriétaire de la chaussure de verre. Je regarde en silence, par respect. Je ne vais pas faire des commentaires à haute voix, ça serait mal venu. Je me demande comment il va bien pouvoir intégrer le poussin dans sa scénette, ou le chocolat. L’amour étant quand même le plus facile à mon avis.

Ainsi ce n’était pas grave cet oubli d’IPad. Sun-Hi prétendait garder ainsi – seulement – une image mentale de ce moment. Il hocha alors vaguement la tête. Ce n’était pas tant lui que ça dérangerait, après tout, si elle y tenait tellement à cette photo, elle pourrait s’absenter pour aller récupérer l’objet de toute leur conversation. Certes, il n’était pas friand de photographie. Surtout lorsqu’il était le sujet principal de ladite photographie. Il finit par lui donner quelques consignes. Lui donner quatre ou cinq mots, au hasard. Ainsi, sans y réfléchir, la jeune asiatique lui cita les mots suivants : chaussure, poussin, chocolat et amour. Il les avait écrits sur le tableau… en biélorusse, ne connaissant pas l’orthographe des mots en anglais. Surtout qu’il se rappelait qu’elle était professeur des écoles… alors elle devait être intransigeante avec les fautes d’orthographe. Autant ne pas réveiller le démon instituteur. Ce démon qu’il avait tant détesté. Par la suite, il lui expliqua qu’elle devra rayer chaque mot qu’elle jugera « fait ». Après quelques minutes, Valeri s’exécuta commença son numéro par une brève improvisation, puis mimant alors l’une des scènes que chaque petite fille avait déjà vu, lorsqu’elle était enfant. Il lança de temps en temps des petits regards en direction de Sun-Hi, afin de pouvoir déceler un soupçon d’avis sur le visage de la jeune femme. Elle regardait les quatre coins du saloon : elle se faisait royalement chier, elle le regardait : c’était plutôt bon signe. Il pouvait alors remarquer qu’elle le regardait encore (tout du moins pour le moment), alors c’était donc un signe jugé bon. Il se reconcentra sur son numéro, continuant de mimer une scène suivante. Il n’en oubliait pas pour autant les mots qu’il devait introduire. Il ne lui en restait plus que trois. Chocolat… Elle aurait quand même pu choisir des mots plus « facile » à mimer, non ? Enfin, ce n’était pas la difficulté qui l’effrayait. C’est alors qu’il mima une personne ouvrant une boîte et y sortant un petit quelque-chose. Un petit quelque-chose qu’il fit semblant d’introduire dans sa bouche, avant de se frotter le ventre. Il descendit de l’estrade, s’approchant de la jeune femme et il lui tendit la boîte imaginaire. L’invitant alors à se servir dedans. Il lui adressa un petit sourire, alors qu’elle tenta alors de jouer le jeu. Il remonta par la suite sur son estrade. Et hop, un second mot à rayer de la liste.

Tant pis, pas de photos. Ou au pire, j’irais chercher mon Ipad à la fin, comme il me l’a dit. Sauf si c’est un stratagème destiné à simplement éviter la photo. Bah ouais, pendant que je pars à la recherche de mon appareil, monsieur peut en profiter pour prendre la poudre d’escampette. Se démaquiller et se remettre dans une tenue normale. De toute façon, comme on est dans un jeu filmé h24, je n’aurais pas de mal à retrouver une image de lui ainsi vêtu non ? Enfin bref, sa petite prestation peut commencer. Je lui ai donné 4 mots. Je les pensais assez facile tout de même, mais finalement peut être pas. En tout cas je n’ai pas voulu être vache en le piégeant avec des trucs compliqués, ce que j’aurais pu faire. Certains n’auraient surement pas hésité d’ailleurs. Il commence donc par mimer la fameuse scène de cendrillon que je reconnais tout de suite. En même temps c’est un classique. Il faudrait avoir été coupé du monde ou élevé dans un pays défavorisé ou dans ce gout là pour ne pas connaître. Je reconnais ensuite son mime du chocolat. Puisqu’il fait mine d’ouvrir un pot imaginaire, et de le porter à sa bouche. Je me doute bien qu’à l’intérieur ce n’est pas un poussin, et qu’il serait en train de le manger. Il s’approche de moi et me tend sa boite imaginaire. Jouant le jeu, je l’attrape, et fait mine d’en gouter à mon tour. Ça tombe bien, j’adore le chocolat en plus. En même temps ce n’est pas pour rien si je lui ai donné ce mot. Bon par contre j’ai tendance à le préférer un peu plus consistant… Parce que là, je n’arrive pas bien à sentir le gout quand même. Je fais genre c’est très bon, avant de poser le pot à mes côtés. Il ne faut pas abuser des bonnes choses, après ça va se ressentir sur mes hanches. On peut donc rayer ce deuxième mot. Plus que deux.

Mimer du chocolat. A moins de vouloir incarner une graine de cacao… Enfin, non. Il n’avait pas envie de devoir entrer dans la peau d’une graine de cacao. Qui rêverait d’être une graine de cacao ? Je ne connais personne, à part les grands adorateurs de chocolat peut-être… il ne savait pas. Alors qu’il avait continué sa scénette, il y ajouta donc ce mot. Chocolat. Une boîte de chocolat. Oui. Voilà. Autant faire au plus simple. Il ne lui restait à présent plus que deux mots. Poussin et amour. Il reprit donc sa scénette, tombant alors de réfléchir à comment il pourrait introduire ses deux mots. Il n’allait quand même pas continuer et s’arrêter sans avoir tenté de réussir ce petit défi. Allez, un peu d’effort de réflexion. Ah. Il pourrait mimer une poule, tiens. Une poule avec ses poussins. Non. Non, non quand même pas. Le ridicule ne tuait pas, mais comment introduire tout ça à son histoire imaginait. Puis il n’avait rien de poule. Il mima alors une tierce personne, découvrant « quelque-chose » au sol et le ramassant. Cet objet imaginaire et non palpable au creux de ses mains, il le caressa gentiment, lui adonnant par la même occasion un petit baiser qui se voulait maternel. Profitez de cette scène, ce serait sûrement la seule fois que vous verrez le jeune biélorusse aussi affectueux. Il dessina quelques gestes, à cette petite histoire, n’oubliant pas son dernier mot : amour. Amour. C’était assez vague comme mot, en soi. On pouvait aimer un ami, tout comme on pouvait un homme ou une femme de façon bien plus forte. Il restait en compagnie de son poussin fictif, avant d’esquisser les battements hâtifs d’un cœur sur le côté gauche de sa poitrine. Personne ne saurait résister au charme d’un petit poussin, voyons. Il continua alors son numéro quelques minutes, avant finalement s’arrêter. Il salua son public – enfin la seule personne qui se trouvait présente dans la pièce – et enleva le chapeau qui couvrait sa tête. Une fois qu’il se redressa, il quitta l’estrade. « Je n’sais pas toi, mais ça m’a donné soif ! » lui fit-il remarquer alors.

Je me demande ce qu’il va faire pour le poussin. Se mettre à quatre pattes et mimer la poule ? Surement le plus évident. Trop évident peut être. Donc non, ce n’est pas ce qu’il fait…Je comprends qu’il mime une personne, découvrant un petit poussin perdu au sol. Il le caresse délicatement et tout, comme c’est mignon. Il a même le droit au bisou. Ce qu’il est délicat le Valeri. Il rajoute l’amour en mimant ses battements de cœur. Après tout l’amour peut prendre toute sorte de forme. L’amour d’un poussin aussi pourquoi pas. Le numéro dure encore quelques minutes, avant qu’il ne prenne fin. Oh non, déjà ? Alors qu’il salue son public fictif, je l’applaudis. Attendez, il a même le droit à une standing ovation. J’ai beaucoup aimé. Je ne suis pas ennuyée, et je ne regrette pas de lui avoir demandé de me montrer une petite prestation. Rien que pour moi en plus, je me sens trop flattée. « Je n’sais pas toi, mais ça m’a donné soif ! » J’esquisse un sourire. « Ça tombe bien, on est dans un endroit rempli de boissons ! » Il y a tout ce qu’il faut pour se désaltérer. « En tout cas, c’était super, j’ai beaucoup aimé. » Que je lui dis sincèrement. « Cela valait la peine d’attendre toutes ces semaines. » Parce qu’à la base on avait prévu ça la première semaine du jeu je crois d’ailleurs. On se dirige alors vers le comptoir. « Tu veux quoi ? Eau, jus de fruit, sirop, alcool ? » Que je lui demande en jouant la serveuse.

Il avait réussi à introduire alors les quatre mots que la jeune asiatique lui avait cité, peu avant sa prestation. Il ne pouvait pas dire que cette dernière était réussite ou non. Il faut dire qu’il avait toujours été un brin critique sur ses prestations, et surtout lorsque ça faisait plus de six semaines qu’il n’avait pas pu s’exercer. Certes, c’était un peu comme le vélo. Ca ne se perdait pas ! Mais il était certain qu’il était moins ‘performant’ que lorsqu’il était entré dans ce jeu. Surement parce qu’il avait mis sa carrière de mime entre parenthèses au cours de cette aventure. Il salua le seul atome de son public : Sun-Hi. Cette dernière l’applaudit vivement, un léger sourire se dessina alors sur les lèvres du jeune biélorusse. Ce dernier descendit de l’estrade, et lui demanda si elle n’avait pas soif. Oui, parce toute cette histoire lui avait donné sacrément soif. Ca tombait bien, puisque l’endroit était gorgé (sans jeu de mot) de boissons. Ce fut ce que la jeune femme lui fit remarquer. Ah oui. Il ne pouvait pas nier l’absence d’alcool et de boissons. Il se rappelait encore la fois où il avait dû prouver à Avalon qu’il tenait bien mieux l’alcool qu’elle. Amer souvenir. Son interlocutrice disait avoir beaucoup aimé. Oh ? Un large sourire se dessina sur les lèvres de Valeri. Il était, alors, quelque peu flatté par la critique positive de la jeune femme. Parait-il que ça valait le coup d’attendre toutes ces semaines. « Pourtant, je suis un peu rouillé… » souffla-t-il alors. Oh ça oui, il l’était rouillé. Il ne pouvait pas le cacher. Puis il ne pouvait pas cacher non plus la petite pointe d’appréhension qui avait envahi ses veines au moment de son petit ‘spectacle’. Sûrement parce qu’il n’était pas sous le regard d’inconnus cette fois-ci, mais bel et bien d’une personne qu’il côtoyait au quotidienne. Alors forcément, ça changeait la donne et augmentait la pression. Mais ça, il préférait se taire. Ce serait un peu ridicule de dire qu’il était un angoissé, quand même. Surtout qu’il n’était pas connu pour être le garçon le plus stressé et manquant de confiance. Oui, non. Il valait mieux qu’il se taise. Elle lui demandait alors ce qu’il voulait boire. « Hum, un bloody mary ? ». Apparemment, il y a de la vodka dedans, alors ça doit être bon. Mais de la vodka coupée avec quelque-chose d’autre, c’est un peu gâcher la boisson bénite des hommes de l’Est. Il posa sa main sur l’une de ses joues colorée de blanc. Il pouvait constater le maquillage sur le bout de ses doigts. Il posa le chapeau sur le comptoir, juste à côté de lui. « Je crois qu’il faudra que tu m’aides, toute à l’heure.. » souffla-t-il. Oui, pour se démaquiller. Surtout qu’il n’avait même pas de quoi le faire, lui.