sun-hi
Valeri ne pouvait pas nier que revoir Lena avait pansé quelques maux et lui avait aidé à retrouver le moral. Il avait requinqué. Comme dans les jeux vidéo, avec la jauge de vie qui diminue au fur et à mesure des embuscades. Là, il venait de gagner un point de vie et augmenter sa jauge morale qui se trouvait au plus bas. Oui. Revoir Lena lui avait fait le plus grand bien. Ca se voyait au quotidien, certainement. Lui qui s’impliquait un peu plus dans la vie en communauté. Aujourd’hui, il avait d’ailleurs décidé de se concocter une salade composée. Rien de bien sorcier. L’évocation de ce met lui rappelait la remarque que la danoise avait pu lui faire lors de leur rencontre. Il aurait maigri, selon elle. Enfin « perdu du poids » comme elle lui avait fait remarquer. Il ne pensait pas avoir perdu tant de kilos que ça, au sein de ce jeu. Enfin, bref. Sur cette parenthèse, il se concocta donc son repas du déjeuner. Il éplucha des clémentines, et quelques crevettes. Alors qu’il était affairé en cuisine, son tablier autour du cou, il entendit quelques pas. Sun-Hi. Il lui adressa un sourire, et un petit signe de tête en guise de salut. Depuis quelques jours, elle non plus ne semblait pas être dans son assiette. Il se doutait bien que le départ de Sega avait dû être à l’origine de cette baisse subite de morale. Il pouvait être bien placé pour savoir ce que ça faisait lorsque l’on partait un être dont on était (très) proche. Lui qui avait perdu Lena, il y a de cela plus de deux semaines à présent. Sans elle, son aventure avait un autre goût, c’est certain. Il resta silencieux, continuant de préparer son repas. Alors que la jeune femme s’approcha de l’établi, il stoppa tout mouvement. Posant fermement ses deux mains contre le rebord. Il la regarda, silencieux. Il se souvenait de ce que Lena lui avait demandé lors de leur rencontre. Enfin peut-être n’était-ce pas le moment. Il resta un brin hésitant, avant finalement venir l’embrasser sur la joue. L’embrasser très furtivement. Au fond, ce baiser n’avait rien d’offensif. « Euh… Non. Non, ce n’est pas ça. Ne crois pas que j’ai des pulsions étranges… » tenta-t-il de se justifier. Clairement, non. Il n’était surtout pas le genre de garçon très démonstratif en matière d’amitié ou de sympathie. Oui. Il était loin de tout ça, lui. « Hum, Lena m’avait demandé de t’embrasser pour elle… C’est un peu idiot, en fait… » souffla-t-il alors, chassant ses mots avec le revers de sa main. Il reprit alors place face à son petit saladier et ses ingrédients pour sa salade.

Le réveil – un peu brutal certes – mais adorable d’Ismène m’a redonné un peu le sourire. Elle m’avait préparé un bon petit déjeuner au lit, spécialement pour mon anniversaire. Bon le fait est qu’elle s’est trompée d’un jour et que mon anniversaire ce n’est que demain. Mais peut importe la date, c’est l’intention qui compte. Après tout je ne lui ai offert son cadeau qu’une semaine après le sien alors…Après ça je suis allée faire un peu de sport, histoire de me défouler, et d’éliminer les calories en trop. Une petite douche plus tard pour être bien propre, et je me rends dans la cuisine, mon estomac crie famine. J’aperçois Valeri, en train de se préparer vraisemblablement une salade. Il me regarde. Je le sens hésitant, comme s’il réfléchissait à quelque chose. Puis finalement, il s’approche de moi pour déposer un baiser sur ma joue. Mais dites donc, que lui arrive t’il ? Il ne faut pas croire, j’aime ce genre d’accueil, mais je trouve ça étonnant venant de sa part. Ça ne lui ressemble pas. Il n’est pas du genre très démonstratif, avec des gestes affectueux, tout ça non. « Euh…Non. Non, ce n’est pas ça. Ne crois pas que j’ai des pulsions étranges… » Je me disais bien aussi, c’était trop beau pour être vrai, il doit bien y avoir une explication là-dessous. « Hum, Lena m’avait demandé de t’embrasser pour elle…C’est un peu idiot en fait… » Ah c’est donc ça. Lena, cela me fait plaisir d’entendre parler d’elle. C’est vrai qu’il a eu le droit à une rencontre avec la jeune femme. « Moi qui pensais que c’était toi qui voulait me donner un baiser… C’était trop beau pour être vrai aussi. » En tout cas sait il que d’habitude dans ce genre de situation, on se contente de dire Lena t’embrasse ou te salue ? On ne le fait pas réellement. Mais bon c’est mignon. Je suis toujours friande de gestes d’affection moi, et tant pis si ça ne venait pas de lui. « Elle va bien ? Sa sortie n’a pas été trop dure ? Et toi ? Ça a du te faire plaisir » Je savais combien son élimination l’avait affecté. Ça a du lui faire du bien de la revoir. D’ailleurs je suis un peu jalouse. Moi aussi j’aurais bien aimé pouvoir lui parler. J’imagine que le plus frustrant ça a dû être pour Sully, savoir qu’elle était si proche…et ne pas pouvoir la voir.

Il avait tout simplement fait ce que Lena lui avait dit de faire. Peut-être n’aurait-il pas dû… il ne savait pas. Il avait l’air un peu bêta, maintenant. A tenter de se justifier. A justifier ce baiser. Elle devait être tout autant surprise que de lui, ou de n’importe quelle autre personne qui aurait pu voir ce baiser. Peut-être que Sun-Hi ne lui en tiendra pas rigueur, et ne lui fera aucune remarque à ce sujet. Il l’espérait tout du moins. C’est alors qu’elle prit la parole. Quelques mots qui le fit sourire (très) légèrement. C’était trop beau pour être vrai, disait-elle. Trop beau pour que ce soit lui qui voulut lui donner ce baiser, sans une directive. Il ne savait pas vraiment s’il devait prendre au sérieux ses dires, ou si tout simplement elle tentait de plaisanter. Il cligner des yeux, restant un instant silencieux. « Je tâcherai me rattraper… puis, je crois que ton autre joue est jalouse de ne pas avoir eu de baiser. » reprit-il alors. Elle vint alors à lui demander si elle allait bien. Elle… Elle devait très certainement parler de Lena, puisque le jeune biélorusse avait mentionné son prénom. Il hocha alors la tête. Oui, elle allait bien. Très bien, c’était tout du moins sous ses traits qu’elle lui était apparue. Il ne savait plus où donner de la tête, et surtout par quelle question devait-il commencer par répondre. Si sa sortie n’avait pas été trop dure ? Il faut dire qu’ils n’avaient pas tant abordé ce sujet-là, ensemble. Certes, elle avait évoqué la sortie, le retour à la réalité des choses qui permettait de prendre conscience de certains faits. Quant à lui ? Lui ? Il est certain que cette rencontre lui avait plaisir. Il ne s’y attendait peut-être pas. Déjà que la Production lui permette cette rencontre, et que ses coéquipiers acceptent cette rencontre. Après tout, ils auraient pu préférer l’argent… il avait cru comprendre que certains auraient préféré cette voie-là. « Oui. Je crois bien que cette rencontre m’a été bénéfique… ». Elle lui avait fait le plus grand bien. Comme un petit coup de fouet, un petit élan qui lui permettait de se remotiver dans ce jeu. Il en avait eu besoin de cette rencontre, tout comme Lena certainement. Ils en avaient eu besoin tous les deux. « Tu en veux ? » reprit-il, en pointant du bout de son menton la salade composée qu’il préparait à base de crevettes et de clémentines. « …Oh, tu es peut-être allergique à l’un des ingrédients… ». Il aurait l’air fin avec sa proposition si elle était allergique aux crevettes, par exemple.

Valeri qui vient me faire un bisou, il y a de quoi se poser des questions. La fin du monde serait elle proche ? Ah non, qu’on se rassure, c’est juste Lena qui l’a envoyé m’embrasser. Il n’est que le messager. Petite déception quand même. Moi qui pensais que pour une fois, le jeune homme faisait preuve d’une marque d’affection à mon égard. Mais non. « Je tâcherai me rattraper…puis, je crois que ton autre joue est jalouse de ne pas avoir eu de baiser. » Vraiment ? Qu’il ne me fasse pas de faux espoirs. Genre je n’attends que ça depuis des lustres en fait. « Je te confirme, elle est jalouse. Elle n’arrête pas de me saouler depuis tout à l’heure. Et pourquoi elle, elle a le droit ? Et pourquoi pas moi ? Qu’est ce que j’ai fais de mal ? » Oui je parle de ma joue, qui a une conscience propre, des pensées et des sentiments. Quoi de plus normal. Je cherche ensuite à savoir comment va Lena. Si sa sortie n’a pas été trop dure tout ça. J’ai seulement le droit à un hochement de tête, rien de plus. Et bien dites donc, ce qu’il est loquace. Je crois que les seules nouvelles que je pourrais avoir d’elle sont donc un bisou, et un hochement de tête comme quoi elle va bien. Je suppose qu’il va falloir que je m’en contente. Je ne risque pas de vivre à travers lui leur rencontre. « Oui. Je crois bien que cette rencontre m’a été bénéfique… » répond il au moins à une de mes questions, c’est déjà pas mal. « Tant mieux. » Il me demande alors si je veux de la salade qu’il est en train de préparer. « Je veux bien merci. Et non t’inquiètes, à ma connaissance je ne suis allergique à aucuns aliments, ni médicaments, ni rien du tout. » Une bonne chose. « Ce qui est dommage pour tous ceux qui voudraient tenter de me tuer, ils ne pourront pas de cette façon » C’est ballot.

Valeri était quand même chouette comme garçon. Ce que Lena lui disait de faire, il le disait. Il n’était pas aussi obéissant que ça, en temps normal. Non. Il n’obéissait à personne, en temps normal. Il était un électron libre. Un garçon sans attache, et sans démonstration affectueuse. Valeri laissa entendre qu’il se rattrapera, tout simplement parce que sa seconde joue serait jalouse. Parait-il que ce serait le cas. Tout du moins, ce fut ce qu’il comprit à l’écoute des paroles articulées par l’asiatique. Un petit rire fusa doucement de la bouche du biélorusse, avant d’hocher vaguement la tête. Il prendra note pour la suite. Oui. Il n’allait quand même pas l’embrasser, ce serait trop prévisible. Beaucoup trop même. Par la suite, ils évoquèrent très brièvement Lena. Tout du moins, ce fut Valeri qui se faisait assez discret à ce sujet. Il ne savait s’il pouvait se confier à Sun-Hi, sur sa rencontre. Puis, le principal avait été dit : cette rencontre lui avait été bénéfique. Un regain de motivation. Il lui proposa alors la salade composée qu’il était entrain de se préparer pour son déjeuner. Il cuisinait pour un, il pouvait très bien cuisiner pour deux. Après tout, quand il était encore qu’un simple commis de cuisine, il cuisinait pour bien plus de personnes. Elle était peut-être allergique aux crevettes… aux agrumes… ou aux tomates, il ne savait pas trop. Il préférait lui demander, ce serait dommage qu’elle fasse une crise d’allergie sous ses yeux. Il ne saurait même pas comment réagir. Elle n’était allergique d’aucun aliment et même d’aucun médicament. Oh, tant mieux alors. La suite de ses paroles l’amusa quelque peu. Un sourire amusé se dessina alors sur les lèvres du jeune biélorusse. « Eh mince, je vais devoir réviser mes plans… » lança-t-il, un brin amusé. Rassurez-vous, Valeri n’avait pas l’intention de tuer, ou d’éliminer, l’asiatique. Il disait ça juste pour plaisanter, pour amuser un peu la galerie. « …je vais devoir me trouver quelqu’un d’autre, flûte ! ». Ou personne. Il avait des airs fourbes et mesquins, mais le biélorusse n’en était pas pour autant méchant. Sur ces plaisanteries, il finit de préparer ce qui allait être leur déjeuner. S’en suit alors l’assaisonnement.

Le principal, c’est que Valeri ait pu voir Lena, que ça lui ait fait du bien. Cela pourra aussi permettre à Sully d’avoir des nouvelles à travers le jeune homme. Enfin j’espère quand même qu’il sera plus loquace avec lui sinon… Qu’il ait plus qu’un hochement de tête. Il me propose alors de partager sa salade, ce que j’accepte volontiers. Mais s’il pensait pouvoir me provoquer une réaction allergique et tenter de mettre fin à mes jours ou m’envoyer à l’hôpital afin d’éliminer la concurrence, et bien c’est raté. Eh mince, je vais devoir réviser mes plans…Je vais devoir me trouver quelqu’un d’autre flûte ! Et oui c’est dommage. « Ouais, il va te falloir trouver un autre moyen pour éliminer la concurrence ! » En tout cas moi. Bon il aura peut être juste à attendre mon éviction lundi prochain, sans avoir besoin d’élaborer quelques plans machiavéliques. « Ils ne te manquent pas trop tes proches ? » Que je lui demande alors. Cela n’a pas trop l’air de le gêner à lui. Alors que moi à mesure que le temps passe, cela devient de plus en plus difficile. Le pire étant qu’on n’a même pas une nouvelle. Pas un coup de téléphone, pas une lettre, rien. J’espère qu’ils vont bien. Surtout mon père qui a quelques problèmes cardiaques.