ENOCH & JAILEEN
20.07 à 16h46



Plus les semaines passaient et plus l’aventure de la blondinette touchait à sa fin, comme celle de n’importe quel candidat d’ailleurs. Jaileen commençait à éprouver le besoin de s’isoler, de faire le point sur ce qu’elle avait eu l’occasion de vivre ici. Il fallait qu’elle le fasse avant de s’en aller. C’était primordial pour elle. Elle ne savait pas trop où aller. Il y avait du monde un petit peu partout. C’était comme si tous les candidats encore en compétition voulaient être seuls. C’était lors d’une courte promenade qu’elle passait devant le grand arbre qui se trouvait au centre du jardin botanique. Elle l’observait un instant. De la racine jusqu’à la cime. Il était immense. Il imposait un certain respect. Elle n’avait rien à y faire au sommet, mais pourtant elle grimpait à l’échelle pour rejoindre la cabane. Ici aussi elle pouvait être dérangée. Se faufilant alors par la petite fenêtre qui était dessiné à l’intérieur du bois, elle se hissait sur une grosse branche, non loin du tronc. Elle venait même s’y appuyer au tronc. Arrachant une feuille, puis une autre, elle laissait la verdure tourbillonner dans les airs avant de s’écraser sur le sol. Elle était bien là. C’était comme si personne ne pouvait l’atteindre. Une légère brise venait faire voler ses longs cheveux blonds. Elle fermait les yeux et poussait un soupir de béatitude.

Le temps passe de plus en plus lentement. Comme si il s'était arrêté. Deux autres candidats ont été éliminés Dimanche dernier. Il ne reste plus grand monde. Je suis pris d'une sorte de nostalgie tout d'un coup. Heureusement, il reste encore des candidats que j'apprécie énormément dans le nid. J'ai la chance de les avoir encore auprès de moi. Perdu dans mes pensées, je marche sans but fixe. Mes pas m'amènent vers l'arbre centenaire. Je reste là, à le contempler dans toute sa splendeur. C'est à la fois haut et majestueux. Mes mains viennent toucher son écorce. C'est un vrai. En regardant les racines, je sais qu'ils l'ont planté que récemment. C'est un arbre qui n'a presque pas de racine. A côté, fixée à une branche. Je vois une échelle, menant vers la cabane en bois. Je hausse les épaules. Je décide d'y monter. J'arrive sur les lieux. Il y a déjà quelqu'un. Je reconnais les cheveux blond de Jaileen. Je souris, en m'approchant doucement d'elle. Je me pose à ses côtés. Un vent frais effleure mon visage. Je ferme les yeux et savoure cet instant rempli de délice. Je me tourne vers elle. Je lui souris. - Tu as l'air ailleurs, ce soir, dis-je d'un ton calme. La sérénité se lit sur mon visage. Je touche le bois du mur avec délicatesse. Cette cabane a été bien travaillée. Le bois est lisse et sent bon en plus. - J'ai l'impression d'être chez moi. Je ris légèrement. Une odeur familière flotte dans les airs. Elle ressemble à celle dans mon atelier. Je me rends compte que l'Ecosse me manque un peu. J'ai hâte de sortir et revoir l'extérieur. Oui, j'ai hâte.

Un moment de calme ne pouvait faire de mal à personne. Il y avait tellement d’agitation ici, même maintenant, que passer du temps toute seule ne pouvait que faire du bien à Jaileen. Elle avait besoin de se retrouver avec elle-même. Elle avait besoin de faire le point sur son aventure, sur les choses qui allaient changer une fois qu’elle allait retrouver Londres et sa vie de tous les jours. Elle avait tellement peur. Elle ne voulait plus partir d’ici. Elle se demandait ce que les gens pouvaient bien penser qu’elle à l’extérieur. Pourquoi venir se percher tout en haut d’un arbre, sur une branche ? Très certainement pour être tranquille. Ici, personne ne viendrait l’enquiquiner. Enfin c’était du moins ce qu’elle pensait. Enoch ne tardait pas à la rejoindre. Il arrivait toujours dans les bons moments, mais il restait tellement calme et reposant que cela ne dérangeait en rien Jaileen. Elle était même plutôt contente de le voir. - Tu as l'air ailleurs, ce soir. Peut-être bien. La blondinette lui adressait un sourire, restait silencieuse un long moment avant de répondre : « J’avais une cabane ressemblant à celle-là lorsque j’étais petite. Je venais y jouer avec mes frères et puis … et puis je suis allé vivre chez mon oncle. J’en avais une aussi là-bas, mais ce n’était pas pareil. » Pourquoi venait-elle lui dire cela ? Elle n’en avait aucune idée. C’était comme si elle venait de parler sans réfléchir. Comme si elle pouvait se confier à lui sans aucune crainte. - J'ai l'impression d'être chez moi. Ah. Lui aussi. Elle tournait la tête vers lui pour poser ses pupilles blues sur son visage. « C’est comment chez toi ? » demandait-elle curieuse. Elle avait tellement envie d’en savoir plus sur lui. Plus que ce qu’elle ne savait déjà bien entendu.