jaileen
Depuis ce prime, et les quelques répliques qu’il avait pu entendre de la bouche de telle ou telle personne l’avait fait longuement réfléchir. Il se retournait presque le cerveau. Peut-être ne devrait-il pas. Oui, il ne devrait pas se mettre dans cet état psychologique qui ne lui ressemblait pas. Qu’est-ce qu’il en avait à faire, au fond, de toute cette histoire ? De cette histoire dont les quidams le mettaient au cœur de celle-ci. Oui. Il n’en avait rien à faire. Il n’avait pas à continuer à se prendre la tête avec ces mots, ces énoncés. Il aimerait malgré tout mettre les choses au clair avec la personne en question. Histoire de savoir qu’il en était vraiment et réellement de cette situation délicate. Oui, parce que depuis les semaines passées, il baignait dans un amas répugnant d’ignorance niaiseuse. Un soupir s’échappa de sa bouche, alors qu’il errait à travers le couloir – telle une âme vagabonde. Son regard un brin errant, tout autant que son état d’esprit à vrai, et son attention vint se poser sur la silhouette de la grande blonde qui venait en sa direction. Peut-être n’étaient-ils juste se croiser, en ne s’adressant aucun mot, aucun regard… ou si, peut-être juste un regard et c’est tout. Un regard et pas plus. La main de Valeri vint se saisir du poignet de la jeune femme et la tirer vers lui. Il poussa alors la porte qui se trouvait à côté de lui. La régie. « Je crois que l’on a à parler… » souffla-t-il tout en entrant dans la pièce. Au moins, ici, personne ne pourra les surprendre en pleine conversation. Oui. Voilà. C’était une façon comme une autre de s’isoler de cette masse indiscrète. A vrai dire, c’était certainement la seule pièce où ils pourront être tranquilles. Alors que la porte se clora derrière eux, Valeri vint lâcher le poignet qu’il tenait précieusement entre ses doigts. Il lâcha un soupir, alors que son regard venait de s’échouer sur les quelques écrans. Il s’approcha d’un peu plus près de l’un des écrans, pouvant observer l’un des petits couples en exhibition, entrain de batifoler dans l’une des pièces du nid. Il ne voulait pas chercher l’identité de ces protagonistes, il n’en avait rien à foutre lui. « Regarde-moi ça, c’est gerbant… » ne manqua-t-il pas à commenter. Un léger rictus amer se dessina très brièvement sur ses lèvres alors qu’il se retourna en direction de Jaileen qui se faisait bien silencieuse. Trop silencieuse. Il la détailla longuement du regard. De haut en bas, de bas en haut. « Tu tiens à moi ? » lui demanda-t-il alors soudainement. Une question hasardeuse dont la réponse pouvait avoir une certaine importance, elle pourrait avoir tout un sens (plus ou moins) symbolique, oui. Tenait-elle à lui ? Tenait-elle vraiment à lui.

Depuis le dernier prime Jaileen se faisait discrète. Elle ne parlait que très peu et passait le plus clair de son temps dans sa chambre, sous sa couette, à lire des bouquins ou encore à écrire. L’aventure se terminait très bientôt et il fallait très sérieusement que la jeune femme s’occupe au plus vite à l’écriture ainsi qu’à l’élaboration d’un grand voyage dont elle rêvait depuis son enfance. Elle avait envie de faire le tour de monde. Elle ne voulait pas partir pour revenir et enfin partir à nouveau. Non. Elle avait envie de partir et de revenir une fois qu’elle aurait visité la totalité des pays de la planète. La demoiselle sortait donc rarement de sa chambre. Elle évitait certains de ses camarades. Elle ne voulait pas se disputer avec certains ou donner des explications à d’autres. Pourtant, en croisant son partenaire dans les couloirs en ce début de soirée, Jaileen était loin de s’imaginer qu’elle allait devoir le faire, s’expliquer. Un petit sourire amical venait se dessiner sur ses lèvres. Un sourire qu’il lui rendait tout en l’attrapant par le poignet afin de la tirer vers lui Il poussait une porte pour la faire entrer dans la régie. « Je crois que l’on a à parler… » Ah. Presque aussitôt la belle baissait les yeux. Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle ne savait pas par où commencer. La porte venait se fermer derrière eux et la bruit la faisait très légèrement sursauter. Elle semblait plutôt perturbée. Valeri finissait par la lâcher. Il poussait un soupir. Lui aussi ne semblait pas savoir par où commencer ou même quoi dire. Peut-être qu’il attendait que Jaileen prenne la parole. Elle ne le ferait pas même si elle se doutait du sujet de discussion qu’il voulait avoir avec elle. Elle avait bien trop peur de ce qu’il pouvait lui répondre pour prendre la parole de son plein grès. « Regarde-moi ça, c’est gerbant… » Elle l’observait un instant avant de regarder dans la même direction que lui pour apercevoir, sur l’un des écrans, deux candidats en train de batifoler dans un coin du nid de Cupidon. Ils n’avaient franchement pas honte. Elle ne disait rien ce disant qu’elle était peut-être mal placé pour parler de ça en sachant qu’elle avait flirter avec son partenaire en tout début d’aventure et qu’en plus de ça, une candidate, Opaline, les avait surpris. Elle se contentait d’hocher la tête tout en fuyant la scène des yeux. Il l’observait. Jaileen pouvait sentir ce regard insistant sur sa silhouette. « Tu tiens à moi ? » Elle tournait aussitôt la tête pour poser ses pupilles sur son visage. Si elle tenait à lui ? Bien entendu puisqu’il s’agissait de son partenaire. Elle ouvrait la bouche pour répondre. Non. Elle ne pouvait pas jouer les idiotes et faire comme si elle ne savait de quoi il voulait parler. Elle faisait un signe affirmatif de la tête. « Je crois bien. » Elle faisait un tout petit pas en arrière. « Oui. » continuait-elle en baissant les yeux. « C’est vrai ce qu’ils disent les autres ? » finissait-elle par demander en référence à ce que Cosmas avait pu dire lors du prime, ou encore Sia lorsqu’elle avait interviewé la jeune femme. Il fallait bien qu’elle sache à un moment ou à un autre. Cela la concernait après tout. Elle aussi avait droit à des réponses.

En entrant dans la pièce, le regard de Valeri ne put s’empêcher de scruter curieusement les écrans qui se trouvaient devant lui. Evidemment, il y allait de son commentaire peu agréable à écouter. Il n’allait pas s’en priver. Personne ne pourrait l’entendre. Ah si, Jaileen peut-être. Tant pis. Les couples, et tous les trucs niais qui engendrent étaient des concepts exclus du quotidien du biélorusse. Des concepts « gerbants » comme il venait de lui faire remarquer. L’amour, c’était quelque-chose de pittoresque et d’inexistant. Son attention se reporta, après quoi, sur son interlocutrice bien silencieuse. Jaileen. Il ne l’avait pas fait venir ici pour la regarder dans le blanc des yeux. Comme il lui avait fait remarquer précédemment, ils avaient à parler. A parler très sérieusement, certainement. Un peu comme mettre les cartes sur la table, ou un délire du genre. Valeri vint alors à lui poser une première question. Question banale en soi dont la réponse était essentielle, malgré tout. Tenait-elle à lui ? Mais genre, vraiment. Pas un truc pour du fake. Un truc vrai. Elle croyait bien, lui répondit-elle alors. Le jeune biélorusse sourcilla alors quelque peu. Ah ? « Tu crois juste ? Vraiment ? Tu penses vraiment que je vais me contenter de ça comme réponse ? Vraiment ? » souffla-t-il, un brin agacé par la réponse dictée par Jaileen. Elle croyait bien tenir à lui. Il ne comprenait pas ce qu’il y avait de « honteux » ou de gênant de lui faire part de la vérité et de ce qu’il en était pour elle. De lui tenir sincèrement si elle tenait à lui ou non. On ne pouvait pas croire juste. Oh ça non. On ne pouvait pas se contenter de quelques crédules croyances. Quitte à devoir la pousser dans ses limites, ses retranchements, afin de parvenir à obtenir des réponses concrètes teintées de sincérité et pas des mots superficiels teintés d’artifices. Ce n’était pas ce qu’il voulait lui. Même s’il savait très fortement usé de ces mots-ci. Croyez-moi, il était très doué dans ce domaine. Il croisa les bras, se laissant par la même occasion tomber sur l’un des sièges qui se trouvait juste à côté de lui. Son attention se reporta alors sur Jaileen qui venait de reprendre la parole. Elle voulait savoir si c’était vrai ce que les autres disaient ? Les autres ? Un léger rictus s’esquissa sur les lèvres de Valeri. « Je ne sais pas ce que les autres peuvent dire, moi… mais je crois que je m’en fiche un peu de savoir ce que les autres peuvent dire. Ce n’est pas les autres qui m’intéressent pour le moment, mais toi. » répondit-il alors. Il s’en foutait des autres et des dires qu’on pouvait leur associer. Les autres. Il s’en moquait, oui. Comme eux se moquent de lui. Sentiment réciproque, certainement. « Tu as envie de quoi, dis-moi, Jaileen ? ». Il marqua une brève pause, tentant de se humidifier ses lèvres avec sa langue. « Genre là, maintenant, tu aurais envie de quoi ? Evidemment, la réponse « je ne sais pas » est à exclure. ».  

Si Jaileen était consciente qu’elle pouvait croiser son partenaire à n’importe quel moment de la journée et plus particulièrement le soir en allant se coucher puisqu’ils partageaient le même lit, elle était bien loin de s’imaginer que c’est en plein milieu d’un couloir qu’il allait décider de la kidnapper pour lui demander des explications sur un sujet bien précis. Si elle tenait à lui. Il devait très certainement faire référence au sentiment que la jeune femme avait pour lui. Elle lui avait dit qu’il lui plaisait et puis qu’elle avait terminé par se faire à l’idée qu’il n’y aurait jamais rien entre eux deux. Rien de plus que de l’amitié. Elle n’aurait peut-être pas pu parler autant. Pour une fois la belle blonde aurait mieux fait de garder sa langue dans sa poche. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Il la prenait de court. Elle n’avait pas eu le temps de se préparer à un tel interrogatoire. « Tu crois juste ? Vraiment ? Tu penses vraiment que je vais me contenter de ça comme réponse ? Vraiment ? » Valeri semblait agacé par la réponse que venait de lui donner. Il ne voulait très certainement pas d’une réponse indécise. Il devait avoir envie de bien plus de franchise. Elle pouvait le comprendre. « Non. » murmurait-elle en faisant un nouveau pas en arrière. Non. Elle se doutait bien qu’il n’allait pas de contenter d’un « je crois bien ». Ce n’était pas son genre. Il allait très certainement la questionner jusqu’à ce qu’elle parle, jusqu’à ce qu’elle vienne lui donner une réponse qui lui plaisait. C’était peut-être pour ça qu’elle venait reprendre d’une petite voix douce et franchement pas assuré : « Oui. Oui je tiens énormément à toi, mais tu le sais déjà. Pas besoin de me poser la question encore une fois. T’es pas stupide et je suis certaine que t’as très bien compris la première fois. » La première fois. La fois où elle lui avait dit qu’il lui plaisait. Qu’il lui plaisait un tout petit peu. Elle se sentait gênée de venir lui dire clairement ce qu’il en était. Elle se sentait mal car elle se doutait que du côté du garçon cela ne devait pas être le cas. C’était comme des sentiments allant uniquement à sens unique. Jaileen ne voulait pas se l’avouer jusqu’à présent, mais peut-être qu’aujourd’hui elle devait enfin le faire. Seulement elle n’avait pas envie d’être la seule à se dévoiler. C’était pour cela qu’elle venait lui demander si les autres avaient raison. Il n’avait pas l’air de prendre la chose si bien que ça. « Je ne sais pas ce que les autres peuvent dire, moi… mais je crois que je m’en fiche un peu de savoir ce que les autres peuvent dire. Ce n’est pas les autres qui m’intéressent pour le moment, mais toi. » Un rictus, qui ne plaisait pas du tout à la demoiselle, se trouvait sur les lèvres de Valeri. Il n’aimait pas entendre parler des autres, mais ici il ne pouvait pas faire autrement. Il allait être confronté aux propos de ses camarades à un moment ou à un moment. Ce moment était là. La blondinette osait levait à nouveau les yeux vers les traits de son colocataire. « Je veux savoir s’il y a une part de vérité dans ce qu’ils disent. Rien de plus. Une fois que tu auras répondu à ma question alors je saurais à quoi m’en tenir et je n’aurais plus besoin de faire attention à toutes les choses qui fusent sur toi et moi. » Elle aussi avait droit à des réponses. Il n’était pas le seul à pouvoir poser des questions. Jaileen aussi avait envie d’y voir plus clair, mais il ne semblait pas véritable le comprendre. « Tu as envie de quoi, dis-moi, Jaileen ? ». De quoi avait-elle envie ? De tout un tas de chose. Elle voulait voir sa famille. Elle avait envie de rentrer en Angleterre. Elle voulait qu’on la laisse un petit peu tranquille. Elle avait envie de … Ses pupilles venaient alors se poser sur le visage du garçon. Elle ne bougeait plus. Elle semblait comme paralysée. « Genre là, maintenant, tu aurais envie de quoi ? Evidemment, la réponse « je ne sais pas » est à exclure. » Elle continuait de l’observait mais ne parlait pas, ne bougeait pas, comme si quelque chose la retenait. Il s’écoulait une bonne grosse minute avant qu’elle ne vienne à cligner des yeux et à ouvrir la bouche. Elle semblait hésitante. Répondre en disant « je ne sais pas » lui chatouiller les lèvres, mais la demoiselle finissait par baisser les yeux, joignant ses deux mains dans le bas de son dos tout en répondant presque dans un murmure : « Si je m’écoutais, là je … je serais en train de faire quelques pas vers toi pour … » Elle marquait une nouvelle pause, faisant le contraire de ce qu’elle venait de dire, faisant un pas en arrière. Encore une fois. « Pour me blottir dans tes bras et peut-être aussi pour … » Ne parvenant pas à terminer sa phrase, elle continuait à reculer, n’osant même plus le regarder.

Spoiler:

Clairement, Valeri ne pouvait pas se contenter de cette brève réponse. S’il lui avait posé cette question, ce n’était pas pour avoir en retour que trois ou quatre mots d’articulés, rien de plus. Non. Il ne voulait pas. Il était désireux d’en savoir plus, d’en comprendre un peu plus. Son agacement pouvait se faire sentir dans sa voix. Il n’avait pas cherché à le cacher, il faut dire. Elle tenait à lui. Elle tenait à lui énormément, c’était tout du moins ce qu’elle venait de lui dire. Il devait certainement la croire. Elle ne manqua pas d’ajouter qu’il n’était pas idiot et qu’il l’avait très bien compris la première fois ? Ils ne devaient clairement pas avoir la notion de « compréhension » dans ces cas-là. Parce qu’elle avait beau tenté de lui faire comprendre quelques faits, quelques mots, ce n’était très clair dans l’esprit du jeune biélorusse. Sûrement parce qu’il voulait du concret, lui. Et pas seulement quelques mots artificielles. Des mots prononcés juste pour plaire, pour séduire ou une connerie du genre. Il voulait du concret, du sincère, du vrai. Il haussa alors vaguement les épaules, alors que la jeune femme mentionnant les dires de leurs camarades – ou plutôt des autres. Des autres ? Elle voulait savoir s’il y avait une part de vérité dans les dires des autres. Il s’en fichait lui. De savoir ce que les autres pouvaient dire à son sujet, à leur sujet. Il s’en fichait. Il ne voulait pas savoir ce que les autres pouvaient bien raconter sur lui. Ce n’était pas en écoutant les fabulations de quidams que l’on avançait. Ca, il l’avait bien compris… il l’avait appris. Elle disait alors qu’elle n’aurait plus besoin de faire attention sur toutes « ces choses » qui pouvaient bien fuser à leur sujet. Un rictus étira les lèvres de Valeri, en secouant doucement la tête. « Et sinon tu continueras de les écouter, donc ? » demanda-t-il, en pouffant silencieusement. S’il ne lui répondait pas, elle continuerait donc d’écouter les dires et non-dires de certains. C’était tout du moins ce qu’il avait pu en conclure de ses mots. « Ce n’est pas les autres qui t’aideront à avancer, Jaileen. » conclut-il alors. Un brin de philosophie et de réflexion ne faisaient pas de mal. Après tout, il n’y avait pas du faux dans sa réplique. Il avait appris, avec le temps, que ce n’était pas les autres qui l’aideraient à devenir ce qu’il était, mais bel et bien tout seul. C’était égoïstement, seul que l’on se construisait. Seul. Tout seul. Sans personne d’autres. Les autres n’étaient que des tares handicapant alors cette construction personnelle. Les autres pouvaient être nocifs. Nocifs à notre épanouissement personnel. Valeri vint alors lui demander ce dont elle avait envie. Pas de manière générale, non. Mais bien, là, maintenant. A cet instant précis, de quoi avait-elle envie. Elle ne pouvait pas lui répondre qu’elle avait envie de rien. Avoir envie de rien, ce n’était pas possible… tout simplement parce que « rien » n’existait pas, ce n’était qu’un ensemble vide. Evidemment, elle ne pouvait pas lui répondre qu’elle ne savait pas. Ne pas savoir était un autre mensonge, par exemple. Son regard se posa alors sur la silhouette de la jeune femme. Attendant avec une certaine hâte la réponse que la jeune femme pourrait bien lui donner. Il était curieux. Curieux de savoir. C’est alors qu’elle lui répondit que si elle s’écoutait elle se blottirait dans ses bras, et aussi autre chose. Enfin c’était ce qu’il en déduit à l’écoute des paroles de la jeune femme. Il cligna des yeux, restant silencieux. « Et qu’attends-tu pour le faire ? Pour faire tout ce que tu aimerais faire ? » souffla-t-il alors, lui adressant un petit sourire. Qu’elle vienne. Qu’elle fasse. 

Mais pourquoi Valeri se montrait-il aussi insistant avec la jeune femme ? Elle en perdait tous ses moyens. C’était bien la première fois que cela lui arrivait. Elle faisait quelques pas en arrière comme si elle voulait le fuir. Il lui faisait presque peur là. C’était étrange. Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Pourquoi attendait-il maintenant pour lui poser des questions ? Il aurait très bien pu le faire avant. Alors pourquoi aujourd’hui ? Remarquez aujourd’hui ou avant c’était un petit peu pareil. Peut-être qu’il pensait qu’aujourd’hui la blondinette serait plus apte à répondre car elle aurait eu le temps de réfléchir, de faire le point. Seulement elle n’avait pas besoin de réfléchir. Elle savait très bien ce qu’il en était. Si elle tenait à lui ou non. Il parvenait à obtenir ce qu’il voulait. Une réponse un petit peu plus claire, plus explicite. Ainsi Jaileen tenait à lui. Elle tenait énormément à lui. Cela avait l’air de lui faire ni chaud ni froid. Il ne réagissait pas. Elle se sentait honteuse. Elle avait l’impression qu’il était en train de jouer d’elle. Baissant les yeux vers le carrelage, elle continuait tout doucement de reculer. Les autres venaient dans la conversation. L’anglaise n’était pas du genre à écouter les rumeurs, mais là elle ne pouvait pas faire autrement. Elle entendait les mêmes paroles à longueur de journée et devant l’absence d’explication de son camarade, elle ne pouvait que se poser des questions sur les paroles de ses colocataires. Les autres. Un rictus venait se dessiner sur les lèvres du biélorusse. « Et sinon tu continueras de les écouter, donc ? » Question piège ? La réponse de la jeune femme allait très certainement être décisive. Pourtant, elle n’hésitait pas. « Oui. Je n’ai pas le choix que de les entendre et donc de les écouter. Je ne dis que j’y crois, je ne fais que les entendre et donc je me pose des questions. C’est normal. C’est de la curiosité. » La blonde haussait les épaules. Elle ne savait pas que dire d’autre. Presque aussitôt elle regrettait ses paroles. Elle aurait mieux fait de se taire. Ou pas. Si elle n’avait rien dit alors il se serait fâché. Il aurait peut-être même crié. « Ce n’est pas les autres qui t’aideront à avancer, Jaileen. » La demoiselle levait la tête vers son partenaire pour poser ses pupilles sur son visage. Que voulait-il dire par là ? Qu’il fallait qu’elle arrête d’écouter les autres ? Elle ne le faisait pas volontairement. Fronçant très légèrement les sourcils, voilà qu’elle essayait de faire la part des choses. Elle essayait de comprendre ce qu’il voulait dire. Elle n’y arrivait pas vraiment. Peut-être qu’il n’avait pas tort, mais pourtant Jaileen ne comptait que très rarement sur les autres. Non. Non elle ne comprenait pas. Restant silencieuse un instant, elle se contentait de venir répondre à l’une de ses nombreuses questions. Ce dont elle avait envie maintenant. Ce n’était pas bien compliqué. Elle le savait pertinemment, mais peut-être qu’elle ne devait pas le lui dire. Pourtant la jeune femme prenait son courage à deux mains et venait lui confier qu’elle avait envie de se blottir dans ses bras et de bien d’autre chose. « Et qu’attends-tu pour le faire ? Pour faire tout ce que tu aimerais faire ? » C’était de la provocation là. Jaileen ne savait pas comment réagir sur le moment. Elle l’observait sans rien dire, ne sachant que faire, que dire. Et puis, au bout, d’une bonne grosse poignée de seconde voilà que la blondinette faisait quelques pas vers lui, accélérant presque à chacun de ses mouvements, pour passer ses bras autour de la nuque de son camarade et poser ses lèvres sur les siennes. Un baiser à la fois timide et plein d’assurance qui durait quelques instants avant qu’elle ne détache ses lèvres des siennes et qu’elle ne recule tout en s’excusant : « Désolé. Je … Je sais pas ce qui m’a pris, je voulais juste … Désolé. »