Je suis totalement déboussolée depuis le prime de la veille. Toutes ces histoires m'ont fatiguée. Je n'avais plus la force de rien, plus la force de parler à qui que ce soit. Je suis allée me coucher. Il était encore tôt pour cela, mais je me suis dit endormie directement. Je n'ai pas pris la peine de me changer, j'ai dormi habillée. Tout était plus paisible lorsque je dormais. Tout me semblait plus beau. Maintenant je suis réveillée, c'est le milieu de la nuit. Je pensais que j'aurais tout oublié après une nuit de sommeil. Visiblement ça n'a pas marché. Tout me revient en mémoire, les abandons, la fille d'Enoch, sa nomination. Je vais prendre une douche froide. J'essaie de ne réveiller personne, Enoch dort encore, je ne voudrais pas le tirer de son sommeil. C'est encore le milieu de la nuit, je me suis couchée trop tôt. Je passe un certain temps sous la douche, plus que d'ordinaire. Je passe beaucoup de temps à réfléchir. Peut-être un peu trop, je ne saurais plus le dire maintenant. J'ai besoin de prendre un café pour être totalement réveillée. Je mets la machine en route. Je pose mes mains contre le plan de travail, je baisse la tête. Tout ça, c'est trop pour moi, trop d'un coup. J'ai l'impression que toute la pression est en train de retomber. Je ferme les yeux quelques secondes, je sens une larme rouler le long de ma joue. Je me déteste de pleurer, de pleurer pour ça. J'entends du bruit derrière moi. Merde. Il est trop tôt pour que quelqu'un soit debout pourtant. J'essuie ma joue d'un revers de la main, j'essaie d'avoir l'air naturelle. Je me retourne. C'est Enoch. Bien évidemment. « J'espère que je ne t'ai pas réveillé. » Je n'arrive pas à croiser son regard. Je me dis qu'il est trop tôt pour lui en parler, qu'il doit avoir envie de retourner se coucher. Pourtant je ne peux pas m'y résoudre. « Je sais ... Je sais que t'as une fille Enoch. » Et ce n'est même pas lui qui me l'a dit, c'est ça qui me blesse le plus oui. Ça me blesse d'avoir eu à l'entendre de quelqu'un d'autre, qu'il l'ait dit à quelqu'un d'autre ici, je ne sais pas qui à vrai dire, mais qu'il n'ait pas daigné m'en parler depuis le début de l'aventure.

Je suis dans le brouillard le plus total depuis hier soir. Je n'ai pas été au prime. J'ai raté plein de choses dont des départs. Sully et Valeri sont partis. Surpris, je ne pensais pas que Sully et Valeri quitteraient l'aventure de leur propre chef. J'ai été peiné de l'entendre, surtout pour Ismène. Puis il y a le retour des anciens candidats. Brune est revenue. Une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle. Je suis également nominé. Je ne suis pas tellement surpris. Avalon m'a raconté sommairement les événements. Je l'ai senti un peu distante hier soir, quand elle est revenue dans la chambre. J'ignore pourquoi, mais quelque chose la tracasse. Je n'ai pas eu le temps de la questionner qu'elle s'est endormie tout de suite après notre court dialogue. Je ne tarde pas à la suivre. Il est aux alentours de c heures du matin quand j'entends un bruit. Je me rendors, pensant que c'était un candidat qui allait se mettre au lit. Je tends alors un bras vers Avalon. Je fronce légèrement les sourcils. Elle n'est plus là. Je suis pris soudainement d'inquiétude. J'émerge en douceur, je finis par me tirer hors du lit. Je la cherche partout. J'erre dans les couloirs. Je ne la trouve pas. Je vais à la salle de vidéo-surveillance en espérant pouvoir la retrouver. Elle est dans le réfectoire, seule en train de se préparer du café. J'arrive sur les lieux. Elle se tient près du plan de table, attendant que son café soit prêt. Je suis derrière elle. Elle se retourne. Je lui souris avec tendresse. Elle me demande si elle m'a réveillé. Je lui caresse la joue et l'embrasse sur le front.  - Non. J'étais inquiet, donc je me suis levé. Mon sourire s'efface lorsqu'elle m'avoue connaître l'existence de ma ... fille. Je hausse les sourcils, ma main retombe lourdement contre mon flanc. Ma mâchoire se durcit. Je peine à articuler ces mots : - Comment ... tu l'as su ? Mon regard se voile. Je baisse les yeux, n'osant plus la regarder en face. J'aurai voulu qu'elle ne l'apprenne pas de cette manière. Je ne sais pas quoi lui dire. Les phrases sont coincées dans ma gorge. Mon corps tout entier n'arrive plus à bouger. - Je peux tout expliquer, Avalon. Je ... Tout se bouscule dans ma tête. Je ne sais pas pour où commencer en fait. Je conçois que j'ai fais une erreur en gardant ce secret pour moi. - J'attendais le bon moment pour te le dire. Je  veux la serrer dans mes bras, mais je m'abstiens. Elle est déçue, triste, surement en colère. J'en suis vraiment désolé. On reste là, face à face. Elle est en train de s'éloigner de moi et c'est de ma faute.

Je n'ai pas eu le courage d'aborder le sujet hier avec Enoch. J'étais trop surprise, trop déboussolée. Je lui ai brièvement raconté ce qu'il s'était passé durant le prime, sans pour autant rentrer dans les détails. Je n'en ai pas eu la force. Je voulais simplement m'endormir. Je voulais pouvoir oublier tout ce que je savais l'espace de quelques heures. Il était trop tôt pour dormir, mais je m'en moquais. Je me moquais bien de tout ça, j'avais espéré que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve au final. Non tout cela était bien réel. Et je prenais conscience de la dure réalité à mon réveil. Je crois que je n'avais pas tout bien assimilée hier lors du prime sous le coup de l'émotion. Maintenant je prenais pleinement conscience des choses. Ma peine était plus grande désormais. J'avais pourtant espéré qu'elle s'estompe pendant la nuit. Je suis blessée, je suis en colère aussi oui. La douche froide n'a rien arrangé à tout cela. Je me dis qu'un café ne pourra que me faire du bien. J'attends que tout soit prêt, j'ai l'impression de tout me prendre en pleine figure tout à coup. Alors je pleure, je pleure un instant, une seule seconde. Je ne pleure jamais, je ne suis pas comme ça, mais là je ne peux pas retenir mes larmes. Enoch choisit ce moment là pour entrer dans la pièce. Je n'ose pas le regarder. Malgré tout j'espère ne pas l'avoir réveillé. Je m'en voudrais. Il m'embrasse sur le front, me disant qu'il était inquiet. Je le sais sincère, je n'en doute pas. Et j'aurais sans doute apprécie ce geste dans d'autres circonstances. Mais là tout ce qui me vient en tête c'est qu'il a une fille. Ce n'est pas un détail de sa vie que l'on oublie facilement. Je ne comprends pas. Je ne peux pas garder cela plus longtemps pour moi. Il faut que je lui dise, il faut que je lui dise que je sais. Il est surpris je le vois, et il me demande comment je suis au courant. « Pendant le prime on m'a ... on m'a demandé si ça ne m'effrayait pas que tu aies une fille. » Je crois que c'était ce que l'on m'avait demandé. Il peut tout m'expliquer. J'imagine qu'il le peut oui. Il n'ose plus me regarder, je scrute ses yeux bleus. Je le regarde avec déception, avec colère un peu aussi je crois. Pour autant je n'ai pas envie qu'il lise toutes ces émotions dans mon regard. Je ne veux pas qu'il voit tout ce que je ressens à ce moment là. Il attendait le bon moment pour me le dire. Bien sûr oui. « Je crois que tu as dépassé le bon moment Enoch. Tu ne peux pas dire que tu m'aimes et après me dire que t'as une fille. Et encore quand est-ce que tu l'aurais fait ? » Oui est-ce que ça aurait pu durer encore longtemps comme ça ? Je ne sais pas, je suis perdue. « Je ... Tu sais presque tout de moi Enoch, je t'ai dit tout ce qu'il y avait d'important à savoir à mon sujet. Je ne comprends pas. Tu l'as dit à quelqu'un d'autre ici, mais tu n'as pas jugé bon de me le dire à moi c'est ça ? » Au fond je ne sais même pas comment je prends la nouvelle en elle-même. Je n'y ai pas réfléchi, tout ce que j'ai vu c'est que pendant toutes ces semaines il ne m'a rien dit. Je comprendrais qu'il m'ait caché un détail insignifiant de sa vie, je n'ai pas à tout savoir, je ne le veux pas. Mais tout de même, il a une fille.

Elle était distante hier soir. Dans sa manière de me parler, de me regarder. Durant ce prime, il s'est passé quelque chose et j'ignore quoi mais je le sens aux tréfonds de mon être. Je n'ai pas osé le lui demander. Elle avait l'air contrarié, c'est certain. Elle s'est endormie de son côté du lit, prétextant qu'elle avait sommeil. Je ne tarde pas à faire de même, mais j'ai cette boule au ventre que je n'arrive pas à déloger de là. J'ai entendu du bruit. Quelqu'un se lève. Ma vue est brouillée. Je me rendors pensant que ce n'était qu'un candidat qui venait d'entrée. Ne parvenant plus à retrouver le sommeil, je cherche la main de Avalon. Elle n'est plus là, laissant derrière elle une place tiède. Je soupire, je m'inquiète. Je sors du lit et me met en route pour la chercher. Je scrute chaque lieu à sa recherche. Elle est nulle part. Je la retrouve dans le réfectoire, se tenant debout près de la cafetière. Je m'approche d'elle. Soulagé, je me dis qu'elle n'a rien. Elle ne m'a pas réveillé. J'étais inquiet. Je voulais voir si tout allait bien. Apparemment non. Elle affiche un air à la fois triste et désorienté. Je ne sais pas ce qu'elle a. Elle se conduit de façon étrange depuis le prime. J'apprends la raison de son malaise de sa bouche. Elle me parle de ma fille. Je me fige. Elle m'apprends que durant le prime ils lui ont demandé si cela l'a gêné que j'ai une fille. Ils le lui ont dis. La chose que j'ai essayé de lui dire depuis des semaines. Je ne sais pas quoi dire. Elle est déçue, je le sais. Elle m'en veut également de lui avoir caché cela. J'attendais le bon moment, lui avouai-je à demi-mots. Je n'arrive plus à la regarder en face. J'aurai voulu que ça ne se passe pas ainsi. Je lève les yeux tout de même. Je croise les siens. Mon coeur se délite. - Je comptais te le dire à la sortie. Je ne lui aurai pas caché aussi longtemps, si je ne le juger pas nécessaire. Je ne sais pas ce qu'ils ont pu lui dire au prime, mais je tente de garder mon calme. - Je voulais te le dire. J'y pensais depuis des semaines, mais je ne sais pas ... Je préférais attendre pour te l'annoncer. Je ne l'imaginais pas qu'elle l'apprendrait comme ça et devant tous les candidats. La seule personne à laquelle j'en ai parlé, c'était Sun-Hi. Je n'étais pas encore avec Avalon à ce moment-là. Et le fait que j'ai une fille, je ne l'ai su que très récemment. Je m'avance vers elle. - Je te jure que je ne voulais pas te le cacher. Pas intentionnellement, en tout cas. Je lui caresse son visage avec tendresse. Je ne pouvais plus retenir. Je veux lui faire comprendre que je suis sincère et je l'ai toujours été avec elle. Je murmure : - Je ne savais pas que j'avais une fille il y a six mois de ça. Je baisse la tête. C'est Rease qui me l'a révélé par lettres. Ça été un choc pour moi. Encore aujourd'hui, j'ai du mal à digérer la nouvelle. Et même, je ne suis que le père biologique de cet enfant. Rease m'a fait clairement comprendre que je ne pourrai pas la voir ni lui parler, sa fille ignorant tout de mon existence.

J'aurais peut-être dû tout lui dire hier après le prime. Je ne sais pas ce qui aurait été le mieux. Je ne pense pas pouvoir garder ça très longtemps. J'ai envie de ne rien lui dire, de voir quand il va se décider à me le dire. Je sais très bien que ça ne pourra pas être possible. Je vais être distante, comme je l'ai été hier, et je ne pourrai pas le supporter bien longtemps. Je n'ai pas aimé la manière dont j'ai été avec lui, je voudrais que ça change. Je voudrais qu'on en parle, qu'on parle de sa fille. Je crois que j'ai du mal à me faire à l'idée. J'accepte mal le fait qu'il ne m'ait encore rien dit, mais j'ai encore beaucoup de mal à me dire qu'il a une fille. Je suis en train de me faire du café quand Enoch entre dans la cuisine. Il est encore tôt, j'espère ne pas l'avoir réveillé. Je ne peux plus garder ce que je sais pour moi, plus longtemps. Ce n'est peut-être pas le moment approprié, mais je ne tiens plus, il faut que je lui dise. J'ai besoin d'explications. Il avait l'intention de me le dire, oui mais quand ? Je ne comprends pas comment il a pu me cacher quelque chose d'aussi important. Je suis blessée, je suis en colère contre lui aussi. « A la sortie ? C'est un peu tard tu ne trouves pas ? » Non je n'en sais rien. On a parlé de vivre tous les deux, j'aurais aimé qu'il m'en parle avant. Ça n'aurait rien changé à ce que je ressens pour lui, au fait que je veux être avec lui après l'aventure, mais j'aurais aimé connaître ce détail de sa vie. Il préférait attendre pour me le dire. Je crois qu'on ne voit pas les choses de la même manière. Je baisse les yeux, je n'ose plus croiser son regard. « Ce qui ... Ce qui me blesse le plus c'est que tu l'aies dit à quelqu'un d'autre. » On a toujours été proche pourtant, même avant que l'on ne soit ensemble non ? Il faut que j'arrive à mettre ma rancœur de côté. Il ne voulait pas me le cacher intentionnellement. Je le crois oui. Il caresse ma joue tendrement, je me sens mieux déjà, j'en avais besoin. Je frissonne légèrement quand je sens ses doigts sur ma peau. Il ajoute qu'il ne savait pas qu'il avait une fille six mois auparavant. Je sens la colère s'estomper, je le regarde avec plus de tendresse. Je me laisse aller contre lui, je me blottis dans ses bras, je passe les miens autour de lui. « Je n'ai pas envie de t'en vouloir Enoch, ce serait égoïste de ma part. Je sais que tu n'avais pas de mauvaises intentions. J'aurais simplement aimé le savoir avant, et certainement pas de cette manière. » J'aurais aimé que ce soit lui qui me le dise, mais on ne peut pas revenir en arrière. Je n'oublie pas ce qu'il m'a dit avant, non je l'ai encore en tête, c'est pour moi le plus important. « Elle ne te l'a jamais dit ? Tu veux me parler d'elle ? » De sa fille, je veux dire. J'aimerais en savoir plus, je suis perdue, tout est encore flou pour moi.

Il est trop tôt pour se faire un café et pourtant, elle est là en train d'en faire dans une pièce quasiment plongée dans le noir. Je suis inquiet. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Son air détaché d'hier ne fait que d'augmenter mon angoisse. Quelque chose la chagrine et ce, depuis hier. Je déteste de la voir comme ça. En plus, elle se montre de plus en plus distante. J'ai du faire quelque chose qui l'a contrarié pour qu'elle soit autant sur la défensive. Elle me révèle la véritable raison de son comportement à mon égard. Elle a appris que j'ai une fille, lors du prime. Elle m'en veut de ne pas lui en avoir parlé plus tôt. Je me sens coupable, car elle est déçue. Sa colère est légitime. Elle m'a avoué les choses les plus intimes de sa vie. Je lui ai caché un détail important. Je m'en veux terriblement. Je voulais lui en parler à la sortie. Elle me confie que c'est un peu tard pour ce genre de révélation. - C'est vrai ... Tu as raison ... Je pensais que ce serait trop pour toi. Entre l'adultère et ça. Ça fait beaucoup.   Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai rien dit. J'avais peut-être peur qu'elle s'éloigne de moi à cause de ça. - Je suis vraiment désolée, Ava. Je ne voulais pas te blesser. C'est vrai. Ce n'était pas mon intention. Je pensais que ce serait préférable d'en parler calmement lors d'un moment plus intime. Maintenant, tout le monde est au courant. Elle se blottit contre moi. Je profite de ce câlin pour sentir son odeur, caresser son dos de mes doigts. Je me sens mieux. Elle ne m'en veut plus. Elle se montre si compréhensive que j'en suis ému. Je souffle et rétorque, peiné : - Je sais. Moi non plus, je ne voulais pas que tu l’apprennes ainsi. Je la serre encore plus contre moi. Je ne veux plus jamais qu'elle s'éloigne de moi. D'être dans ses bras me donne la force de garder la tête haute. Je me sens soutenu. Son soutien est le plus important à mes yeux. Je ne veux pas la décevoir. Elle pose des questions sur ma fille. - Non, elle ne me l'a jamais dit. Je n'ai toujours pas digéré la nouvelle d'ailleurs. Pendant tout ce temps, elle me l'a caché et a élevé cet enfant avec un autre. Je n'arrive toujours pas à croire que c'est ma fille. Au début, j'ai cru à une plaisanterie. Quand j'ai vu sa photo, il n'y avait plus de doute. Elle est bien ma fille, mais Rease refuse que je la vois. Cette enfant ne se doute pas de mon existence. Je préfère que cela reste ainsi, même si au fond je souhaite la voir. Ne serait-ce qu'une fois. Elle me demande de parler de l'enfant. Je hoche la tête et desserre mon étreinte pour la regarder dans les yeux. Je réplique : - Je ne sais pas grand chose sur la petite. Elle a cinq ans, je crois et elle s'appelle Moyra. Comme ma mère. Elle a mon sang dans les veines, mais je n'ai aucun droit sur elle. Elle m'a interdit de l'approcher, de l'appeler. J'ai préféré m'effacer. C'est difficile pour moi de faire comme si de rien n'était. - Elle a mes yeux., murmurai-je tristement. Je me suis fait à l'idée que je ne serai jamais le père de cet enfant, même si biologiquement, elle est ma progéniture. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas sûre de vouloir la récupérer. Je pense à l'enfant. Je ne veux pas la perturber avec cette histoire.

Ce n'est pas la nouvelle en elle-même qui m'a étonné la première fois que je l'ai entendu. Ce qui m'a le plus marqué, c'est qu'Enoch en avait déjà parlé à quelqu'un avant moi et que depuis tout ce temps il n'avait pas trouvé un seul moment pour aborder le sujet. Je pensais que l'on se faisait mutuellement confiance, que l'on pouvait tout se dire. Je suis peinée qu'il ne me l'ait pas dit avant. Il voulait me le dire à la sortie. J'estime que c'est un peu tard, surtout quand on fait des plans pour la sortie. Il pense que ce serait trop pour moi à encaisser, l'adultère et sa fille. « Est-ce que j'ai mal réagi lorsque tu m'as raconté ton histoire avec elle ? » Non, alors je ne comprends pas comment il a pu penser une telle chose. Il me connaît tout de même. Je sais qu'il ne voulait pas me blesser. J'ai pleinement conscience que cela n'a jamais été dans ses intentions. Je n'ai pas le droit de lui en vouloir. Ça ne servirait à rien, je sais qu'il n'a jamais fait tout cela intentionnellement. Ce serait stupide, et terriblement égoïste de ma part de continuer à être en colère contre lui. Je n'en ai pas envie, je ne veux pas m'éloigner de lui plus longtemps. Je me blottis dans ses bras, j'en ai besoin. Cette sensation m'a manqué cette nuit. Il m'a manqué dans ce court laps de temps. « Ce n'est pas grave d'accord ? Je sais que tu ne voulais pas me blesser, et que tu aurais voulu que je l'apprenne autrement. Je n'ai pas le droit de te blâmer pour ça. » Je le connais, je sais que ce n'est pas ce qu'il a voulu. Cette situation le blesse tout autant que moi, sans doute plus. Ce n'est pas de ma fille dont on est en train de parler. C'est la sienne, sa fille dont il ne connaît l'existence que depuis six mois. J'aimerais qu'il me parle d'elle, s'il le veut bien. Il me confie qu'elle a élevé cet enfant avec un autre, sans jamais rien lui dire. Je ne comprends pas comment elle a pu faire une telle chose. Je le rapproche un peu de moi, je pose mes mains sur ses bras, je les caresse doucement. J'ai envie qu'il se sente soutenu. « Pourquoi ... Pourquoi est-ce qu'elle a choisi de te le dire maintenant ? Et pourquoi est-ce qu'elle ne te l'a pas dit au début ? » Je pense avoir une réponse plus ou moins exacte à ma deuxième question. Mais je ne la comprends pas, je la trouve très cruelle avec Enoch. Elle a choisi de le faire souffrir un peu plus, ça me fend le cœur de le voir comme ça, de savoir tout ce qu'elle lui a fait. Il me dit qu'elle a cinq ans et qu'elle s'appelle Moyra, comme sa mère. Elle aura au moins fait quelque chose de bien dans toute cette histoire. Il ajoute qu'elle a ses yeux. Je peux entendre la tristesse dans sa voix. Je suis peinée pour lui. Je viens tendrement caresser sa joue, l'embrasser avec douceur. « Elle n'avait pas le droit de te priver de ta fille Enoch. Tu as l'intention de la voir ? Tu ne peux pas la laisser te faire ça. » Non il ne peut pas la laisser faire, il ne peut pas la laisser le priver de son enfant. C'est précieux un enfant, si j'en avais eu un, je n'aurais pas aimé que l'on m'en sépare. Il doit remédier à cette situation.

Je ne voulais pas le lui cacher. J'attendais simplement le bon moment et le bon endroit pour lui en parler calmement. Mais les circonstances ont fait que ça soit aujourd'hui. Avalon est désormais au courant. Pas de la façon dont je l'ai imaginée. J'ai conscience que je l'ai blessée. Ce n'était pas mon intention. Je voulais la préserver d'une certaine manière. Au final, je l'ai déçue encore plus. Sa colère est légitime. Je ne peux la blâmer. Je m'en veux de l'avoir fait souffrir. Cela ne se reproduira plus à l'avenir. Je le lui promets. Je m'excuse de lui avoir caché que j'avais un enfant. Je ne sais pas ce qui m'a pris. C'est moi qui était égoïste. Je n'ai pas pensé à elle pour le coup. Je ne veux pas qu'elle s'éloigne de moi davantage. Je déteste cette distance qu'il y a entre nous. Je ne voudrais plus jamais revivre ça. Plus jamais. Je la serre contre moi. Je me sens plus apaisé maintenant que je suis dans ses bras. Elle me dit qu'elle n'est plus colère et qu'elle n'a pas envie de me blâmer pour ça. Je me rends compte de la chance que j'ai de l'avoir à mes côtés. Elle est plus qu'un pilier à mes yeux. Je me sens plus fort quand j'ai son soutien. Je lui explique la situation à propos de ma fille. Je ne peux la voir. La mère refuse tout contact. Je lui parle de l'enfant, mais avec des détails plutôt brefs. Je ne connais pas grand chose sur elle - à part son prénom et son âge. Elle me demande pourquoi. Pourquoi maintenant. C'est une question qu'on devrait lui poser à elle. - Je ne sais pas. C'était si soudain que j'étais sous le choc. Elle n'a pas voulu en dire davantage J'ignore ce qui l'a poussé à faire ça. Je ne l'ai toujours pas digéré. Elle m'a caché ça pendant tout ce temps. Je lui en veux énormément. Je suis triste également. Elle s'est rapprochée de moi. Je frissonne au contact de ses doigts sur mes bras. Avalon veut en savoir plus sur ma fille. Je lui réponds l'essentiel. Je rajoute qu'elle a mes yeux avec tristesse. Ses doigts effleurent ma joue. Elle dépose un doux baiser sur mes lèvres. Je me laisse aller. La souffrance s'atténue un peu. - Je voudrais la voir, mais je ne sais pas par où commencer. Je suis un peu perdu avec toute cette histoire. Ma tête vient se nicher contre son cou. Je respire son parfum qui a le don de m'adoucir instantanément.

Au fond je sais bien qu'il n'a pas voulu me blesser, qu'il ne l'aurait pas fait intentionnellement. J'imagine aussi que ça ne devait pas être évident pour lui d'en parler. Je ne peux pas continuer à lui en vouloir pour ça, c'est de sa vie dont on parle. Je n'ai pas envie de m'éloigner de lui, je ne le peux pas. Je veux simplement que l'on passe outre le fait qu'il me l'ait caché. Je peux y arriver, je ne suis pas rancunière. J'ai envie d'être là pour lui, je voudrais qu'il me parle de sa fille, je voudrais en apprendre plus sur elle. C'est important pour moi d'en apprendre plus sur elle. Je ne comprends pas pourquoi elle lui a caché son existence toutes ces années. Elle n'en avait pas le droit, c'est autant sa fille que celle d'Enoch. Il a le droit d'être en colère contre elle, il le devrait. Il n'en sais pas d'avantage visiblement. Je m'approche un peu plus de lui, posant mes mains sur ses bras, je veux qu'il comprenne que je le soutiens, que je suis là pour lui. J'ai envie de l'aider. Je l'embrasse tendrement, j'aimerais pouvoir lui apporter tout le soutien nécessaire. Il aimerait la voir, ce qui est normal. Sa tête vient se poser contre mon cou, je le serre tout contre moi, venant caresser ses cheveux avec mon autre main. « Je suis certaine que si tu la voyais tu saurais quoi faire. Il faut que tu trouves le courage de la rencontrer. Tu as le droit de la voir, elle ne peut pas t'en empêcher. C'est ta fille, ce n'est pas n'importe qui, c'est précieux. Tu as de la chance d'en avoir une. » Oui un enfant c'est précieux, c'est plus précieux que tout. Même s'il ne l'a jamais vu, il a de la chance de l'avoir, et même s'il ne la connaît pas encore. « C'est maintenant ou jamais. Après elle va grandir, elle va pouvoir comprendre plus de choses et elle t'en voudra si tu ne fais pas le premier pas maintenant. » Elle est encore petite, elle l'acceptera plus facilement maintenant qu'en grandissant.

Je me sens beaucoup mieux depuis que le secret à propos de ma fille a été révélée. Mais je n'aurai jamais imaginé que ça aurait été de cette manière là. Je me suis excusé de le lui avoir caché aussi longtemps. Elle méritait de connaître la vérité. J'aurai du lui en parler depuis le début. Je voulais l'épargner, la protéger parce que cela faisait beaucoup de chose à avaler. Elle ne m'a jamais tourné le dos jusqu'ici. Elle a été à mes côtés et m'a toujours soutenu. Même encore aujourd'hui. Elle est mon pilier, mon roc. Je ne peux plus me passer d'elle. Elle représente tout à mes yeux. Elle est tout ce qui me reste désormais. Sans elle, l'aventure n'aurait pas été le même. J'ai découvert tant de choses à ses côtés. Elle me serre dans ses bras, me réconforte comme elle peut. Je suis triste de ne pas connaître ma fille. Je me sens démuni. Je ne sais pas quoi faire. Je lui avoue que je suis perdu avec cette histoire. Je n'arrive pas à trouver à une solution. Elle me dit d'être courageux et de prendre les devants. C'est à moi de faire le premier pas. Je le sais. Je n'ai pas envie qu'elle grandisse sans connaître son véritable père. Je hoche la tête et réplique : - Tu as raison. J'enfouis mon visage dans son cou. Elle me serre contre elle, me caressant les cheveux. Je me blottis encore plus contre elle. Je me sens beaucoup mieux. Elle est parvenue à m'apaiser par sa présence. - Je n'ai pas envie qu'elle souffre, c'est tout. Je ne veux pas qu'elle se sente responsable des désaccords entre sa mère et moi. Je n'ai pas envie d'aller en croisade ou quoique ce soit. Je ne demande qu'à la voir tout simplement. Je lève les yeux et contempler le doux visage de l'irlandaise. Je murmure contre ses lèvres : - Je ne sais pas ce que je ferai sans toi. Je ris légèrement. Je la soulève dans mes bras et la pose sur le plan de travail. Mes lèvres viennent capturer les siennes et prolonge le baiser avec envie. Ma main vient caresser son dos, mes doigts remontant le long de son échine pour terminer dans ses cheveux que je touche avec douceur. Je l'attire à moi sans aucune pudeur. Je m'en fiche pour l'instant des caméras. Je veux profiter de ce moment où on se retrouve de nouveau ensemble. Plus soudés que jamais. Je me détache un peu, tout en gardant mes bras autour de sa taille. - Tu aimerais avoir des enfants ? Elle m'a dit qu'elle ne pourra jamais en avoir, mais je sens qu'elle a la fibre maternelle. Elle fera une excellente mère. J'en suis persuadé.