J'ai un peu de mal à réaliser qu'Enoch a une fille. Maintenant que je le connais aussi bien, que nous sommes si proches, il m'est difficile de l'imaginer autrement, de me dire qu'il y a un détail important de sa vie qui m'a échappé pendant tout ce temps. C'est vrai que quelque part, j'ai du mal à me faire à l'idée. Je pense que je vais m'y habituer, il le faut de toute manière. Il a de la chance d'avoir une fille, même s'il n'a pas encore eu l'occasion de la rencontrer. Je sais à quel point toute cette situation doit le ronge, à quel point il doit avoir envie de la voir, il doit être en colère aussi peut-être quelque part. Il en aurait le droit, elle n'avait pas le droit de lui cacher un tel secret. Elle n'avait pas le droit de faire ça à Enoch, et elle n'avait pas le droit de faire ça à sa fille non plus. Elle ne peut pas la priver de voir son père. Tout cela doit sans doute être effrayant pour lui, mais il faut qu'il la voit. Il faut qu'il voit sa fille, c'est maintenant ou jamais. Elle est encore jeune, c'est étonnant de voir ce que les enfants peuvent comprendre, ils sont même plus tolérants que n'importe qui. Plus tard, elle ne lui pardonnera sûrement pas d'avoir été absent pendant toutes ces années. Je le serre tout contre moi, j'ai envie de le réconforter. Je veux qu'il sache que je suis là pour lui quoi qu'il arrive. Je le sens se blottir un peu plus contre moi, je dépose un baiser sur le haut de son crâne. « Je sais ça. Mais tu dois la rencontrer maintenant si tu veux lui éviter de souffrir. Je sais que c'est difficile, mais tu seras un père formidable pour elle j'en suis sûre. » Je n'en doute pas une seule seconde en réalité. Il ajoute qu'il ne sait pas ce qu'il ferait sans moi, je joins mon rire au sien. « Oh tu t'en sortirais très bien. » je ris une nouvelle fois. Puis il me prend dans ses bras, me lève dans les airs quelques secondes pour me déposer sur le plan de travail. Il m'embrasse, je réponds à son baiser avec envie, y mettant fin simplement pour contempler son regard azuré. Ses doigts viennent caresser son dos pour remonter jusqu'à mes cheveux, un léger frisson parcoure tout mon corps. Je me blottis un instant contre lui. Puis il me demande si j'aimerais avoir des enfants. Je le regarde un instant, sans rien dire. Une de mes mains vient délicatement caresser son visage, je me serre un peu plus contre lui. « Oui je crois, mais je ne suis pas certaine d'être une bonne mère. Cela fait des années que je me dis que je n'en aurai jamais, je crois que j'ai fini par m'y résoudre. » J'aimerais beaucoup en avoir oui, mais tout est compliqué oui. C'est compliqué.