Ca y est, j'y étais enfin. J'avais ramené mes valises à Dublin car j'avais enfin passé toutes les phases de casting de Fake Lover. Il ne restait plus que la phase finale. J'étais impatiente, et à la fois effrayée. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Mais maintenant, et pour la première fois depuis le début de Fake Lover, on allait pouvoir se rencontrer, entre personne qui ont déjà passé toutes les premières phases de casting. J'avais hâte de rencontrer toutes ses personnes.
J'étais donc arrivée ici, à Dublin. La ville était magnifique. Et j'avais finalement passé la fin de mon casting. Une bonne chose de faite. J'avais croisé les quelques possibles futurs candidats sans vraiment leurs parler, trop concentrée sur mon casting. Je ne pensais qu'à ça, ça m’obnubilait jour et nuit. Mais maintenant, je l'avais passé, c'était chose faite, et j'allais pouvoir de nouveau intégrer une vie sociale. Mon fiancé me manquait, mais j'étais partie pour débuter une nouvelle aventure, donc je n'avais pu qu'à oublier tout cela, et à penser à autre chose. Je retournais déposer mes affaires dans le coin détente avant de repartir. Puis, je montais sur le toit, prendre l'air, et tant qu'à faire fumer une cigarette. WOUHOUUUUUUUUUUUUU JE L'AI FAIT ! C'est vrai, je l'avais fait, c'était fini. J'avais passé ce foutu casting, et je n'avais plus qu'à attendre. Je prenais une cigarette et l'allumais avant de tirer une grande bouffée de nicotine. Je me retournais... WOW ! Tu m'as fait peur !

Casting passé. Tu te sens libéré d’un poids, et en même temps, t’as trouvé l’interview amusante, contrairement à d’autres qui se plaignent des questions. T’as un peu écouté ce qu’il se dit dans les couloirs, ça doit être ton côté curieux. Et t’es même allé jusqu’à dire à une nana qui critiquait la curiosité des interrogateurs qu’elle avait qu’à se barrer si elle était pas contente. Après tout, si t’es là, c’est pour parler de toi, de ton passé, et t’as pas rechigné à le faire. Finalement, t’en as eu marre de les entendre râler, et t’es monté jusqu’au toit, histoire de prendre l’air. La journée a été longue, même éprouvante, et t’as bien besoin de te rafraichir. L’air frais irlandais vient agresser tes joues, et tu redescends tes manches. Après un an passé au Royaume-Uni, tu t’es toujours pas habitué à cette
fraicheur. Sudiste dans l’âme, ton soleil et la Mer Méditerranée te manquent. Tu réajustes ta casquette, et fais un tour d’horizon.  Jusqu’à ce que tes yeux la croisent. Cette jeune-femme, accoudée à la rambarde, sa clope à la bouche. Ses cheveux vacillent avec le vent, dégageant une odeur qui vient accélérer les battements de ton cœur. Tu ne lui as même pas encore parlé, que déjà, tu sens ton pouls battre la chamade. Direct, tu sors ton téléphone, faut que t’envoies un texto à Lulu-Belle. « Comment j’fais si j’tombe amoureux d’une nana au casting ? » Amoureux est un bien grand mot, et pourtant, tu sens que t’as eu le coup de foudre. Encore. Tu commences à t’approcher de la fameuse demoiselle, et alors que tu vas prendre la parole, elle se retourne et sursaute à ta vue. « Désolé », dis-tu dans la langue de Molière, avant de te reprendre en anglais « Euh, j’suis désolé. », t’affiches un sourire. Le français, c’était fait exprès, tu sais que les filles au Royaume-Uni craquent pour les hommes de ta nationalité. « Je voulais pas te faire peur. Moi c’est Antwon. ». Tu soulèves ta casquette et replaces tes cheveux, avant de réenfoncer ton chapeau sur la tête.

Du haut de ce toit, je ressentais une sensation de liberté. Je surplombais et voyais sous mes pieds l'intégralité de la ville de Dublin. C'était grand, immense, et magnifique. Ca donnait envie quand même. C'était bien mieux que Paris à mon goût, mais là-bas, en France, j'avais beaucoup de choses auxquelles me rattacher. Mais si je n'avais pas tout ça, un jour, je déménagerais, je changerais du tout au tout, j'irai vivre dans une autre ville, comme Dublin ou peut être en Inde, un truc du genre, un truc magique et dépaysant. Cette sensation de liberté me faisait presque oublier tout ce stress que je ressentais après le casting, et ça faisait du bien, et la clope aidait bien aussi.
WOW ! Tu m'as fait peur ! Me retournant, je tombais nez à nez avec un jeune homme, certes pas déplaisant à regarder, mais je ne m'y attendais absolument pas. Il s'excusa une première fois en français, ce qui m'interpela, puis il reprit en anglais, bien que, étant française, j'avais bien compris la première fois. Pas grave ! Juste que je m'attendais pas à voir quelqu'un... sur le toit. C'est sûr que les rencontres sur le toit d'un bâtiment, c'est peu courant. Il affirma ne pas vouloir me faire peur, et se présenta. Non mais y a pas de problème t'inquiète pas hein ! lui dis-je en souriant et en tirant de nouveau une taffe sur ma cigarette. Moi c'est Meryl.

L’air frais ici te calme un peu. Tu laisses le vent se plaquer contre ta peau et ça te détend. Depuis le début de la journée, t’es une vraie pile électrique, courant à droite et à gauche pour parler avec le plus de monde et pour profiter le plus possible de ce casting. Avant tout, t’es là pour le côté humain, et tu te dis qu’ici, c’est la première étape de l’aventure. Sauf que là, t’as pris un coup de chaud, et t’as besoin de te poser cinq minutes. C’est pour ça que t’es monté là-haut, mais on dirait que t’es pas le seul à avoir eu cette idée. Après, ça te déplait pas, puisque tu es en très bonne compagnie. Il avait fallu un regard pour que tu tombes sous le charme, et à présent, t’as plus aucune envie de descendre.
Tu présentes tes excuses à la demoiselle, l’ayant fait peur quelques secondes auparavant. Première fois en français, et ensuite, dans la langue du pays. Pourtant, tu remarques à ses réponses que t’aurais pu t’éviter l’effort de la deuxième demande de pardon. Ca fait un an environ que t’es en Angleterre, et t’as de la facilité à capter les accents, et tu peux maintenant dire de quelle région vient une personne. Meryl, elle est française, ça s’entend. « On peut revenir au français hein ! », dis-tu dans ta langue natale. « J’ai reconnu l’accent. », rajoutes-tu avec un sourire. Tu viens t’accouder à la rambarde à côté d’elle, posant ton regard sur la vue qui s’offre à toi. « Qu’est-ce qui t’amène sur le toit ? A part pousser un cri de joie ! » Tu poses alors ton regard sur elle, ton sourire toujours présent sur ton visage.

Au final, je trouvais pas ça plus mal d'avoir de la compagnie. Ca faisait une rencontre, et puis, il faut dire ce qui est, il était plutôt beau goss, ce gars là. Antwon, c'était original comme prénom, j'aime bien. Ca faisait un peu comme un dérivé de Antonio, mon fiancé, en fait... Coïncidence ? Peut être bien. Enfin bref. Il était donc français, lui aussi. C'était cool. Je pensais qu'il n'y aurait pas beaucoup de français, ici. Mais c'était bien, on allait pouvoir discuter dans notre langue natale, c'était plus facile de se comprendre. Je parlais bien anglais, mais j'avais tout de même plus de facilité en français, il fallait dire ce qui était. Oui, c'est vrai, j'ai pas encore trop l'accent anglais, ou irlandais. Enfin, une vraie française quoi ! dis-je en souriant. Je tirai une dernière taffe sur ma cigarette et la jetait par dessus la barrière sur laquelle je m'appuyais, perdant mon regard dans le vide.
Antwon me demanda alors ce que je faisais là. Besoin de décompresser. C'est bien sympa, les phases de casting, mais les jurys ont été tellement inexpressif que je ne sais pas trop quoi en penser. C'est vrai que c'était une bonne chose de faite, mais j'avais vraiment la pression maintenant. J'étais impatiente de connaitre le résultat. Quelques semaines seulement... Et quoi de mieux qu'une cigarette pour se détendre un petit peu. Je n'étais pas une grande fumeuse, mais de temps en temps, j'avoue que ça faisait du bien. Tu as passé ton casting déjà ou tu attends encore pour passer ?

Tu rigoles à sa petite remarque sur son accent. « T’en fais pas, j’travaille tous les jours avec des petits anglais qui sont loin d’avoir un accent français, donc ça me dérange pas. », dis-tu avec un sourire. Après tout, c’est vrai, t’as réussi à t’habituer à entendre ta langue natale écorchée, maltraitée. Alors écouter une  charmante demoiselle te parler anglais avec un petit accent de chez toi, tu trouves ça mignon, et ça se voit à ton sourire qui n’a pas quitté ton visage depuis tout à l’heure. Tu relèves une nouvelle fois ta casquette et passes ta main dans tes cheveux, avant de les recouvrir comme au départ. Tes cheveux. Signe qu’une fille te plait, ou que t’es nerveux. Pas de quoi être nerveux là. De quoi être charmé. T’arrives pas à détacher ton regard de son visage, qui a l’air si angélique, même si le tableau est noirci par la cigarette qui vient se coller de temps à autre à ses lèvres. Ce que tu donnerais pas pour être cette cigarette. WOW. On se calme. Ton téléphone sonne, et c’est la sonnerie de ta sœur. « Excuse moi. », lui dis-tu avec un nouveau sourire, avant de récupérer ton mobile pour lire le fameux message. Tu l'auras oubliée si tu rentres dans la maison et pas elle ! Tu hausses les épaules. Parce qu’avec un peu de chance, elle va rentrer avec toi et tout ira bien dans le meilleur des mondes. Putain d’optimiste. Tu ranges ton portable, et retournes encrer ton regard dans le sien.
Vous venez alors à parler des castings. Elle semble bien plus stressée que toi, qui depuis tout à l’heure, vogues dans tous les sens, rigoles avec tout le monde et amènes la bonne humeur. « Ouais, y a une demi-heure, par là ! J’ai un peu trop raconté ma vie j’crois mais ça va. », dis-tu en rigolant, avant de t’assoir sur le rebord du toit. « Puis, franchement, y a mieux pour décompresser qu’une clope ! »