Après avoir fait forte sensation dans le parking, manquant d'écraser un type, je cherche un endroit tranquille où je vais pouvoir me poser. Je fouille un peu dans toutes les pièces, mais dans le bâtiment y a des candidats dans chaque recoin. Je marche encore et encore sans trop savoir où je dois me rendre, surtout que je ne suis pas encore passé à l'entretien, mais je continue jusqu'à finir devant une porte blanche, identique à toutes celle que j'ai déjà passé. Je l'ouvre sans trop y croire, sauf que je tombe dans une pièce par laquelle je ne suis pas encore passé. J'arrive pile au moment où deux reines de beauté sortent de la pièce et où un type les regarde grossièrement. Tellement pas discret celui-là, s'en est presque navrant. Il finit par lever les yeux vers moi et sa réaction me fait sourire. Alors comme ça monsieur pense deviner mes pensées ? Je n'ai pas le temps de placer un mot qu'il me propose un twix pour me faire taire. Je louche dessus et n'écoute même plus ce qu'il a à dire. Je lui arrache le chocolat des mains et finit par le regarder, avec un air plein de malice sur le visage. « Si tu me laisses les deux barres, j'éviterais de dire à tout le monde que t'es un vicieux. » Je finis alors par m'asseoir sur la table qui à la base ne sert pas à ça, mais bon on s'en tape. Je croque alors un morceau de la barre de twix, puis je pointe le type d'un coup, sourire malicieux aux lèvres. « Sinon "monsieur je mate les bombasses qui passent sans aucune discrétion", tu t'appelles comment ? » Je suis plutôt curieuse et puis j'aime mettre un nom sur les gens qui m'offrent des sucreries. Je croque de nouveau dans la barre avec un tel plaisir, dis donc, j'adore le chocolat. Je pourrais certainement lui proposer un morceau de la seconde barre, mais j'ai faim et aucune envie de partager.

De toute manière, les garçons c'est tous les même. Une bonne paire de fesses ou décolleté bien garni et paf, ils sont tous atteint d'un strabisme. Il insiste en disant qu'il n'était pas un vicieux et la bouche pleine, je lui réponds. « Cause toujours. » C'est assez grossier de parler la bouche pleine, mais il y a bien longtemps que j'ai laissé tomber mes bonnes manières. Puis continuant de mâcher, voilà qu'il se mets à me parler de son twix qui serait vieux de ... Six mois ? Oh putain, il veut ma mort lui ou quoi ? Je suis prête à me révolter, puis je me dis que c'est surement faux, vu que le twix est délicieux, rien à redire. « Si je suis malade, je te retrouverais, je te traquerais et je te tuerais. » Ouais bon la réplique du film Taken n'a rien à faire dans de telle circonstance, mais c'est pas grave, je trouve ça marrant quand même. Alors l'inconnu s'appelle en vérité Jorah. C'est quoi comme origine un tel prénom ? « Et tu viens d'où ? Non parce que j'ai l'impression de voir des gens débarquer de tout horizon. J'ai croisé un mexicain tout à l'heure. » Je réponds à son sourire de la même manière que lui tandis qu'il s'approche progressivement. C'est presque qu'il me ferait flipper, le problème c'est que la situation m'amuse. « C'est presque discriminant pour les anorexiques ce que tu viens de dire, je pourrais porter plainte pour une telle phrase. » Ouais, j'ai l'air tellement convaincante. Sortant la deuxième barre de son emballage, je viens la placer entre mes dents pour mordre dedans, avant de reporter mon attention sur Jorah. « Je suis Apolline, mais appelle-moi Apo. » Voilà, comme ça les présentations sont faites, rien de plus simple.

Vous imaginez si son twix date vraiment de plus de six mois. Non franchement, j'aimerais pas mourir avant de savoir si oui ou non je suis prise pour Fake Lover, parce que ce jeu, c'est un peu un rêve de gosse pour moi. Mais après avoir bien réfléchi, le chocolat aurait été dégueulasse et ce n'est pas le cas. Tant pis, je décéderais dans d’atroce souffrance au pire. « Oh, c'est vrai, tu m'as l'air d'un type tellement prévoyant. » Bien sûr on peut ressentir l’ironie de mes propos. Je lui demande ensuite d'où il vient, curieuse comme d'habitude. Et au lieu de simplement me dire le lieu exacte, il commence à me faire la liste de tout les pays d'Europe de l'est et donc j'attends patiemment en le regardant de mes grands yeux tout en terminant le dernier morceau de twix. Il finit par me dire qu'il vient de l'Azerbaïdjan et plus précisément de Bakou. Je commence donc à réfléchir pour savoir si ce pays me dit quelques choses. « Je crois l'avoir déjà entendu quand je regardais l'Eurovision. » Il me demande ensuite d'où je viens. Pour ma part, c'est bien moins compliqué que lui. « Paris, moins d'une heure d'avion, c'est plutôt cool. » Il se mets à parler de la manière dont je lui ai pris le twix des mains et je me mets donc à lui tirer la langue. « C'est ce que je voulais faire au début, mais je sais pas si tu t'es lavé les doigts. » Et de nouveau, je lui tire la langue lorsqu'il décide de m'appeler Apo et non Apolline. « Si ta pas peur de la mort, je t'en prie, appelle-moi comme tu veux. » Et là je lui offre un grand sourire. Il est amusant ce type, j'ai bien fait de tomber sur lui.

J'ai beaucoup voyagé, mais je n'ai jamais été en Azerbaïdjan. Je pense d'ailleurs que si je n'aurais pas été une accro à la télévision, je n'aurais jamais su que ce pays existe. J'imagine que beaucoup de monde est dans la même situation, c'est d'ailleurs ce que me confirme Jorah en disant que s'il aurait eu une pièce à chaque fois qu'on lui a dit ça, il aurait pu racheter les locaux. Je regarde autour de moi, avec une mine songeuse, puis je plante de nouveau mon regard azur dans le sien. « Ça ne doit pas coûter si cher ici. » Ouais, je suis sûr que si j'en ai envie, je peux racheter ce locaux. Quand je repense à la salle de fête que j'ai racheté pour fêter simplement mon dix-huitième anniversaire il y a quelques mois, c'est une gnognotte ici à côté. On en vient à parler de mon pays à moi qui est la France et donc à moins d'une heure d'ici. L'aller-retour dans la journée était donc envisageable, en effet. « C'est possible en effet, mais j'avais envie de visiter l'Irlande avant. Il paraît qu'on trouve les meilleurs pubs au monde, alors je compte tester ça avec quelques amis. » Ouais, je vais finir ma soirée avec une choppe de bière avec mes potes et on va surement finir complètement ivre, puis je retournerais à Paris quand j'aurais complètement décuvé. Ce programme est parfait et me fait sourire intérieurement, tandis que Jorah commence légèrement à flipper à cause de moi et mes délires. Il n'est pas sérieux, je le sais parfaitement, c'est pourquoi je lui réponds en lui tirant la langue. Dis donc, je suis vraiment à l'aise avec lui alors que je ne le connais que depuis une dizaine de minute, si c'est comme ça avec l'ensemble des futurs candidats, on risque vraiment de passer une excellente saison. Il me demande alors indirectement s'il peut me maquiller et sans réfléchir, je secoue la tête comme une petite fille surexcitée. « Sérieux, t'es maquilleur ? » Je saute alors de la table sur laquelle j'étais assise pour me rasseoir sur la chaise face au miroir. « Je t'en prie fais toi plaisir Picasso. » Je l'appelle ainsi à cause de sa référence à Matisse. Je ne le connais pas vraiment, mais je sais qu'il est peintre ce type. C'est déjà bien.