Eiby vient de passer. Tout juste, là. Elle ne sourit pas. Elle est pas fière. Elle a merdé. Ou pas. En fait elle ne sait pas trop. Tout ce qu'elle sait, c'est que ses parents l'attendent comme un bébé à la porte et ça craint un peu. Même un max. Du coup, elle n'a pas envie de sortir immédiatement. Elle veut traîner un peu, rien que pour les emmerder. Ukulélé en main, et patin fraîchement remit à ses pieds, elle arrive dans la salle de détente, où s'agglutinent une tonnes de stressés de la vie. Elle lève les yeux au ciel. C'est pas non plus la mort. Elle passe entre des gens, en bousculant quelqu'un un au passage et écrasant peut-être des pieds. Elle s'en moque. Elle s'installe sur un fauteuil qu'elle dégage un peu en bougeant son cul. Elle n'est pas grosse, mais il lui faut un semblant d'espace quand même pour vivre. Elle et son instrument, qu'elle regarde avec une petite moue. Peut-être que ça gênera les gens si elle se met à jouer. Normalement ça devrait les détendre. Oui, s'ils pensent à autre chose, ils devraient moins penser à leur casting et ils devraient se mettre à sourire au lieu d'avoir ces airs constipé. Elle n'en fait rien pour l'instant et puis finalement, elle s'en moque. Après tout, c'est un espace libre, public où chacun à le droit de s'exprimer non ? Les autres l'emmerde en stressant et piaillant pour rien. Bah elle, elle va jouer du ukulélé tout simplement. Un petit air que beaucoup connaissent et qu'elle interprète déjà depuis longtemps : Bohemian Rhapsody. Tout au ukulélé, sans chanter. Elle début et déjà, quelques personnes se retournent sur elle. Elle ne sait pas bien si c'est parce qu'il trouve sa cool, ou parce qu'il trouve ça chiant... Elle ne comprend pas leurs regards... Elle s'en moque. Elle continue de jouer en regardant sa guitare miniature.

L'envergure de cette batisse m'a tout simplement donné le tournis. Je voulais prendre mes jambes à mon cou et retourner chez moi mais une petite voix m'a assuré que je faisais les bonnes choses. Alors j'ai pris une grande respiration et je me suis décidée à entrer. Je revois encore ma soeur me dire de participer à cette émission pour espérer enfin trouver l'amour. C'est fou comme les gens ont tendance à vouloir faire de notre vie un super modèle pour que les autres puissent le copier. Moi, personnellement, je ne tiens pas à ressembler à quelqu'un d'autre, je suis Leïkhan et personne d'autre. Devant la porte qui me séparait des personnes gérant le casting, mon souffle ne cesse de se saccader sans pouvoir se calmer. Bon, il faut que j'y aille ! Après le casting, j'ai l'impression d'avoir vidé tout mon corps et de n'avoir aucune énergie restant dans mon corps. Oula, il faut que j'aille boire un café pour me détendre sinon je sens que je vais bouillonner et péter un plomb tellement je suis sur les nerfs. Je me dirige alors vers la machine à café quand j'entends une mélodie pleine de souvenirs, Bohémian Raspody. Mon père adorait cette chanson et la jouait tout le temps à la guitare. Je m'approche de la mélodie et voit une demoiselle en train de jouer. Je me met dans le coin de la porte pour l'écouter, en totale admiration devant ce talent et cette mélodie qui me rappelle tant de souvenirs. Cette demoiselle avait l'air d'être indifférente au regard des autres et c'est un truc qui me plait complètement. J'aime bien les gens qui ne veulent pas faire comme les autres et étant donné que la demoiselle avait décidé de jouer avec sa petite guitare, elle le fera, quelque soit les jugements des autres.

Eibhlin reste la tête penchée sur son instrument. Elle se moque bien de ce qui se passe autour d'elle, bien qu'elle jette parfois un regard autour d'elle. Ouai, bon, elle aime qu'on la regarde aussi. C'est cool de voir des yeux braqués sur elle. Elle ne laisse pas indifférente. Même les plus pudiques ont besoin d'un peu d'attention. Heureusement pour elle, elle n'est absolument pudique. Alors elle joue sans honte, en regardant son ukulélé. Elle tape du pied à terre avec ses rollers. Parce qu'évidemment, elle garde ses rollers aux pieds. Dans un soucis d'originalité ? Peut-être bien, et aussi parce qu'elle aime ça et que c'est un peu sa vie. Enfin sa vie, c'est abusé. Elle aime juste ça, l'originalité. Pour se démarquer quoi. Bref. Elle joue, mais elle voit aussi qu'une jeune femme l'observe au loin. Elle pourrait sourire, mais elle ne sourit pas, non. Elle la regarde. Seulement. Pour voir ce qu'elle comptait faire, si elle allait rester là ou si elle allait bouger... Non, apparemment, elle ne bouge pas. Alors Eibhlin lui dit d'un coup, en s'adressant bien à elle : « Tu veux que je chante ? » d'un ton neutre. Quoique avec une once de dédain tout de même. C'est pas vraiment du dédain. Ouai bon, elle n'est pas très agréable quoi. Après tout, elle n'a pas besoin d'être gentille avec une fille qu'elle ne reverra peut-être pas. Après, elle dit ça comme ça. Elle chante, mais pas forcément merveilleusement bien. Elle se démerde. En tout cas, elle ne chantera jamais du Queen, c'es trop hard. Ouai, elle parle beaucoup parfois...

Entourée de tout ces gens, je commençais à avoir du mal à respirer. Non pas que je ne supporte pas la présence des gens, mais tout simplement parce que cela me rappelle que je ne suis pas seule sur le coup et que j'ai des chances de rentrer bredouille chez moi,n suivre cette saison et espérer pouvoir me présenter l'année prochaine. Mais je ne veux pas penser à ça, je sais que j'ai toutes mes chances et je préfère rester positive plutôt que de commencer à me morfondre et pleurer toutes les larmes de mon corps, ce qui n'est vraiment pas mon genre dans la vie de tout les jours. Mais quand je suis stressée, je ne sais pas du tout à quoi m'en tenir et mes réactions m'étonnent vraiment. Bref, je continuais de la regarder et cette fille, me faisait tout simplement rêver. Depuis toute petite, je suis une grande amoureuse de la musique et pour tout dire, elle me prenait aux tripes. Et sa nonchalance était quelque chose qui me plaisait encore plus et qui faisait que je refusait de partir et d'arrêter de l'écouter. Je suis comme absorbée par chacune de ses notes comme si elles étaient mes respirations. Quand elle s'adresse à moi, je continues de lui sourire tout en l'imaginant chanter. J'espère qu'elle chante bien parce que c'est bien une chanson qu'il ne faut pas briser, surtout avec tout les souvenirs que je pouvais en garder. Je la vois donc me parler avec dédain, et si je prenais le même ton non ? Faut pas pousser mémé dans les orties quand même ! Je souris tout en m'approchant un peu plus d'elle, comme pour profiter de chaque son qui sortira de son instrument et de sa gorge. « Chanter sur cette chanson est à double tranchant quand même ! Soit tu la réussi, soit tu la massacres ! C'est Rhaspody quand même ! Sinon, je m'appelle Leïkhan et toi ? » On dit souvent que la musique facilite les contacts. Je la sentais un peu du genre à ne pas aller vers n'importe qui mais je m'en fichais. J'aime m'aventurer dans les chemins dangereux et me heurter à des murs. C'est un peu la philosophie de ma vie alors je n'avais peur de rien. Je la regarde dans les yeux en attendant ce qu'elle allait répondre, je sais que je suis un peu agaçante sur les bords mais il y a des classiques dans la vie qu'il ne faut pas gâcher et cette chanson en faisait partie. Je ne savais pas vraiment sur qui j'étais tombée mais je savais que je n'allais pas être déçue, presque certaine que cette demoiselle me ressemble quand même.