Imma avait abandonné Geseënde juste l’espace des quelques heures qui restait du prime, auquel elle assista tout de même. L’abandonnant derrière une grosse malle, elle prit surtout soin que personne ne puisse le voir. Mis à part Allen qui l’avait surpris en sa compagnie, personne n’est censé savoir qu’Imma se promène un ours en peluche, assurant même le rôle – en quelques sortes – de doudou. Elle n’assume pas, clairement pas. C’est comme son livre sur la confiance en soi pour les nuls : elle en avait parlé durant son casting, mais s’en était largement mordu les doigts. C’est tellement ridicule, tant ça ne fonctionne pas. Ce n’est pas pareil pour son ours : il fonctionne très bien, beau placebo de sa maman et de son papa loi d’elle, pas forcément content de voir leur fille s’afficher à la télévision étrangère. De la voir aussi peu à sa place et être complètement impuissant devant leur écran. Ils ont toujours été très protecteurs avec elle et c’est ce qu’elle retranscrit dans sa relation avec son ours en peluche ne payant pas de mine, légèrement différent de ce qu’il devait être à l’origine. Après elle a dix-neuf ans et lui ne doit pas en avoir beaucoup moins… Le prime ne s’était pas terminé comme elle l’aurait souhaité : l’élimination de Ronan lui semblait tellement injuste, triste et son incapacité à pouvoir aller en sa direction, elle prit le sens inverse. Larmes au bord des yeux, elle avait rapidement quitté Clarke au profit de ces coulisses et de son Geseënde qui lui fallait serrer de toutes ses forces pour se contenir jusqu’à la chambre Jackson. En serrant sa peluche, elle savait qu’elle ne pleurerait pas plus que la larme fuyante de tout à l’heure. Pourtant, au moment de tirer la grosse malle, plus de peluche. Plus d’ourson. Plus de Geseënde qu’elle avait soigneusement assis après un baiser sur sa frimousse. Rapidement, c’est un vague de panique qui prend son corps, ne sachant comment réagir. Dans un premier temps, elle pense à un mauvais tour de son esprit : elle pense l’avoir posé là, mais il est plus loin. Alors elle regarde derrière toutes les grosses malles, des espèces d’enceintes aussi qui pourraient être assez grande et accessible pour elle. Rien. Elle réussit même à glisser son bras peu épais et ses doigts fins à des endroits inimaginables, ne pensant même pas aux probables araignées gardiennent des lieux pouvant lui monter dessus. Ou peut-être bien qu’elle y pense, mais la panique la désinhibant de toutes peurs sur l’instant. Elle se relève, sans butin. La panique la fait frissonner, elle pleure sans s’en rendre compte. Dans un deuxième temps, elle pense à une mauvaise blague, mais cette idée lui est trop absurde. Qui saurait s’amuser de lui enlever sa peluche ? Elle ne trouvait pas ça drôle, la déroutant plutôt. Elle est déboussolée. Elle va dans tous les sens, fait des allés et des retours, tournant plusieurs fois sur elle-même. Elle ressemble à une enfant, ne retrouvant plus par exemple ses parents au supermarché. Elle a perdu en l’espace de quelques instants son rocher, son cap. Elle ne sait que faire, n’osant rien demander aux candidats sortant peu à peu du plateau.

Le prime se termine enfin. Gekko est exténué, épuisé. Deux nouveaux candidats ont quitté le jeu et ce dernier ne prend pas le temps de dire en revoir, il préfère sortir immédiatement du plateau. Ce n'est pas un faux-cul. Les deux candidats sortants, il les connaissait à peine. Il ne va donc pas jouer les attristés, verser sa petite larme et les serrer dans ses bras (de toute façon il déteste les accolades). Il voit le côté positif de la chose. C'est de la concurrence en moins. On reste dans un jeu et Gekko ne l'a pas oublié. Du coup il n'arrive pas à comprendre pourquoi certains sont touchés et prennent trop à coeur ces départs. Ce n'est pas comme si ça faisait dix ans que les candidats se connaissaient. Aux yeux de Gekko, quelques-uns sont encore de simples inconnus. Comme ceux qui viennent de quitter le nid. Donc ça ne lui fait ni chaud, ni froid. Il n'a qu'une idée en tête, aller retrouver son lit. La soirée a été longue et la nuit va être encore courte. Pourtant il faut reprendre des forces pour la journée qui l'attend demain. Une journée de glandage ça demande de l'énergie. Blague. Bref à la sortie du plateau, dans les coulisses, il tombe sur une Imma totalement agitée. Est-ce le choc du récent verdict ? Il ne faut pas exagérer. Réagir de la sorte pour de simple nominés, n'est-ce pas abusé ? Gekko le pense. Alors qu'il veut simplement passer pour rejoindre sa chambre, bizarrement il s'arrête au niveau de la jeune femme. Que fait-il ? Ce n'est pas dans ses habitudes de s'inquiéter pour quelqu'un, autre que sa propre personne. Mais Imma n’est pas méchante, il n’a rien contre elle, donc il prend la peine de la questionner. « Vo … tu vas bien ? » Elle est totalement déboussolée. Il trouve sa réaction étrange et en déduit que la raison est le départ des candidats ce soir. Il ne pense pas que ça pourrait être autre chose. « Tu sais, il ne faut pas réagir de la sorte pour si peu … » Dit-il faisant référence aux nominés. Il est loin de s’imaginer que c’est à cause d’une peluche égarée.

Imma ne se sent vraiment pas bien. Elle a beau tourner dans tout les sens, elle ne sait même pas par où commencer. Tout effacer de son cerveau pour mieux pouvoir réfléchir, parce que c’est ce qu’il faut qu’elle fasse : se calmer et reprendre ses esprits pour pouvoir repartir de zéro. Se dire je vais regarder par-là et puis par-ci. Non elle regarde partout, comme s’il allait sortir de par lui-même de sa cachette ou qu’une espèce de faisceau lumineux allait lui dire où il se cache. Ce n’est certainement pas ce qu’il allait se passer et rapidement, elle tomberait dans les pommes à trop réfléchir, à ne pas savoir que faire et à sentir son cœur déchirer sa poitrine. Parce qu’il pas trop de ne pas savoir se reprendre en mains, sans parler de ces dernières tremblantes, qu’elle essaie de garder dans ses poches. Le tout lui conférant certainement une aura de folle sur l’instant. Elle ne fait alors pas attention dans un premier temps à l’homme planté proche d’elle, qui semble la regarder. C’est que lorsqu’il lui parle, qu’elle lève les yeux vers le Japonais. Imma s’arrête un instant sur Gekko, qui l’étonnera toujours. Il va jusqu’à lui demander comment elle va, en la tutoyant, alors qu’à l’origine de leur rencontre, il lui avait marché sur le pied. Mais son intervention lui fait voir l’espace d’un instant le bout du tunnel, une manière de faire le point. Que l’espace d’un instant, très court, très peu profitable, parce qu’elle recommencer. « Non » Qu’elle dit un peu plus fortement que d’habitude. En temps normal, elle dirait que oui pour ne pas paraitre plus pleurnicharde qu’elle ne l’est. Mais c’est difficile de le cacher, alors qu’elle ne contrôle même pas ces larmes coulant sur ses joues. C’est naturel, elle pleure. Elle pose une main sur son visage pour essayer de se calmer. Mais c’est compliqué, surtout en l’entendant. « C’est pas pour si peu, il est important… » Elle ne précise pas de qui elle parle, l’évidence ayant pris part dans son esprit. Elle ne sait pas de quoi lui parle, mais elle part du principe qu’il sait. « C’est peut-être qu’un ours, mais il est… important oui… » Qu’elle ajoute en fronçant les sourcils, faisant quelques pas pour s’éloigner de Gekko. Il ne doit pas savoir ce que c’est lui, c’est un grand garçon qui fait des affaires.

Il n'est pas le genre de type à s'arrêter devant une fille en pleure. Cependant lorsqu'il tombe sur une Imma totalement paniquée et déboussolée, il prend le temps de la questionner. Il est étonné de sa réaction, car il pense dans un premier que c'est à cause des départs de la soirée. Il ne comprend pas comment on peut réagir de façon aussi excessive pour des personnes qui n'étaient que des inconnues il y a quelques semaines. Mais elle lui fait bien comprendre que ce n'est pas la raison de son état de choc. Elle parle d'un ours. Une peluche égarée. Un simple doudou la met dans tous ses états. C'est sûr qu'il n'est pas le genre de type qui puisse comprendre un tel attachement matériel. Étonnamment, si. Dans sa jeunesse, lorsqu'il a été recueilli par sa famille actuelle, il avait avec lui un vieil ourson en peluche bon à jeter aux ordures tellement il était dans un piteux état. Pourtant au début de sa nouvelle vie dans sa famille adoptive, il était impossible pour lui de s'en séparer. Comme attacher à lui par un lien inexplicable, il n'avait qu'une crainte à l'époque, qu'on le lui enlève. Bien sûr en grandissant il l'a jeté de lui-même laissant aux oubliettes ce qu'il pouvait bien représenter et il est devenu cet homme froid et sans coeur qu'il est aujourd'hui. Face à la situation d'Imma, il est silencieux. Le temps de quelques secondes il est revenu à cette vieille époque et s'est remémoré ce souvenir. Donc malgré les apparences, il a été un jour à la place de la candidate. Bien sûr il comprend difficilement qu'à l'âge adulte on puisse encore réagir de la sorte. Elle doit avoir des circonstances atténuantes pour conserver l'affection et l'attachement qu'elle peut avoir envers l'ourson. Il voit la jeune femme s'éloigner et totalement désespérée de retrouver son bien. C'est à ce moment qu'il devrait s'éloigner en silence, sauf qu'à la place il s'approche à nouveau d'elle tout en lui tendant un mouchoir en tissu. « Pleurer ne va pas t'aider à le retrouver. » Lui conseille-t-il dans un premier temps. Il déteste les filles qui pleurent. C'est moche. « Mais il ne doit pas être bien loin. Demande à la production, ils l'ont peut-être ramassé ... » Dit-il pour finalement orienter la demoiselle dans ses recherches.