L’heure fatidique de mon passage devant les casteurs de l’émission se rapprochait à vive allure et le stresse que j’éprouvais montait crescendo avec la perte subite et brutale de confiance en moi. Je n’étais pas habitué à me sentir autant en danger, ce terme était d’ailleurs parfaitement choisi. Je ne racontais pas ma vie à qui voulait bien l’entendre, j’aimais faire preuve de pudeur et il fallait se lever tôt pour avoir ne serait-ce qu’une petite confession de ma part et pourtant, en passant devant les équipes de Fake Lover je savais très bien à quoi m’attendre. Je n’allais pas être pris de court lorsque les questions concernant ma vie allaient être posées et je n’aurais pas d’autres choix que de m’exprimer à ce sujet même si l’envie n’y était pas. Je n’aimais pas parler de moi, pas parce que je me sentais supérieur aux autres ou toute autre connerie dans le genre, je n’avais tout simplement pas eu une vie qui vendait du rêve aux autres, je n’avais rien qui pouvait donner envie de sourire et je ne voulais pas l’avouer. Se rendre compte qu’on a une vie de merde était déjà bien assez difficile alors le lire dans le regard des autres était trop pénible pour que je puisse l’endurer. Et puis merde, qui étaient-ils tous pour me juger ? Personne n’avait le droit à un tel comportement, nous avions tous nos fantômes dans le placard et chacun avait meilleur temps de s’occuper de ces derniers plutôt que de vouloir s’introduire dans la vie privée des autres. Passons, mon état d’esprit changeait et l’attente devenait aussi insupportable que stressante pour moi, ainsi, lorsqu’on vint m’apprendre que je n’allais plus attendre très longtemps avant que mon tour n’arrive je m’étais précipité aux toilettes dans le but de me rafraichir le visage. En entrant dans les toilettes des garçons je ne m’étais pas trop attardé sur la décoration, qu’est-ce que j’en ai à foutre de la déco après tout, et j’avais foncé vers l’évier le plus proche de moi pour faire couler l’eau froide et m’en passer une petite quantité sur le visage. Ce n’est qu’à ce moment qu’après avoir tiré la chose d’eau une jeune femme vint me rejoindre. Je fronçais les sourcils, tournant la tête vers elle. « Tu sais que tu es chez les mecs ici ? Enfin… T’es peut-être un mec tu me diras, on est à Fake Lover après tout. » Je soupirais largement me concentrant sur mon reflet dans le miroir.

Eibhlin vient tout juste de passer. Elle a une sacrée envie de pisser, tellement pressante qu'elle remercie Dieu d'avoir ses patins aux pieds – comme d'habitude en soit – pour aller plus vite. Elle aurait pu ne pas les avoir sur elle, pour faire style je suis normale au casting, mais non. Et c'est tant mieux, parce qu'en un clin d'oeil, elle se retrouve aux toilettes. Hommes, femmes, elle s'en moque un peu en fait. Tout ce qu'elle fait, c'est se dépêcher pour ne pas le faire dans sa culotte. Ca serait sacrément con et sacrément gênant. Même pour quelqu'un qui n'a honte de rien. Quasiment rien du coup. Elle se dépêche. Elle entre. Elle trouve une cabine ouverte. Elle ne se pose pas de question, évidemment. Elle fonce. Elle fait ce qu'elle a à faire, ouai, miam. Et puis finalement elle sort des toilettes, secouant sa tête pour mettre ses longs cheveux en place. Elle va jusqu'aux lavabos. Elle est propre la meuf, après avoir pisser, elle se lave les mains. Elle se pose à côté d'un mec qui la regarde un peu trop intensément. Bon, en vrai, elle aime ça, mais quand même. Qu'est-ce qu'il lui veut ? Elle n'a pas vraiment le temps de se poser plus de question que ça, qu'il lui parle. Elle lève un sourcil, complètement effaré par le puits de débilité de ce mec. Enfin, oui elle le sait ou non, enfin elle s'en moque. Qu'est-ce que ça change qu'elle soit là ou non, il a peur de se faire violer ? « Ah merde, t'as découvert mon secret avant même que les castings ne finissent. Putain. Tu vas être pris toi, t'es un vrai enquêteur... » Qu'elle dit, en tapotant son nez. Parce qu'il a du pif lui, ouai. Penser que c'est un mec parce qu'elle vient dans les toilettes des mecs, franchement... « Bon sinon, et alors ? Je vais exploser parce que j'ai pissé chez les gars ? » Qu'elle lui demande, venant se sécher les mains dans la machine prévue à cet effet. Elle l'observe du coin de l'oeil. Il n'a pas l'air bien lui, par contre. Genre, il va tomber dans les pommes et tout, si on ne fait pas quelque chose. Bon, il a prit les devants, il s'asperge d'eau. Ca doit lui faire du bien, sûrement... « Toi en tout cas, t'aurais dû aller dans les toilettes des meufs pour te détendre, parce que là... » Elle fait une grimace. Ouai.

Certains avaient la diarrhée lorsqu’ils arrivaient à atteindre un stade de stresse très intense, d’autres ne pouvaient même plus tourner le bouchon de leur bouteille d’eau tellement ils avaient les mains moites et moi, au milieu de tout ça la seule chose que provoquait l’angoisse c’était une intense envie de se rafraichir. Ma peau était comme au bord de l’embrasement lorsque je stressais et du coup, m’appliquer un peu d’eau fraiche sur le visage m’apaisait légèrement et m’évitait de me retrouver dans des situations gênantes devant les casteurs, imaginez une envie subite qui ne se contrôle pas et hop, de l’eau qui dégouline le long du jean et jusqu’aux chaussettes… Quelle magnifique image n’est-ce pas ? Non, j’étais définitivement chanceux. Par chance, loin des visions d’horreur que j’étais actuellement en train de m’imposer comme une douce torture me préparant au cauchemar que représentait à mes yeux le casting à venir, une fille était sortie des toilettes des hommes et avait donc attiré mon attention. Je me méfiais de tout, avoir un transsexuel dans l’émission n’était pas si dingue que ça, au contraire et je ne savais donc pas si sous la ceinture cette personne d’apparence féminine avait un pénis ou au contraire un vagin. Si cette personne était un homme je tirais mon chapeau au chirurgien, il avait vraiment fait un incroyable boulot. « Ah merde, t'as découvert mon secret avant même que les castings ne finissent. Putain. Tu vas être pris toi, t'es un vrai enquêteur... » Cette femme sentait l’ironie à plein nez et je ne comptais donc pas me laisser faire, piqué au vif par cette manière qu’elle avait de s’adresser à moi en évitant la politesse qui était de mise entre deux personnes m’agaçait déjà. « Il faut dire, qu’avec un tel physique il n’est pas difficile de voir que t’es un bonhomme hein ! » Je ne le pensais pas une seule seconde, je dirais même que cette fille était plutôt bien foutue ou plutôt, bonne, comme j’avais l’habitude de le dire à tout le monde. « Bon sinon, et alors ? Je vais exploser parce que j'ai pissé chez les gars ? » Je levais les yeux au ciel, j’oubliais parfois que j’étais une racaille comme le disait mes détracteurs, un jeune stéréotypé qui donnait une mauvaise vision de la France mais ça, très honnêtement je m’en contrefichais royalement ! « Tu fais ce que tu veux cousine hein, c’est ton cul pas le mien ! » Disais-je le plus neutre possible en retirant mes mains du lavabo après avoir tourné le petit « levier » qui permettait d’activer ou non l’écoulement de l’eau. « Toi en tout cas, t'aurais dû aller dans les toilettes des meufs pour te détendre, parce que là... » Je ne m’attardais guère plus sur les propos de la jeune femme. « Si ça te fais kiffer, il n’y a pas de problèmes, j’peux y aller maintenant même. Il y aura peut-être même de quoi passer le temps plus agréablement. » Entendez par là en s’adonnant à mon activité favorite, baiser !