« C’est gentil.. les gens sont pas gentils là-bas, eux. » Je hausse les épaules, ce n'est pas grand chose, je ne fais rien de spécial je trouve. En plus il a raison ces coussins c'est bête au fond, il ne va pas m’étouffer dans mon sommeil. Je ne vois pas pourquoi je mettrais une barrière, non mais c'est vrai c'est idiot, j'ai vraiment des réactions très bizarres. Cela dit sa déclaration m'étonne, enfin non mais je pensais que c'était une légende urbaine ces choses sur les russes, mais c'est vrai que quand on voit leur dirigeant il y a de quoi se poser des questions, mais finalement c'est vrai, bon, je fais la moue parce que c'est triste pour lui vraiment. Il n'a pas l'air méchant je ne comprends pas qu'on puisse être méchant avec quelqu'un de gentil, c'est pas quelque chose que je conçois, la méchanceté tout court je ne la supporte pas de toute façon. « Je ne veux pas te forcer à y retourner si tu y as mal vécu. C'est la Suisse ici, neutre, sans aucune frontière, tu y es à l'abris et même le bienvenue.   » J'étais à deux doigts d'ajouter que son argent serait en sécurité mais je ne vois pas à quoi pourrait être assimilé son argent si la Suisse désigne le lit. Enfin bon, tout ça pour continuer sur la métaphore du lieu, le lit et tout, j'crois que c'est plus simple finalement de parler par métaphore que de dire vraiment les choses. Je ne sais pas vraiment si je peux faire un commentaire à ce sujet de toute façon. Le pire c'est qu'on a cette conversation bizarre parce que j'ai cette peur incontrôlable qu'on me prenne dans ses bras, je ne supporte pas, surtout s'il s'agit d'un homme. Peut être parce que la seule personne qui pouvait le faire ne le fait plus, c'est probable, comme si je voulais garder le souvenir intact, c'est encore plus stupide rien que d'y penser. En tout cas je remarque bien qu'il essaye de se montrer rassurant et j'en suis reconnaissante, je suis sûr que les trois quarts des gens se seraient moqués alors que lui non, au contraire. Il se montre très gentil et plutôt compatissant mais du coup ça me fait un peu culpabiliser parce que j'agis comme une égoïste sans prendre en compte son avis, ses besoins et tout. Enfin je ne sais pas si je pourrais dormir dans les bras de quelqu'un juste parce qu'il en aurait envie mais je ne connais pas ses habitudes, peut être qu'il n'aime pas ce côté en plus, enfin ce genre de choses. « Je.. Non, c’est bon.. Enfin.. je peux très bien faire sans je crois.. J’ai.. j’ai mon chat dans mes bras d’habitude mais un coussin fera l’affaire..Ce n’est pas la peine de t’inquiéter pour moi. » Oui donc finalement il a l'habitude d'avoir quelque chose dans ses bras. Enfin quelque chose, quelqu'un plutôt. « Oh toi aussi tu as un chat ? J'aime pas dormir avec la mienne parce qu'elle finit toujours par monter sur la tête.   » Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça. Mais du coup elle est interdite de chambre. « Enfin j'espère que tu vas réussir à dormir quand même parce qu'un coussin c'est tout froid, puis ça ne respire pas, ça n'a pas de petit cœur qui bat.    » Peut être que ça l'aide à s'endormir entendre toutes ces choses, je sais que je dors beaucoup moins bien sans mon mari à mes côtés, il me prenait dans ses bras et je calais mon sommeil aux battements de son coeur, en plus j'ai très froid maintenant alors je parle en connaissance de cause. Ça me rend triste tout ça même si je fais tout pour le cacher, déjà que je rougis et que c'est indépendant de ma volonté autant ne pas en rajouter encore un peu. J'ai l'impression qu'on réagis assez vivement aux réactions de l'autres en plus alors je veux lui épargner ça. En tout cas je refuse qu'il dorme par terre c'est simple. Non alors je pense que je dis les choses d'une façon étranges mais je n'y réfléchis pas tellement, je les dis comme ça et voilà, je balbutie et je raconte un peu n'importe quoi. « Je… D’accord. T’es sûre que ça ne te dérange pas que je reste ? Tu dis pas ça pour pas me vexer ou quoi… ? » Je secoue doucement la tête. « Je veux vraiment que tu restes et je crois que... Que ça me ferait de la peine si tu partais maintenant.   » C'est peut être un peu fort mais bon, je me suis faite à l'idée je crois. « Tu peux faire le mur de Berlin si tu veux.. » Je souris très légèrement et puis je me tourne, m'allonge finalement mais sur le côté pour pouvoir continuer de le regarder, je serais plus à l'aise et puis c'est impoli de parler à quelqu'un sans le regarder. « Non c'est bon, tu ne peux pas dormir avec ton chat alors je dors sans protection, ça ne va pas me tuer de toute façon...  » S'il me touche je ne vais pas me désintégrer, non je peux prendre sur moi, il le faut. Peut être qu'on ne va pas dormir ensemble toute la durée de l'aventure, je crois que je me sentirais plus en sécurité si c'est le cas parce qu'il est au courant de tout ça et que c'est gênant de le répéter mais bon on ne peut pas être sur de ce qu'il se passera je suis sûre de ne pas tomber sur une autre personne aussi compatissante et gentille qu'il l'est.

« Je ne veux pas te forcer à y retourner si tu y as mal vécu. C'est la Suisse ici, neutre, sans aucune frontière, tu y es à l'abris et même le bienvenue. » Pour y avoir mal vécu en Russie, tu y avais mal vécu. T’en gardais sûrement le pire souvenir de toute ta vie en fait. Alors il était clair que tu ne voulais pas y remettre les pieds, ni même en reparler. Alors forcément la RDA… non merci. Même si ce n’était que fictif, tu y accordais bizarrement beaucoup trop d’importance. C’était bête. Après tout on te disait souvent que tu étais un idiot, alors bon. Mais en tout cas elle te parler de la Suisse et ça te plaît beaucoup plus. Elle est gentille, de faire ça pour toi. Et tu lui en es vraiment reconnaissant. « La Suisse ça semble bien… va pour la suisse. » Votre lit était donc la Suisse. Parfait. Tout était très bien. Enfin, cette discussion était bizarre, mais vous aviez trouvé un terrain d’entente. Même si en soit, tu aurais fini par céder si elle insistait pour le mur de Berlin. Bref, elle finit par paniquer un peu à l’idée que tu la prennes dans ses bras durant la nuit. Mais elle t’avait clairement fait comprendre qu’il ne fallait pas que tu la touches, alors t’allait faire attention. Il fallait que tu restes immobile et que tu dormes que d’un seul œil histoire de t’assurer que tu ne ferais pas un geste qui pourrait la gêner sans que tu fasses exprès. Tu ne voulais pas qu’elle soit effrayée, après tout elle venait de t’accepter dans son lit, il fallait que tu fasses tout pour qu’elle dorme bien n’est-ce pas ? Et puis elle avait été si gentille… tu lui devais bien ça. Tu lui confies alors que généralement tu ne dormais pas sans ton chat. Sauf que bien sûr, tu n’avais pas pu l’emmener ici. A vrai dire tu ne savais pas trop si tu allais réussir à dormir sans, mais tu n’avais pas le choix de toute manière. « Oh toi aussi tu as un chat ? J'aime pas dormir avec la mienne parce qu'elle finit toujours par monter sur la tête. » Tu ne peux pas t’empêcher d’afficher un sourire amusé. Oh non, ton chat n’était pas du tout comme ça. « Non, la mienne reste toujours dans mes bras, mes cheveux lui plaisent pas. » D’un côté, vu la gueule de tes cheveux… Enfin, il était parfait ton chat. « Enfin j'espère que tu vas réussir à dormir quand même parce qu'un coussin c'est tout froid, puis ça ne respire pas, ça n'a pas de petit cœur qui bat. » Du coup elle te fait un peu déprimer avec ses paroles et tu blêmis un peu. Tu n’y avais pas pensé, à ça. La chaleur, la respiration, les battements du cœur. T’étais moins certain qu’un coussin puisse le remplacer, ton pauvre chat.  Et t’étais aussi moins certain que tu puisses dormir normalement cette nuit. « Je… Bon.. Tant pis pour moi alors… » Non parce que là, t’étais en train de te demander comment t’allais faire, sauf que tu pensais tout haut. « Tu crois qu’ils accepteraient de transférer mon chat ici ? » que tu demandes avec si peu d’espoir que ça doit se voir dans ton regard. Ça serait bien s’ils disaient oui, mais t’avais déjà essayé de négocier, et c’était un non négatif qui en était sorti. Franchement ça ne t’avait pas trop plus, mais tu n’étais pas du genre à désobéir aux ordres. « Je veux vraiment que tu restes et je crois que... Que ça me ferait de la peine si tu partais maintenant. » Oh, de la peine, carrément ? Alors que ça fais même pas une demi-heure que vous parlez. Enfin en soi, toi tu ne voulais pas non plus dormir autre part désormais. Comme si tu t’étais fait à l’idée de dormir avec India en fait. En tout cas elle s’allonge et se tourne vers toi, et tu fais de même. Au lieu de rester assis sur le lit tu t’allonges et tu restes tourné vers India, histoire de pouvoir la voir. C’était mieux, effectivement. « Non c'est bon, tu ne peux pas dormir avec ton chat alors je dors sans protection, ça ne va pas me tuer de toute façon... » Tu souris, elle est vraiment gentille. Ouais, t’es vraiment tombé sur la bonne personne, t’étais un petit chanceux toi. Tu as toujours eu peur de tomber sur une personne méchante et hautaine, mais là, non, c’était tout le contraire. Le top du top. « D’accord… mais si tu as besoin de quoi que ce soit, si y’a un truc qui te dérange et que je me rends pas compte, dis-moi.. » Peut-être qu’elle n’aimait pas gens qui dormait sur le côté droit, ou qui respirait par le nez. Enfin, t’en savais rien, elle avait l’air pleine de contradictions. « J’pourrai te faire un bon plat pour me faire pardonner. » Te faire pardonner de ce que tu n’avais pas encore fait, oui oui. Mais comme tu ne savais pas ce qui lui plaisait ou non… autant assurer ses arrières. En tout cas tu ne ferais rien pour la faire paniquer volontairement. T’es un gentil garçon, toi. Tu veux du mal à personne.

J'étais bête de dire qu'il devait y avoir mal vécu, vu sa réaction c'était une évidence même. Mais je ne lui pose pas de question parce que je suppose que s'il avait voulu en parler il l'aurait fait. Notre lit c'est la Suisse, pas de frontières, donc pas de coussins, pas de problèmes identitaires et de camp à choisir c'est neutre et c'est très bien comme ça. La neutralité ça peut avoir du bon je trouve. « La Suisse ça semble bien… va pour la suisse. » Il est d'accord donc c'est parfait je me contente de lui sourire. Je suis contente de cette déclaration qui peut avoir l'air ridicule de l'extérieur mais ce n'est pas important tant qu'on s'y retrouve et qu'on parvient à trouver un terrain d'entente ça me semble essentiel. Ça ne me semble pas particulièrement compliqué avec Ivan, il a l'air tellement facile à vivre, complaisant et très gentil. J'ai la sensation d'être particulièrement bien tombé sans vraiment le vouloir. C'est un soulagement, quand j'ai quitté Antwon tout à l'heure qui était particulièrement adorable aussi j'ai pris peur et finalement je suis plutôt chanceuse. En tout cas j'espère que je ne lui ai pas trop mis la pression et qu'il va bien dormir parce que je m'en voudrais un peu d'être responsable de sa fatigue. Je n'aime pas qu'on me touche alors je suppose que c'est assez compliqué à gérer dans un lit parce qu'en dormant on peut faire des choses mais ça ne sera pas de sa faute, enfin je ne sais pas du tout comment je peux réagir. Mal sûrement, je réagis toujours mal mais peut être pas. Je ne peux pas trop savoir. Et puis on se découvre un point commun, notre chat, il dort avec le sien de chat à la différence de moi. Impossible. « Non, la mienne reste toujours dans mes bras, mes cheveux lui plaisent pas. » Je souris à mon tour et le regarde un instant. « T'en as de la chance.   » Même si au fond ce n'est pas mon chat que j'aimerais prendre dans mes bras, j'aimerais plutôt être dans les bras de mon mari mais ce n'est pas possible donc je fais sans en plus je crois que j'aurais mieux fait de me taire parce que le pauvre il devient tout pâle, je me sens soudainement très idiote, je me mors la lèvre et baisse les yeux. Je suis stupide. « Je… Bon.. Tant pis pour moi alors… » Il me fait de la peine le pauvre et je ne peux pas m'empêcher de faire la moue. « Tu crois qu’ils accepteraient de transférer mon chat ici ? » Oh non, en plus son regard, non mais je ne peux pas lui mentir mais je n'ai pas envie d'être encore plus responsable de sa tristesse, je ne veux pas du tout le rendre triste. « Non j'en doute. Je suis idiote d'avoir dit tout ça, j'aurais vraiment pas dû désolée.    » Je crois que j'aurais mieux fait de garder ces pensées pour moi, même si c'est aussi mon problème bien que finalement j'y suis habituée à l'absence, dormir seule, dans le froid. Mais j'en sais rien ça m'est venu toute suite à l'esprit. En tout cas non je n'ai pas envie qu'il aille dormir ailleurs, il peut s'il veut mais je préfère qu'il reste, oui je me suis faite à l'idée même si on a pas encore dormi. Je suis persuadée que ça ira très bien. Je m'allonge et il ne tarde pas à m'imiter. Ça me fait sourire. C'est idiot mais c'est comme ça, on dirait des enfants et c'est sûrement ce qui me fait sourire. Et il est adorable de céder aux coussins mais finalement j'y renonce, ça devrait aller, j'aime bien y croire. « D’accord… mais si tu as besoin de quoi que ce soit, si y’a un truc qui te dérange et que je me rends pas compte, dis-moi.. » Vraiment gentil, j'en ai de la chance, c'est presque trop beau pour être vrai, pas que je ne doute de sa gentillesse, non il a l'air profondément gentil, ce n'est pas ça, c'est juste que je n'y suis pas vraiment habituée. « D'accord, je le ferais. J'aimerais que tu me le dises aussi si je fais quelque chose qui ne te plait pas, j'essayerais de ne pas trop m'enrouler dans la couette pour t'en laisser suffisamment.  » Je suis sûre que je vais faire ça, m'enrouler, en plus j'ai souvent très froid le soir, peu importe ce que je porte ou la température extérieure c'est comme ça. « J’pourrai te faire un bon plat pour me faire pardonner. » Je souris à nouveau ça devient une habitude visiblement c'est que je suis assez étonnée à vrai dire. « Mais tu n'as rien fait tu n'as pas besoin de te faire pardonner.    » Je me mords légèrement la lèvre inférieure. « Tu es doué ? En cuisine, je veux dire...    » J'imagine, surtout que c'est rare qu'un homme propose un plat s'il ne l'est pas. Peut être que c'est son métier. Ou peut être pas finalement.