Zoey & Danaé
#1

Je ne sais pas vraiment si c’est le fait de se trouver dans un tout nouvel environnement, mais je trouve que les gens ne sont pas vraiment du matin ici. Tout le monde se réveille vers le milieu de la matinée, voire en fin pour certains, et il commence à y avoir de l’animation uniquement en début d’après-midi. Je trouve ça assez désolant. Moi je ne perds pas mes bonnes habitudes ici. Je me réveille toujours aussi tôt, un petit peu comme si je devais m’occuper d’Erick en plus de me préparer pour ma journée de travail, sauf qu’Erick n’est pas ici avec moi. Premièrement je ne peux pas le prendre avec moi dans cette aventure. Deuxièmement ce n’est pas un environnement sain pour un bébé. Je pense à lui assez souvent, mais je sais qu’il ne risque rien en compagnie de sa grand-mère et puis son père passe le voir assez régulièrement. Heureusement que j’ai un minimum de confiance en ce type. En tout cas je reste fidèle à moi-même et je suis déjà sur pieds de très bonne heure. Du coup j’en profite pour me relaxer un petit peu et surtout pour avoir la salle de bain pour moi toute seule. Je n’aime pas vraiment partager ce moment avec les autres. Je n’ai pas envie que l’on m’espionne pendant que je suis en train de prendre ma douche ou encore pendant que je me brosse les dents, même si je sais que des millions de personnes le font à travers leurs écrans d’ordinateurs ou bien en regardant la télévision. Je dois avouer que cela ne me rassure pas vraiment et me déplait fortement, mais je n’ai pas le choix. Ce n’est pas comme si je n’étais pas au courant de ce point en passant le casting et qu’on est en train de me filmer et de diffuser les images contre mon grès. J’aurais seulement à faire attention de ne pas dévoiler trop de parcelles de ma peau et le tour sera joué. Enfin c’est ce que j’espère. Il règne un silence de mort dans la salle de bain, mais un silence tellement reposant que je pourrais m’asseoir dans un coin et ne plus bouger jusqu’à ce que quelqu’un se décide à entrer pour s’activer et faire un brouhaha monstre. J’observe les lieux un bref instant. Encore une fois. C’est tout de même très bel ici. Quelques peignoirs sur un porte-manteau attirent mon attention. Je m’approche et en remarque un avec mon prénom dessus. Cool. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres et j’attrape le linge. Il sent extrêmement bon. C’est étrange que je ne l’ait pas remarqué plus tôt. La porte s’ouvre. En temps normal j’aurais déjà pris la fuite, mais j’ai tellement d’étoiles plein les yeux que je ne peux m’empêcher d’enfiler mon peignoir par-dessus mon pyjama et de tournoyer avec comme une petite fille l’aurait fait avec une jolie robe. « J’suis comment avec ça sur le dos ? » que je demande à une demoiselle brune qui vient d’entrer dans la pièce et qui doit certainement me prendre pour une folle en me voyant faire.

Je suis une lève tôt, cela n'est pas nouveau. Les grasses matinées ne font plus parties de mon quotidien depuis au moins sept ans. Depuis que j'ai commencé à travailler et que je suis également tombée amoureuse de mon travail. Se lever tôt, c'est donc une habitude que j'ai prise et il n'est jamais facile de se défaire de ses habitudes. Ce serait pratique parfois, mais non. Même ici, même dans une émission où je n'ai rien à faire de mes journées à part agiter mon cul devant les caméras, je n'arrive pas à dormir après huit heures du matin. Mes journées sont donc longues, très longues et je peux déjà l'affirmer alors que je n'ai passé qu'une seule journée complète au sein du nid de cupidon. Ne traînant jamais dans mon lit inutilement, je le quitte très rapidement pour rejoindre la salle de bain. Hors de question que je me montre d'avantage sans avoir fais le minimum syndical du matin; une douche, un brossage de dents et de cheveux et bien entendu, le maquillage. J'ai une sale tête quand je ne suis pas maquillée, on dirait un pitbull qui a le rhume et je ne veux effrayé aucun candidat. Pensant être la seule levée, j'suis ravie de pouvoir passer du temps seule dans la salle de bain mais je déchante rapidement puisqu'une fois la porte poussée, je me rends compte qu'une candidate, un peu idiote au premier abord, s'y trouve déjà et tournoie sur elle-même comme la première des imbécile heureuse. Où suis-je tombée ? « J’suis comment avec ça sur le dos ? » J'fronce légèrement les sourcils suite à sa question. Pas trop longtemps, j'veux quand même éviter de me faire passer pour la première garce de service qui prend tout le monde de haut. Même si y a vraiment de quoi faire ici. « D'une blonde... » que puis-je ajouté de plus ? Je m'avance dans la salle de bain et referme la porte derrière moi. « d'une blonde avec un peignoir qui tourne dans une salle de bain comme une gosse de six ans mais t'inquiète pas, ça te va bien. » C'est pas trop méchant et ça a le mérite d'être vrai. Elle peut quand même pas m'en vouloir de dire la vérité. Puis elle peut pas m'en vouloir puisque j'lui balance un large sourire. Bon, c'est un faux sourire mais ça compte quand même. Je dépose mes vêtements que j'ai emporté pour me changer. J'allume l'eau de la douche afin que celle-ci ai le temps de chauffer et pendant ce temps-là, je me déshabille, ôtant complètement mon pyjama. J'suis pas pudique. J'suis bien faite et j'assume carrément. Puis c'est une nana, alors j'vois pas pourquoi je me cacherai, on est toutes faites pareil. J'entre finalement sous l'eau, celle-ci me détend et je savoure sa chaleur. Me tournant pour attraper du shampoing, je remarque qu'il n'y en a pas. Je sors donc uniquement ma tête « Dis, y a pas du shampoing qui traîne quelque part ? »

Je ne veux pas passer pour une idiote en m’extasiant devant toutes les choses de plutôt jolie, ou hors du commun, que je peux voir dans ce château, mais c’est tout de même plus fort que moi. Surtout lorsqu’il s’agit d’un vêtement et que ce vêtement porte mon prénom. C’est quand même super swag j’trouve, même s’il ne s’agit que d’un peignoir en éponge basique. Je profite de l’entrée en scène d’une brunette pour enfiler le linge et tournoyer comme une gamine le ferrait avec une jolie robe tout en lui demandant de quoi j’ai l’air. « D'une blonde... » Je m’arrête net pour la scruter un très court instant avant de me regarder dans un miroir qui traîne par là. Encore heureux que j’ai l’air d’une blonde puisque je suis blonde. Une vraie blonde et d’ailleurs j’en suis fière. « d'une blonde avec un peignoir qui tourne dans une salle de bain comme une gosse de six ans mais t'inquiète pas, ça te va bien. » Elle me balance un sourire hypocrite en pleine face. Je ne sais pas vraiment comment je dois prendre ça, mais bizarrement j’ai envie de penser que sa remarque est plutôt méchante. J’fronce les sourcils encore une fois en la regardant. J’sais pas si elle est comme ça tout le temps ou bien si c’est parce que c’est le matin, mais j’suis pas encore sa copine pour qu’elle me parle sur ce ton là. « T’as oublié t’aller chier un coup en te levant ce matin ou t’es toujours constipé comme ça ? » que je demande sur un ton moqueur tout en nouant la ficelle de mon peignoir autour de ma taille. J’suis peut-être blonde, mais pas conne non plus. Elle peut essayer de jouer les garces avec moi si elle le veut, mais ce n’est pas sûr que ça marche. J’suis pas débile au point de me laisser marcher sur les pieds sou un truc dans l’genre. J’suis plutôt tout le contraire en fait. En lui posant cette question je voulais simplement casser la glace d’une façon comme d’une autre, rien de plus. Je décide de ne pas la calculer et de la laisser faire sa vie. Elle a envie de se mettre à poil pour prendre sa douche, eh bien qu’elle le fasse. C’est une nana après tout, je ne vais pas la scruter comme si elle était un ovni. De mon côté je vais me laver les dents à l’autre bout de la pièce, le plus loin possible d’elle. « Dis, y a pas du shampoing qui traîne quelque part ? » Ah parce que maintenant elle a besoin de moi. J’lui réponds pas et je me contente d’attraper un flacon qui se trouve à côté de moi pour le balancer dans sa direction. Ca ressemble à un flacon de shampooing alors ça doit bien en être un. Je n’attends pas de réponse de sa part. Enfin si, un petit merci quand même. C’est la moindre des choses quoi. C’est d’ailleurs la première chose que je compte apprendre à mon fils lorsqu’il sera un petit peu plus grand. J’regarde autour de moi pour remarquer qu’il manque mon lait pour le corps dans mes affaires. Mince. « Par hasard y’a pas un tube blanc et argenté dans la douche ? » que je demande machinalement.

Première chose qui explique mon comportement face à cette candidate : Même si j'ai tendance à me lever très tôt, je n'aime pas pour autant le matin. Il me faut un certain temps avant de pouvoir être agréable et plus souriante que cela. Ajoutons à cela que je vis seule et que je n'ai donc, aucunement besoin d'être agréable le matin. Quand votre seul colocataire est un poisson rouge nommé John, vous avez franchement pas besoin d'être sympathique le matin. John, il en a rien à faire que je lui montre mes dents le matin. John, il veut juste que je pense à le nourrir. Il m'en demande pas plus que ça. Ici, je vis entouré de plusieurs personnes et j'ai bien conscience qu'il va falloir se montrer un peu plus sympa. Deuxième chose qui explique mon comportement avec elle : Je n'ai jamais été l'une de ces filles joviales, souriantes et naïves qui admirent tous les petits papillons qui volent avec l'émerveillement d'une gamine. Je suis très rapidement devenue cette fille qui fait passer son travail avant tout le reste, cette fille qui oublie de s'émerveiller et qui n'en a d'ailleurs pas le temps. C'est surtout pour cette deuxième raison que j'ai osé prendre la jeune fille de haut. J'ai du mal à comprendre ce genre de comportement lorsque l'on a, comme elle, dépassé l'âge de l'adolescence et que l'on est adulte. Un adulte est censé se comporter comme un adulte et à mes yeux, tourner avec un peignoir dans une salle de bain, ne fait pas parti du planning. « T’as oublié t’aller chier un coup en te levant ce matin ou t’es toujours constipé comme ça ? » Décidément, je ne peux rien faire pour elle. Nous n'avons vraiment, mais alors vraiment, pas grand chose en commun à cette heure-ci. « Classe, très classe comme remarque. » J'lui balance un autre de mes sourires, pas certaine qu'elle apprécie. « Tout va très bien de ce côté-là. Merci de t'en inquiéter. » Sur ces mots, je mets fin à la conversation avant de me mettre nue et de me glisser sous la douche. La pudeur n'a jamais fait partie de ma vie et cela ne va pas commencer maintenant. J'ai bien conscience que cela ne plaira pas forcément à tout le monde mais j'vous demande pas de me regarder. Ceux qui ne veulent pas me voir, peuvent simplement, fermer les yeux et passer à autre chose. L'eau est chaude, elle me fait un bien fou. Je me sens déjà de meilleure humeur tandis que mes cheveux se mouillent peu à peu. Malheureusement pour moi, je remarque trop tard l'absence du shampoing et je suis obligée de demander de l'aide à cette fille. Elle ne parle pas, reste silencieuse et me tend un flacon. Je ne lui en demandait pas tant. Elle est où la nana amoureuse des peignoirs qui était présente à mon entrée ? Pourquoi ce silence ? J'lui ai fais peur ? Je l'ai dégoûter de sa douche matinale si amusante ?  « Merci» rien de plus, rien de moins à déclarer. J'attrape le flacon et dispose une noisette de shampoing de l'une de mes mains. J'applique ensuite celui-ci dans mes cheveux et n'hésite pas à frotter un long moment pour le faire mousser correctement. « Par hasard y’a pas un tube blanc et argenté dans la douche ? » Mon regard va de droite à gauche avant de se poser sur le fameux tube qu'elle recherche. Je l'attrape rapidement avant de sortir mon bras de la douche pour le lui tendre.« Il est là » précisais-je alors pour attirer son attention. Puis, laissant glisser le filet d'eau dans ma nuque et finalement dans mes cheveux, je rince ceux-ci. Je me sens propre, je sens bon, ça fait plaisir.«C'est quoi ton prénom ? Evitons de t'appeler la blonde pour une trop grande durée» J'dis ça pour elle bien entendu.

Je crois bien qu’on est en train de partir du mauvais pied avec la brunette qui est dans la salle de bain en même temps que moi ce matin. Je n’y suis pour rien. C’est elle qui me parle comme si j’étais une gamine qu’on veut faire descendre de son nuage tout rose, du pays des petites fées. Je ne peux pas vraiment m’empêcher de lui faire une petite remarque et bien évidemment elle ne rate pas son coup pour me tacler. « Classe, très classe comme remarque. » Ouai je sais ce n’est franchement pas super ce genre de chose sortant de la bouche d’une demoiselle, mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi. En plus elle m’énerve avec son sourire à la noix là. « Tout va très bien de ce côté-là. Merci de t'en inquiéter. » Je me serais bien passé de cette information, mais bon si cela lui fait plaisir de me dire cela. Je ne relève pas et je m’en vais de mon côté pour me brosser les dents. Elle ne semble pas vraiment m’apprécier aux premiers abords. Du coup je ne lui parle pas vraiment et je me contente de lui donner du shampooing lorsqu’elle me le demande. Je n’ai pas envie de dire quelque chose qui la froisse ou quoi que ce soit. Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds, mais je ne suis pas non plus du genre à chercher les embrouilles. « Merci» Tout de même. Elle n’est pas malpolie et là elle gagne des points. Pas beaucoup, mais quelques un quand même. Je m’active de mon côté lorsque je me rends compte que je n’ai plus mon lait pour le corps. J’ose prendre la parole et lui demander si elle ne le voit pas. Je lui en fais même une description du flacon. « Il est là » Elle me le lance et je le rattrape en plein vol. Je lui fais un petit sourire, que bien évidemment elle ne doit pas voir, tout en la remerciant d’une voix neutre. Elle termine par rincer ses cheveux alors que moi j’ôte mon peignoir et que j’ouvre mon petit flacon de lait pour le corps. «C'est quoi ton prénom ? Evitons de t'appeler la blonde pour une trop grande durée» Finalement elle n’est peut-être pas si méchante que ça. « Danaé. Et toi ? » Je commence passer du lait sur mon jambes. Le produit est froid et me fait très légèrement frissonner. « Tu fais quoi dans la vie ? » que je demande pour meubler la conversation encore un petit peu plus.