W. INDIA.

Il y a des jours comme ça où tout ne se passent pas exactement comme prévu. Je me suis levée du bon pied, prête à démarrer la journée de manière assez positive. J'ai bien dormi, je crois que j'ai trouvé mes marques avec Ivan. Il est tellement adorable que je le soupçonne de très mal dormir pour ne pas franchir la limite que je lui ai fixé, je devrais songer à lui en parler parce que si j'apprends qu'il se contrôle, qu'il s'empêche de dormir normalement je vais culpabiliser. Non mais je refuse qu'il agisse de cette manière pour moi, enfin peut être que je me trompe qui sait ? Quoi qu'il en soit c'est que la journée avait plutôt bien démarrée et puis sans vraiment m'en rendre je me suis retrouvée à penser à des choses, qui m'ont menées vers d'autres pire encore, et puis il y a cette histoire avec Antwon que je n'accepte pas, je veux dire, je sais que je l'ai vexé mais c'était vraiment la dernière chose que je souhaitais, je n'ai pas osé aller le voir, il m'évite ces temps-ci, et puis enfin tout ça, m'ont amenés vers d'autres choses plus importantes, plus anciennes et plus profondément ancrés, plus douloureuses aussi et je me suis mise à manquer d'air. Je suis sortie parce que l'air était irrespirable à l'intérieur. Je me suis retrouvée sur le sol pour me mettre en boule plus ou moins comme pour me cacher, je sais que je suis à la vue de tous comme ça mais j'en ai besoin. J'ai besoin de me protéger de tout ça, juste un instant seule loin de l'agitation du nid pour reprendre constance. J'en ai besoin. Je ne pleure pas parce que je refuse de pleurer une nouvelle fois de les caméras, je ne veux plus craquer comme j'ai pu le faire la semaine dernière, cette faiblesse je dois la garder en moi, comme toujours. Et... Je pense mais j'entends mon prénom, entier, encore. Je ne relève pas la tête c'est une voix masculine et j'étais trop dans mes pensées pour la reconnaître. La voix se rapproche et je sens quelqu'un juste devant moi. Je relève les yeux parce que c'est Celse. Je fois avoir une sale tête, je me sens tellement vulnérable d'avoir été surprise de cette manière. « Non, ça va merci. Enfin je suppose que tu n'as pas de cigarettes...  » Je murmure. J'en sais rien pourquoi je sous-entends ça, je ne l'ai jamais vu fumer, il est sportif de haut niveau mais j'en sais rien après tout. De toute façon je ne devrais pas fumer mais j'en ai envie. Je souris timidement.

Je n'aime pas être comme ça, aussi vulnérable, aussi à fleur de peau, j'ai l'impression que je suis incapable de me protéger de quoique ce soit lorsque je suis dans cet état là. J'ai songé à partir, mais partir ça équivaudrait à décevoir ma soeur et c'est la dernière chose que je souhaite, j'imagine qu'elle n'a pas entreprit les démarches dans le but de me mener la vie dur, elle l'a sans doute fait pour m'aider, pour que j'arrête d'être seule, que je m'ouvre aux autres, je la connais mieux qu'elle me connait mais ce n'est pas le sujet puisqu'elle n'est pas là et moi oui. Je déteste me mettre dans un tel état. Je déteste encore plus qu'on me voit dans cet état et je suis certaine que toutes les caméras sont fixées sur moi. Mais ce sont plutôt les yeux de Celse qui le sont. Mais ça ne me dérange pas tant au fond, même s'il a l'air de s'inquiéter et je n'aime pas particulièrement qu'on s'inquiète après j'ai toujours l'impression d'être une victime et ce statue me dérange, je ne suis pas une victime, je ne veux pas qu'on me prenne en pitié, la pitié c'est pour les lâches, et même si parfois - souvent j'ai l'impression d'être une lâche je n'ai pas particulièrement envie qu'on le remarque. En tout cas puisqu'il me demande si j'ai besoin de quelque chose je ne trouve rien d'autre qu'une cigarette. Je ne fume pas énormément, dans ces moment là, en soirée avant mais je ne participe plus à ce genre de soirée alors j'ai ralenti. J'ai une lueur d'espoir quand je vois son sourire et sa main dans sa poche sauf que ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais. « J’ai mieux pour toi. Je fais un peu la moue mais parce que je m'attendais tellement à ce qu'il me fournisse ce que j'ai demandé que je suis plutôt surprise de voir ce paquet de bonbons rouges. « Les mômes ne mangent que ça chez moi, en Tchéquie.  C’est notre pays qui les produit, on a l’habitude d’en voir partout » Je souris parce que y'en a partout chez moi aussi, enfin pas des rouges spécifiquement mais y'en a.  « Y'en a un peu partout dans le monde aussi, c'était mes bonbons préférés quand j'étais petite, ceux aux couleurs de l'arc-en-ciel.   » Il y a avait une publicité qui ventait ces couleurs d'ailleurs si mes souvenirs sont bons. J'attrape le paquet qu'il me tend et lui souris. « De minuscules petits morceaux de sucre bourrés de vitamine C, ça ne se refuse pas quand on est une sportive. » Je souris un peu plus franchement, et j'ouvre le petit paquet.  « Merci, si c'est conseillé pour les grandes sportives dans mon genre je ne vais pas refuser.   » Je me redresse légèrement pour m'asseoir sur le banc parce que finalement ce sera mieux.  « Tu y vis toujours ? En République Tchèque ?   » Je ne demande pas simplement pour détourner la conversation, non vraiment ça m'intéresse. Je ne connais rien de ce pays, de cette culture, c'est assez inconnu alors si je peux tenter de le comprendre un peu mieux je ne dis pas non.

A la réflexion je crois que j'ai gagné au change avec ces petits bonbons. Je n'en mange pour ainsi dire jamais parce que le sucre j'évite au maximum, un peu comme la junk food et les pâtisseries, je mange plutôt sainement alors je peux bien m'autoriser ce petit paquet, en plus il paraît que le sucre est un bon anti-stress, ou alors c'est le chocolat, peu importe, de toute façon si j'arrête de me focaliser sur mes problèmes ils vont sans doute disparaître pour un temps du moins. Alors si ces bonbons peuvent m'aider à arrêter de penser j'imagine qu'on peut les qualifier d'anti-stress. Ou est-ce la présence de Celse, peut être bien. Il est plutôt rassurant, il est tellement en décalage avec ce qu'il représente, son métier, sa carrure, tout le reste. Je le vois comme quelqu'un de foncièrement doux et très intéressant, peut être que je me fourvoie, mais il m'a pas l'air de quelqu'un qui pourrait me vouloir du mal, ou me prendre en pitié alors je baisse un peu la garde. Ça n'arrive que rarement mais je crois, même si ça me semble idiot et légèrement surréaliste, mais je crois que sa présence m'apaise. Il est de bonne compagnie, il semble très altruiste et c'est une qualité que j'apprécie chez les autres. L'altruisme. Quoi qu'il en soit, je préfère changer de sujet, je n'ai pas envie d'être le sujet principal de la conversation, j'ai envie de me faire oublier, il m'a vu dans un moment plutôt gênant ça suffit. En plus je me rends compte que je ne sais pas grand chose de lui et ça m'intéresse, il m'intéresse alors je profite de sa remarque sur la République Tchèque pour lui demander s'il vit toujours là bas ou non. Et visiblement ça lui fait plaisir, mais je trouve ça normal, totalement naturel. Je l'écoute avec la plus grande attention me parler de sa famille, la réponse est oui, et pour une fois je ne suis pas gênée par son regard, je n'aime pas particulièrement qu'on me regarde dans les yeux mais là, ça va. Je souris même s'il s'arrête, c'est agréable d'entendre quelqu'un parler des choses de la vie de cette façon. Je secoue la tête à sa question. « Je vis aux Etats-Unis oui, en Californie, mais pas la partie reluisante de la Californie, néanmoins je n'ai jamais songé quitté cette ville parce que c'est chez moi.   » C'est aussi simple que ça, je ne sais pas trop ce que je dois dire, si je dois dire quoi que ce soit finalement, j'aurais pu me contenter de répondre positivement à sa question mais de toute façon je n'ai pas besoin d'y réfléchir puisque Cupidon nous coupe. Oh non. Tout mais pas ça. Honnêtement je n'étais pas pressée de l'entendre cette chanson. En plus j'ai perdu 1 000€ bêtement la semaine dernière. Je me mords l'intérieur de la joue. Je ne sais pas particulièrement ce que je suis supposée faire. J'imagine que c'est parce qu'il vient tout juste de dire qu'il avait une petite amie. « Si... Je comprends si tu n'as pas envie de le faire.   » Ce n'est pas si grave, je déteste perdre mais, j'imagine que ça ne plaira pas à sa copine de le voir embrasser une autre fille, je peux le comprendre totalement donc j'accepterai sa décision, de toute façon je ne vais pas me jeter sur ses lèvres, j'ai trop de respect pour lui, et puis je ne suis il avait refusé avec Cian, je ne sais pas si simplement à cause de Cian ou si c'est l'action qu'il refuse de faire, de toute façon j'aurais sans doute refusé à Cian aussi donc je le comprends. « La décision te revient...  » Je sens utile de préciser, ça ne me dérange pas me concernant donc voilà, s'il venait à craindre ma propre réaction il peut être rassurée.

Spoiler:

On en vient à parler de notre chez nous respectifs. J'apprends qu'il vit toujours au même endroit, qu'il a une copine aussi et ça m'intrigue, c'est vrai que je ne serais pas venue ici si j'avais toujours mon mari, si nous étions toujours amoureux et heureux parce que ... parce que l'idée de venir ne m'aurait pas effleuré l'esprit mais les conditions sont différentes maintenant. Il n'est plus là et moi je vis différemment. Et je suis là, mais j'imagine qu'il a ses raisons qui lui sont propres. Ça ne me regarde définitivement pas. Alors je ne dis rien. Je parle de chez moi, la Californie, mais pas la Californie comme on l'imagine, celle des clichés, oh non ça n'a rien de comparable. C'est plutôt la Californie sale et miséreuse, dangereuse et pas vraiment paradisiaque. « Je sais ce que c’est que d’être attaché à un endroit, même s’il n’est pas des plus reluisants ; c’est le nôtre » Je souris doucement. Oui en effet c'est ça, c'est exactement ça. Je ne le quitterais pour rien au monde. Elle m'a fait souffrir, mais j'aurais l'impression de tout oublier et je ne peux pas, je ne souhaite pas oublier. Je veux rester là parce que j'y suis née, parce que j'y ai tout vécu, je m'y suis mariée. J'y ai tout vécu. Vraiment. Je le regarde toujours malgré ses yeux fermés et j'ai ce petit sourire sur le coin des lèvres, parce que je me sens bien, beaucoup mieux. Et que c'est tellement agréable d'avoir une conversation calme, simple mais intéressante malgré tout. Quant à sa remarque sur la Californie elle me fait sourire. C'est vrai, pour la plupart des gens j'imagine. « J'espère que je ne vais décevoir personne mais ça c'est une ou deux plages de Los Angeles, c'est loin d'être toute la Californie, il n'y a pas de plages chez moi, les filles ne sont pas plus blondes qu'ailleurs, mais il y fait chaud on va dire que c'est déjà ça...  » Non chez moi il y a des meurtres, des gangs, des règlements de compte, des prostituées, un vrai paradis pour les enfants. Enfin j'exagère, il y a des endroits tranquilles, des gens viennent s'installer à Stockton parce que San Francisco c'est trop cher, et mais bon, il y a des quartiers moins tranquilles. Enfin bref. Je n'ai pas le temps de rêvasser puisque Cupidon semble qu'il est bon d'intervenir et ça me dérange, parce que je n'aime pas embrasser des inconnus, je n'embrasse personne, je ne suis pas comme ça, un baiser c'est important je ne le prends pas à la légère, la semaine dernière j'ai dû embrasser Tonya, et aujourd'hui c'est Celse et je suis persuadée qu'il ne va pas vouloir. Ça m’arrangerait autant que ça me me dérange parce que je suis là pour jouer pas pour faire de la figuration. Quoi qu'il en soit je lui laisse le choix d'une façon comme d'une autre ça ne me dérange pas, peut être parce que c'est lui, parce que je sais qu'il ne fera pas n'importe quoi aussi, je ne suis pas certaine de me laisser embrasser comme tout le monde. Mais je ne le sens pas tellement chaud, il soupire aussi. Bon, non mais ce n'est pas grave, je comprends. « Ça ne me dérange pas. » Je ne sais plus quoi en penser finalement, parce qu'il n'a pas l'air ravi mais ça ne le dérange pas. D'accord, j'attends de toute façon. « Ma copine est parfaitement au courant des règles du jeu, et je suppose que… ça plaira au public », J'esquisse une légère grimace, à vrai dire le public je m'en moque sauf que c'est sans doute ce qui a poussé Cupidon a le faire. J'ai presque envie de lui dire que ce n'est pas grave, qu'on est pas obligé, mais il me demande de le faire. Je rougis instantanément. Je n'avais pas envisagé cette solution, et je suis à deux doigts de paniquer mais non je ne peux pas, surtout qu'il a fuit mon regard. Par contre je ne sais pas trop ce que je suis censée faire. « D'accord si tu veux... » Je murmure. Bon, je pose délicatement ma main sur son menton pour qu'il me regarde à nouveau. C'est assez étrange comme sensation. Nos regards se croisent et j'en sais rien, j'ai besoin d'être sûr qu'il n'a pas changé d'avis et je ferme les yeux parce que je ne peux pas faire autrement. C'est un automatisme. Mes lèvres viennent effleurer les siennes avec douceur. J'ai laissé ma main posée sur son menton mais je ne crois pas que ce soit très approprié, je ne sais pas trop, je ne sais pas non plus combien de temps je suis censée l'embrasser. Je ne sais pas si je dois entrouvrir les lèvres ou si un smack de rien est autorisé, alors je décide de le laisser faire, oui, j'ai ouvert la marche si je puis dire, à lui de faire le reste. Oui voilà.