La bibliothèque était probablement l'un de mes endroits favoris. Et il n'était inconnu pour personne que lire était au fil des années devenu une de mes plus grandes passions. Artiste dans l'âme, je trouvais mon inspiration dans tous les bouquins que je pouvais feuilleter, qu'il s'agisse d'un roman ou d'une revue, voire même d'un simple journal quotidien. Tout était bon à prendre lorsque l'on avait l'esprit un peu ouvert, et c'est ce que je m'étais toujours dit. Loin de moi l'idée d'abandonner mes bonnes vieilles habitudes, je m'étais donc dirigé vers la bibliothèque, principalement pour rapporter le bouquin que je venais de terminer, et pourquoi pas pour le remplacer par l'un de ses camarades. Je n'avais franchement pas été convaincu par l'histoire de ce dernier, mais même un peu de mauvais exemple n'était pas à rejeter, puisque s'il était bon de savoir ce qui pouvait marcher, il était également agréable de connaitre ce qui ne marchait pas, histoire de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Déposant le bouquin sur l'une des nombreuses étagères, ma main glissait alors sur la tranches des livres qui suivaient, jusqu'à ce que mes pas me guident au bout du rang, découvrant alors une Donia plongée dans sa lecture. Enfin, ceci ne dura pas puisque relevant son regard vers moi, elle ne tarda pas à m'adresser la parole. « Il y a longtemps que nos routes se sont croisées. » un sourire s'esquissa sur mes lèvres alors que je décidais de prendre place à côté d'elle. Il est vrai que cela faisait un petit moment que nous ne nous étions pas vu, et la retrouver ici était une réelle surprise. « Je suis contente de te revoir, Camille. » « Moi aussi. » lui avais-je alors assuré. La relation entre Orson et elle était compliquée, si bien que lorsqu'ils en étaient venus à se disputer, j'avais plus ou moins été contraint de m'éloigner de l'un des deux, et ça avait été la jeune femme, bien que je ne l'avais jamais vraiment voulu. Je m'étais toujours demandé si celle ci m'en avait tenu rigueur, sans jamais oser le lui demander. « Ça se passe bien avec Orson ? Enfin... "bien" ? » oui parce que j'imaginais que ça ne devait pas être la joie non plus, mais peut-être que cela leur permettrait d'enterrer la hache de guerre ?

S'il était certain que ma relation avec Orson avait toujours été plutôt constante, j'avais toujours été en désaccord avec lui quand au sujet de Donia, n'ayant jamais réellement eu quoi que ce soit à reprocher à la jeune femme. Non, à vrai dire, il s'agissait même de l'une des seules personnes avec qui tout s'était toujours plutôt bien passé, avec qui j'avais pu échanger, voire même me confier lorsque le besoin y était. Cela faisait maintenant quelques années que nous ne nous étions pas vraiment reparlé. Il nous était arrivé de nous recroiser vite fait, d'échanger deux trois mots, mais ma fidélité envers Orson avait toujours fait que je m'étais quelque peu obligé à tenter de ne pas la revoir. La savoir dans ce jeu allait probablement être plus compliqué que je me l'imaginais, principalement parce que je ne voulais pas avoir l'impression de me retrouver pris entre deux feux, ce n'était simplement pas mon genre, et je n'avais jamais été de ceux qui aimaient déclencher des conflits. Du coup, prenant place à ses côtés, je lui avais demandé comment cela se passait avec le jeune homme. Principalement parce qu'ils n'avaient pas du se reparler depuis quelques années maintenant, et qu'ils étaient loin d'être en bons termes. J'avais encore une vision nette des images de la première soirée, où ils s'étaient directement mis à régler leurs comptes. Car si j'étais du genre à m'aplatir dès que les problèmes survenaient, ce n'était clairement pas le cas des deux candidats, qui eux, n'hésitaient pas à hausser le ton. A vrai dire, je crois que je n'avais jamais crié de toute ma vie. C'était probablement une des choses que l'on ne pouvait pas m'enlever. « Ce serait totalement délusoire de prétendre que nous sommes faits pour nous entendre. Nous n’arrivons pas à communiquer, alors je doute même qu’on en vienne à coopérer. » c'était tout de même pas mal embêtant, d'autant plus qu'ils partageaient maintenant leur aventure ensemble. A vrai dire, j'avais voté pour les mettre ensemble, juste parce que j'avais toujours cet infime espoir optimiste de les voir se rabibocher. Mais c'était n'importe quoi, et j'étais presque certain que j'allai m'en vouloir. Oui, j'allai me dire que c'était de ma faute s'ils s'étaient retrouvés ensemble. « Je suppose que ça se déroule mieux de ton côté. » hochant la tête, je l'avais gratifié d'un sourire avant de reprendre la parole « Oui, Akela est vraiment sympa avec moi. » on pouvait dire que j'avais eu pas mal de chance de ce côté là, puisque tout le monde n'aurait pas été capable d'assumer mon caractère qui pouvait parfois être un peu agaçant. « Dis... je me demandais... Est ce que tu m'en as voulu de... de prendre mes distances avec toi... Tu sais... quand vous... » lâchais-je finalement sans trop oser terminer ma phrase. Parce qu'elle avait tous les droits de m'en vouloir. Nous étions amis, et ma loyauté envers Orson avait fait que malgré moi, j'avais du choisir un camp.