FT. EIBHLIN

« Boooon, j'attends ! » Je suis devant la porte de mes toilettes. Je frappe à la porte, marquée comme "engaged". Les autres chiottes ont plus de papier et j'ai pas franchement envie de réapprovisionner pour tout le monde, j'suis pas la maman de tous les gens de la maison. J'arrive déjà pas à m'occuper de moi, alors vous imaginez... Bref, tout ça pour dire que j'ai une furieuse envie de faire pipi et que quelqu'un est dans les chiottes. Je frappe à la porte, tape du pieds, me tortille sur moi-même. « C'est quiiiii ? » Perso, j'aime pas quand les gens sont derrière la porte et me stressent comme ça. C'est ptêtre pour ça que je prends un malin plaisir à le faire, parce que j'ai envie que cette personne sorte, et puis parce que j'ai envie de me marrer un peu. Mais pas trop, parce que j'ai déjà envie de pisser. « Alleeeez, j'ai envie de chier, bordel ! » Ça, c'est dit. Et c'est pas tout à fait faux non plus. Quoi ? C'est naturel et puis faut que les gens s'habituent à mes conneries et à mon langage parfois un peu trop cru. Non parce qu'on est pas sortis de l'auberge sinon. Vous croyez quoi ? Je suis moi-même dans cette aventure, contrairement à.. sans doute beaucoup de personnes ici. « Moi j'connais une chansooooon qui énerve les geeeens. » T'façon, j'crois que j'ai pas besoin de la chanson, mais si ça peut faire sortir le gens plus vite, je prends.

Eibhlin est en train de pisser, clairement. Dehors, y’a une meuf qui s’excite. Le fait est que ça ne la dérange pas, Eibhlin, de pisser avec quelqu’un devant la porte. Elle n’est pas du genre à avoir un blocage pour ça. Elle pourrait même faire caca en ayant une autre personne dans la même pièce. Non parce qu’on sait pertinemment que tout le monde pisse et chie, et que les bombes de déo pour chiotte ça existe. Du coup, elle peut continuer de crier dehors. Plus elle le fera, plus elle prendra son temps. À ce petit jeu, Eibhlin est certaine d’être la meilleure. D’ailleurs elle a fini depuis un moment déjà en fait. Là, elle est simplement assise sur la lunette des toilettes baissées. Elle ne tire pas la chasse d’eau, pour lui faire croire du contraire. Elle demande qui c’est. Elle ne répond pas. Elle s’exclame qu’elle a envie de chier. Grand bien lui en fasse, elle s’en branle. Et puis après, qu’elle a une chanson qui énerve les gens. Eibhlin rit. Si elle s’avait à quel point elle n’en avait rien à foutre de ça également. Un sourire naît sur son visage. Elle se lève. Elle déverrouille la porte et elle l’entrouvre un minimum. Pour voir qu’à l’extérieur, c’est une meuf qu’elle ne connaît absolument pas. Pas grave. « Bon, tu peux te taire ? J’suis en train de me doigter là et j’ai besoin de concentration ! » Qu’elle lui dit, refermant la porte directement en la verrouillant à nouveau. Attendez, aurait peut-être pu la pousser pour prendre sa place, alors autant assurer ses arrières. « Tant que tu parleras, je n’arriverais pas à aller jusqu’à l’extase et tant que je ne réussis pas, je ne sors pas… » Autrement dit, c’est dans son intérêt de se taire. « Et puis bon, perso, j’ai pas besoin de chanson pour emmerder les gens ! »

Putain, c'est que le gens (ouais, j'sais pas si c'est une nana ou un mec, alors "le gens", c'est mieux) me répond même pas quoi. Je rêve ! Je frappe encore à la porte jusqu'à ce que celle-ci s'entre-ouvre un petit peu. « Bon, tu peux te taire ? J’suis en train de me doigter là et j’ai besoin de concentration ! » Ah bah ça au moins, c'est fait. Je la regarde, hausse un sourcil qui témoigne de ma perplexité et me retrouve de nouveau devant une porte verrouillée. J'ai aucun, mais alors aucun, réflexe. C'est fou ça quand même, j'aurai simplement pu entrer, la virer et voilà, mais non. Faut toujours que je reste passive et que je regrette après. Enfin... « Tant que tu parleras, je n’arriverais pas à aller jusqu’à l’extase et tant que je ne réussis pas, je ne sors pas… » Je souris, avant de lancer automatiquement : « Tu prétends donc que penser à moi ne te permet pas d'arriver à l'extase suprême ? Ok, j'suis vexée. », je croise les bras sur ma poitrine, faussement vexée. La meuf, je sais même pas qui c'est, mais on s'en fout. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ici... Enfin je crois. De toutes façons, faut y aller au culot pour se faire des potes et tout, donc c'est ce que je fais. « Et puis bon, perso, j’ai pas besoin de chanson pour emmerder les gens ! » Je souris de nouveau, lâche un petit rire et dit, plus pour moi-même que pour elle : « Moi non plus, maintenant que j'y pense. » Je regarde mes pieds, parce que j'ai rien d'autre à faire à part foutre du papier dans les autres chiottes mais j'ai la flemme. Et puis j'veux mes toilettes. « J'crois qu'on s'est bien trouvées, t'as l'air aussi immature et débile que moi. », dis-je, avant d'ajouter, « C'est un compliment, hein. » Bah quoi ? C'est un compliment, j'lui dis qu'elle est comme moi. Qui ne serait pas honoré ? « Tu veux pas un doigt de plus, ça va ? » dis-je, en me marrant.

« Bah désolé hein, mais c'est exactement ça ! T'es pas ce que l'on appel un canon ! » Eibhlin a opté pour la méthode perverse. Non, évidemment qu'elle ne se doigte pas – quoique ce n'est pas si évident que ça – mais elle ne se gêne pas pour dire ce genre de chose tout de même. Ca pourrait choquer la gamine derrière la porte, mais elle n'en a sérieusement que faire et puis lui dire qu'elle est moche au passage, est un petit plaisir. Non elle n'arriverait jamais à se faire plaisir si cette meuf reste plantée derrière la porte. C'est clair. Elle parle, Eibhlin n'entend pas. Du coup elle reste assise sur sa cuvette de toilette, à attendre le déluge ou tout simplement qu'elle pisse dans sa culotte quoi, puisque ça doit la faire kiffer. Bah quand même, il y a des toilettes autour, elle pourrait y aller. Mais Eibhlin a bien compris que ce sont ces toilettes ci qu'elle souhaitait. Elle parle d'être aussi immature qu'elle. Elle roule des yeux. Elle, elle est pire qu'immature et débile : elle est ennuyeuse. Elle pourrait taper sur la porte, s'énerver ou faire chier plus que ça l'irlandaise, mais non rien. Elle se contente de dire ça... M'ouai... « Ravie de le savoir! » Qu'elle lâche en soufflant. Elle s'en branle complètement, autant que ce soit un compliment que si ça avait été une critique. Elle saît qu'elle n'est pas immature, bien que débile, si. Faut voir ce moment d'anthologie. Elle faisant semblant de se doigter alors que l'autre doit se dandiner à mort parce qu'elle a envie de pisser. Elle lui demande si elle veut un doigt de plus. Eibhlin sourit. Là, c'est marrant. Du coup, sans crier garde, elle commence à faire de petits bruits. Équivoque évidemment. De léger « han », accompagné de « oh » et de « ah » plus ou moins fort ; plus ou moins sensuels. Peut-être qu'elle croira vraiment qu'elle est en train de se toucher – ce qu'elle pourrait aisément faire évidemment – et qu'elle y prend un peu de plaisir malgré tout. « Non ça va, j'ai déjà dix doigts à ma disposition ! » Jusqu'à preuve du contraire, il ne lui manque pas une main. Elle peut se doigter avec tout ses doigts. Autrement dit, sa technique, peut-être, pour la déloger est pourrie. Et puis finalement, Eibhlin sourie. Elle arrête ses bruits et elle s'approche de la porte. Sans l'ouvrir évidemment, il ne faut pas déconner. « Tu sais si ça fonctionne vraiment le coup du j'imite l'eau qui coule pour te donner envie de pisser ? » Qu'elle lui demande, un peu sadiquement. Ca serait tellement fun de la voir se pisser dessus, si, vraiment. « J'ai grave envie d'essayer ! » Qu'elle dit en rigolant, à son tour.