Ce matin, il avait croisé dans la cuisine Amery, l'invitant pour le petit-déjeuner. Ils mangeaient, buvaient leur café tranquillement en discutant de tout et de rien. Lors de cette conversation, le blond évoqua son sport de prédilection qui était le golf. Un sport que Orson connaissait plus que bien puisqu'il en pratiquait souvent avec ses frères et son père tous les Dimanche, à leur cottage dans le Kent. C'était un sport certes réservé à une certaine bourgeoisie, mais ces dernières années, le golf s'était peu à peu démocratisé. Certains le pratiquaient en autodidacte tandis que d'autres, aux côtés d'un instructeur quand ils avaient les moyens. C'était son paternel qui lui en avait appris les rudiments de cette activité sportive. Le jeune homme proposa à son camarade si il ne voulait pas tirer quelques balles dans le jardin en sa compagnie. Ce dernier accepta. Après avoir fait leur vaisselle respective, ils partirent chercher des clubs de golf dans la salle de sport. Ils en prirent un chacun et amenèrent avec un stock important de balles blanches. Ils arrivèrent au jardin, s'arrêtèrent sur une parcelle d'herbes verdoyantes. L'anglais enfonça dans le sol le tee, sur lequel il déposa sa balle légèrement surélevée pour ne pas abîmer le gazon. Il se tourna vers son camarade qui était en train de se préparer pour tirer. - A toi à l'honneur. Il lui sourit, l'invitant à commencer le premier tir. Malheureusement, il n'y avait pas de trou pour une véritable partie de golf. Mais cela ne les empêchait d'améliorer leur swing.

Amery est levé tôt, d'ordinaire il ne trouve pas grand monde réveillé avant dix voire neuf heures du matin. Ce matin, par un étrange ou heureux hasard il tomba sur Orson dans la cuisine. Se faisant ils ont pris leur petit-déjeuner ensemble. Autour d'un café ils discutèrent de tout et de rien, venant finalement à parler de golf. Il est vrai que ces dernières années c'était le seul sport qu'il avait le temps de pratiquer le dimanche après-midi de temps à autre. C'était ses collègues de bureau qui lui avaient transmis le virus, et il s'était avéré qu'il n'était pas trop mauvais. Orson lui proposa de tirer quelques balles après leur petit-déjeuner, ce qu'il accepta volontiers. A vrai dire il ne savait même pas qu'ils avaient des clubs de golf à disposition, et puis cela lui ferait du bien de s'y remettre et de se changer l'esprit un peu. Dans la salle de sport ils trouvèrent tout le matériel nécessaire et c'est dans le jardin qu'ils commencèrent leur activité. Orson planta le tee et invita Amery à tirer le premier, lui rendant son sourire, il se plaça comme il convenait, pris un club adapté et frappa la balle qui atterrit plus loin, il ne savait trop où, en espérant que personne ne se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. « J'ai l'impression d'avoir déjà tout perdu en l'espace de quelques semaines. » dit-il dans un léger sourire en se tournant vers le jeune homme. Oui il est vrai qu'il s'était connu plus en forme et un peu plus doué aussi il fallait le dire. « Dis-moi, je peux te poser une question ? Tu es venu avec des gens que tu connaissais n'est-ce pas ? » C'est ce qu'Amery avait entendu dire, après il n'était pas proche de lui, ni de qui que ce soit, alors il comprendrait qu'il ne veuille pas lui répondre. « Tu penses que ça t'aide à mieux vivre l'aventure ? » Amery pensait en tout cas que ça l'aurait certainement aidé un peu plus, lui qui ne se sentait pas vraiment à l'aise depuis le début du jeu.

Aucun nuage gris à l'horizon. C'était le temps idéal pour faire du golf. Il était à peine dix heures du matin que les deux candidats arrivèrent dans le jardin pour tirer. Ils se placèrent dans un coin d'herbe. L'endroit idéal pour s'adonner à ce sport particulier. Il invita l'américain à tenter un premier tir. Ce dernier se saisit d'un club et tira. La balle partit loin. Il fallait reconnaître qu'il avait bon swing. Au tour de Orson. Il replaça une balle sur le tee, positionna le club de façon adéquate et fit décoller la balle qui atterrit entre deux arbres. - Et moi donc., qu'il soupira. Il lui donna une tape amicale sur le dos et observa l'horizon un instant avant que la voix de son camarade ne le tire de ses rêveries. Il reporta alors son attention sur lui. La question était si il était venu au château, accompagné. Il acquiesça. - Avec Camille, c'est tout. Il était venu avec lui pour lui faire plaisir. C'était un moyen pour eux de se retrouver. Il jouait les grands frères protecteurs avec lui. L'anglais ne serait jamais venu par lui-même dans ce genre de programme à cause des scrupules vis-à-vis la télé-réalité. - Oui et non. Si ce n'était pas pour lui, je ne serai sûrement pas venu. Participer à cette émission, c'était son idée après tout. L'anglais s'est contenté de lui suivre dans cette aventure pour veiller sur lui et rien d'autre. Il ne s'attendait pas à tomber sur son ex, par exemple. Chose qu'il n'arrivait toujours pas diriger. En plus de cela, il se retrouvait contre son gré en binômes avec sa détestable personne. Pour répondre à la question du blond, il ne savait si cela l'aidait réellement à mieux s'adapter. Il s'adaptait comme il pouvait. - Pourquoi ? Tu ne te sens pas à ta place ?, demanda-t-il, en se tourna vers lui après avoir remis sur le tee une autre balle qu'il avait sortie de la poche de son pantalon de costume. Amery semblait être le plus normal de tous les candidats. Un homme sans histoire, en apparence. Mais Orson était convaincu que derrière ce côté quelconque, se cachait une autre facette.

Le golf à la base n'est pas son sport de prédilection, ni son sport favori, mais il s'est avéré qu'il était plutôt bon et que c'était le seul sport qu'il avait le temps de pratiquer désormais. Il est content de pouvoir s'exercer ici avec quelqu'un d'autre ici, il pourra se détendre de temps à autre. Orson le laisse commencer, il frappe la balle le premier. Elle part plutôt loin, même s'il n'est pas tout à fait satisfait de son geste. Il a l'impression d'avoir déjà perdu un peu depuis qu'il est là. Orson tire à son tour, et lui dit lui aussi avoir l'impression d'avoir tout perdu, ce qui le fait sourire. Puis il se permet de lui poser une question, à laquelle il n'est bien sûr pas obligé de répondre. Il croit avoir entendu dire qu'Orson n'était pas venu ici seul, et il se demande si cela ne l'aide pas à vivre son aventure un peu mieux, après tout il n'est pas seul ici, il aura toujours quelqu'un sur qui compter. « Et il a réussi à te convaincre de venir ici ? » qu'il lui demande dans un sourire. Oui, lui ne sait pas s'il se serait laissé convaincre, il ne le pense pas. Puis le jeune homme lui demande pourquoi il pose une telle question. « Pas vraiment. J'ai beaucoup de mal à savoir ce que je fais ici. Peut-être que ça viendra avec le temps, mais j'en doute. » Il hausse les épaules. Oui il en doutait fortement, il se dit qu'il aura beau faire tous les efforts qu'il peut, tout cela ne fonctionnera pas, il n'est pas fait pour une telle émission.

Tout en jouant au golf, Amery lui posa une question intéressante concernant sa participation à Fake Lover. En effet, Orson était venu accompagné Camille. Ils étaient amis de langue date. C'était l'occasion pour eux de se revoir et de rattraper le temps perdu. Il ne considérait pas cela comme un facteur d'adaptation immédiate. Son rôle était de veiller sur Camille. Et non, l'inverse. Ils se débrouillaient bien chacun de leurs côtés, en vérité. La preuve, c'était qu'il ne côtoyait pas nécessairement les mêmes personnes. Il avait réussi à le convaincre. - C'est difficile de dire non à celui-là., qu'il lui répondit d'un ton amusé. Il rit légèrement en repensant à tous les moyens qu'avait recouru Camille pour le convaincre de participer à cette aventure. D'un autre côté, il l'aurait suivi aveuglément. Comme lors de leur voyage improvisé à Hong-Kong il y a deux de cela. Le jeune homme ne tarda pas à lui confier son malaise. Il ne savait ce qu'il faisait ici, parmi eux. - Pourquoi t'es venu ici, alors ? Il avait loin d'avoir le profil d'un homme, client de ce genre d'émissions. Il était un employé de bureau. Un gars humble et droit. Un Monsieur Tout-le-monde, dirons-nous. Pour quelle raison avait-il été amené à prendre part à cette aventure ? - Sinon, as-tu sympathisé avec d'autres candidats ?, demanda-t-il en remettant une autre balle sur le tee. Il tira de nouveau sur la balle. Ce tir était mieux que le précédent. Satisfait, il se tourna vers son camarade. A son tour.

Lui pense qu'il aurait sans doute été plus en confiance s'il avait eu quelqu'un sur qui compter tout au long de son aventure. Il se dit tout de même que cela doit être plus évident pour Orson, parce qu'il a quelqu'un pour lui. Après il ne connaît pas la relation qui l'unit à Camille, il ne connaît même pas le jeune homme à vrai dire. Mais il se demandait s'il s'était laissé convaincre facilement, puisque visiblement ce n'était pas une idée à lui au départ. « Tu le connais depuis longtemps ? » Il se disait que oui certainement pour qu'il accepte de le suivre aussi facilement. Il sait que lui il n'a pas beaucoup d'amis qu'il accepterait de suivre aussi facilement, un seul en réalité et encore. Il lui demande alors s'il ne se sent pas à sa place. Il ne peut pas nier l'évidence, non il ne se sent pas bien ici. « Je ne sais pas, je pensais que ce serait différent. » Oui il ne savait pas ce qu'il faisait ici parce qu'il avait pensé que ce serait différent. Ici quand tout le monde semblait s'être lié avec quelqu'un, lui n'avait pas l'impression que c'était son cas. S'il avait sympathisé avec d'autres candidats ? « Oui il y a des candidats que j'apprécie, mais je ne me sens spécialement proche de personne. Et toi ? » Oui il ne pouvait pas dire qu'ici il y avait une personne qu'il appréciait plus que les autres, de qui il se sentait plus proche que les autres.