Si jamais tu te poses la question, non, je ne dors pas. Si mes paupières sont fermées, c'est juste parce que je ressens le besoin de les fermer, c'est tout. Et comme j'ai tendance à penser que je fais encore ce que je veux, bah, je ne me gêne pas. Et puis, je suis bien, là. Je suis au calme, ce que je trouve étonnant mais je n'entends presque pas un bruit. C'est reposant, mine de rien. Ça fait super longtemps que je n'ai pas été dans un tel calme. Ça me perturbe même un peu, je t'avoue. C'est toujours quand il y a un silence pesant que la pire des merdes se produit. Toujours. Bon, par chance, il se passe rien. Je commence presque à m'ennuyer. Du coup, je frôle la joie lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Et puis, je me ravise parce que, petit un, je suis dans la salle de musique et j'ai pas envie qu'une conne avec son ukulélé vienne me casse les couilles et petit deux, c'est encore pire, c'est Antwon qui débarque. Dommage. Je referme les yeux, j'expire. « T'es vraiment un crétin. » je laisse entendre d'une voix qui n'est même pas agressive. Non mais je veux dire, c'est pas nouveau hein mais là, ça se confirme. Parce qu'il s'est vraiment comporté comme un abruti durant le prime, ça me confirme juste ce dont je me doutais. Ouais. Il est con. Totalement con. C'est désolant, en fait. J'ai gardé l'espoir qu'il ne l'était peut-être pas autant que ça mais en fait, si. Alors, ouais, je pourrais lui dire clairement pourquoi je dis ça mais ça serait moins drôle. Non, je dis juste qu'il est con, c'est la vérité, après tout. Non ? Mais bien sûr que si.

Tu t’fais chier en ce début de matinée. T’as trop mal dormi en plus. D’abord, t’as fait un sale rêve où Fake Lover s’était transformé en Walking Dead Lover, ou un truc du genre. T’as encore l’image de Jenni en train de te bouffer la main comme si elle avait rien avalé depuis des jours. Euw, gore. Mais marrant, si on oublie le passage où Nicola s’est endormi sur ta main endommagée et que ça t’a réveillé en sursaut. T’as fait le bonhomme face à elle, mais en vrai, ça t’a bien tué. Tu ne voulais surtout pas qu’elle se sente coupable de quoi que ce soit, surtout que ça n’était pas de sa faute. Du coup, t’as pas réellement dormi après ça, et t’es allé courir dans la salle de sport. Rien de bien intéressant, quoi. Ouais, tu t’fais chier. Et alors que tu rejoins tes quartiers après ta douche, tu repères Henley dans la salle de musique. Une envie bizarre traverse ton esprit. Tu te dis que ça pourrait être plus intéressant de passer ton ennui avec elle. Genre, elle, la meuf que tu peux pas blairer. Tu dois être un peu maso. Tu rentres dans la pièce, et la phrase assassine ne tarde pas à arriver. « T'es vraiment un crétin. » Ta première réaction n’est pas de t’énerver mais de rire, parce que tu commences à la connaitre et t’étais sûr qu’elle allait t’envoyer un pique. « J’adore les déclarations d’amour que tu me fais, tu sais ? » Pour une fois, tu mets ta politesse de côté et vas clairement d’incruster sur son canapé, te laissant tomber lourdement dessus. « Tu sais qu’il y a des lits dans la maison pour dormir ? » Tu te relèves presque aussi vite, et tu te diriges vers la bibliothèque musicale pour retirer un album de Chris Brown. Tu l’insères dans la chaine hifi et reviens t’asseoir auprès d’elle après avoir poussé le son trop fort. « J’espère que t’aimes bien parce que je connais par cœur et je vais te chanter toutes les chansons ! »

Je pense que je dis juste la vérité, là. Je veux dire, je ne pense pas être un exemple dans le domaine de l'honnêteté hein, mais là, je vise juste. C'est un crétin. Il l'a clairement prouvé à tout le monde durant le prime et il continue de le prouver. Bon, cela dit, il rigole quand je lui dis ça. Connard. Il dit qu'il aime mes déclarations d'amour. Mais bien sûr, oui. Il rêve un peu trop, je crois. Je soupire, j'ouvre les yeux une seconde, juste pour les lever au ciel. Je lui réponds rien puisqu'il ne mérite pas que je perde plus de salive, voilà. Et voilà qu'il décide de me faire chier, il vient s'installer sur le canapé. Hm, je ne crois pas l'avoir invité ? J'ai besoin de la place, là alors il est mignon mais il dégage. Des lits ? Oui et alors ?  « Tu sais que j'ai encore le droit de faire ce que je veux ? » je lui réponds d'une voix monocorde. Et je dors pas, en plus. Je suis juste allongée là, j'ai le droit, non ? Bon, par chance, il dégage. Tant mieux. Du moins, c'est ce que j'ai eu le plaisir de penser pendant trente secondes puisqu'il met de la musique de merde à fond. Et il revient, en plus. Je me retiens de lâcher un juron. Il est sérieux, là ? J'ouvre les yeux, je le foudroie de mon regard froid. Pitié, qu'il se retienne de chanter. Et qu'il dégage de mon canapé, par la même occasion. Je lui fous un coup de pied au niveau des côtes. C'est pas non plus le coup le plus violent de la Terre, c'est juste pour lui dire de dégager.  « Dégage de là et éteins ta merde en partant, merci. » Oui, c'est un ordre. Mais je suis gentille, je lui dis merci. Rien que pour ça, il devrait essayer de se dépêcher le derrière.