freddie

Je m’ennuie. J’ai franchement besoin de me changer les idées. Depuis les dernières semaines, j’en suis presque venue à oublier le monde extérieur. Enfin, pas totalement, mais une partie de moi ne pensait plus trop à ma vie en dehors de Fake Lover alors qu’aujourd’hui ça me frappe un peu. Je m’ennuie de mon quotidien, de mes amis. De mon travail. Des filles surtout. Mon dieu ce qu’elles me manquent en fait. J’imagine que c’est moins le cas pour elles, elles ont l’école et énormément de choses pour les occupés. Mais bon, j’ose espérer que je leur manque un peu quand même. Faut dire que je passe pratiquement six jours sur sept avec elles habituellement. Que j’accompagne même toute la famille lorsqu’ils vont en vacances. Bref, je me demande ce qui se passe dans le monde extérieur, auquel nous sommes coupé complètement. Je suis dans la cuisine, errant sans vraiment savoir quoi faire en fait. Je ne sais pas de quoi j’ai envie. Faut croire que ça devient une habitude chez moi, ne pas savoir ce que je veux. J’ai la tête dans le frigo, regardant sans vraiment chercher lorsque j’entend les pas d’une personne entrer dans la cuisine. Je tourne la tête et souris à Freddie. Ça fait assez longtemps qu’on a pas eu la chance de parler elle et moi. Malgré tout, je l’aime bien Freddie. « Salut. » Je lui souris simplement, fermant la porte du réfrigérateur derrière moi. « Dis moi que t’es une incroyable cuisinière et que t’as une idée de dessert à faire totalement délicieuse et absolument mauvaise pour nos fesses ? » Je lui demande presque en suppliant, le regard au désespoir. Ouais, on dirait presque je lui demande de me sauver la vie en fait. « Divertie moi, fais quelque chose, je tourne en rond, et ça devient agaçant. » J’en viens au point où je m’énerve moi-même. Faut aussi dire que ce n’est pas ma semaine. En espérant qu’elle va accepter et qu’elle ne me laissera pas en plan ici, dans cette cuisine.

J’ai de l’espoir lorsque je vois Freddie débarquer dans la cuisine. Je me dis que peut-être qu’elle, elle réussira à me changer les idées, à me trouver quelque chose à faire qui va me faire oublier ma nostalgie du soir. Je lui demande si elle est une incroyable cuisinière, parce qu’on pourrait bien se faire une petite séance popote. « Tout dépend de ce que tu entends par 'incroyable cuisinière'. Que je suis un génie des fourneaux ? Si c'est le cas, j'ai bien peur de te décevoir. Que je suis susceptible de rater jusqu'à une plâtrée de nouilles ? Parce que oui, déjà plus. On peut même dire que je ne suis pas loin d'être la cuisinière la plus incroyable de toutes, dans ces cas-là. » Nooooooonnn, elle a pas le droit de me dire ça. Je fais automatiquement une moue, comme si je venais à l’instant d’être anéantie par la confession de la jeune femme. « Mais, t’as la tête d’une fille qui est trop douée ! Désolé, si ça sonne comme un préjugé, s’en est pas un... » Ce n’est vraiment pas méchant même, je pensais juste qu’elle avait certaines expertises dans le domaine culinaire. « Cela dit, nous faire grossir, ça reste dans mes cordes. Pour le coté délicieux, on repassera sans doute, mais ce sera toujours mieux que rien. » Elle n’est vraiment pas encourageante elle. Non mais heureusement que je l’aime bien, malgré le peu de fois où nous avons conversé. « Non mais si ce n’est pas délicieux, je ne veux pas engraisser pour rien ! » Ça ne serait pas logique. Si je mange un gâteau au chocolat en entier, oui, après coup, je me dirai que ce n’était pas l’idée du siècle, mais au moins, je me serrai régalé. Si je mange un pot de mayonnaise au grand complet, je vais simplement engraisser et me dire que c’était totalement dégueulasse. Mais bon, je ne sais pas pourquoi je pense à ça, puisque je ne ferai jamais la deuxième option. Au fond, je veux simplement que Freddie me divertisse, de la manière qu’elle le voudra, je ne suis pas super difficile. Je suis un bon public en général. On me dit toujours que je ris pour rien. Comme je parle pour rien, parfois. « Je me contente de peu en général... Un rien me divertie. Je crois que j’ai envie d’arrêter de penser deux secondes, alors je cherche à me changer les idées. Mais au fond, ta simple présence réussie plutôt bien pour l’instant. » Ouais, finalement, juste l’avoir en ma compagnie et parler de tout et de rien, pourra me divertir d’une certaine manière. « Et manger du chocolat. » Pour nos fesses, évidemment. Je vais donc chercher une barre de chocolat que je dépose devant nous, ouvrant l’emballage pour venir m’emparer d’un morceau. « Tu crois qu’il se passe beaucoup de chose à l’extérieur d’ici ? J’ai l’impression que la troisième guerre mondiale pourrait être entrain de se préparer qu’on en saurait rien. Je crois que je commence à m’ennuyer un peu de ma vie d'en dehors. » Je lui avoue, plutôt tristement. Finalement, je n’arrive pas à penser à autre chose.