Bon l’heure est grave les amis. Il est temps de mettre l’opération IFAS en route (anciennement GBHSTI, mais trop compliqué). Cela ne peut plus durer ainsi. Dommage qu’Antwon ne soit pas là en renfort, il m’aurait bien été utile dans cette mission. Le coéquipier parfait. Mais tant pis. Je serais seul dans cette tâche ardue. A moi de relever le défi, et de réussir avec les honneurs. Je ne peux pas me permettre d’échouer. Une question de vie ou de mort je dirais même. Vous vous imaginez la pression que j’ai sur les épaules du coup. Heureusement que je gère plutôt bien le stress. Petit passage par la salle de vidéo surveillance pour repérer ma cible. Verrouillée. Ne reste plus qu’à s’exécuter. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, personne, c’est bon, la voix est libre. Petit roulé boulé pour me déplacer dans le couloir, avant d’arriver au seuil de la chambre. Dégagé. Je rase le mur de la pièce, m’y collant, en mode pas chassé. La clé c’est la discrétion. Oui parce qu’il faut savoir que ma cible n’est pas loin. Oh non, je l’entends même, dans le dressing. Ok, je pourrais marcher en mode normal, mais ça serait moins drôle n’est ce pas. Voilà même que je me mets à ramper jusqu’à un lit. Pas n’importe quel lit, il est choisi sciemment. Je ne laisse rien au hasard vous savez. Oh certes la candidate en question pourrait débarquer à tout moment mais…non non je sais à quel exact moment elle débarquera, je lis dans le futur moi vous voyez. Comme Phoebe, je suis frappé de prémonitions parfois. C’est dur à vivre au quotidien, mais je m’y fais. Bref, parenthèse fermée, il ne faut pas que je me déconcentre. Alors tel un chat, je saute sur le lit, et me faufile sous les couvertures. Petit détail qui a son importance et dont j’ai peut être oublié de parler. Je suis affublé d’une perruque sur la tête. Des bouclettes. En référence à une personne en particulier. Vous savez, qui est parti dans un monde meilleur il n’y a pas si longtemps. Paix à son âme. Bon allez, dernière étape de l’opération. Attendre. Deux minutes. Cinq minutes. Bordel, y a comme une couille dans mon plan. Ma prémonition serait elle erronée ? Non non non l’opération ne peut pas capoter. Allez. Sept minutes. Ah, j’entends du bruit. Je ne me cache pas, parce que le but n’est pas d’effrayer ma proie, non non. Je suis sous la couette, mais la tête qui dépasse. « Tu vois, finalement ton partenaire est toujours là. » Bon, alors là, on peut légitimement se demander à quoi tout cela rime. Et bien figurez vous que je me le demande aussi. Parfois j’ai comme l’impression qu’on est plusieurs dans ma tête, et qu’il y en a pour me souffler des conneries. Comme cet après midi. Mais il faut savoir que tout cela part d’un bon sentiment, rajouté à cela un ennui mortel. IFAS, est une association que je compte monter, je pense que plusieurs pourrait nous rejoindre dans cette cause. Pour les incultes, India for a Smile. Quoi d’autre ? A la base c’était Give back her smile to India, mais franchement ça sonne moins bien pas vrai ? Bon et là, c'est vraisemblablement le moment ou elle me prend pour une fou. Et encore, heureusement qu'elle n'est pas dans ma tête.

Je ne peux pas me laisser aller, je ne peux pas pleurer éternellement, être triste, me lamenter sur mon sort même si j'suis mal je préfère l'intérioriser. Normalement je fais toujours ça. J'intériorise, personne ne voit quand je vais bien ou pas. Je suis plutôt douée pour camoufler mes émotions... sauf ici. Ici tout va de travers, tout dérape, je suis mal et on ne voit que ça. C'est terrible parce que je me sentirais mieux à le cacher. Non mais sérieusement. Ça me dépasse tout ça, mais c'est vrai que c'est plus simple de vivre seule, de recevoir que des visites occasionnelles c'est plus simple de relâcher la pression quand on est seul alors qu'ici on est tout le temps filmé, et je crois que mes émotions sont accrues, ce n'est pas vraiment une légende tout ça. Et c'est fatiguant, j'en ai marre de tout ça, d'être mal, de vivre mal la séparation alors que je sais qu'on se reverra, il me l'a promis et je le crois sur parole mais je vis les choses intensément, et c'est dur. Mais je ne peux pas rester là alors j'essaye de m'occuper un maximum. J'essaye d'occuper mon esprit pour m'éviter de penser, de me poser des questions qui me feront plus de mal que de bien. Ici on est enfermé dans un cocon, l'extérieur m'effraie, et si les choses étaient différentes ? En tout cas, j'ai fait une lessive parce que je suis un peu en retard et plier du linge, le ranger, ça occupe et ça ne requiert pas de croiser qui que ce soit qui me demandera comment je vais, ou me dire que ça va aller. Et du coup cette occupation me prend quand même pas mal de temps. En plus j'ai récupéré des vêtements d'Ivan dans mes affaires, je ne sais pas si c'est fait exprès ou pas, mais il les a oublié et du coup je les mets de côté pour pouvoir les lui rendre et tout ça. Et lorsque j'ai terminé je décide de retourner dans la chambre pour lire un peu et il a quelqu'un dans mon lit et, qui s'est permis d'aller se mettre dans mon lit ? Je m'approche un peu plus rapidement pour y découvrir... Lewis avec une touffe de cheveux frisé sur la tête. Hum, pourquoi pas. « Tu vois, finalement ton partenaire est toujours là. » Oh tiens donc. Bon, j'étais à deux doigts de lui hurler dessus de bouger de mon lit mais finalement ça part d'une bonne intention, par contre je ne souris pas vraiment même s'il est ridicule avec ce truc sur la tête. Ça ne va définitivement pas à tout le monde les bouclettes. Je me pince les lèvres parce que je ne comprends pas le but de la manœuvre mais je finis par m'asseoir sur le lit. « Bouge toi un peu, c'est ma place...  » Oui bon, surtout qu'il se bouge de mon oreiller, j'aimerais bien ne pas perdre l'odeur trop rapidement quand même. C'est stupide mais peu importe. Je m'approche un peu, même si techniquement pour ce que je cherche je n'ai pas besoin puisqu'on ne remarque que ça chez Ivan. « Et ils sont où les yeux bleus ? Et les poils ? Et ton nez est trop large là, et... Attends, je sais ce que tu veux... Non, tu n'auras pas ton baiser Lewis... pas la peine d'essayer de m'amadouer je ne t'embrasserais pas, usurpateur !  » Je fronce les sourcils et croise les bras contre ma poitrine, bon, j'ai décidé de prendre tout ça à la rigolade même si au fond ça me fait un petit pincement au cœur. Mais il est gentil quand même, adorable même alors je souris légèrement. Pas beaucoup mais c'est le mieux que je puisse faire pour le moment.

Quand j’ai vu cette perruque dans le cellier, je me suis dis, il faut trop que je la mette. Ça ressemble à Ivan. Et puis la mon cerveau est parti dans un délire…Résultat des courses, me voilà dans le lit d’India, à porter ce truc sur la tête, juste dans le but de la divertir. Bon, j’en conviens, il y aurait probablement de bien meilleures façons, que de squatter son lit, et ce lieu un peu sacré qu’elle partageait avec son partenaire. Mais bon, moi j’ai envie de dédramatiser tout ça. Ce n’est pas la fin du monde, il n’est pas réellement parti dans l’au dela. Il est toujours vivant. Pas de quoi faire une tête de six pieds de long. Ça va. Surtout que je suis persuadé qu’ils se reverront et tout. Ce n’est pas comme Aliénor et moi, ou nos chemins seront probablement forcés de se séparés une fois à l’extérieur, eux je les sens bien trouver un moyen de restés accrochés. Limite de déménager sur un autre continent. Bon, India a l’air de ne pas prendre ma connerie trop mal, un bon point. Elle me demande de me pousser, je m’exécute. « Et ils sont où les yeux bleus ? Et les poils ? Et ton nez est trop large là, et... Attends, je sais ce que tu veux... Non, tu n'auras pas ton baiser Lewis... pas la peine d'essayer de m'amadouer je ne t'embrasserais pas, usurpateur !  » Rholala elle en demande trop. « Haaaan merde ! Tout mon plan tombe à l’eau, je suis démasqué ! Moi qui pensais réussir à me faire passer pour ton partenaire, et obtenir ce fameux baiser. Je croyais que ça passerait inaperçu. T’es trop forte. » Je suis trop déçu là. Tous ces efforts pour rien. Je soupire en mode blasé de la vie. « Mais bon, je t’aurais un jour, je t’aurais ! » Rhalala n’importe quoi. Surtout que bon hein, en vrai il parait évident que je ne suis pas là juste pour tenter de l’embrasser. Je suis pas fou. « Non mais sans blagues, je suis pas jolie avec mes petites bouclettes ? Tu sais, des heures de permanente pour en arriver là. » Que je lui demande dans un grand sourire, en jouant avec mes bouclettes d’une main. Je bats des cils exagérément aussi. Je minaude c’est tout moi.

J'ai tendance à être trop excessive, j'en conviens, et le pire c'est que je le sais. J'essaye de prendre sur moi même si ce n'est pas si simple et je me dis que je ne vais pas péter un plomb de trouver Lewis là. Parce que ça part d'un bon sentiment et qu'en plus, Ivan n'est plus là, Nicola dort à ma place, non ça va, je peux prendre sur moi, juste qu'il se pousse un peu, ça ne devrait pas être la fin du monde. D'ailleurs il se pousse alors que j'entre dans ce lit. Je décide même de rentrer dans son jeu parce que j'imagine que ce sera plus drôle ainsi, il doit en avoir marre de me faire la tête. J'en ai marre aussi, alors bon, voilà j'en déduis qu'il est là pour m'embrasser. Le but de sa vie, je le sais. Après tout la semaine dernière il voulait que je l'embrasse, mais non, je ne suis pas aussi simple à convaincre, ce n'est pas une perruque qui va me faire flancher. D'accord, j'adore les bouclettes de mon partenaire, sur lui, pas sur n'importe qui, qu'on se le dise. Haaaan merde ! Tout mon plan tombe à l’eau, je suis démasqué ! Moi qui pensais réussir à me faire passer pour ton partenaire, et obtenir ce fameux baiser. Je croyais que ça passerait inaperçu. T’es trop forte. » Je vois bien qu'il est déçu et tout, c'est vrai que je suis forte alors je fais ma tête de fille trop fière et tout. Parce que je le suis, je suis trop forte c'est un fait. « Mais bon, je t’aurais un jour, je t’aurais ! » Je secoue la tête. N'importe quoi. « Tu as laissé passer ta chance, tant pis pour toi, tu vas devoir vivre avec. En plus, mes baisers sont sûrement les meilleurs que tu pourrais connaître, mais tant pis pour toi...  » N'importe quoi, c'est à ce demander si sa connerie n'est pas un peu contagieuse, non mais c'est que je n'ai pas forcément toute ma tête alors quand j'essaye de plaisanter je le fais à fond moi vous voyez. « Non mais sans blagues, je suis pas jolie avec mes petites bouclettes ? Tu sais, des heures de permanente pour en arriver là. » Oui bon, lui quand il s'y met il ne fait pas semblant. Et le voir comme ça, je ne peux pas m'empêcher de rire aux éclats. Whaou, ça faisait longtemps. Je crois que la dernière fois c'était avec lui d'ailleurs, c'est fou ce qu'il me fait rire. Quel imbécile. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Te faire plaisir ou te dire la vérité ? Parce que, oui non, mais je ne peux pas mentir c'est impossible. C'est joli tout ça, et en plus on dirait des vrais cheveux...  » Et je touche pour vérifier, c'est vrai ça, c'est fou. « C'est fou ce que c'est doux ce truc... mais bref, qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, non mais si tu veux mon avis d'experte, parce que bon, j'ai dormi près de ce genre de bouclettes pendant deux mois quand même, et bien je dois te dire que ça ne va pas à tout le monde malheureusement. Et je te préfère au naturel, tu es beaucoup plus charmant avec tes vrais cheveux...  » Oh ça oui. Carrément plus charmant, et je ne m'arrête pas de sourire parce que sérieusement, c'est quoi cette tête ? Qu'est-ce qu'il lui a pris ?

« Tu as laissé passer ta chance, tant pis pour toi, tu vas devoir vivre avec. En plus, mes baisers sont sûrement les meilleurs que tu pourrais connaître, mais tant pis pour toi...  » Hou la menteuse. « J’ai laissé passer ma chance ?! Je n’en ai jamais eu la moindre. » Ouais alors qu’elle ne refasse pas l’histoire. Je fais une petite moue boudeuse. Elle n’a toujours eu d’yeux que pour son partenaire de toute façon. Voilà pourquoi peut être en foutant une perruque ça passerait…Mais non, grillé d’entrée. C’est qu’elle le connait bien son Ivan, elle a reconnu direct l’imposteur. On ne lui fait pas à la demoiselle. Sauf que mon réel but, c’est pas de la choper, mais plutôt lui redonner le sourire vous voyez. Je ne perds pas de vue ma mission originale. IFAS. A cause du départ de sa moitié, elle fait un peut trop la tronche à mon gout. Déjà que même quand il était là, ce n’était pas forcément une partie de plaisir tous les jours… Alors là vous vous imaginez. Du coup je suis là pour remédier aux choses. Quitte à avoir l’air ridicule avec cette perruque, je m’en fiche. Tant que ça fonctionne. Et figurez vous…que ça marche. Même au dela de mes espérances. J’ai le droit à un rire, franc et spontané de sa part. Pas forcé rien. Un vrai rire, de bon cœur. Ah bah voilà. Elle est carrément plus jolie comme ça. C’est quand même plus agréable. Qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour une fille je vous jure, rhalala. Je l’écoute m’expliquer, le plus délicatement possible – on voit bien qu’elle veut épargner mes sentiments – que ça ne me va pas tellement les bouclettes. « Naaaaaaaaaaaan tout mon monde s’écroule ! Toutes mes croyances… Moi qui pensais que j’étais irrésistible comme ça. » Pas dans l’exagération du tout. Ce n’est pas mon genre. « Je suppose que le mieux à faire c’est de l’abandonner alors. » Coupons court à ce massacre. J’ote ainsi cette foutue perruque. Je la regarde, dans mes mains, un air triste sur le visage. « Adieu…On aura eu une relation brève, mais intense…Tu vas me manquer. Quoi ? Qu’est ce que tu me dis ? » J’approche mon oreille, comme pour mieux l’entendre. « Tu voudrais voir ce que tu donnes sur la tête d’India ? Cela serait ton dernier souhait avant de partir ? » Je regarde India. « Tu l’as entendu… Tu ferais ça ? » Genre elle l’a entendu, elle est branchée sur la même fréquence d’émission que la perruque. Y a que moi qui doit la capter, mais bon. Bref, je lui tends miss bouclette.

« J’ai laissé passer ma chance ?! Je n’en ai jamais eu la moindre. » Je hausse les épaules. Oui bon peut être, mais d'un côte ce n'est pas comme si j'étais venue pour trouver l'amour de ma vie, ou pour embrasser tous les hommes que je pourrais croiser. Non mais je n'avais prévu d'embrasser personne, c'est un fait, ce qui est arrivé est vraiment indépendant de ma volonté. « Peut être bien, mais peut être que tu te trompes, après tout tu es dans mon lit et je ne t'ai pas frappé... » Je hausse une nouvelle fois les épaules. Oui c'est que je l'aime bien et tout ça, et bon d'accord, il n'a aucune chance même si j'étais sur le point d'aller l'embrasser la fois où Cupidon l'a demandé, mais Camille m'a prise au dépourvu et bref, non mais ça va, ce n'est pas comme s'il espérait avoir une chance non plus, il n'est pas amoureux de moi, je ne suis pas amoureuse de lui, tout va bien. En tout cas il me fait rire et ce n'est pas donné à tout le monde surtout ces temps-ci, mais lui il a toujours réussi à faire rire. C'est lui qui a dû me faire rire le plus souvent ici. En tout cas on ne peut pas dire que ses bouclettes ne lui vont pas vraiment, il est bien mieux au naturel, ça c'est sûr. « Naaaaaaaaaaaan tout mon monde s’écroule ! Toutes mes croyances… Moi qui pensais que j’étais irrésistible comme ça. » Et je souris encore, heureusement que je suis délicate parce que imaginez le résultat sinon. « Je suppose que le mieux à faire c’est de l’abandonner alors. » Je hoche la tête assez embêté par une telle scène, je ne veux pas assister à ce genre de chose, c'est trop pour mes nerfs fragiles. Et puis après il part dans un dialogue avec sa petite perruque que je ne dois pas interrompre, c'est trop personnel pour que je m'en mêle. « Tu voudrais voir ce que tu donnes sur la tête d’India ? Cela serait ton dernier souhait avant de partir ? Tu l’as entendu… Tu ferais ça ? » Quoi ? Non mais quel dingue, n'importe quoi. Il est fou, je secoue la tête, non, mais je ne peux pas faire ça, il est dingue. Il est complètement dingue. « Je ne peux pas m'interposer entre vous deux et tu sais, j'ai les cheveux trop long pour mettre ça, ce sera ridicule et ...  » Oui bon, j'imagine qu'il ne va pas abandonner alors j'attrape l'élastique pour sur ma table de chevet pour m'attacher les cheveux et je la mets sur ma tête cette maudite perruque. Mon dieu je dois être ridicule. « Alors ?  » Je dois avoir tellement l'air ridicule, pourquoi j'ai mis ce machin. « Vas-y ne m'épargne pas, je peux tout entendre.  » Je prends un air solennel parce que j'imagine que c'est ce qu'il faut faire lorsqu'on porte cette perruque. Il ne peut en être autrement. C'est la vie.