LEONE

Dire qu'il y a à peine quelques heures, le jeune homme se trouvait toujours chez lui, dans sa maison luxueuse, entouré de ses parents qui... le rendaient malheureux. Une cigarette à la main, un peignoir sur le dos, recouvrant son corps quasi nu - et purée qu'il faisait froid dehors - il pensait à toutes ces choses qui l'avaient poussé à partir d'ici. En pleine concentration, il fut surprit de tomber sur Léone qui venait à son tour d'apparaître sur le balcon. Il se tourna vers lui, mais ne dit rien, regardant à nouveau cette vue magnifique qu'offrait le balcon. Quelques secondes passèrent, alors qu'il tirait sans cesse sur cette cigarette, sa source d'oxygène - bel oxymore, n'est ce pas ? - Enfin, il se tourna vers lui, les mains légèrement tremblantes. S'il devait être sympa avec quelqu'un ici, c'était bien avec lui.

Je... Tu... Écoute, je... Putain, je ne suis pas doué. Merci pour ce que tu as fait... Quant j'ai entendu mon prénom, j'ai drôlement été choqué, tu sais ? Alors une nouvelle fois merci. Mais... Pourquoi Léone, pourquoi moi ? Et il tira une nouvelle fois sur son calmant.

Après avoir pris son café dans la cuisine, Leone était remonté dans sa chambre à la recherche de son paquet de cigarettes. Il attrapa également sa veste et s’apprêta à redescendre l’escalier lorsqu’il remarqua Camille sur le balcon. Sans la moindre hésitation, il décida de le rejoindre. Il ouvrit la fenêtre et s’adossa contre le mur face à la mer. Calme et silencieux, il alluma sa clope et dévisagea avec discrétion le garçon seulement vêtu d’un peignoir. Ce dernier, à la fois mal à l’aise et frigorifié, vint finalement à sa rencontre et remercia une nouvelle fois le New Yorkais.

Dans un premier temps Leone ne répondit pas, il le défiait simplement de son regard azur. Il ne se l’avouerait jamais mais Camille lui avait manqué, le revoir et entendre sa voix lui faisaient le plus grand bien. Toujours impassible l’agent marketing déclara, faisant allusion aux propos qu’il avait tenu dès son retour dans le Nid d’Amour :

« Moi je veux apprendre à te connaître. »

Camille avait aussi brièvement fait part de ses problèmes familiaux, notamment avec ses parents concernant son héritage. Leone ne le questionna pas, respectant son intimité. Il écrasa sa cigarette dans un cendrier et répéta ce geste avec celle de son camarade. Avant qu’il ne se transforme en glaçon, il le prit doucement par le bras et l’invita à rejoindre le couloir.

Il y a des choses qu'on ne peut avouer, pudeur ou méfiance. Là par exemple, il avait vraiment froid, mais jamais il ne l'avouerait à Léone. Par contre, son corps, lui venait de balancer une balise d'SOS tellement qu'il trembla, même si ce froid contre sa peau, pénétrant son peignoir, était parfois agréable. Choc thermique. Il écrasa sa cigarette, puis prit celle du jeune médecin, l'écrasant à la suite. Waouh. En temps normal, jamais il n'aurait autorisé quelqu'un faire cela, mais la situation était différente. Ses paroles le fit légèrement sursauter, ou du moins l'étonna. Il se rappela très bien de son petit discours d'entrée, qui n'avait pas plu à tout le monde apparemment, mais Léone avait pigé le message. Il se laissa entraîner à l'intérieur, frissonnant légèrement en sentant sa main chaude sur son bras froid.

Ma vie n'a rien de passionnant, je ne fais que suivre une ligne de conduite, dictée depuis ma naissance. Que veux-tu savoir Leone ?

L’agent marketing referma la fenêtre avant de s’asseoir contre le mur qui faisait face à la baie vitrée. Il étendit ses jambes tout en déboutonnant sa veste en cuir noire. Une fois à l’aise, il plongea de nouveau son regard azur dans celui de son colocataire. Ce dernier devait être encore sous le choc de son retour au sein du Nid, Leone ne pouvait qu’imaginer ce qu’il pouvait ressentir sans pour autant approcher la vérité.

« Pourtant la passion semble être une ligne directrice de ta vie… Sinon tu ne serais pas revenu. Ce que je veux savoir sur toi, je le découvrirai par moi-même. » Répondit-il avec franchise.